04 | Le jour où le soleil brûlait
Ou aussi appelé chapitre où Fyodor passe sa vie à claquer des doigts-
(C'était pas volontaire x)
Hello ! Je crois que la ponctualité sur cette fic est décédée (je vous assure que j'avais le chapitre préparé, j'ai juste pris du temps sur la correction-)
(Correction qu'une certaine personne va venir détruire en une seule lecture je-)
Enfin bref, si je ne suis pas morte pour cause de rarepair week ou d'oraux, le prochain chapitre sortira le mois prochain-
Portez vous bien !
~
— Et si je ne suis pas d'accord ?
— Eh bien, je te dirais que tu as déjà choisi.
— Je n'avais pas le choix ! Et vous le saviez très bien !
— Faux. On a toujours le choix. Parfois, on n'a pas envie de le faire. Ou on n'en a pas le courage. À toi de voir.
~
Atsushi ouvrit péniblement un oeil, avant de le refermer aussi sec quand un rayon de lumière vint agresser sa rétine.
Il grogna tandis qu'il enfonçait sa tête dans son oreiller.
Il lui semblait qu'il s'était endormi il y avait à peine une heure.
Bon, c'était sûrement le cas. Mais cela ne changeait rien au fait que le jeune homme n’aurait pas été contre quelques heures de sommeil supplémentaires.
Atsushi laissa ses muscles se détendre tandis qu’il fermait ses paupières dans l’espoir de se rendormir.
Au moment où il était sur le point de sombrer dans l'inconscience une réalisation le traversa comme une épée.
La semaine d’entraînement.
Qui commençait aujourd’hui.
L’argenté bondit hors de son lit comme pris d’une décharge électrique, tout en criant un fort “merde” qui résonna dans la chambre d'hôtel.
Les dernières brumes de sommeil quittant son esprit, les souvenirs de la veille lui apparurent encore plus clairement.
Le commandant Dostoïevsky avait présenté les quatre personnes chargées de superviser le bon déroulement de la semaine, avant d’avoir congédié tous les soldats.
Comme un seul homme, ces derniers avaient convergé vers le tableau d’affichage, situé à l’entrée.
Heurté, froissé et bousculé par une foule sans pitié, Atsushi avait dû mettre au moins une bonne demi-heure avant d’accéder au panneau.
Sans grande surprise, le commandant avait séparé les effectifs en quatre groupes, et l’argenté se retrouvait dans celui de Yosano Akiko.
Le jeune homme, épuisé par les derniers évènements, n’avait pas cherché à lire le nom de ceux qui se trouvaient avec lui : il s’était extirpé de la foule et avait gagné le bâtiment indiqué.
Sans réfléchir, il avait demandé la clé de sa chambre, et aussitôt arrivé à destination, il s’était affalé sur son lit pour avoir un repos bien mérité.
Et l’insomnie l’avait frappé.
Atsushi avait été dans l'impossibilité de s’endormir, les pensées traversant et retraversant son esprit sans lui accorder une seule seconde de répit.
Le jeune homme s’était retourné dans tous les sens afin de trouver une position confortable.
Il y avait passé toute la nuit, sans aucun résultat fructueux.
Atsushi ne savait pas à quelle heure précise ses pensées lui avaient laissé un court moment de répit, mais il en avait visiblement profité pour enfin s’endormir.
Dans les alentours de cinq heures du matin, lui disait son corps.
Il le croyait sans problème.
L’argenté passa rapidement devant le miroir de la chambre, jetant un regard plein de désespoir sur ses mèches rebelles et ébouriffées. On aurait dit qu’il était littéralement tombé du lit, ce qui n’était pas tellement faux quand on y réfléchissait.
Il termina de nouer sa chemise en même temps qu’il tentait d’aplatir quelques mèches sur son crâne. Son épis ne broncha pas, et Atsushi poussa un énième soupir de désespoir, abandonnant toutes tentatives d’avoir l’air présentable.
Ne perdant pas plus de temps que ça étant donné qu’il était déjà en retard, l’argenté sortit en courant de sa chambre, et s’empressa de descendre les escaliers menant à la salle à manger commune.
Le jeune homme ignora les quelques clients du motel qui profitaient doucement de leur petit déjeuner matinal sous les rayons chauds du soleil.
Atsushi les maudit silencieusement avant de venir attraper un pain qui traînait, exposé dans une corbeille.
Machonnant le plus vite possible, il continua sa course jusqu’à ce que le soleil vint de nouveau brûler ses rétines.
Néanmoins, il repéra facilement Yosano qui scannait les rares passants du regard. Quand sa supérieure le remarqua, elle lui fit un rapide signe et se mit en route dans sa direction pour le rejoindre quelques secondes plus tard.
— Atsushi ! Dépêche toi, on t’attendait !
Mortifié d’être une fois de plus en retard sur un intervalle de quelques jours, l’argenté baissa les yeux et hocha la tête.
La brune eut un petit sourire affectueux avant de venir lui ébouriffer les cheveux, aggravant ses épis. Mais Atsushi, bien décidé à faire profil bas, se laissa faire sans aucune protestation.
— Bien, je pense que tout le monde est présent.
Yosano claqua une fois des mains, et Atsushi eut plus l’impression d’appartenir à un groupe de gamins bruyants qu’au Bataillon d’Exploration.
— On a déjà pris du retard : on était censé rejoindre les terrains d'entraînement des brigades il y a une bonne demi heure.
