5 : La recherche de vérité, une intention louable, mais pas forcément légale
Rappel :
→ en gras et italique → coréen
→ en gras → en anglais (qui sera directement écrit en anglais et traduit dans les commentaires)
→ en italique → description à l'intérieur du dialogue qui est également mise entre parenthèses (ou réplique d'une personne qui est à l'autre bout du fil téléphonique)
Les '***' en plein milieu de l'histoire indique des ellipses temporelles, en gros, il s'écoule du temps entre le paragraphe d'avant et celui d'après (le temps écoulé est variable).
Bonne lecture !
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« On y est !
– Un garage ? »
Les deux inspecteurs regardèrent leur collègue, intrigués, mais celui-ci savait que leurs cerveaux fonctionnaient à toute allure afin de deviner. Ji-Sung comme Min-Ho adoraient les devinettes et les énigmes – raison pour laquelle ils faisaient ce métier –, donc, dès qu'une se présentait à eux, ils voulaient la résoudre avant qu'on leur offre la réponse sur un plateau.
Chang-Bin sourit, amusé, puis sortit la clé du garage qu'il avait toujours sur lui. Après l'avoir ouvert, il alluma la lampe et les invita à rentrer avant de refermer la porte. L'officier de police s'adressa à eux alors qu'ils regardaient ce qu'il y avait à l'intérieur de la pièce.
« Ne touchez à rien, s'il vous plaît. Sinon, je ne l'ai pas dit avant d'entrer, mais tout ce que vous voyez ainsi que l'existence même de ce garage reste entre nous. »
Ses collègues acquiescèrent, puis Ji-Sung le questionna d'une voix inquiète.
« À quel point est-ce illégal ce que tu fais ?
– J'ai des copies de dossiers archivés. Mais la majorité a été copiée avant qu'ils soient archivés. Le garage n'est pas sous mon nom, mais sous un nom d'emprunt. Je l'ai acheté en liquide pour limiter l'identification. Donc, en résumé, c'est en grande partie illégal.
– Et il y a d'autres personnes au courant que nous deux, je suppose. »
Chang-Bin hocha lentement la tête avant de donner l'identité des deux autres personnes qui étaient au courant de l'existence de ce lieu.
« Chan-hyung et Yong-Bok.
– Chan-hyung le sait ?!
– Oui, c'est même lui qui m'a aidé à copier les dossiers archivés. »
Min-Ho le dévisagea avec surprise avant de l'interroger révélant le fond de sa pensée.
« C'est le Chan-hyung que l'on connaît ? J'ai dû mal à le voir passer outre ses valeurs qui sont très liées à la légalité...
– C'est juste des copies de dossiers d'enquêtes qui ne sont pas conclues.
– Ça ne change pas qu'il risque tout de même son poste...
– Je sais, j'ai essayé de l'en dissuader à l'époque, mais il a tout de même tenu à m'aider. »
Le plus jeune prit la parole à son tour d'un ton amusé en s'adressant surtout à son copain.
« Hyung, tu sais bien que Chan-hyung déteste encore plus que la justice ne soit pas rendue. Je trouve que ce n'est pas si étonnant que ça qu'il use de son niveau d'autorisation. En vrai, je m'attendais à pire en termes de violation de la loi.
– C'est pas faux... Disons que je le voyais pas le faire comme ça. On apprend des choses tous les jours. »
Ji-Sung sembla se souvenir d'un autre détail, car il questionna à nouveau son collègue qui était en train de commencer à ranger certains documents dans un carton.
« Tu as dit que Lix était au courant ?! Depuis longtemps ?
– Je sais plus trop... En vrai, ça doit bien faire deux ou trois ans qu'il le sait. Je ne sais pas comment il a réussi à ne rien te dire depuis tout ce temps.
– Lix ne me dit pas tout. Juste ce dont il a envie ou ce dont il ne peut parler avec personne d'autre que moi. Je suis sûr qu'il a dû échanger avec toi sur ce que tu fais ici. »
Chang-Bin dévisagea son cadet avec surprise, ne s'attendant pas à ce qu'il lui apprenne un fait sur l'homme qui détenait son cœur depuis plusieurs années. Il constata que l'autre l'avait compris quand celui-ci s'expliqua un peu mieux.
