Chapitre 2
Réveil programmé à 8 heures pour aller au rendez-vous à 9 heures.
La joie.
Et dire que je pourrais dormir si ma mère ne m'avait pas déjà pris une séance avec le psychologue, je nomme Docteur Félix.
En parlant de chat, mon double félin entre dans ma chambre pour sauter sur le bout de mon lit et me narguer en remuant son derrière devant moi puis s'allonger comme si tout lui était permis, ses yeux verts rivés sur moi. Je regarde son pelage blanc soyeux que ma mère adore brosser, je le préviens avec un air menaçant :
- T'as franchement de la chance de ne pas m'avoir connu lorsque j'étais enfant... Je t'aurais coupé tes poils et tu te serais retrouver tout nu... Quelle honte...
Je jette les draps sur lui puis je me lève, énervée de devoir me réveiller aussi tôt pour des idioties pareilles.
Hier, je n'ai pas ouvert la bouche une seule fois devant ma mère, qu'elle culpabilise un peu.
Remarquez si je me comporte mal devant ce psy, peut-être qu'il en aura marre de moi et refusera de reprendre des séances en ma chaleureuse compagnie ? Mais si je fais cela, ma mère ira voir ailleurs pour me trouver un autre psy et si cela recommence, elle finira par se douter de quelque chose.
Me menacer de me virer de la maison était vraiment méchant de sa part. Elle sait que je ne peux pas me débrouiller toute seule...
Pour le code de la route, c'est elle qui m'a tout fait retenir par coeur et pour le permis, elle était prête à payer l'évaluateur... Mais elle n'en avait pas eu besoin, j'avais eu le permis du premier coup. A ce moment là je n'étais pas comme cela, j'étais heureuse, j'avais mon petit-copain David, mes amies, j'étais enthousiaste, j'étais prête à faire le tour du monde du jour au lendemain. Mais n'ayant plus d'amoureux, plus d'études, plus rien à faire, je me suis relâchée. J'en suis bien consciente, je n'ai pas besoin qu'un psy me le dise, mais même quand on le sait, quand on en a marre, nous n'avons plus vraiment la volonté de nous sortir d'un tel désastre.
Je sors de ma chambre afin de passer directement dans la salle de bain, prendre une douche.
Douche prise, je retourne dans ma chambre pour me vêtir d'un débardeur rayé noir et blanc, avec un pantacourt en jean bleu foncé. Je prends ma brosse posée sur ma commode, m'occupe de mes cheveux longs bruns que je finis par laisser simplement détachés. Je descends ensuite les escaliers, pars en direction de la cuisine en faisant attention de ne pas croiser ma mère. Sans bruit, j'attrape deux cookies que j'emballe dans un sopalin, puis j'attrape une brique de lait. Je pars enfiler mes baskets noires fines puis quitte la maison en mangeant mon petit-déjeuner express sur le chemin.
Une fois que j'arrive devant le lieu de travail de notre ami Félix, je sonne puis entre. Il n'y a rien devant moi à part des chaises installées tout au bout du couloir, d'autres patients attendent déjà leur rendez-vous.
Je m'asseois à côté d'une vieille dame :
- Bonjour, excusez-moi... ? Vous venez voir le Docteur Félix... ?
- Non je vais voir le Docteur Rabel.
- Je me serais trompée de bâtiment... ?
- Non le Docteur Félix travaille aussi ici. Ils sont quatre psychologues dans ce bâtiment. En tout cas, vous avez de la chance d'avoir Monsieur Félix, il n'est jamais en retard d'après ce que m'ont dit d'autres patients. Moi cela fait une heure que j'attends ma séance ! Mon psy n'est toujours pas arrivé !
- Ah oui quand même...
"Maman a pensé à tout, elle a même choisi le psychologue le moins en retard..." pensé-je tout à coup.
Soudain une porte s'ouvre, un homme d'une trentaine d'années vient vers nous et me demande. Je me lève pour le suivre en supposant que c'est le Docteur Félix.
"Il a une tête à aimer les chats lui..."
J'entre dans son bureau aussi terne que ses habits, sa chevelure noire et sa peau blanche me fait froid dans le dos. Il me propose de m'installer sur un fauteuil, je m'exécute. Il s'installe sur sa chaise de bureau qu'il bouge pour se retrouver en face de moi puis commence :
- Alors je suis le Docteur Félix, donc votre psychologue. Il me semble que c'est votre mère qui m'a contacté en me disant que vous n'étiez plus vous-même ces temps-ci. Alors en discutant, nous pourrons peut-être trouver une solution à vos problèmes.
- Alors vous allez rire, mais je n'ai aucun problème. C'est ma mère qui doit en avoir un. Elle m'a carrément menacé en me disant qu'elle allait me virer de la maison !
- Vous vous étiez disputées ?
- Non pas spécialement.
- Alors peut-être autre chose ?
- Tout simplement parce que je ne cherche pas de travail, ça fait deux ans que j'ai arrêté mes études et je n'ai pas voulu en recommencer d'autres.
- Pour quelles raisons ?
- J'en avais marre qu'on me dise toujours quoi faire. Et puis à ce moment là j'ai eu des problèmes avec mes amis et mon petit-ami. Alors j'ai rompu et je suis restée seule.
- C'est la première fois que cela vous arrivait ?
