Chapitre 13 : Évan (Préz')

« Birds »
de Imagine Dragons

Dès que l'on passe la porte, tout le monde vient nous saluer. Après quelque temps, je décide de prendre la parole.
Moi : Je suis content de tous vous revoir ! Mais j'ai une question. Où est notre sauveuse ?
Pour tout vous dire, quand j'ai reçu l'appel de Kyle, je me suis beaucoup questionné. Mais comme j'étais au Mexique et qu'il fallait régler le problème avec les cargaisons, j'ai décidé de la faire surveiller par l'équipe des 7, fin des 6 sans Dave. De plus, j'étais troublé qu'une jeune femme soit à l'origine de notre victoire lors de l'attaque des Bloods.
Suite à ma question, tous se tournent vers le canapé, que je n'arrive, bien sûr, pas à voir. Pourtant peu après les gens s'écartent pour que nous puissions nous rencontrer.
Et là, ce que je vois sur ce canapé me prend de court. Je me fige, telle une statue. Elle se lève et avance doucement vers moi comme si elle avait peur que je disparaisse. Arrivée à ma hauteur, elle se stoppe.
On se regarde et cinq secondes plus tard nous sommes dans les bras de l'autre. Je pourrais en pleurer si les membres du club nous regarder pas tous attentivement. Je dis ça parce que par-dessus de son épaule, je vois que toutes les personnes présentes sont perdus ou troublées. Personne ne comprend la situation et c'est normal. Même moi j'ai du mal à y croire.
Depuis le début, personne n'a parlé donc je décide de prendre l'initiative.
Moi : On va parler ? demandé-je sur un ton ferme. Je sens sa tête bouger en signe d'approbation. Je me détache d'elle puis me dirige vers la porte vitrée qui donne au jardin.
Devant les fauteuils d'extérieur, je m'assois en même temps qu'elle. Elle, qui est face à moi alors que pendant si longtemps je l'ai cherché.
Je vous dis « elle » depuis tout à l'heure mais comme vous l'avez probablement compris, je parle d'Hope, mon poussin.

Je marchais tranquillement dans la rue pour rejoindre mon hôtel quand j'aperçois une forme sur le sol, près du mur. Curieux, je m'avance. Alors que je suis à quelques mètres, j'attends des reniflements. Bizarre. Je m'accroupis pour découvrir un petit corps recroquevillé sur soi-même. Je tente une approche.
Moi : Hey, au son de ma voix une tête lève ses yeux vers moi, c'est une petite fille. Dis-moi, qu'est-ce que tu fais ici ? La petite ne répond pas mais me regarde intensément. Ce qui a le don de me déstabiliser. Pour cacher ma gêne, je retente quelque chose. Alors ? Tu ne dois pas retourner à ta maison ?
Après un moment, j'entends sa voix pour la première fois.
Petite fille : Je ne dois pas y retourner.
Moi : Et pourquoi ça ?
Petite fille : Parce que il ne faut pas, rétorqué-elle sur un ton catégorique. Alors, je n'insiste pas plus sur ce sujet.
Moi : Ta maman et ton papa, tu sais où ils sont ? demandé-je doucement.
Petite fille : Maman elle est partie.
Moi : Elle est partie où ? dis-je déconcerté.
Petite fille : Au ciel avec les étoiles.
Je ne dis plus rien. Au ciel... donc sa mère n'est plus là. Mais... son père peut-être ?
Moi : Et ton papa ?
Elle ne dit rien mais continue à me regarder avec ses grands yeux verts. Puis, elle secoue la tête.
Moi : Qu'est-ce qu'il y a ? Pour la rassurer, je lui caresse ses cheveux.
Petite fille : Je n'ai pas de papa. Maman m'a toujours dit que c'était que nous deux pour la vie, alors que je vois ce qu'a voulu lui dire sa mère, elle me surprend avec son intelligence. Mais je sais que si j'en ai pas c'est qu'il ne veut pas de moi, parce que tout le monde a une maman et un papa. Nerveusement je me gratte la tête. D'où elle sort ? Elle a quoi... 8-9 ans, mais elle sait déjà des choses sur ça. Et toi, tu veux être mon papa ?
Complètement désarçonné par sa question, je ne trouve rien d'autre à faire que la regarder fixement.
Dans ses yeux, j'y vois de la tristesse, de la douleur, mais surtout beaucoup d'espoir. Ça me vrille totalement le cœur. Cette lueur dans son regard me donne les larmes aux yeux. Exactement comme les siens pleins d'eau actuellement. Je ne me comprends pas. Pourtant avec elle, je me retrouve. C'est comme si je me voyais en elle. Cette petite fille me rappelle moi, moi qui n'est jamais eut de relation qui dure plus d'un soir, moi qui, malgré mes amis, le club et mon père, me sens totalement seul dès que je rentre chez moi. Pour toute réponse, je lui tends ma main et dis :
Moi : Ça te dit de venir avec moi, on pourrait boire un chocolat chaud, tu veux ?
Petite fille : D'accord, dit-elle en prenant ma main dans la sienne.
Moi : D'ailleurs, tu t'appelles comment mon poussin ? Mon poussin ! C'est la meilleure celle-là depuis quand je suis devenu niais ?
Petite fille : Je m'appelle Hope et toi ?
Moi : C'est jolie Hope. Moi, c'est Évan.
À ce moment je ne me rends pas encore bien compte de tout ce qu'Hope me rapportera dans ma vie comme dans mon cœur.