Quelques regards noirs se tournèrent vers Atsushi, qui se tassa un peu plus sur lui-même, comme s'il espérait pouvoir disparaître de la surface terrestre.
Malheureusement, son souhait ne fut pas exaucé, et le jeune homme resta debout, sa honte lui collant au dos.
Il ravala ce sentiment pour se concentrer sur ses pas. Maintenant, il s'agissait de réaliser un entraînement parfait, sans aucune faute, afin de corriger ses erreurs des jours passés et de rentrer dans les bonnes grâces de Dostoïevski.
Atsushi ne savait pas pourquoi il avait manqué l'appel aux armes pour la bataille contre l'immense titan de dix-sept mètres de haut, mais une chose était sûre : il avait réussi d'une façon ou d'une autre.
Quand le commandant l'avait convoqué le lendemain même, le jeune homme avait cru que sa dernière heure était arrivée.
Mais au contraire du savon et du renvoi attendu, Dostoïevski s'était contenté de lui dire de sa voix doucereuse qu'il manquait cruellement d'assistance.
Et avant qu’il ait pu cligner des yeux, Atsushi s’était retrouvé engagé en tant qu’assistant du commandant pendant trois mois.
C’était déjà mieux que se retrouver dans la rue à mendier.
Le jeune homme s’était plié à la volonté de son supérieur comme si c’était la chose la plus naturelle à faire.
C'était une raison supplémentaire pour laquelle Atsushi ne devait être en aucun cas en retard. Cela partait mal.
Quand le groupe dirigé par Yosano atteignit enfin le terrain d'entraînement, des regards mauvais tombèrent sur eux.
Le jeune homme rentra un peu plus sa tête entre ses épaules.
— Attention, fit une voix douce à sa droite. Un peu plus, et tu vas avoir un mauvais mal de cou.
L'argenté tourna la tête pour apercevoir son interlocutrice, une jeune femme dont les cheveux noirs étaient fermement attachés en un chignon.
Elle avait un léger air familier, même si Atsushi était certain qu'il ne la connaissait ni d'Eve ni d'Adam.
— Pardon ? répondit-il avec un air peu fin.
— Ton cou. Tu devrais arrêter de te comporter comme un chaton effrayé à jeter des regards dans tous les sens. Tu vas juste hériter d'un joli torticolis.
Atsushi hocha la tête, le rouge lui montant aux joues.
— J'avais hum... compris la première fois.
Il eut un petit rire gêné.
— Mais, erm, je voulais dire que… je ne crois qu'on ait été présenté ?
Le jeune homme ponctua sa phrase par une grimace peu assurée.
Mais heureusement pour lui, la jeune femme lui répondit par un sourire indulgent.
— C'est vrai, excuse moi de mon impolitesse dans ce cas.
La tête légèrement inclinée sur le côté, la brune lui tendit la main.
— Je suis Gin. Enchantée !
— Atsushi, répondit-il en mangeant quelques syllabes et en s'empressant de venir serrer la main tendue de la jeune femme.
L'argenté aurait bien voulu ajouter quelque chose, mais Yosano l'interrompit.
— Vous garderez les bavardages pour plus tard.
Gin perdit immédiatement son expression chaleureuse pour venir endosser un air dur qu'elle portait pour aller sur les terrains d'entraînement.
Sa supérieure murmura quelques mots inintelligibles pour elle, avant de se remettre en marche.
Fyodor Dostoïevski se tenait au centre de la place, debout sur l'immensité de sable.
Le groupe de Yosano vint se mêler discrètement aux autres soldats déjà présents.
— Bien !
Aussitôt que le commandant prit la parole, les murmures se turent.
— Je vous remercie d'être là aujourd'hui, malgré certains retards, ajouta t-il en lançant un regard en direction de Yosano qui prit un air coupable.
— C'est pourquoi, je tiens tout de même à insister sur votre courage de vous être présenté ici.
Quelques soldats hochèrent la tête, visiblement ravis d'être remerciés par un des hommes les plus puissants de Paradis.
Étant donné qu'Atsushi était une fois de plus en retard, il ne se sentait pas méritant d'être remercié ou reconnu.
— En cette première journée, je tiens d’abord à confirmer les bases du corps à corps, sans rien d’autre que vos poings.
Cette fois-ci des murmures de protestation s’élevèrent un peu partout. Quel intérêt avait le combat rapproché, surtout sans armes, quand on disposait d’équipements nécessaires pour attaquer les titans à distance ? Aucun.
Dostoïevsky dut comprendre le fond de leurs pensées car un sourire, qu’Atsushi qualifierait d’étrange, apparut sur ses lèvres.
— Je peux entendre vos questions de l’endroit où je me tiens. Et laissez moi défendre mon choix.
Un souffle de vent vint agiter les cheveux du commandant qui laissa retomber sa phrase en suspens.
— Pas tous vos ennemis seront des titans.
L’argenté écarquilla ses yeux à l’entente de l’affirmation de son chef.
Avant que la foule ait eu le temps de réagir correctement, Dostoïevsky reprit la parole.
— J’ai donc organisé des poules de combats, où vous aurez l’occasion de vous confronter à cinq autres personnes avec des styles d’action différent. Ce sera une expérience unique où vous pourrez apprendre tellement !
