06 | Le jour où la liberté devint une notion atteignable

ahem– hello ?
(non je ne suis pas en retard, c'est une illusion uwu)
((j'ai potentiellement mis trop de temps à corriger un chapitre qui était déjà écrit à l'avance––)

en ce moment je dessine plus que j'écris à cause d'une certaine personne qui me tente à faire des au– aussi peut-être parce que je suis folle et que je commence 35520 projets en même temps-

(auto pub discrète : passez voir nos fanart Tokyo Ghoul au sur nos comptes insta si vous avez le temps et l'envie uwu)

cette note d'auteur est terriblement longue et inutile, tuez moi–
(faites attention aux petits détails, c'est pas toujours des incohérences de ma part mdr–)

dernière chose, merci beaucoup : y'a plus de 1k de vue sur cette ff et même si c'est juste des chiffres ça me touche beaucoup bc c'est une ff que j'ai commencé sur un coup de tête et sans préparation x)
bref merci et bonne lecture

~


— Je ne sais plus qui détester. Moi ou vous ?
Cela revient au même.
— …
— Peu importe qui portera le poids de tes regrets. Cela revient au même.
— … Même si je le voulais, je ne peux rien faire pour ce monde. Je pensais pouvoir changer la donne.
— Tu pensais mal. A la toute fin, il ne restera rien, sinon nos regrets.

~

Paradis toute entière s'étendait sous ses yeux. Dazai aurait aimé pouvoir profiter du paysage, mais malheureusement il y avait beaucoup à faire depuis son retour.

Après l'avoir rétrogradé, Fukuzawa lui avait annoncé que désormais, pour une durée indéterminée, il serait placé aux archives.
Le soldat brun avait réagi comme il se devait : il avait poussé une crise de colère, et s'était mis à bouder sous le regard consterné de ses nouveaux collègues.

Certains voyaient les archives comme une place de choix, abritée entre les murs de la capitale et faisant partie du prestigieux Bataillon d'Exploration. D'autres avaient tendance à les voir comme une punition, ou l'endroit par excellence qui servait à stocker toutes les personnes gênantes et inutiles.

Ainsi Dazai Osamu était considéré comme "gênant". Le brun eut un petit sourire : cela lui convenait parfaitement bien.

Après être monté aussi haut sur la muraille qui entourait Paradis, le soldat se laissa tomber en chute libre pendant de longues secondes, lançant un de ses crochets juste avant que le choc final avec le sol ne survienne.
Le vent soufflait dans ses mèches et les ébouriffait sans pitié, mais pourtant, Dazai adorait cette sensation.

Le sentiment de liberté qui accompagnait l'utilisation de l'équipement tridimensionnel, comme un merle prenant son envol après son chant nocturne, lui était indispensable.

~

Cette sortie aurait pu être considérée comme inutile, mais du haut de son perchoir, Dazai avait pu constater plusieurs choses.
La première était que, malgré tout ce que voulait faire croire Fyodor en modifiant ses plans au dernier moment, il n'avait pas totalement la situation en main.

Le commandant était fort, mais Dazai l'était sûrement un peu plus, surtout qu'il disposait de plusieurs atouts non négligeables.

De plus, la grande place qui avait été aménagée par Dostoïevski pour la semaine de remise à niveau commençait à être réinstallée, signifiant que les soldats allaient bientôt rejoindre leur division d'origine.

La capitale était étrangement calme ce soir, et même si Dazai avait envie de croire à une amélioration de la situation, il n'était pas assez fou pour en être convaincu.
Les nuits trop calmes étaient suspectes.

Le brun fronça très légèrement les sourcils quand la pensée que, peut-être Dostoïevski avait su lire entre les lignes malgré tous ses efforts, lui traversa l'esprit.

Le vent agita les feuilles des arbres non loin de l'auberge dans laquelle il logeait, la charpente grinça, et un oiseau émit quelques hurlements dans le noir de la nuit.
Le regard whisky du brun s'attarda quelques instants dans le vide, avant qu'il se décide à refermer les volets d'un coup sec.

Il avait au moins la certitude que Fyodor resterait dans le flou une journée de plus. À cette pensée, il sourit légèrement.

~

Dazai contemplait le plafond de sa chambre, le regard perdu dans le noir qui allait de pair avec la nuit.
Quand il regardait l'état de Paradis aujourd'hui, il ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qui avait aussi mal tourné.

Cinq ans auparavant, le pays n'avait pas réussi à résister à l'assaut que Mahr avait donné, malgré le fait que les habitants avaient survécu à la première attaque de titans, une bonne quinzaine d'années auparavant.

Même si en cinq ans, les habitants de Paradis avaient réussi à regagner un bon nombre de leurs libertés initiales, cela n'était tout de même pas parfait.
Et rien que la présence des Hunting Dogs, patrouillant dans les rues de la ville, appuyait cette idée.