- Perdre mes amis, oui. Rompre, non. J'ai déjà eu plusieurs copains, de toute façon mes relations ne sont jamais allées très loin. Il a toujours fallu qu'on se perde de vu, qu'on arrête pour des raisons futiles ou même des fois sans le savoir et sans le remarquer. La dernière option est sans doute la meilleure, au moins on est sûr de ne pas souffrir. J'ai toujours été sérieuse dans mes relations, eux, ils ne l'ont jamais été. Pour eux c'était juste de l'amusement. Je le savais, ça m'énervait et pourtant je recommençais. Je voulais réessayer en me disant que cette fois-ci je pouvais peut-être espérer autre chose, quelque chose que je n'avais jamais connu, quelque chose de grandiose, qui durerait toute ma vie. Et pourtant ça ne m'est jamais arrivé...
- Que pense votre mère de tout ça ?
- Depuis le début, depuis ma toute première relation amoureuse... C'était au collège avec garçon prénommé... Anthony. Nous étions toujours fourrés ensemble, puis un jour il m'a demandé de sortir avec lui. Ça n'a pas duré longtemps puisqu'une autre fille lui tournait autour, elle avait fini par l'avoir et moi je me suis retrouvée derrière. Je n'avais rien compris. Le pire c'est que ma mère m'avait prévenu, elle m'avait dit qu'avec l'amour on ne rigolait pas. Elle me disait qu'il fallait toujours être meilleure que les autres, être parfaite. Sauf qu'une fois qu'on est parfaite, le partenaire se lasse et part voir ailleurs. Qu'est-ce que j'avais pleuré... j'avais l'impression de tout perdre autour de moi. Après ça je m'étais promis de ne plus jamais tomber amoureuse ! Sauf que le destin et moi étions en désaccord et un an plus tard je suis sortie avec quelqu'un d'autre et...
Je remarque que le psychologue me fixe de ses yeux bleus clairs perçants, déstabilisée, je m'arrête et lui demande pourquoi il me regarde comme ça, il me répond le sourire aux lèvres :
- Je vous écoute juste. Mais vous n'avez pas répondu à ma question. Cependant ce n'est pas très grave.
- Votre question... C'était ce que ma mère pensait de toutes mes relations ? A vrai dire... Elle n'était pas toujours au courant. Quand je suis tombée amoureuse pour la deuxième fois, d'un Clément cette fois-ci, j'avais tellement honte d'avoir dit à maman que je n'aimerais plus aucun garçon qu'elle n'a jamais été au courant de cette histoire...
- Et elle ne se doutait de rien ?
- A l'époque elle me faisait confiance. Quand mon père est parti elle a commencé à douter de tout, même de moi.
- Je vois. Et ce Clément, qu'a-t-il fait pour vous décevoir ?
- Clément était le genre de garçons à se dire bagarreur, il chauffait les autres puis au dernier moment il partait en courant. Notre relation avait duré pendant trois mois si je me souviens bien, et j'étais heureuse avec lui. Il était toujours très attentionné, nous passions beaucoup de temps ensemble. Mais un jour j'ai eu des ennuis avec un groupe de garçons qui étaient venus faire leurs sales coups. Ils m'avaient pris mes affaires, quand je leur demandais de me les rendre, ils m'insultaient. Clément est arrivé, m'a "protégé". Il les a critiqué, leur a dit de ne pas toucher à sa petite-amie. Quand les garçons ont commencé à vouloir se battre, Clément est parti de son côté en me laissant seule avec les autres crétins. Après ça je me suis directement dit que je ne resterai pas avec lui une seule seconde de plus. Puis pour me sauver, est arrivé Hiro qui les a battu à plate couture.
- Alors nous partons au Japon si je comprends bien.
- En effet, il est certainement l'un des seuls qui ne m'a pas déçu. Nous sommes restés un bon bout de temps ensemble, cette fois j'avais mis au courant ma mère mais je ne lui avais pas dit comment je l'avais rencontré. Si elle avait su qu'on m'embêtait au collège elle m'aurait fait changer d'établissement directement. Sauf que lui n'a pas eu d'autres choix que de repartir au Japon. Nous nous sommes dit au revoir simplement puis c'était déjà la fin de notre histoire...
Tandis que je continue à lui raconter mes amourettes qui n'ont jamais fonctionné, je vois le Docteur Félix écrire sur un bloc note, des fois il laissait le bout de son stylo tapoter contre le papier en me fixant. Il est sûrement le seul chat que j'arrive à supporter pour le moment, il a bien de la chance d'ailleurs. J'aurais pu me taire et laisser des longs blancs apparaître durant la séance mais rien de tout ça ne se fit.
La séance se termine, nous nous levons tous les deux en même temps pour nous serrer la main puis il se dirige vers la porte pour me raccompagner jusqu'à la sortie du bâtiment.
Vu le soleil, je n'hésite pas une seule seconde et je retire ma veste. Je me mets à courir pour rentrer à la maison. Aujourd'hui maman ne travaille pas, alors elle doit m'attendre de pied ferme derrière la porte d'entrée.
J'arrive dans l'enceinte de la propriété de maman, je marche vers la porte, ouvre et qui je vois ? Mam... Papa !?
- Mais qu'est-ce que tu fais là papa !?
-Oh Blair chérie ! Ça fait longtemps ! s'exclame-t-il en venant me prendre dans ses bras.
- Oui très longtemps ! je réponds en voyant maman pleurer dans son coin.
Seulement ce ne sont pas des larmes de joie, plutôt l'inverse. De colère et de peine. Je m'écarte de papa en reculant, il est rare que maman pleure. Je demande alors sérieusement pourquoi elle est dans cet état.
Papa m'explique alors :
- Je compte me remarier, c'est pour cela que je voudrais divorcer.
- Quoi !?
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Voici le second chapitre !
J'espère qu'il vous a plu et à plus !
Biz !
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