Certains soldats échangèrent des regards dubitatifs tandis que le jeune homme se dépêchait d’applaudir quelques rapides coups. Bientôt une autre personne le suivit, et encore une autre. Et en peu de temps, tous les soldats réunis se retrouvèrent à applaudir l’initiative de leur commandant.
“Aie toujours l’air d’accord avec moi quoique je fasse” lui avait ordonné Dostoïevsky quand Atsushi avait accepté son contrat. “Et sois toujours le premier à marquer ton enthousiasme.”
A défaut d’être arrivé à l’heure, Atsushi espérait avoir au moins pu remplir une condition sans erreur. Toute cette histoire ne le réjouissait pas plus que cela, mais il avait peur de ne pas avoir le choix.
Imperceptiblement, le commandant hocha la tête une fois en direction de l’argenté. Comme un signe de remerciement.
Atsushi frissonna.
Cela lui retomberait dessus d’une façon ou d’une autre, il en était sûr. Mais pour le moment, il ne voyait aucune autre alternative mise à part celle de se plier aux ordres.
— Soyez attentifs, je vais vous appeler par nom pour vous indiquer dans quelle poule vous serez.
Atsushi se raidit, encore plus attentif aux paroles de Dostoïevsky.
— Premier groupe : soldate Nadeshiko.
Gin, à ses côté, redressa son buste, et le jeune homme conclut que c’était son nom qui venait d’être appelé en premier.
S’ensuivit une liste de nom qu’Atsushi ne connaissait pas le moins du monde. Les personnes défilèrent, sans qu’il soit appelé, si bien qu’il commença à se demander si le commandant n’avait pas changé d’avis.
— Nakajima, finit par appeler le commandant.
Ce dernier bomba le torse en entendant son nom de famille.
Dostoïevsky énonça encore quelques noms avant de claquer des mains, annonçant qu’il avait terminé.
— Bien. Vous pouvez désormais vous regroupez par poule. Exécution !
Dans un brouhaha et un désordre ambiant, les soldats s'éparpillèrent pour venir s'organiser en petits groupes.
Atsushi resta bras ballants dans la foule, ne connaissant aucune personne associée avec lui.
Une main se posa sur son épaule, le faisant sursauter.
L'argenté pivota sur lui-même pour se retrouver face à face au jeune homme au regard assassin qu'il avait croisé dans les couloirs.
— Je hum… on s'est déjà croisé.
Le bicolore en face de lui roula des yeux, comme s'il venait de lui faire perdre de précieuses minutes en parlant.
— Oui.
Il était difficile de faire plus froid : le ton du jeune homme lui faisait l'impression d'une douche glacée à chaque fois qu'il ouvrait la bouche.
— Enchanté alors, s'exclama l'argenté.
Devant l'absence de réaction de son interlocuteur, il ajouta avec beaucoup moins d'assurance :
— Enfin, je suppose ?
Le soldat bicolore haussa un sourcil.
— Ose me dire que tu es ravi de voir mon visage "souriant".
Atsushi tenta de répondre par une quelconque banalité mensongère, mais il en fut incapable.
Il ouvrit la bouche pour prononcer une phrase, n’importe laquelle, mais le bicolore le devança.
— Epargne ta salive. C’est inutile d’essayer de te justifier.
L’argenté était prêt à revenir à la charge, quand un soldat brun suivi d’une jeune femme rousse les rejoignit.
— Akutagawa ! s'exclama le nouvel arrivant en faisant un geste en direction de l'interpellé.
Atsushi supposa que le bicolore était le dénommé Akutagawa.
— C'est un étrange hasard, mais on se retrouve dans la même poule !
Le regard noir du soldat ne s'atténua pas, bien au contraire : il se durcit, si bien que le jeune homme nouvellement arrivé fit un pas en arrière, soudainement craintif.
Comme si Akutagawa possédait le pouvoir de le réduire à néant.
Mais Atsushi se faisait sûrement des idées à partir d'émotions peu fiables.
La rousse, qui n'avait pas encore prit la parole, sembla être prise d'un choc muet, et elle intervint avant que la situation dégénère.
— Je suis Lucy, fit elle en lui tendant la main. L'imbécile souriant à côté de moi est Mark.
— Enchanté !
Il s'empressa de saisir la main offerte.
— Atsushi Nakajima, mais je doute que mon nom de famille vous intéresse.
La rouquine eut un sourire indulgent qui eut don de calmer un peu les nerfs à vif de l'argenté.
Une jeune fille aux longues couettes noires, et un soldat présentant une drôle de coupe au bol les avaient rejoints, complétant ainsi leur groupe.
Un peu partout sur l'immense terrain de sable, les autres soldats en avaient fait autant. Considérant que la répartition était terminée, Dostoïevski se racla la gorge pour attirer l'attention sur lui.
— Bien, je vois que vous êtes motivés pour ce premier exercice.
Le commandant prit une inspiration.
— Dans chaque groupe, vous êtes numérotés de un à six par ordre alphabétique. Quand je vous l’annoncerai, vous rejoindrez avec votre groupe un des terrains marqués au sol, peu importe lequel.
Il se racla la gorge.
— Votre but sera de jeter votre adversaire au sol, et de l'y maintenir. Peu importe comment vous vous débrouillez du moment que vous n'utilisez aucunes armes autres que votre corps. Interdiction de viser les yeux ou de briser quoi que ce soit. Interdiction également de sortir du terrain délimité. Faites l’effort de retenir le résultat de chacun de vos matchs. Chaque combat dure deux minutes, et avant j'annonce les numéros de ceux qui vont s'affronter. C'est compris ?