La première année après l'invasion avait été insupportable, et les eldiens avaient dû survivre coûte que coûte malgré les injustices que leur faisait subir Mahr.
Dazai aurait aimé dire qu'il avait joué un grand rôle dans l'obtention des droits fondamentaux, mais il aurait pris l'honneur à quelqu'un d'autre.

Le soldat brun étouffa un léger bâillement, et il consulta rapidement l'horloge accrochée dans sa chambre. Deux heures du matin approchaient, et Dazai avait encore des choses à faire.
Son entrevue avec Dostoïevski ne s'était pas aussi mal déroulée qu'il ne l'avait pensé : ce dernier s'était simplement contenté de lui annoncer son affectation aux archives, comme il avait été prévu.

Le jeune homme se leva du lit sur lequel il était allongé, et vint saisir une épaisse cape noire dans son armoire. Il l'attacha fermement à ses épaules et baissa la capuche sur sa tête.

Quand il s'observa dans le miroir, l'épais tissu jouait parfaitement son rôle : il masquait parfaitement sa silhouette, rendant impossible de déterminer s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.

Avec soin, Dazai rouvrit les volets qu'il avait fermés un peu plus tôt dans la soirée pour venir se percher sur le rebord de sa fenêtre. Le jeune homme avait pris soin de prendre une chambre au deuxième étage où la hauteur était encore passable pour quelqu'un de suffisamment entraîné.

Dazai se laissa souplement tomber sur le rebord de l'étage inférieur avant de venir toucher le sol ferme.
Comme s'il ne venait pas de sortir de sa chambre de la plus étrange des manières, le brun se mit à marcher dans les rues obscures d'un bon pas.

Bientôt, les contours sombres du bureau de poste se dessinèrent dans le paysage.
Quand il poussa les portes du bâtiment, un employé – bien que surpris de sa visite si tardive – lui décrocha un sourire aimable.

— L'adresse est indiquée sur le papier. Dites que cette lettre vient de la part de Shuji.
Il accompagna ses phrases avec quelques pièces qu'il plaça dans la paume de l'employé.
— Veillez-y.

L'homme hocha rapidement la tête, et Dazai n'avait aucun doute sur le fait qu'il mènerait à bien sa tâche. Il était un potentiel client, et avec la crise de chômage pour les eldiens qui avaient été pour la plupart remplacés par des Mahrs, il ne risquerait pas de le décevoir.

— Vous ne voulez pas savoir si vous avez du courrier ? le héla l'homme quand Dazai atteint le seuil de la porte.
— Dites toujours.
— Votre nom ?
— Alexei.

L'employé fouilla les casiers pendant quelques instants avant de secouer négativement la tête.
Dazai haussa les épaules avant d’adresser un signe de main à l'homme et de sortir du petit bureau de poste.
Le brun arrangea le manteau afin de s’assurer qu’il le couvrait toujours de la tête aux pieds, avant de s’enfoncer dans les ruelles assombries par la nuit.

~

Le soleil s’était levé, noyant sa chambre dans ses rayons dorés. Dazai étouffa un bâillement dû à sa nuit de sommeil qui avait été un peu trop courte selon son goût.
En sifflotant un air inconnu du commun des mortels, il s’habilla rapidement et se dirigea vers la porte de sortie. Ses économies étaient pour l’instant suffisantes pour subvenir à ses besoins, mais cela n’allait pas durer éternellement.

Après quelques minutes de marche dans les rues ensoleillées et étrangement calmes, il finit par arriver dans le centre de la capitale, là où se trouvaient les bureaux du commandant et des majors.
Malgré le temps de marche que lui imposait sa chambre à l'hôtel, il avait choisi de ne pas résider dans le quartier général du Bataillon pour avoir une plus grande liberté de mouvement.

Même si cela signifiait puiser dans ses maigres économies qu'il avait laissé derrière lui.
Aujourd'hui, Fukuzawa devait lui donner tous les derniers renseignements quant à son affectation dans les archives.
Techniquement, il appartenait toujours au Bataillon d'Exploration, mais il n'était plus directement sur le terrain.

Beaucoup seraient soulagés par cette perspective, mais il voyait plus ça comme un prétexte pour se débarrasser de quelqu'un d'un peu trop gênant.

Dazai passa ses bras au-dessus de son dos, étirant sa colonne vertébrale comme un chat le ferait.
Prenant une grande inspiration, il poussa les imposantes portes qui renfermaient l'accès aux bureaux.

~

Dazai se repéra avec encore plus de facilité que la dernière fois où il avait posé les pieds dans les locaux.
Le bâtiment aux épais murs ne présentait plus aucun mystère pour lui.

Sans encombres, il finit par atteindre le bureau de Fukuzawa, et il toqua quelques coups contre la porte. Même si l'argenté préférait largement passer son temps de travail au Quartier Général du Bataillon, il avait tout de même des devoirs administratifs à remplir dans la capitale.