Au final elle ne m'a jamais appelé Évan. Pour elle, c'était juste Papa. Je m'étais donc installé dans la ville où j'étais, j'ai cherché une petite maison pour nous deux, et j'ai adopté ce petit bout pour devenir son père légalement. Je lui ai donné tout l'amour que j'avais. C'était mon poussin, ma fille même si on n'avait pas le même sang, même si je ne l'es pas connu pendant les neuf premières années de sa vie. J'avais conscience du danger dans lequel je l'ai mis à cause de tout les ennemis que le club pouvait avoir. Pourtant je l'ai gardé, et je l'ai entraîné. Grâce à moi, elle a su se battre, tirer et geeker dès son plus jeune âge. En plus de ça, j'ai découvert qu'elle était surdouée. Donc elle a très vite appris. À à peine 13 ans, elle était sans doute plus forte que n'importes quels membres du club, qu'importe les domaines. Même si j'ai quitté ma vie en Californie, tout aller bien.
Jusqu'à ce que, quelque temps après ses 17 ans, elle disparaisse totalement de la surface de la terre. Pendant près de 3 mois, j'ai remué ciel et terre pour la retrouver. Mais rien. Ensuite les événements se sont enchaînés, mon père est décédé, j'ai obtenu le poste de Préz' puis j'ai dû quitter le sud pour retourner dans la ville où j'ai toujours vécu. Hope a toujours été le soleil de ma vie mais à sa disparition, cette chose qu'elle seule pouvait déclencher chez moi c'est briser. Totalement.
Alors, la revoir après presque 5 ans rouvre les plaies de mon cœur.
Je prends ses mains en otage dans les miennes.
Moi : Qu'est-ce que tu fais ici ? commencé-je doucement.
Hope : Tu sais bien, l'attaque, les Bloods.... D'ailleurs je savais pas que t'étais le chef tu me l'a toujours caché mais t'inquiète pas je t'en veux pas et puis....
Je la coupe dans son élan.
Moi : Hope, tu sais ce que je veux dire, qu'est-ce que tu fais ici, en Californie ? Après ma phrase elle détourne les yeux. J'en profite pour observer mon poussin. Elle a grandi, elle est devenu une femme. Ça restera quand même à jamais mon poussin à moi. Ses cheveux sont plus longs que la dernière fois, et je peux apercevoir qu'elle manque de sommeil.
Elle aussi a changé, mais j'ai l'impression que son changement a elle, est tellement plus profonde que la perte que j'ai vécu. Hope aussi la vécu, cette perte de moi, mais je sens qu'il n'y a pas que ça.
Son silence me pèse.
Moi : Je... je prends une grande inspiration, pourquoi tu es partie ? Elle soupire aussi puis braque son regard dans le mien. À ce moment-là, je vois combien elle est détruite. Moi qui l'ai connu joyeuse, pleine de vie, rigolote, je vois seulement sa peine et sa douleur. Peu de personnes les verraient, car je suis sur qu'avec les autres elle ne se montre pas comme elle le fait maintenant, avec moi. Parce que moi je la connais donc je sais, tout comme elle, que je verrais si elle me cache une chose. Je suis son père tout de même.
Sa douleur intérieure que je vois me détruit moi aussi alors je l'attire sur mes cuisses dans une étreinte. Après un long moment, elle murmure ses mots qui finissent par me mettre à terre :
Hope : Je n'ai jamais décidé de partir... Pendant un instant je ne comprends pas puis j'emprisonne sa tête dans entre mes mains. Elle me regarde. Une seule et unique larme coule le long de sa joue.
Je comprends alors l'ampleur de ces mots. Jamais l'idée ne m'a traversé l'esprit qu'elle n'ai jamais décidé de partir... ça voudrait dire qu'on l'a forcé.
Cette constatation me fait mal, très mal. De savoir que je n'ai pas su la protéger. De savoir qu'elle est souffert par mon manque d'attention.
Je me lève doucement et là rassois sur la chaise où j'étais quelques secondes plus tôt. Je marche de long en large sur la terrasse. Puis, j'explose :
Moi : QUI T'A FAIT ÇA ?! PUTAIN ! Je crois que mon cri a dû s'entendre partout dans les baraques voisines, y compris le QG. Mais là, je m'en fous.
Brusquement je donne un coup de pied dans le vase en terre cuite posée non loin de moi. Il finit sa course en mille morceaux au milieu du gazon. Deux secondes plus tard, Hope se tient devant moi.
Elle pose c'est main sur mes joues humides sans rien dire.
Hope : Je te promets de te le dire un jour, mais pas maintenant, murmure-elle encore d'une voix émue. Je comprends par sa demande, que seulement quand elle sera prête, elle m'en parlera.
Pour toute réponse je pose mon front contre le sien.
Moi : Tu m'as manqué mon poussin. Si tu savais comme je t'aime ma fille, chuchoté-je.
Hope : À moi aussi Papa, moi aussi.
Hope a toujours eu du mal à exprimer ses émotions, comme maintenant. Mais même sans qu'elle me dise un « je t'aime » je sais qu'elle le pense au plus profond d'elle, alors ça me va.

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