Même si certains soldats avaient revêtu un air intense de concentration, un "oui" unanime sortit de leurs bouches.
Ainsi, après une brève réflexion, Atsushi se retrouva attitré du numéro cinq.
— Un contre six !
Akutagawa jeta un regard féroce sur Mark, qui fut prit un sursaut visiblement incontrôlé.
— Est ce que… est ce qu'il possède un semblant de self-control ? glissa l'argenté le plus discrètement possible à Lucy.
— Selon les légendes ou les faits réels ? le taquina la rouquine.
— Les faits réels.
Elle haussa les épaules.
— Il semblerait. Mais ne sous-estime pas trop Mark.
Lucy ponctua ses paroles par un clin d'oeil moqueur.
— Ne juge pas trop vite sur les apparences.
— Je ! s'exclama Atsushi, prêt à se défendre.
Il n'avait voulu en aucun cas insinuer que Mark était plus faible qu'Akutagawa.
— Relax.
La rouquine lui tapota l'avant bras.
— Je plaisantais.
Avant que l'argenté n'ait eu le temps de lui dire qu'il ne voyait pas où cela était censé être drôle, la jeune femme avait déjà tourné les talons pour rejoindre Mark.
Et Atsushi se retrouva bras ballants, sous le soleil matinal, à attendre que les premiers combats prennent fin.
Même s’il aurait dû utiliser cette opportunité pour enregistrer les styles de combat d’Akutagawa et de Mark, le jeune homme laissa dériver son regard vers le ciel bleu. L’argenté tenta tout de même de focaliser son attention par pure politesse envers ses camarades.
Mais c’était à croire que son cerveau s’obstinait à rester un observateur passif, refusant d’analyser les images qui se déroulaient sous ses yeux.
Atsushi commençait à douter de ses capacités à survivre.
Ce fut les deux minutes les plus longues et les plus courtes de sa vie. Il redoutait l’annonce des numéros tout autant qu’il l’attendait.
Le commandant arrêta les combats en sifflant un bref coup qui lui vrilla les oreilles.
Son regard retomba sur la scène devant lui.
Un Akutagawa au visage impassible maintenait un Mark au sol, non sans mal, à en croire les veines qui ressortaient de la main du bicolore.
Immédiatement, le soldat relâcha sa prise, et le brun s'empressa de se relever en époussetant ses habits.
— Akutagawa a beau posséder une force brute, il a tendance à foncer droit sans réfléchir quand tu le provoques un peu, chuchota Lucy à son oreille, c'est l'occasion parfaite pour tenter de le mettre à terre.
L'argenté se demanda pourquoi elle lui confiait tout cela.
— Mark a essayé, mais il a vu clair dans son jeu.
Atsushi allait répliquer quelque chose quand la voix de Dostoïevski le coupa :
— Deux contre cinq !
Le jeune homme eut un sursaut en entendant son numéro : il ne pensait pas être appelé aussi tôt.
Une jeune fille s'avança vers lui. Ses longues couettes noires soigneusement attachées retombaient dans son dos.
— Izumi Kyôka, fit elle d'une voix atone.
L'argenté se sentit obligé de répondre de la même manière.
— Atsushi Nakajima.
Dans l'anticipation, il pouvait sentir ses battements de cœur s'accélérer, tandis que Kyôka et lui se faisaient face sur le sable.
Le sifflement aigu retentit, et avant qu'Atsushi ait eu le temps d'enregistrer correctement l'information, Kyôka se jeta sur lui.
Un réflexe purement instinctif le prit, lui permettant d'éviter la petite brune. Mais cette dernière pivota en dérapant dans le sable pour revenir à la charge.
Cette fois-ci, Atsushi sut qu'il n'aurait pas le temps d'éviter correctement : dans une vaine tentative de se protéger, il leva ses avant-bras en serrant les dents dans l’attente de la douleur.
Cela ne fut pas suffisant pour bloquer entièrement le poing de son opposante.
Ses bras encaissèrent une partie du choc tandis que la main de Kyôka continuait son chemin et venait s'abattre sur le nez de l'argenté.
La douleur fusa immédiatement, et il tituba quelques pas en arrière, ses yeux se remplissant de larmes en guise de réaction.
Kyôka n'attendit pas qu'il se remette pour lancer sa prochaine attaque.
Avec un mouvement circulaire, elle lança sa jambe en avant dans l'espoir de faucher les genoux d'Atsushi. Mais ce dernier l'avait vue venir, et il pivota sur lui-même pour parer le coup.
La jeune fille, qui pensait réussir à le mettre au sol, fut déstabilisée, et Atsushi en profita pour riposter. Il visa sa gorge dans l’espoir que le choc coupe sa respiration pendant quelques instants.
Mais Kyôka reprit rapidement ses esprits, reculant à toute vitesse hors de portée du jeune homme.
Pendant une demi seconde, aucun des deux opposants ne bougea, figés sous le soleil de plomb qui les frappait. Le temps sembla s’étirer à l’infini tandis que les deux soldats se fixaient en chiens de faïence. Et l’instant suivant, le temps reprit ses droits et tout se déroula beaucoup trop vite.
La brune bondit en avant, franchissant aisément les quelques mètres qui les séparaient, levant son genou.