— Entrez.
Le soldat brun poussa la porte tout en souriant un peu trop joyeusement.
— Dazai. Tu prends mieux que je l'avais imaginé ta mutation aux archives.
— Est-ce que ma crise de colère d'hier n'était pas suffisamment convaincante ?

L'argenté releva la tête du papier sur lequel il était en train d'écrire, pour venir dévisager le visage de Dazai.
— Malheureusement pour toi, si ton jeu d'acteur a réussi à convaincre tous les soldats, cela n'a pas été le cas pour moi. Je connais mes subordonnés, et te lancer un discours enflammé sans avoir choisi chacun des mots avec attention ne te ressemble absolument pas.

Les dernières paroles du major invoquèrent le puissant souvenir d'une chevelure rebelle dansant devant ses pupilles pendant quelques secondes avant qu'il ne se décide à revenir à la réalité.
— Mes actions sont véridiques pourtant, mon cher~ Je pensais mot pour mot ce que j'ai dit hier.

Fukuzawa continua à le dévisager pendant quelques instants, son visage exprimant très clairement son doute.
— Bien. Si tu le dis.

L'argenté fouilla dans son tiroir pour en sortir une liasse de papiers qu'il présenta à Dazai.
— Tiens, les conditions pour travailler dans les archives. Prends le temps que tu veux pour les lire.

Le jeune homme brun hocha la tête, ses yeux commençant déjà à parcourir à toute vitesse les lignes.
Après quelques minutes qui parurent s'éterniser, Dazai finit par se saisir du stylo que lui tendait Fukuzawa et il appliqua sa signature au bas de la page.

— Une clause de confidentialité ? demanda-t-il en portant son regard whisky sur le major.
Fukuzawa haussa les épaules.
— Oui. Tu pourrais être amené à manipuler des documents qui sont strictement confidentiels. 

Dazai eut un petit rire.
— Moi ? Voyons, vous me connaissez : ce n'est pas quelque chose que je ferais.
Fukuzawa lui lança un énième regard dubitatif avant de soupirer. 
— Si tu le dis. Je ne remettrais pas ta parole en question.
— Mais ? continua Dazai à sa place.
— J'ai quand même de gros doutes.

Le jeune homme eut un rire un peu trop aigu.
— Ah ! Je ne pense pas que je puisse t'en vouloir pour ta méfiance. Elle est sûrement fondée après tout.

~

Le bâtiment qui renfermait son nouveau lieu de travail ne correspondait pas à l'image que Dazai s'en était faite au fur et à mesure des années.
Malheureusement pour lui, les archives ne se trouvaient pas directement dans la capitale, mais au pied du Mur Rose, non loin du district de Trost.

Le brun soupira : désormais, il passerait plus de temps à cheval qu'à travailler.
Cette pensée ne le réjouissait pas le moins du monde, mais c'était un mal pour un bien.

Dazai venait de stopper son cheval quand un homme aux cheveux bruns foncés et aux lunettes rectangulaires posées sur l'arrête du nez vint le saluer.
— Je suis Katai Tayama, et je suis la personne qui dirige actuellement les archives. Ravi de te voir ici, récita-t-il mécaniquement.

L'ancien soldat sonnait plus comme un disque cassé qui répétait la même chose chaque jour, mais pour une fois, Dazai s'abstint de tout commentaire.
— Merci de l'accueil.
Il obligea les mots à sortir de sa bouche, sinon quoi il serait éternellement resté planté là, dans le silence.

— Hum.
Katai se racla la gorge.
— Je te fais visiter ?
Le brun haussa les épaules : le choix lui importait peu, il finirait par fouiller l'endroit de toutes manières.
— Si tu as du temps à perdre, pourquoi pas.

L'homme ne releva pas ou choisit d'ignorer la pique, et s'effaça dans l'encadrement de la porte pour pouvoir le laisser passer.
Dazai s'engouffra dans le noir du couloir, et il ne put s'empêcher de frissonner quand il entendit le lourd battant se refermer derrière lui.

Les torches accrochées aux murs éclairaient faiblement le couloir, et le jeune homme dût écarquiller les yeux au maximum afin de ne pas trébucher.
Il fit mine de ne pas remarquer les regards curieux que lui jetait Katai du coin de l'oeil : si l'homme se décidait à lui poser directement ses questions, il y répondrait avec autant de justesse que possible.

Après avoir parcouru un dédale de couloirs qui paraissaient infini et sans sens à n'importe qui mis à part lui, les deux soldats finirent par arriver devant les rayonnages de livres.

— Mh… Si tout se déroule comme prévu, ce qui devrait être le cas, tu devrais commencer par trier les rapports ici.
Dazai hocha la tête affirmativement.
— Je, hum, je suppose que tu veux voir la cafétéria ? Et tout le reste des pièces de confort ?
— Ça serait mieux, en effet.

Katai eut un sourire désolé, remonta ses lunettes qui avaient encore un peu glissées, puis continua son chemin.
Ils dépassèrent tous les rayonnages remplis de gros dossiers qui commençaient à prendre la poussière et finirent par atteindre une porte dans le fond de la pièce.