« Felix et moi sommes proches, mais on a chacun des secrets pour l'autre ou des choses que l'on ne se dit pas. Ce n'est pas parce qu'on est meilleurs ami que l'on doit tout se dire. Il y a des trucs que je n'ai pas envie de partager avec lui et c'est pareil pour Lix. De plus, il a beau détester mentir, il sait tenir sa langue si nécessaire. Il privilégiera toujours de garder le secret si tu lui as demandé. D'autant plus que c'est toi, donc c'est encore plus important pour lui.
– Je n'y avais jamais réfléchi...
– Au fait que Lix ne te disait pas tout ? (L'autre acquiesça) Chacun a son jardin secret et puis Lix a trois personnes au moins à qui il peut se confier, juste pas forcément sur les mêmes sujets. Par exemple, Chan-hyung sait des choses qu'il n'a pas voulu me dire, je sais des choses qu'il n'a pas voulu te dire et tu sais des choses qu'il n'a pas voulu dire à Chan-hyung, etc. Donc forcément qu'il y a des choses sur lui que tu ne sais pas. Pour autant, ça ne t'empêche pas de le connaître très bien et de l'apprécier. Le fait de ne pas tout te dire n'est pas forcément lié au fait de cacher une partie de lui. Il est lui-même avec chacun de nous. »
L'officier se contenta d'acquiescer avant de retourner à décrocher des documents d'un tableau et de les mettre dans un carton. Pour autant, cela ne l'empêchait pas de réfléchir aux paroles de Ji-Sung. Ce dernier avait beau être plus jeune, il était de loin le plus mature des deux en général.
Chang-Bin appréciait qu'il soit moins cassant que Min-Ho pour lui dire qu'il avait tort ou était en tort. La pilule était plus facile à avaler de cette manière. De plus, il avait constaté un grand nombre de fois depuis qu'il connaissait le plus jeune que, contrairement à de nombreuses personnes intelligentes et observatrices comme lui, celui-ci avait des compétences sociales incroyables allant de la manière d'aborder quelqu'un à savoir sans se tromper de quelle manière s'adresser à quelqu'un sans vexer ou blesser cette personne.
Après tant d'années, il avait fini par comprendre que Ji-Sung était bien plus dangereux que son copain et pas uniquement physiquement, car il était capable de manipuler des personnes sans que celles-ci ne s'en rendent compte. Heureusement pour les membres de l'unité, il n'avait jamais fait usage de ses capacités sur eux, mais ils avaient tous pu constater une partie de ses capacités face à des suspects, des témoins ou les familles des victimes.
C'était une des choses qui ne rassuraient pas Chang-Bin, car le couple se complétait en effaçant les faiblesses et augmentant les forces de l'autre. Il était toujours rassuré qu'ils soient dans le même camp et que les deux hommes aient décidé de faire partie de la police au lieu d'une organisation criminelle, car cela ne faisait aucun doute pour lui qu'ils y auraient été tout aussi compétents.
Les deux inspecteurs étaient venus l'aider à décrocher les documents du tableau afin que ça aille plus vite. De toute façon, ils ne voulaient pas faire le tour du garage tant que leur collègue ne les avait pas invités à le faire.
En quelques minutes, le tableau fut vide, presque comme neuf à l'exception des trous laissés par les punaises. Ils sortirent ensuite du garage, Chang-Bin refermant la porte à clé derrière lui. Il ouvrit le coffre de la voiture de son aîné et y déposa le carton plein.
Pour autant, cette fois, Min-Ho refusa de lui laisser le volant, argumentant qu'il avait retenu la route et qu'il ne faisait pas confiance à son collègue pour le lui confier une nouvelle fois. Après une bonne dizaine de minutes d'échange d'arguments entre les deux plus vieux, Ji-Sung intervint et réussit à convaincre l'officier de police de se mettre à la place passager, comme cela il pourra indiquer le chemin en cas d'erreur de l'autre inspecteur.
Pendant le trajet, Chang-Bin, faisant, malgré tout ce qu'il avait pu dire, confiance à son aîné, se perdit dans ses pensées et se remémora, sans réellement s'en rendre compte, la manière dont son activité secrète avait débuté.
Au début, il avait juste voulu récupérer les documents concernant sa première grosse enquête et un de ses collègues de l'époque avec qui il avait sympathisé avait accepté de lui faire une copie du dossier. Avec la mutation dans un commissariat de campagne, il s'était retrouvé avec suffisamment de temps pour organiser ses documents et faire des recherches. Chang-Bin n'avait jamais regretté d'avoir frappé ce suspect, même si cela avait fichu en l'air le travail que son équipe avait fait en six mois.
