9. Serefine Damdoulé

Décidément, Mathieu met un temps fou à se doucher. Serefine est plantée à côté de la porte des douches des garçons, les bras croisés, depuis au moins dix minutes. Elle a changé de vêtements et ses cheveux mouillés dégoulinent dans son dos.

Manger... Le ventre de la petite fille grogne, en accord total avec ses pensées.

« Mais qu'est-ce qu'il fabrique ?!  J'ai faaaaaim...»

Un peu plus loin, une des portes de chambre s'ouvre, et en sortent Zach et Camille, transpirants.

« Ah, salut ! » leur lance Serefine.  « Vous allez vous doucher, vous aussi ? »

« Ouais... Hassieuv nous a envoyés au Ciel, il fait une de ces chaleurs, en haut ! » Malgré ses cheveux moites, Zach garde le sourire. Ce n'est pas le cas de son associé qui se précipite aux douches sans desserrer les dents.

« Et vous, vous êtes où ? »

« Au sol. Dis, si tu vas te doucher, tu peux prévenir Mathieu que s'il arrive pas dans les cinq minutes, je vais tomber dans les trognons de pomme ? » Zach hoche la tête en souriant.

« Pourquoi des trognons ? »

« Parce que j'ai faim ! Donc si je tombe dans un endroit plein de fruits, c'est pas grave ! »

Le garçon éclate de rire et ajoute en passant la porte :

« T'en fais pas, j'vais lui dire ! »

« Ben y'a intérêt parce que c'est pas drôle ! »

Qu'ils sont bêtes, tous ! Serefine envoie un coup de pied contre la porte en ronchonnant. Mangeeeer...

Elle essaye de réfléchir à ce qu'ils ont appris pendant la matinée, mais revient immédiatement à son problème principal en entendant gronder son ventre. Impossible de se concentrer dans ces conditions !

Heureusement, alors que son ventre entame un troisième cri de désespoir, la porte des douches s'ouvre et Mathieu apparaît, ses bottes encore à la main.

« PAS TROP TÔT !! » hurle son associée en lui plantant son talon dans la jambe. Puis elle poursuit pendant qu'il couine de douleur : « Allez, on va manger ! »

Elle se retourne, la tête haute, et file en direction de l'élévateur. Ce que Mathieu ne voit pas, c'est qu'elle se retient de rire, les yeux pétillants.

« Dépêche-toi ! » lui lance-t-elle sans se retourner. « Il est là. »

Derrière, Mathieu grommelle et arrive en boitillant tandis que les portes se referment.

« On tape pas, Serefine. C'est vilain » marmonne-t-il en enfilant ses chaussures.

Serefine le regarde un moment, attendant un sourire, quelque chose qui montre qu'il plaisante, mais non. Son prince renoue stoïquement ses lacets, sans lui adresser un regard. Elle baisse piteusement les yeux et demande d'une petite voix :

« Tu fais la tête ? »

Aucune réponse.

Serefine se rapproche un peu de lui et s'accroupit pour le voir dans les yeux.

« Mathieu... Je t'ai vexé ? Mathieu-eu-eu ! Réponds ! » Elle sent ses lèvres qui commencent à trembler et ses yeux qui picotent. Son associé la fixe sans vraiment la voir, complètement insensible.

« C'est parce que je t'ai fait mal ? »

Les portes de l'élévateur s'ouvrent et Mathieu en sort sans lui répondre. Bon, tout n'est pas perdu, pense Serefine en se précipitant vers lui. Dernière technique. Elle saute, s'accroche à son cou et lui hurle dans l'oreille :

« J'VEUX UN CÂLIIN !! » Comme d'habitude, ça ne manque pas. Mathieu éclate de rire et essaye de la décrocher.

« Descends, Serefine, t'es lourde ! »

« T'es toujours fâché ? » demande-t-elle au creux de l'oreille de son prince.

« Je faisais semblant ! » Comment ça, il faisait semblant ? Cette fois-ci, c'est à Serefine de tirer une drôle de tête.

« Comment ça tu faisais semblant ! T'es méchant, Mathieu ! » Elle descend de son dos et se précipite vers le self. De nouveau, les larmes montent. Les garçons sont bêtes, bêtes, bêtes !

Quelqu'un l'attrape par le bras, elle se retourne, la bouche pleine de méchanceté, mais son associé l'arrête en murmurant avec un grand sourire :

« Et moi, je peux avoir un câlin ? »

Serefine fond en larmes avant de se blottir dans ses bras. Mathieu se relève et passe la porte du self en la portant comme une princesse. Elle s'essuie les yeux, renifle une dernière fois et tente un sourire tremblotant. Les garçons sont bêtes, c'est sûr. Mais bon, parfois il faut leur pardonner.

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