Les deux soldats traversèrent un énième couloir avant d'arriver sur le petit réfectoire que comportaient le bâtiment des archives.
Le brun remarqua avec soulagement qu'une fenêtre avait été construite dans le mur en béton.

Au moins, Dazai arrêterait de s'étouffer entre les murs de pierres quand il mangerait.
C'était déjà une bonne chose à savoir.

— Et le reste ? demanda-t-il. Toilettes, lavabos…
— Il faut revenir en arrière sur nos pas.
Dazai émit un petit soupir.
— Je suppose que je pourrais me débrouiller et trouver seul alors.
— Si tu le dis– N'hésite pas à crier si tu te perds.

Et en même temps que le brun se jurait mentalement de ne jamais hurler, il déclara :
— C'est bon à savoir. Je tenterais d'y penser.

Katai le dévisagea peu discrètement, hésitant visiblement entre être surpris par son assurance ou juste garder un visage impassible.
— Bien, fit par déclarer le brun. J'ai un besoin urgent à satisfaire, est-ce que je peux... ?

Katai hocha rapidement la tête, et indiqua du doigt le fond de la pièce.
— Reviens sur tes pas, et ça devrait aller.

Comme s'il avait épuisé son quota de paroles de la journée, l'autre soldat lui lança un dernier regard avant de se retourner et de se murer dans un silence de plomb.
Dazai prit cela comme une invitation pour déguerpir, chose qu'il mit en pratique le plus vite possible.

Il valait mieux pour son image qu'il ne provoque pas un scandale dès son arrivée dans son nouveau boulot.
Dazai traversa le couloir d’un pas nonchalant et peu assuré par moment, comme s’il avait peur de ne pas retrouver son chemin – ce qui était compréhensible pour toutes nouvelles recrues ordinaires.
Mais il n’était malheureusement pas comme le commun des mortels.

Quand le soldat brun fut assuré qu’il n’était plus dans le champ de vision de Katai, ni d’un quelconque employé, il bifurqua rapidement entre deux rayonnages à l’abri des regards.
Après avoir jeté un énième coup d’oeil dans les alentours, Dazai se décolla lentement du mur de livres et entreprit de se faufiler parmi les étagères.

Ses yeux suivaient et lisaient rapidement chaque étiquette qui était collée sur le bois du meuble. Heureusement pour lui, les employés aux archives s'étaient obstinés à classer les fichiers dans l'ordre alphabétique, ce qui lui facilitait grandement la tâche. 

Il changea rapidement une fois de plus de rangée d'étagères jusqu'à finir par trouver la bonne. Ses yeux parcourent les noms des dossiers jusqu'à ce qu'il trouve celui qu'il cherchait. Sans perdre de temps, il tira la pochette cartonnée et vint la placer sous son long manteau beige.

Tout aussi discrètement, il sortit de l'autre poche de son manteau, une pochette cartonnée totalement semblable à la précédente, pourvue de la même étiquette et remplie de quelques feuilles blanches. Rapidement, il posa le dossier vide à la place de celui qu'il venait de prendre.

Dazai se raidit quand il crut entendre des pas dans le couloir, et même s'il n'avait pas entièrement terminé, il se prépara mentalement pendant l'instant d'une seconde à être découvert.
Puis les pas s'éloignèrent de sa direction et il se mit à respirer un peu mieux.

Le brun avança encore de quelques bons mètres au milieu des rayonnages, et cette fois-ci, il s'arrêta directement au bon endroit.
Ses yeux parcoururent à toute vitesse les noms des dossiers, et Dazai laissa échapper un petit soupir quand l'absence de ce qu'il cherchait se fit savoir.

Considérant qu'il avait terminé sa petite fouille des archives, le brun revint lentement dans l'allée principale, avança de quelques pas en direction de son nouveau supérieur avant de s'exclamer :
— Hum, Katai ?

Se guidant au son de sa voix – ou peut-être que l'homme brun s'était habitué à retrouver les recrues perdues au gré des nouvelles arrivées – le soldat à lunettes fit irruption devant lui quelques minutes après son appel.
— Je me suis perdu.
— Je vois ça.

Katai eut un petit soupir.
— Ne fais pas cette tête là. Tous les nouveaux arrivants passent par là, ne t'inquiète pas.
Dazai était loin d'être inquiet, mais il hocha tout de même la tête, prenant un air contrit.

Visiblement, le soldat aux lunettes n'eut pas le cœur à l'enfoncer un peu plus.
— Je suppose que je peux te montrer le chemin.
Ravalant son orgueil qui venait de prendre un coup cher, Dazai déglutit péniblement et hocha la tête, essayant de placer un faux sourire dessus.
Katai fut totalement dupe.

~

Dazai s'était simplement contenté de feuilleter le dossier avec la plus grande délicatesse, mais il ne lui avait rien appris de plus qu'Ango. Ce n'était pas vraiment une surprise, dans le fond.