Il avait appris la mort de celui-ci lorsqu'il avait été convoqué pour un interrogatoire, car il était suspecté, comme le reste de son équipe de l'époque, d'avoir tué cet homme. Mais il avait été rapidement écarté, car, au moment du meurtre, il était dans un restaurant avec ses parents. De plus, comme il n'était pas en service à ce moment, il était évident pour ses supérieurs qu'il n'avait pu avoir accès à son arme de service. Il était rare pour les policiers sud-coréens d'en avoir, mais, à l'époque, Chang-Bin faisait partie de l'une des unités de police criminelle, donc il en avait un.
Pour autant, l'une des premières choses qu'on lui avait appris était de toujours garder cette arme de service sur lui, même lorsqu'il n'était plus en service. En parallèle, même s'il avait été mis à pied pour plusieurs jours, il faisait encore officiellement partie de la police criminelle, donc n'avait pas encore été incité à rendre son arme à ce moment. De ce fait, la supposition selon laquelle il était non-armé à ce moment-là était fausse, mais il n'avait pas eu besoin de mentir, puisqu'il avait été prouvé qu'il n'aurait pas été capable de se rendre sur la scène de crime pour tuer le suspect.
Après la clôture de cette enquête interne, il était retourné travailler dans son nouveau lieu de travail et y était resté deux ans avant de se faire muter à nouveau dans le commissariat central de Séoul. Durant toute cette période, il avait continué à enquêter sur les activités parallèles de cet homme, regrettant son geste encore moins à chaque fois qu'il avait découvert une nouvelle de ses frasques.
En retournant à Séoul, il avait été surtout surpris de la méfiance de ses collègues, puis il avait fini par apprendre un grand nombre des rumeurs qui couraient sur lui. Selon ces dernières, il était quelqu'un de violent, impulsif et qui n'avait rien à faire dans la police. Pour autant, il n'avait jamais cherché à les contredire, car toutes les personnes qui se laissaient convaincre par ces rumeurs n'avaient rien à faire avec lui.
Quand il avait reçu la proposition d'entrer dans l'unité internationale qui allait être créée, il n'avait pas énormément hésité, car il s'agissait d'une opportunité en or pour sa carrière, mais cela lui donnait également la possibilité de côtoyer d'autres personnes.
Au bout de quelques mois au sein de cette unité, son supérieur avait fini par découvrir, totalement par hasard, l'existence de cette activité pas très légale qu'était son enquête personnelle sur des affaires non-résolues auxquelles il avait participé. Chan n'avait pas eu de réaction négative malgré sa surprise et il avait fini par proposer son aide, sans réellement hésiter.
Ensuite, son aîné lui avait proposé d'acheter un appartement ou un autre type de logement pour pouvoir enquêter sans qu'une autre personne puisse tomber sur tous les documents qu'il avait rassemblés. Ils avaient fini par se mettre d'accord sur l'obtention d'un garage, car cela semblait moins surprenant qu'un autre appartement. Chang-Bin avait réussi à en trouver un à l'opposé de l'endroit où se trouvait son logement. Afin de rendre ses trajets jusqu'au garage moins suspicieux, il s'était inscrit dans une salle de musculation non loin de là.
Suite à cela, il avait toujours fait attention à ne jamais mélanger son travail, sa vie privée et son activité secrète. D'un côté, il se sentait mal de mentir à ses collègues et amis quand ceux-ci lui demandaient ce qu'il avait fait de ses congés. Mais d'un autre, il savait pertinemment que tous ses collègues ne seraient pas aussi souples que Chan.
C'était d'ailleurs l'une des raisons qui l'avaient amené à révéler aux deux inspecteurs l'existence de ce garage. Les deux hommes étaient loin d'être des exemples de rigueur en termes de respect de la loi. Ils semblaient avoir un malin plaisir à tester les limites de la loi sans complètement les franchir et surtout ils adoraient pouvoir démontrer que ce qu'ils avaient fait n'était pas illégal. C'était quelque chose qui agaçait leur supérieur et celui-ci ne se gênait pas pour les réprimander à chaque fois.
La raison pour laquelle Felix était au courant de ses enquêtes parallèles était tout simplement lui-même. En effet, il avait révélé l'existence du garage à son cadet, sachant pertinemment qu'il ne dirait rien et surtout parce qu'il se sentait mal de lui cacher quelque chose comme ça alors qu'ils étaient des amis proches. L'élément déclencheur de cette volonté de vérité était l'insécurité du plus jeune. Ce dernier avait mis un certain temps à se confier à Chang-Bin parce qu'il ne savait pas à quel point il pouvait lui faire confiance.