Par pur instinct, Atsushi recula son corps et leva les mains afin de bloquer le coup. Coup qui ne l’atteignit pas. Du moins pas à l’endroit qu’il avait imaginé. Le poing de la jeune fille lui percuta l’épaule, le faisant reculer de quelques pas.
Une douleur fulgurante traversa la zone de l’impact, et Atsushi gémit doucement sous le choc.
Au vu du regard meurtrier que lui lança Kyôka, l’argenté en déduit qu’elle avait raté sa cible, qui ne pouvait qu’être son visage.
Mais avant qu’il puisse décider comment agir, la jeune fille lança un autre assaut. Cette fois ci, Atsushi refusa de rester passif : il s’élança en même temps que Kyôka.
Cette dernière leva le poing dans l’espoir de le menacer.
L'argenté refusa de s'avouer vaincu : il persista.
Et la jeune fille sembla réaliser qu'elle ne pouvait se dérober sans encaisser un coup de sa part.
Son regard s'assombrit, mais elle ne ralentit pas sa course pour autant.
Au même moment où le poing de la brune s'abattit dans son ventre, Atsushi agrippa les épaules de son opposante, l'entrainant avec lui dans sa chute.
Ils s'écrasèrent lourdement dans le sable, et l'argenté étouffa un juron de douleur.
Kyôka ne perdit pas une seconde pour tenter de reprendre le dessus, mais pour une fois, Atsushi avait anticipé.
Il faucha la jeune fille dans les creux des genoux, la faisant ainsi s'écrouler au sol pour la deuxième fois consécutive.
Kyôka lui lança un regard furibond avant de se lancer sur lui, les mains tendues prêtes à l'étouffer.
Au moment précis où Atsushi songeait que la strangulation n'était sûrement pas autorisée, Dostoïevski siffla la fin du combat.
Il avait fini par réussir à faire un match nul avec la brune.
Kyôka cessa tout mouvement, se figeant telle une statue de glace, avant de se remettre sur ses pieds.
Elle lui jeta un dernier regard calculateur qui fit froid dans le dos à Atsushi.
Il était soulagé quand elle lui tourna le dos pour venir regagner le bord du terrain.
— Trois contre quatre ! hurla le commandant.
Atsushi se dégagea du centre du terrain avec un soulagement envahissant.
Lucy prit sa place, accompagnée d'un certain Motojiro qu'il ne connaissait pas pour la simple raison qu'ils n'appartenaient pas à la même brigade.
La gorge soudainement asséchée par ses récents efforts sous un soleil de plomb, Atsushi se laissa tomber au sol comme une pierre.
Il tourna la tête quand il sentit une présence à ses côtés. Mark venait de s’assoir.
— Bien joué pour le match nul. J'ai vraiment cru pendant un moment qu'elle allait te rétamer.
Atsushi essaya de ne pas se sentir offensé. Essaya.
— Je ne serais pas entré dans le Bataillon d'Exploration si je ne savais pas me battre correctement.
— Ce n'était pas l'impression que tu as donné, tout à l'heure.
Le jeune homme fronça le nez, essayant de rester le plus diplomate possible. Et ce n'était pas chose aisée.
— Tu verras bien quand on s'affrontera.
Mark eut un sourire moqueur.
— Je ne demande qu'à ça !
Atsushi lui jeta un dernier regard en biais, avant de faire semblant de s'intéresser au combat devant lui.
Sa gorge le brûlait.
Il fut tenté de demander au brun s'il connaissait un point d'eau, mais parler était devenu une épreuve.
Et cela ne l'étonnerait pas d'apprendre que Dostoïevski avait oublié de leur indiquer l'emplacement des rafraîchissements. Juste pour tester leur résistance à des conditions extrêmes.
Atsushi avait bien peur de ne pas survivre.
Le sifflement habituel résonna dans l'air, annonçant la fin du troisième affrontement, qui se soldait dans leur groupe par une victoire de Lucy.
Et encore, cela n'avait été assuré qu'au dernier moment, plus par chance qu'autre chose.
— Un contre deux !
Atsushi était soulagé de ne pas avoir entendu son numéro. Cela lui laissait un peu de répit pour récupérer.
D'un air absent qu'il essaya de maquiller du mieux qu’il put, il assista au duel entre Akutagawa et Kyôka.
Rien que le fait de les voir attaquer, parer, feinter dans tous les sens sous un épais soleil, était suffisant pour donner le vertige à l'argenté.
Sans grande surprise, le combat se termina sur une victoire d'Akutagawa qui était dévisagé par une Kyôka à l'aura meurtrière.
— Cinq contre trois ! annonça Dostoïevski non sans avoir au préalable sifflé.
L'estomac d'Atsushi s'amusa à faire un nœud, tandis que son pouls se mettait à battre à ses tempes.
Lucy eut un sourire qui se voulait rassurant mais lui donnait plus un air carnassier qu'autre chose.
Atsushi fléchit ses genoux, attendant le début du combat.
La rouquine attaqua en premier, traversant rapidement la distance qui les séparait.
Malgré le fait que ses jambes lui semblaient aussi lourdes que du plomb, Atsushi parvint à éviter le premier assaut.
Lucy fit promptement volte face, et pendant un court instant qui parut s'étirer à l’infini, les deux combattants se fixèrent sans qu'un des deux ose agir.
L'argenté pesa le pour et le contre aussi vite qu'il put, avant de choisir l'option qui lui semblait le mieux convenir.
Il se lança en avant, droit sur Lucy.