Le brun étouffa un bâillement : n'ayant reçu aucune information supplémentaire, il supposait qu'il n'avait pas à se rendre au bureau de poste cette nuit.
Cela lui promettait une soirée plus ou moins tranquille, en somme.

Dazai s'étira, passant ses bras au-dessus de sa tête tandis qu'il venait saisir le léger dossier de feuilles.
Il faisait lourd et chaud dans sa chambre, et ce fut l'une des raisons pour lesquelles il ouvrit la fenêtre.

L'air de la ville lui emplit les narines, et il ne put s'empêcher de siffler quelques notes, suffisamment fort pour couvrir les bruits nocturnes.
Dazai resta devant la fenêtre pendant encore quelques minutes avant de pousser un long soupir.

Il posa rapidement la pochette cartonnée sur le rebord, étouffant un énième bâillement. Pour la première fois de sa vie, il décida de maintenir un semblant de sérieux et de se coucher tôt afin de ne pas bailler aux corneilles le lendemain dans les bureaux des archives.
Sur cette pensée irréaliste, il posa sa tête sur l'oreiller et ferma les yeux.

~

Quand les premiers rayons de soleil vinrent éclairer son visage, Dazai se sentait déjà d'humeur massacrante.
Se raclant la gorge, le brun s'étira comme un chat, et il se dirigea à pas lent vers la fenêtre qui était restée ouverte toute la nuit.

Prenant quelques secondes avant de bouger, Dazai vint s'asseoir sur le rebord de la fenêtre, profitant du vent matinal pour se réveiller.
Le brun resta dans la même position sans bouger, les paupières à demi fermées.

Le chant vif et joyeux d'un merle le tira brusquement de sa rêverie, et Dazai vint rapidement refermer le battant de la fenêtre avant de prendre un soin à se rendre un minimum présentable.

Le résultat n'était pas parfait, mais pour quelqu'un comme Katai Tayama, cela conviendrait parfaitement.
Dazai adressa un sourire charmeur à son reflet qui lui faisait face, avant d'attraper son long manteau et de sortir.

~

Dazai mit précisément dix minutes avant de décréter mentalement que le travail aux archives était abrutissant à souhait et dénué d'intérêt. Classer des papiers d'importance mineure toute la journée était un véritable calvaire.

Le brun pourrait presque commencer à haïr Dostoïevski pour l'avoir placé ici.
Presque.
Dazai était rentré facilement dans les archives, en sortir était une toute autre chose plus compliquée.

— Un café ? demanda Katai quand il passa devant le bureau du soldat.
Il fit un signe négatif de la tête.
— Ça ira, merci. Je réfléchis mieux sans.

Dazai sentit le regard lourd de sens de Katai passer sur lui. D'une certaine façon, c'était compréhensible : personne n'avait besoin de son cerveau pour trier les dossiers inutiles dont personne ne voulait.
Ce fut à ce moment précis que le brun décida d'agir. Et cela ne faisait qu'une demi heure que sa journée venait de commencer.

— Katai, fit-il en abordant l'homme à son bureau. Est-ce que tu sais si des recrues ont quitté ce service récemment ?
L'homme à lunettes émit un long bâillement.
— Tu veux savoir si tu as une chance d'échapper aux archives ?
— Entre autre.

Katai eut un léger soupir tout en dévisageant le visage du brun à travers le verre de ses lunettes.
— Franchement, que tu restes ici ou que tu partes, cela m'importe peu. Je peux même t'écrire une lettre. Mais le seul problème est que tu viens à peine de débarquer dans ce service. Je ne vois pas quel motif pourrait justifier un départ si rapide.

Dazai haussa les épaules.
— Vous avez l'embarras du choix, niveau motifs. Insubordination, par exemple.
— Ça entâcherait votre réputation.
Le brun laissa un grand sourire prendre possession de ses lèvres.
— Est-ce j'ai l'air de me soucier de ma réputation ?

Les yeux de son supérieur le détaillèrent rapidement de haut en bas, avant qu'il parvienne enfin à la conclusion voulue.
— Mouais. Sûrement. Mais si j'étais toi, j'attendrais quelques jours avant de mettre quoique ce soit à exécution.

Dazai détestait avouer ça, mais l'homme en face de lui avait raison : cela paraîtrait suspect s'il déclarait un incident une journée après son arrivée. Alors pour l'instant, il semblait qu'il devrait supporter la monotonie des archives encore quelques jours.
— Bien. Je suppose que ça le fera.

Katai hocha une nouvelle fois la tête, et Dazai ne put s'empêcher de penser que l'homme était définitivement trop docile pour que cela ne paraisse pas suspect à ses yeux.
— Pourquoi m'aider ? Surtout sans rien demander en retour ? demanda-t-il brutalement.
— Parce que… je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas ?

