Chapitre 4
- Alors, de quoi voudriez-vous parler aujourd'hui ? me demande le Docteur Félix.
- Franchement je ne sais pas quoi dire.
- Encore ? Tous vos problèmes sont résolus ?
- Pour moi, oui. Pour ma mère, je n'en ai pas l'impression. Hier nous nous sommes promenées en ville et des garçons sont venus vers moi pour me draguer. Sauf que j'ai refusé leurs propositions de sortir avec eux et ma mère m'a dit que j'avais un problème.
- Vos précédentes relations amoureuses vous ont dégoûté au point à tout vouloir rejeter ?
- Je ne sais pas vraiment... J'ai connu tellement d'hommes que je ne reverrai certainement jamais...
- Expliquez-vous.
- Il y a eu ce lycéen un soir de vacances d'été. Il faisait très chaud et le ciel étoilé était magnifique. Je me promenais seule sur la plage, sentais le sable passer entre mes orteils... puis un garçon plus âgé que moi d'un an est arrivé vers moi. Il s'appelait Romain. Nous sommes restés ensemble, nous avons bu un verre de coca-cola tous les deux puis nous sommes retournés sur la plage pour nous allonger et profiter de la lune. Il m'a dit que nous serons ensemble jusqu'au bout de la nuit, envoûtée par son charme, nous avions passé notre temps à parler, il m'écoutait, me réconfortait, m'aidait à me sentir "Moi". Je restai blottie dans ses bras, contre son torse chaleureux, les images de ma vie défilaient dans ma mémoire et je les lui racontais. Nous étions heureux, il souriait, le coeur sur la main. Cette nuit était magique. Puis comme il l'avait si bien dit, nous sommes restés ensemble jusqu'au bout de la nuit. Le lendemain matin, il était déjà parti.
- Vous savez, vous devriez écrire toutes vos histoires pour en faire un livre.
- Et dire quoi ? Raconter ma vie ? A quoi bon faire un livre autobiographique. Ce n'est pas si intéressant.
- Pourtant je trouve que ça l'est.
- Dans ce cas vous êtes bizarre.
- Mais allez-y continuer, m'incite-t-il. Et je ne suis pas bizarre, marmonne-t-il sans remarquer que je l'entends.
- Et bien... Après que Romain soit parti, je suis rentrée dans notre maison de vacances que nous louions pendant deux semaines. Ma mère m'avait disputé car je n'étais pas rentrée la veille. Et moi qui pleurais car je n'avais rien vu venir...
- Et aujourd'hui que pensez vous des hommes ?
- Ce que je pense des hommes ? Sans vouloir les mettre dans le même paquet... Je les trouve stupides et ignobles. Ils sont comme les chats.
- Comme les chats ?
- Ils viennent vers vous, vous caressent puis quand ils ont ce qu'ils veulent ils partent comme des voleurs.
- Vous devriez essayer d'avoir une relation qui dure longtemps. Après cela vous reprendrez confiance en vous et confiance en les autres.
- Mais j'ai confiance en moi !
- Que pensez-vous de vous ?
- Peut-être que je suis incapable de tenir une relation longue et paisible car je ne suis pas comme je devrais être, je lâche tout d'un coup sans réfléchir.
- Vous voyez ?
- Oui bon vous avez raison !
- Pourquoi pensez-vous directement que c'est de votre faute ? Cela peut être celle de votre compagnon.
- Que voulez-vous dire ?
- Je vais vous donner un exemple : Vous êtes avec un de vos amis, vous discutez puis au bout d'un moment : Silence complet. Là, vous ne savez plus quoi dire et vous vous sentez mal. Vous prenez tout le problème sur vous sans vous dire que c'est aussi à votre ami de trouver un nouveau sujet de conversation. Vous comprenez maintenant ?
- Oui en fait je ne dois pas me sentir seule car c'est aussi à l'autre de lancer un sujet. Et dans mon cas, ce n'est pas forcément de ma faute si je n'arrive pas à avoir une plus longue relation amoureuse, mais celle du garçon. En fait je ne suis jamais tombée sur les bonnes personnes.
-A part le japonais qui lui, a dû repartir chez lui.
-Vous vous souvenez de cette histoire ?
-Quand je dis que vos histoires ne sont pas banales.
L'heure finie, je paye le psychologue et quitte son bureau plus souriante que d'habitude. Cela fait plus d'un mois que je vais le voir maintenant, même avec une séance par semaine, je remarque l'effet positive qui se produit en moi. Maintenant je travaille joyeusement au bar en compagnie du père de Kate, un homme très gentil, toujours présent si nous avons besoin de lui. Je ne comprends pas comment Kate, au lycée, avait pu tomber aussi bas. A se vanter de choses stupides, à toujours prendre les autres de haut, même les professeurs ! Aujourd'hui elle n'est plus du tout la même, elle s'occupe avec brio des enfants de la crèche, elle est beaucoup aimée et ne traîne plus avec ses mecs dégénérés qui ne pensent qu'à brûler des dizaines et des dizaines de kilomètres sur leurs motos en faisant la course et en se laissant flasher par les radars.
Je me dirige vers le bar en finissant mon sandwich jambon-fromage, lorsque tout d'un coup je rentre dans quelqu'un. Je me retourne vers lui en m'excusant rapidement car je dois aller au bar le plus vite possible, même si mon service ne commence qu'à 13 heures je préfère y être plusieurs minutes plus tôt.
Je ne laisse pas l'homme me répondre et je me mets à courir vers le bar, j'entre à l'intérieur, prends mon tablier et pars m'occuper de quelques clients.