Empruntant les gestes de Kyôka, il leva suffisamment haut le genou pour que la rousse soit obligée de répliquer en parant l'attaque.
Lucy fut contrainte de basculer légèrement son corps en arrière, s’exposant ainsi à Atsushi. Ce dernier n’hésita pas : il passa à l’action.
Il envoya son bras en avant, ses phalanges rencontrant la joue de la jeune soldate rousse. Elle poussa un petit cri de douleur, imitée par Atsushi.
Ses os le lançaient violemment à l’endroit où ils étaient rentrés en contact avec ceux de Lucy.
Mais l’argenté ne s’attarda pas sur la douleur : il recula rapidement hors de portée. La rousse leva un regard furibond sur lui, et se précipita vers lui à toute allure. Malheureusement, son talon dérapa sur les grains de sable, et elle chancela, en total équilibre sur une jambe pendant un court moment.
Ce fut suffisant à Atsushi.
Il fonça droit sur Lucy et appuya de tout son poids sur ses épaules pour la faire tomber en arrière.
Déjà déséquilibrée, la rouquine s’effondra au sol sans opposer trop de résistance, mis à part les marques rouges que tracèrent ses ongles sur sa peau. Atsushi tenta désespérément de se dégager de la prise de Lucy, mais cette dernière persistait à enfoncer ses doigts dans ses avants bras.
Ainsi, ils se retrouvèrent, la rouquine sonnée par le choc dans la poussière et l’argenté debout au dessus d’elle, essayant de récupérer ses bras dans un état potable.
Il abandonna cette idée quand la pression sur ses muscles s'accentua.
Conserver le maximum de peau que possible lui semblait être la chose la plus réalisable à faire dans l'instant même.
Lucy semblait avoir reprit plus ou moins ses esprits, et s'agrippait avec l'énergie du désespoir à l'argenté.
Prit d'une impulsion qui le dépassait, Atsushi plaqua une fois de plus le dos de la jeune femme contre le sol. Son crâne suivit le mouvement et rencontra le sable avec un bruit sourd.
Le jeune homme s'apprêtait à réitérer le geste encore et encore quand une main vint enserrer son bras.
— Arrête, siffla la voix de Mark à son oreille. Regarde, elle a déjà abandonné : elle t'a lâché.
Il détacha une des mains de Lucy de son bras sans aucune difficulté.
— Alors ne lui fracasse pas le crâne, s'il te plaît.
Le soldat laissa tomber le corps de la rousse qui s'effondra au sol comme une poupée de chiffon, pour venir se tourner vers Mark.
Une lueur d'inquiétude brillait dans ses prunelles.
Atsushi prit soudainement conscience de ses actes.
Il aurait pu continuer, la pensée d'arrêter ne l'avait pas effleuré le moins du monde.
— Je…
L'argenté battit en retraite, quittant le terrain, précédé de quelques secondes par le sifflement de Dostoïevski.
Il se laissa lourdement tomber dans le sol, ne cherchant plus à conserver l'illusion qu'il s'intéressait aux combats.
Sa tête le lançait. Et le soleil brûlant n'arrangeait en rien son état.
Atsushi résista à l'envie de s'allonger sur le sable chaud et de ne plus bouger. Il savait que s’il cédait à son envie, il ne serait plus capable de se relever par la suite.
Il laissa son regard dériver sur les autres combats qui se déroulaient sur les terrains juxtaposés.
Dans un état second, déconnecté de la réalité, Atsushi prit part à ses combats suivants. Il affronta Mark et le dénommé Motojiro sans trop se soucier des conséquences. Le soldat perdit contre Kaiji et réussit à faire un match nul contre Mark.
Le résultat final lui importait peu : il avait une victoire, et c’était suffisant pour ne pas se couvrir de ridicule.
Pour la énième fois de la journée, Atsushi se laissa tomber au sol, bien décidé à ne pas se relever. Son mal de tête avait empiré, et sa gorge était désespérément sèche. Il passa une main sur son front qui était brûlant. Même si sa température légèrement plus élevée que la moyenne ne présentait aucun danger, il avait l’impression que le soleil s’était invité dans sa tête et que son crâne risquait d’exploser d’un moment à un autre.
— Un contre cinq !
L’argenté sursauta brutalement, parce qu’il n’avait pas entendu le sifflement, et surtout parce qu’il pensait avoir fini tous ses combats.
Evidemment, il avait fallu qu’il oublie Akutagawa qui lui lançait un regard calculateur depuis un bon moment.
Atsushi poussa un grognement sourd de mécontentement tandis qu’il se remettait tant bien que mal sur ses pieds.
— Dépêche toi, grommela le bicolore, on perd du temps.
De mauvaise foi, le jeune homme finit par se placer au centre du terrain, face à Akutagawa.
— Ne te ménage pas, rajouta son opposant en le défiant des yeux. Ne retiens pas tes coups non plus. Je ne suis pas faible.
Atsushi fixa sans rien dire le soldat aux mèches bicolores qui se tenait devant lui. Jusqu’ici, Akutagawa avait gagné tous les combats : il avait tout intérêt à ce qu’il ne se donne pas à fond.
A moins qu’il ait un besoin ridicule de démontrer sa supériorité en gagnant à la loyal chacun de ses adversaires. Selon Atsushi, c’était plus une question de fierté mal placée que d’honneur, mais il n’allait pas se risquer à dire ça au bicolore.