L'aîné avait fini par l'amener au garage afin de lui révéler son activité secrète. Felix n'avait eu que de la surprise en apprenant ce que l'autre faisait de son temps libre et également de la déception quand ce dernier avait refusé qu'il participe à temps plein avec lui. Pour autant, il n'avait jamais essayé de convaincre son ami d'arrêter ou voulu le dénoncer.
En repensant aux paroles de Ji-Sung, le policier se souvenait que le médecin légiste avait abordé de nombreuses fois le sujet de son 'passe-temps' pas très légal. Il avait posé beaucoup de questions que Chang-Bin avait perçu à l'époque comme de l'intérêt pour ce qu'il faisait. À tout bien y réfléchir, il réalisa que c'était très certainement la manière utilisée par Felix pour se rassurer que malgré l'illégalité de l'activité, elle était faite pour la bonne cause.
Il réalisa également que cela expliquait très probablement pourquoi le plus jeune n'avait jamais manifesté une quelconque opposition face aux actions de son aîné et semblait être convaincu du bien fondé de ses actions.
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En arrivant devant le commissariat, les trois agents de police retournèrent à leur département où les huit autres les attendaient avec impatience – plutôt ennui, car ils n'avaient rien à faire en attendant. De plus, excepté Chan, aucun ne savait la raison du départ précipité de leur collègue avec les deux inspecteurs. Ils n'avaient pas non plus raté les airs perdus de ceux-ci, donc cela les rendait encore plus curieux de la raison du comportement de Chang-Bin.
Quand les trois passèrent le pas de la porte du département international, ils sentirent les regards intrigués de leurs collègues. Ceux-ci remarquèrent immédiatement le carton que l'officier de police tenait dans ses bras. Ce dernier lâcha une explication afin d'éviter les questions des autres.
« J'ai récupéré l'enquête d'une connaissance qui est détective privé. Il a pu copier le dossier de l'époque avant qu'il ne soit archivé. À l'époque, j'ai été retiré de l'enquête, mis à pied, puis muté pour avoir frappé un suspect lors d'un interrogatoire. Je suis quasiment sûr que la personne qui a enlevé Felix a un lien avec ce suspect. »
Whee-In le questionna, exprimant oralement ce que les autres – sauf Chan – pensaient tout bas.
« Pourquoi une personne en lien avec le suspect et pas le suspect directement ? Il a dû faire de la prison, non ? Et a été relâché récemment, donc il a voulu se venger, non ?
– Il est mort... quelque temps après avoir été relâché par la police, en échange du fait qu'il ne me colle pas un procès au cul pour coups et blessures volontaires. »
Un silence retentit pendant que ses collègues digéraient l'information. Leur supérieur prit la parole pour la première fois depuis le retour des trois.
« Chang-Bin a même été suspecté de son meurtre quand une enquête interne a eu lieu vu que l'arme du crime était celle d'un flic. (Il soupira) Donc je pense qu'on peut affirmer que la personne ayant enlevé Felix est soit complètement subjective, soit ignorante des actions du suspect. Une idée ?
– Est-ce que le suspect était marié ? Ou avait-il un ou des enfants ? Je ne vois que ça. Sinon, la personne en question aurait probablement enlevé Chang-Bin hyung plutôt que Lix. »
L'intervention de Ji-Sung causa une exclamation de la part du policier concerné.
« Ah ! Park Seok-Min avait une fille, Park Ji-Soo. Elle avait douze ans à l'époque. Donc elle doit en avoir vingt-et-un actuellement. (Il s'arrêta un instant avant de continuer d'un ton ennuyé) Et elle était, à l'époque, intimement convaincue de ma culpabilité. Ce qui risque d'avoir changé puisqu'il y a suffisamment de preuves confirmant que je suis innocent. »
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Bien le bonjour, bien le bonsoir ! (^_^)
Comme quoi, même une personne qui respecte la loi peut cacher des choses peu légales. J'aime les personnages qui ne sont pas totalement gentils ou totalement méchants, c'est tellement plus intéressant et réaliste.
Sinon comment avez-vous trouvé le chapitre ? Est-ce que vous vous attendiez à ce que Chang-Bin cache quelque chose comme ça ? (Après, l'histoire est pas très longue, donc c'est difficile de se faire une idée du caractère des personnages)
Sur ce, à mercredi (je publierai plus tôt, parce que je ne peux pas publier à l'heure prévue T^T) ! Bonne fin de journée !
Umi
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