Dazai haussa un sourcil afin de montrer qu'il n'était pas entièrement dupe.
— Quel intérêt pour toi ? Tu perds juste un employé.

Katai eut un petit rire.
— Perdre un employé ? Mais tu sais, ce n'est pas comme si on était débordé aux archives. Un employé de plus ou de moins, qu'est-ce que cela peut bien changer ?

Le jeune homme haussa les épaules, laissant son regard dériver sur le côté.
— Je ne sais pas. Moins d'efficacité et plus de travail à faire toi-même, je suppose. 
Katai fit un vague geste de la main avant d'ajouter :
— Peut-être. Mais si tu tiens vraiment à continuer de me parler, je risque d'être moins disposé à t'aider.

Dazai secoua une dernière fois la tête avant de se détourner du bureau de Katai et d'aller au sien.
Il songea que ce dernier était un bien étrange homme pour accepter de remplir une demande de quelqu'un sans rien attendre en retour.
Les gens étaient devenus bien étranges sur Paradis.

Dazai soupira une énième fois.

~

Si dans sa jeunesse le brun avait pensé s'ennuyer pendant les longues heures de cours, il n'en était rien de ses journées aux archives.
Le rangement des dossiers était stricte et carré, si bien que Dazai se retrouvait forcé à se concentrer sur une tâche ennuyante à souhait.

Kunikida se serait plu dans ce service, ne pouvait s'empêcher de songer chaque jour Dazai.
Katai avait beau lui avoir promis une "libération", le soldat commençait à en douter profondément.
Il fallait qu'il agisse au plus vite avant qu'il se perde au milieu de toutes ces pochettes cartonnées.

La fin de la journée était une véritable délivrance. Dazai ne se fit pas prier, et il courut à toute vitesse afin de mettre le plus de distance entre lui et ce maudit bâtiment.
La nuit avait tendance à tomber rapidement ces derniers temps, et malgré tout, Dazai se força à ralentir quelque peu son allure.

Le soldat tapotait légèrement ses doigts contre la paume de sa main tandis qu’il marchait, reproduisant une mélodie que lui seul semblait connaître.
Relevant la tête afin de faire mine de contempler le ciel étoilé, Dazai laissa échapper un long soupir.

Le ciel était nuageux et les quelques étoiles dont la lumière était visible se cachaient timidement derrière les nuages.
Le jeune homme avait déjà observé des cieux plus colorés et plus illuminés que celui-ci, mais pourtant, il continua à garder la tête relevée, donnant l’impression qu’il se délectait du paysage.
Une douleur fusa dans son épaule gauche, et il esquissa un mouvement pour se retourner mais la personne qui l’avait bousculé lui donna un coup de coude qui le poussa en avant au milieu du flot de personnes.

Quand il réussit enfin à se dégager de la foule, Dazai tenta de chercher du regard l’éventuel individu qui aurait pu le bousculer, mais le monde noyait le potentiel suspect au milieu de nombreuses personnes.
Le brun soupira, et la conclusion évidente était qu’il valait mieux ne pas mettre les pieds dehors pendant les heures de pointe à Paradis.

~

???, onze ans auparavant, 926

— Tu ne devrais pas me faire autant confiance.
— Pourquoi pas ? Tu es mon ami après tout.

Il se racle la gorge pour masquer sa gêne.
— Après tout… Oui, c’est le cas de le dire.
Il sait que l’autre est en train de le dévisager, une lueur curieuse sur le visage. Mais pourtant, il ne précise pas sa pensée.

— Je vais le faire.
Il n’en attend pas moins de son ami, mais au lieu de se réjouir, un étrange sentiment lui étreint le ventre et le coeur. Il sait pertinemment bien à quoi cela correspond, mais il ne préfère pas formuler cette pensée dans son esprit.

La voix de son ami retentit encore une fois.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Je viens d’accepter ta requête, tu devrais être un peu plus heureux.
— Vas-tu vraiment poser aucune question ?
— Je pense que tu es un homme bien, dans le fond.

Un éclat de rire manqué de le secouer, mais il finit par se retenir au dernier moment.
— Tu fais très certainement erreur–
— Je te laisse le bénéfice du doute, alors.
— Tu le regretteras. Pas maintenant, un jour.

Il baisse la tête parce qu’il veut à tout prix éviter le regard de son ami. La dernière chose qu’il souhaite est de se souvenir à jamais de ces grandes pupilles qui le fixent comme s’il était réellement quelqu’un de bien et non pas un vulgaire sac de déchets.

— Bien. Est-ce que tu vas finalement te décider à me donner l’adresse ?
Et même s’il essaie de toutes ses forces, il sait au plus profond de lui que cette conversation le hantera jusqu’à la fin de ses jours.

~

Actuellement, 935, Paradis

Apparement, les manoeuvres de Dazai avaient été efficaces, car dès le lendemain matin, il recevait une enveloppe de convocation chez le commandant des armées. Le brun sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres.
C’était bon de savoir que les informations étaient transmises avec efficacité et précision. 