Deux heures plus tard je suis toujours en train de travailler.
Je vois à une table un homme qui s'installe, je souris, prends une carte et me dirige vers lui. Son visage me dit vaguement quelque chose mais je l'ai sûrement déjà croisé dans la rue.
Je lui tends la carte après l'avoir salué poliment, il l'attrape, puis en me regardant de plus près, il s'exclame :
- Ah mais je vous ai déjà vu vous ! Vous m'avez bousculé tout à l'heure !
- Ah c'était vous ! Hum hum. Encore désolée. J'étais pressée et je ne vous avais pas remarqué sur le moment. J'espère que je ne vous ai pas fait mal...
- Non c'est bon je n'ai mal nulle part. Je ne pensais pas vous trouver ici en tout cas. Vous travaillez dans ce bar depuis combien de temps ?
- Cela fait un mois.
- Et vous avez fait des études pour travailler dans la restauration ?
- Et voilà la question qui tue... Non j'ai arrêté mes études pendant deux ans puis je me suis mise au travail très récemment.
Fin de la discussion, je dois partir voir d'autres clients pour débarrasser une table.
Je reviens un peu plus tard un bloc note à la main puis prend la commande de l'homme :
- Je prendrai un perrier.
-Très bien monsieur, je réponds en copiant sa commande sur un papier puis je me retourne et commence à partir.
-Attendez !
-Hein ? je lâche en me retournant vers lui.
-Quel est votre prénom ?
-Pourquoi voulez-vous le connaître ?
-Comme ça, vous m'intéressez.
- ... Excusez-moi mais j'ai autres choses à faire.
-Servir des clients qui sont déjà partis ?
-Exactement !
Je me faufile derrière le bar pour ouvrir la porte qui me mène tout droit à la rue derrière le bâtiment.
"Qu'est-ce qu'il me veut ce type ? Bon... Calme-toi Blair... Calme-toi... Pourquoi mon coeur bat comme ça ? Ça faisait longtemps qu'un inconnu n'était pas venu demander mon prénom... hier les garçons étaient juste venus me demander d'aller boire un verre avec eux..."
Je regarde le ciel et remarque que le ciel pourtant si bleu quelques minutes avant, est devenu complètement gris, prêt à pleurer toutes les larmes de son corps.
Le père de Kate vient vers moi en souriant :
- Blair tu peux repartir chez toi maintenant, tu m'as bien aidé aujourd'hui encore. Merci beaucoup.
- Mais mon service n'est pas encore terminé, je peux aider.
- Non je t'assure que tu peux rentrer chez toi. Il n'y a plus beaucoup de monde, ça devrait aller.
- Pour le moment il n'y a plus beaucoup de monde. Mais après...
- Il va commencer à pleuvoir, les personnes ne voudront pas sortir de chez eux.
- Bon... Si vous le dîtes... Dans ce cas bonne fin de journée, à demain !
- A demain Blair.
Je pars déposer mon tablier à sa place sur le porte-manteau et je retourne chez moi sans trop me presser.
Tandis que je marche tranquillement dans les rues jusqu'à la maison, une main m'attrape par l'épaule et je remarque que c'est l'homme de tout à l'heure qui se trouve derrière moi :
- Re-bonjour !
- Encore vous !?
- Cette fois que vous êtes libre, offrez-moi l'opportunité, Madame, de connaître votre prénom, fait-il en s'inclinant face à moi comme un aristocrate s'adressant à une Reine.
- Quelle est cette façon de parler... ?
- Je me suis dit que si je vous parlais ainsi vous accepteriez de vous présenter.
- Mais pourquoi est-ce si important pour vous de connaître mon prénom ? Je ne connais même pas le vôtre.
- Adriel Maud. Ravi de faire votre connaissance, mademoiselle... ? espère-t-il en tendant sa main vers moi.
- Blair Harriz, je soupire en serrant sa main.
- Blair ? C'est un prénom original.
- Tellement original que mes camarades de classe me disaient "Blair on peut pas t'blairer !" en me riant au nez, je me souviens tout d'un coup... M'ouais. Si vous le dîtes...
- Vous n'avez pas l'air convaincu.
- Je n'aime pas ce prénom.
- Oh n'en faîtes pas tout un drame ! Ce n'est pas un prénom qui vous identifie !
- Bah si quand même...
- Oui enfin ce n'est pas ce que je voulais dire... je veux dire que ce n'est pas votre prénom qui fait de vous ce que vous êtes.
- Oui bref. Je dois rentrer chez moi, mes parents m'attendent...
Je tourne les talons mais il m'attrape le bras, je commence à perdre patience. Je me retourne brusquement devant lui en criant "
- Mais qu'est-ce que vous me voulez à la fin !?
- Je souhaiterai avoir votre numéro de téléphone.
- Très bien ce n'est pas très compliqué à retenir : 666 ! [Chiffre du diable]
- Vous n'êtes pas très chanceuse d'avoir un tel numéro...
- Quoi !? je m'exclame abasourdie. Soit il le fait exprès et il essaye de me faire rire, soit il est complètement stupide !
- Bon écoutez, voici mon numéro, dit-il en sortant une petite carte plastifiée de sa veste. Appelez-moi quand vous aurez le temps et nous pourrons nous revoir.
Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit avant qu'il ne s'en aille, me laissant toute seule avec sa carte.
Je soupire, range la carte dans ma poche et rentre chez moi.
"Je la jetterai à la poubelle une fois à la maison..."
*****
Merci à vous d'avoir lu cette partie, j'espère qu'elle vous a plus ! A demain pour la prochaine !
Biz !
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