— D’accord, répondit-il préférant céder plutôt que de déclencher une dispute inutile. Si ça peut te faire plaisir.
Akutagawa lui lança une drôle d’oeillade, mais il ne fit aucun commentaire.
A peine l’argenté s’était placé au centre du terrain que le bicolore avait pris impulsion sur ses jambes, et se jetait sur lui.
Avec un cri de surprise que l’on aurait pu difficilement qualifier de viril, il tenta de se dégager de la trajectoire d’Akutagawa.
Ce fut en vain. Le jeune homme le percuta de plein fouet, et malgré le fait que les ongles d’Atsushi égratignèrent sans pitié la peau blanchâtre d’Akutagawa, rien n’y fit. Le dos de l’argenté rentra en contact avec le sable sans délicatesse. L’onde de choc se répandit le long de sa colonne vertébrale.
Atsushi eut un grognement sourd tandis qu’il tentait de déloger Akutagawa. Mais le soldat bicolore s’accrochait à lui avec l’énergie d’un prédateur ayant trouvé la proie idéale. Prêt à l’achever.
Un frisson de peur courut le long des ses muscles, les paralysant sur son chemin.
Et soudainement, le jeune homme se retrouva dans l’incapacité de bouger.
Une panique sourde enserra sa gorge.
Atsushi lutta pour garder ses yeux ouverts et de ne pas s'abandonner à la solution de facilité : se soumettre et s'évanouir.
Il se mordit la langue voulant laisser le goût du sang envahir sa bouche. Mais ses dents n’eurent pas le temps de briser la fine barrière que constituait sa peau : la prise d'Akutagawa s'affaiblit légèrement, le jeune homme pensant sûrement avoir le dessus.
Atsushi se retrouva soudainement à se réjouir de pouvoir détromper le soldat aux mèches bicolores. Avec toute la force qui lui restait, il prit appui sur ses coudes pour venir repousser son opposant.
Ne s'attendant visiblement pas à une riposte, Akutagawa laissa passer quelques secondes où il manqua de réaction.
Ce court temps de répit fut suffisant à l'argenté pour faire perdre au bicolore toute prise sur lui.
Dérapant à moitié sur le sable fin, Atsushi s'éloigna le plus loin possible que lui permettait la limite du terrain.
Quand la ligne blanche se dressa devant lui, annonçant la fin de sa petite course, il finit par faire volte face.
—
Ne crois pas m'avoir si facilement, s'entendit-il grogner.
À croire que ces combats faisaient ressortir le pire en lui, et plaçaient en avant, à la vue de tous chacun de ses défauts, tous plus horrible les uns que les autres.
En guise de réponse, Akutagawa se contenta d'hausser un sourcil avant de repartir à l'assaut.
Le souffle coupé, l'argenté se poussa sur la gauche au dernier moment, forçant le bicolore à s'arrêter brutalement pour ne pas sortir du terrain.
C'était une occasion en or.
Atsushi n'hésita plus : il s'élança pour venir asséner un coup entre les côtes du jeune homme. Ou du moins, il essaya : Akutagawa s'était retourné en entendant ses bruits de pas, et venait de parler son coup.
L'argenté ne se désespéra pas pour autant, et il tenta de viser le ventre du soldat.
Atsushi s'attendait à n'importe quelle riposte à son attaque : une clé de bras, un crochet ou alors simplement une simple esquive.
Mais rien ne l'avait préparé aux deux mains qui se refermèrent sur son cou, et qui serrèrent encore et encore.
Sous le choc, l'argenté ouvrit la bouche pour produire un son, mais rien n'en sortit : il resta désespérément muet, les lèvres ouvertes dans un silencieux appel à l'aide.
La pression contre sa gorge s'accentua, et des points noirs commencèrent à apparaître aux coins de ses yeux.
Alors qu'il y avait quelques minutes à peine, Atsushi aurait été prêt à déclarer forfait sans histoire, il se surprit à essayer de lutter pour respirer, de se battre pour remporter le combat.
Ses yeux à moitié aveugles croisèrent ceux d'Akutagawa, et ce qu'il y vit le terrifia. Ou plutôt, l'absence de vie dans le regard du bicolore le terrifia.
Ce dernier sembla se souvenir de quelque chose car sa tête eut un léger mouvement de recul, et l'instant suivant, toute pression avait disparu.
Atsushi voulut préserver l'inquiétude visible sur les visages de ses camarades, mais il échoua en beauté : ses genoux, refusant de le supporter une seule seconde de plus, s'effondrèrent sous lui.
— Match nul, annonça simplement Akutagawa, comme s'il n'avait pas été à deux doigts de le tuer.
Une colère sourde l'envahit peu à peu, et pendant un court instant, il songea à se plaindre du comportement violent du bicolore.
Prenant une longue inspiration pour chasser ses émotions inutiles, Atsushi enfonça ses ongles dans ses paumes, sans toutefois entamer la peau.
Cette journée avait eu le don de faire ressortir ses côtés les plus abjectes.
~
— Mademoiselle Sayre ? Mademoiselle Sayre !?
Il fallait se ressaisir, sinon ce n’était pas la peine de penser pouvoir survivre à long terme.
C’était facile à se le répéter machinalement, cela l’était moins à l’exécuter.
— Mademoiselle Sayre ?
Mis à part agacer les personnes, répéter plusieurs fois n’avait jamais tué quelqu’un. Et ce cas ci était un cas force majeure.