Le trajet jusqu’à la capitale avait pris plus de temps que prévu à la grande déception de Dazai, mais il parvint tout de même à placer un faux sourire sur son visage.
Il n’avait pas le droit de rater cette entrevue : l’avenir de ses plans en dépendait.

Deux membres des Hunting Dogs, dont les noms échappaient encore à Dazai, montaient la garde devant les portes du bâtiment administratif. Si une grande part de la population craignait cette organisation, ce n'était pas son cas : force surhumaine ou non, les Hunting Dogs restaient tout de même de simples pions.

— J'ai un entretien avec le commandant des Armées, s'exclama joyeusement le brun tout en tendant une enveloppe.

Un jeune homme aux mèches claires dont le bout finissait par tirer sur le rouge, jeta un bref coup d'oeil au papier avant de hocher la tête.
— Vas‐y.

Le soldat à ses côtés, un jeune homme aux mèches châtain foncé totalement ébouriffées, fit un pas sur le côté afin de lui laisser un meilleur accès aux portes.

Dazai les remercia d'un grand sourire, et il s'avança à l'intérieur du bâtiment. Il n'était pas difficile de remarquer que les deux soldats n'étaient absolument pas ravis de se retrouver à faire le guet devant les bureaux du personnel.
Le brun nota cette information dans un coin de sa tête tandis qu'il continuait à s'enfoncer dans le bâtiment.

Lorsqu'il arriva enfin au fond du couloir, devant la porte du large bureau de Fyodor Dostoïevski, il tapa quelques coups rapides.
Un "entrez" étouffé finit par lui parvenir aux oreilles, et sans hésiter, Dazai poussa le battant.

— À quoi dois-je l'honneur de votre présence dans mon bureau, monsieur Dazai ?
Le commandant applatit d'un geste distrait les quelques mèches de son carré qui étaient ébouriffées. 
Dazai nota ce geste et la rougeur de ses joues, et il réprima un grand sourire. 

— Je pense que vous l'avez déjà deviné, d'une certaine manière.
— Vous me faites trop d'honneur.
Cette fois-ci, le jeune homme laissa un sourire prendre possession de ses lèvres.
— Absolument pas. Votre réputation vous suit, vous savez.

Dostoïevski hocha lentement la tête.
— En effet. J'en ai une petite idée.
— Alors vous savez donc que l'on vous dit être un grand esprit, capable de prédire les actions d'une personne à la minute près ?
— Trop d'honneur qu'on me fait, je vous dis.

Dazai secoua la tête, et enchaîna :
— Niez tant que vous voulez, ce n'est pas la question. Je voudrais changer de service : après quelques jours, je peux affirmer que la vie dans les archives en train de ranger et trier chaque document n'est pas pour moi. Je suis un homme de terrain, et vous le savez bien.

Le commandant s'enfonça un peu plus dans son fauteuil, un sourire cruel faisant surface sur son visage.
— La mutation est récente, alors donnez moi une bonne raison de la faire.
Le brun nota rapidement que Dostoïevski s'entêtait à conserver une illusion de politesse en utilisant le vouvoiement. Dazai suivit son mécanisme sans hésiter.

— Le fait que je suis un excellent élément sur le terrain ? Vous avez besoin de soldats pour le Bataillon d'Exploration. 
— Ça peut être une bonne raison. Mais je vous ferais remarquer que vous avez toujours travaillé en solitaire, et je n'ai que faire d'un soldat qui ne sait pas fonctionner en groupe.

Dazai contracta sa mâchoire et serra les dents si fort qu'il crut qu'il allait les briser.
Il déglutit péniblement, refusant de montrer un autre signe de décontenance face à son supérieur hiérarchique. 

— Ou est-ce seulement vrai ? poursuivit Dostoïevski de sa voix dégoulinant de miel. Les archives ont brûlé peu de temps après votre disparition de Paradis et mon accès à ce poste. Comment l'expliquez-vous, mmh ?
— Coïncidence, finit par déclarer Dazai d'un ton ferme.
— Je ne crois pas aux coïncidences.
— Grand bien vous fasse.

Fyodor Dostoïevski eut un sourire ironique, mais il ne répondit rien.
— Vous avez disparu pendant un an, vous, un héro du Bataillon reconnu, et vous réapparaissez du jour au lendemain.
— J'avais des affaires à régler. Dans la Ville Souterraine, plus précisément.

Le commandant haussa lentement un sourcil lorsqu'il entendit la réponse du brun.
— La Ville Souterraine, vous dîtes ?
— Oui.

Dostoïevski sembla vouloir dire quelque chose, mais il se retint au dernier moment, se contentant de lancer un regard noir à Dazai.
— Bien. Si Paradis a été heureuse de revoir son héros national ressurgir du passé comme par magie, ce n'est pas spécialement mon cas.