Il ne fallait pas laisser la panique l’envahir, cela allait être mauvais pour son travail. Il valait mieux se focaliser sur ce qui était strictement nécessaire.
Les longs couloirs défilaient devant ses yeux sans que la personne recherchée y apparaisse. Ce n’était pas grave.
C’était une journée comme une autre : il n’y avait pas de quoi s’affoler.
— Mademoiselle Sayre ?
— Oui ? Oh. Tu es là.
— Oui. C’est l’heure, Mademoiselle.
— Je suppose que je n’ai plus le choix.
— En effet. Il vous attend.
Mademoiselle Sayre secoua la tête. A cet instant précis, la réflexion qui s’imposait était la suivante : comment deux êtres, si jeunes, pouvaient déjà être consummés par la vie ?
Le destin avait décidément des choix de cibles étranges.
— Ah, quel ennui. Je crois que je n'ai plus d'échappatoire.
— Non, Mademoiselle. Vous avez toutes mes plus sincères excuses.
— Ce n'est rien. Je n'aurais jamais pu fuir mes responsabilités toute ma vie.
Un hochement de tête pour montrer son accord, voilà ce qui suffisait. Il n'y avait rien de mieux à faire en cet instant même.
Mademoiselle Sayre lui tendit sa main gantée.
Saisir le bras tendu, et lui faire un baise-main.
Mais Mademoiselle Sayre rétracta son bras avant toute action.
— Vois-tu ? Dans quelques jours, il y aura une bague à ce doigt.
— Oui. Néanmoins, il vous attend.
Mademoiselle Sayre émit un petit rire.
— Tu ne perds pas le nord, toi. Très bien. Je me dépêche.
— Toutes mes condoléances.
— Ah ! C'est le cas de dire. Espère juste qu'il ne l'apprenne pas.
— Cela va de soit, Mademoiselle.
Elle fit quelques pas avant de se stopper, et de recommencer à parler.
— Dis moi juste une chose avant qu'on y aille. Est-ce si difficile de m'aimer ?
~
Ces derniers jours, le soleil semblait bien décidé à brûler sa peau et ses rétines à chaque fois qu'il ouvrait la fenêtre.
Atsushi s'étira avec l'aisance d'un chat. Étrangement, il ne souffrait pas de courbatures trop importantes suite aux combats à mains nues d'hier.
Il n'allait pas s'en plaindre. Bien au contraire.
Atsushi avait vécu la fin du premier exercice dans un état second, entre un dessèchement partiel et une fatigue envahissante.
Il avait vaguement enregistré que Dostoïevski leur avait ordonné de se souvenir absolument des résultats de leurs matchs avant de déclarer qu'il leur donnait la matinée.
Tous les soldats avaient été surpris, mais le sentiment de joie avait très vite dominé sur toute remise en question.
Atsushi enfila rapidement son uniforme réglementaire pour sortir de sa chambre afin de prendre le petit-déjeuner.
Étant une des recrues les plus récentes, il tenait à sociabiliser avec les autres au maximum.
De sa brigade de formation, il n'y avait que lui qui avait choisi le Bataillon d'Exploration. Cela expliquait en grande partie pourquoi il se retrouvait seul, en manque de visages familiers.
Il passa le seuil de sa chambre et continua dans le couloirs pour venir atteindre les escaliers.
— Désolée, vraiment désolée !
— Allons allons, miss. Ce n'est pas la peine de vous mettre dans tous vos états.
Quand Atsushi descendit totalement les escaliers, un soldat roux – qu'il identifia immédiatement comme étant Chûya Nakahara – tendait un livre à une jeune femme au visage rouge.
— Je, je, je… je suis navrée ! Vraiment ! Je n'avais nulle intention de vous blesser !
— Je sais, je sais.
Chûya eut un sourire charmeur qui dévoila ses dents bien alignées. D'un geste rieur, il replaça une mèche de cheveux qui s'était échappée derrière l'oreille de la jeune femme, qui atteignait de nouvelles teintes de rouges.
Cette dernière bafouilla un "merci" à peine compréhensible avant de s'enfuir à toute allure.
Une marche craqua sous le pied d'Atsushi, et le soldat roux tourna immédiatement son regard vers lui.
— Bonjour Monsieur Nakahara.
Son supérieur lui rendit la politesse.
— Je ne pensais pas vous voir ici, Monsieur, hasarda l'argenté. Ce n'est pas dans cet hôtel que votre groupe réside.
Pendant un court instant, il lui sembla avoir froissé son interlocuteur, mais ce dernier ne parut pas s'en formaliser.
— Oh ! J'étais juste venu rencontrer une ancienne connaissance.
Cette fois ci, l'argenté n'osa pas pousser son questionnement plus loin. L'arrivée soudaine de Yosano interrompit leur discussion, s'il pouvait appeler ça ainsi.
— Akiko ! lança joyeusement Chûya tandis que la jeune femme brune lui retournait ses salutations.
Atsushi supposa que le rouquin était venu uniquement dans le but de croiser sa supérieure.
Se considérant comme inutile au déroulement de la conversation, l'argenté s'éclipsa aussi discrètement qu'il put.
Tandis qu'il regagnait son chemin initial, il passa une main fraîche contre sa nuque encore endolorie à cause des brûlures du soleil.
~
Est ce que je viens vraiment de mettre un flashback étrange au milieu d'une fic déjà assez étrange ?
Well-
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top