À défaut d'être quelqu'un de simple à lire, Dostoïevski avait au moins le mérite d'être franc quand il donnait son avis sur les personnes.
Dazai s'autorisa comme unique réaction un simple haussement d'épaules.
— Pas tout le monde peut être du même avis, je suppose.

Remarquant que son supérieur ne rajoutait rien, le soldat poursuivit :
— Remettez moi dans le Bataillon d'Exploration. Même si je n'en donne pas l'impression, je sais comment éliminer un titan en groupe. Je serais efficace, et puis, je crois que les archives n'approuvent pas totalement mon comportement.

Le brun ne put retenir un léger sourire de satisfaction en voyant les coins de lèvres de Dostoïevski tressaillir légèrement.
— J'attendrais de recevoir le papier signé de la main même de Katai Tayama alors.
Dazai esquissa un pas vers la sortie, mais la voix du commandant s'éleva une nouvelle fois.
— Si tu dis travailler si bien en groupe… c'est peut-être parce que tu as déjà eu l'occasion d'éliminer un titan en duo ?

Le soldat eut un grand sourire, rempli d'une joie terriblement fausse.
— Bien sûr que non~ Je suis simplement talentueux ! Et puis, vous avez lu mon dossier : c'est écrit noir sur blanc~

Dazai cligna rapidement de l'oeil avant de titrer une longue révérence et de prendre congé lui-même du commandant. C'était un geste risqué, mais Dostoïevski ne lui enverrait pas ses chiens juste pour un simple affront de la sorte.
Tout d’abord, il soupçonnait que les soldats spéciaux auraient du mal à être relégués au simple rôle que les Brigades Spéciales occupaient. Et puis, pour lui, cela ne faisait aucun doute que les Hunting Dogs étaient plus difficiles à contrôler qu’il n’en paraissait. Mais Dostoïevski préférait sûrement mourir que de l’avouer.

Néanmoins, cela n’empêcha pas Dazai d’être tendu et sur ses gardes quand il sortit du bâtiment. Heureusement, il avait vu juste et les soldats postés devant les portes ne firent aucun geste pour l’arrêter.
Quand le bâtiment des bureaux fut loin derrière son épaule, Dazai commença enfin à se détendre et à respirer un peu mieux, mais il ne ralentit pas son allure pour autant.

Malgré tout, il lui restait encore une tâche importante à réaliser avant la fin de la journée, et il n’avait plus tout le temps nécessaire devant lui. La capitale était grande, et c’était une bonne chose quand il s’agissait d’être discret et de se fondre dans la masse, mais quand il fallait être rapide et efficace, c’était une autre histoire.

Le jeune homme avait presque atteint la banlieue autour de la capitale, et remarquant que la nuit n’était toujours pas tombée, il ne put empêcher un sourire triomphant de venir se placer sur son visage.

Le soldat continua de marcher d’un bon pas, et les contours sombres d’une auberge commencèrent par apparaître au loin.
Il était venu tant de fois dans le petit bâtiment de restauration qu'il n'avait pas besoin de voir dans la pénombre pour lire le petit panneau.

Quelques minutes plus tard, Dazai atteignit enfin l'auberge, et il poussa la porte sans réfléchir.

— Bonsoir ! l'accueillit le gérant avec un grand sourire.
Le brun lui rendit la salutation avant de lui faire signe qu'il allait s'asseoir à la table la plus proche.
D'un coup d'oeil vif et rapide, Dazai prit connaissance des quelques personnes présentes dans la salle de restauration avec lui, et il eut un imperceptible hochement de tête, satisfait.

Une jeune serveuse passa à côté de lui, et il en profita pour l'interpeller d'une voix un peu trop forte.
— Mademoiselle ! Pourrais-je passer commande ?
La jeune femme jeta un regard de détresse aux quelques clients des alentours, mais elle finit par s'approcher à pas réticents.

— Oui Monsieur. Que voulez-vous donc ?
Dazai prit un sourire charmeur.
— Juste un verre de whisky, s’il vous plaît.

La serveuse hocha la tête, et commença à s’éloigner de la table quand Dazai lui saisit le poignet pour la retenir encore quelques instants à ses côtés.
— Mademoiselle, débuta-t-il sans se départir de son sourire. Toute votre vie, vous attendiez seulement ce moment pour prendre votre essor.
Les grands yeux bruns de la jeune femme vinrent se poser sur son visage, totalement déstabilisés par ce que le brun disait.
— Alors, est-ce que vous voudriez commettre un suicide amoureux avec moi ?

La serveuse eut un mouvement de recul, visiblement choquée par les paroles de Dazai, avant de libérer son poignet de son emprise.
— Le whisky arrive dès que possible, répondit-elle froidement avant de tourner les talons et de s’éloigner à grands pas.

Peu impacté par le rejet de la jeune femme, Dazai rejeta son menton en arrière et se mit à rire silencieusement, laissant sa tête pencher vers l’arrière.
Il avait attendu ce moment depuis de longues années pour pouvoir enfin faire un premier pas vers la liberté.

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