Chapitre 2

Une semaine plus tard, New York.
(Pdv N)
Par ce beau matin de fin d'automne, je décidai de faire un footing. Mon appartement possédait une vue plongeante, quoi qu'un peu en retrait, sur Central Park, et j'y fis un tour. Je m'étais levée à 8 heures comme tous les matins, avais pris mon petit-déjeuner et, écouteurs aux oreilles, j'étais partie courir. J'avais sûrement un visage froid et déterminé, pour une personne extérieure, mais en réalité, j'étais plutôt inquiète: il y a 5 jours, j'avais annoncé à mon patron l'échec qu'avait été le meurtre O'Connor. Mr Lincoln avait été surpris puis il m'avait réprimandé. L'homme de 60 ans à la moustache grisonnante avait été très clair: les risques étaient énormes, autant pour l'Agence que pour moi. Je serais fortement sanctionnée, etc...
Puis une lueur dangereuse s'était allumée dans son regard sévère. Il s'était tû puis avait dit, posément :
- J'ai une idée audacieuse pour votre punition, il faudrait que j'en parle avec mes collègues et le haut commandement, mais... cela devrait pouvoir se faire.

Il m'avait congédié et je m'étais retrouvée à me demander toute la semaine quelle allait être la sentence. Je me le demandais toujours en faisant mon footing ce matin. Je me le demandais toujours sur le chemin de l'Agence. Je me le demandais encore lorsque je m'arretai un instant devant la porte du hall de l'Agence. Le gratte ciel était situé au coeur de la "Big Apple", non loin de mon appartement. Il était tout en hauteur, aux vitres teintées, comme n'importe quel gratte ciel lambda. Au-dessus de l'entrée s'étalait en lettres capitales " SEE OVERSEAS ", le vrai nom de l'Agence ( mais personne ne l'appelait comme ça alors..) . Le rez-de-chaussée était composé d'un hall aux fauteuils en cuir et réceptionnistes souriantes. Pour éviter d'attiser la curiosité, il était présenté comme le siège d'une entreprise d'import/ export. Ce système de camouflage était appelé Berlue, dans le milieu. La réalité était clairement différente car il était composé d'espaces d'entraînement, de stockage de matériel et même d'un nombre non négligeable d'armes et de bureaux.
Particularité de l'Agence: elle recrutait et formait elle même de jeunes recrues pour ce métier... particulier. Mais c'était bien rare : 3 personnes recrutées en 10 ans! Dont moi. Dès ma majorité acquise, j'ai commencé ma formation. J'ai été entraînée pendant 2 ans (normalement 3, mais ils avaient décidé de raccourcir la mienne). Depuis, je n'avais pas changé d'Agence.
Le reste du personnel était composé d'agents, d'experts en toutes sorte ( de la balistique au réparage des imprimantes et des machines à café), de secrétaires, de comptables... Tous n'étaient pas forcément informés du côté illégal de "l'entreprise".

Au détour d'un couloir, je croisai mon collègue et ami Josh. Nous discutâmes un peu, puis, à un moment, il me demanda, en chuchotant:
-C'est vrai que tu t'es faite grillée?
-Hum, je vois que les nouvelles vont vite, grognai-je.
-Il paraît que tu as dû te battre contre un fou furieux et 10 gardes du corps!
J'étais tiraillée entre l'honnêteté et l'orgueil. Finalement, je lançai :
-Ils étaient plutôt 5 que 10, et disons que j'ai effectué un... repli. J'ai fui.
J'avais prononcé le dernier mot avec difficulté, en chuchotant, come si cela avait été un secret. Je me faisais tellement de mal, à dire ça... Je ne l'aurai jamais avoué devant quelqu'un d'autre. Mais Josh était un très bon ami, en qui je pouvais avoir confiance.
Il avait 23 ans, comme moi, et occupait déjà le poste d'assistant-chef auprès de Mr Lincoln. Il avait été recruté et avait fait sa formation avec moi. Nous étions les 2 des 3 recrutés en 10 ans, et n'ayant jamais connu le 3e, cela nous avait rapproché.
Il faisait tout et rien pour Lincoln: cela allait des photocopies aux crimes en tous genres. Josh était calme mais réactif, professionnel mais amical, optimiste mais réaliste. Grand blond aux yeux noisette , on nous prenait parfois pour des frère et soeur.
-... plus seule maintenant. C'est tout ce que je peux te dire, dit-il, d'un air désolé.
Plongée dans mes pensées, je n'avais pas écouté Josh qui continuait de parler.
-Quoi?, demandai je.
Il soupira et répéta :
-Je disais que Lincoln a choisi une sanction un peu... spéciale... Mais tu as de la chance qu'il t'aie à la bonne, ça aurait pu être pire. Tout ce que j'ai le droit de te dire, c'est que tu ne seras plus seule. Mais tu le découvrira vite, il te veut dans son bureau à 9h30.
-Je ne serais plus seule... ça veut dire que j'aurais un assistant?, supposai je.
Josh hocha les épaules et dit:
-Tu aimes toujours ces chocolats à la vodka que je t'amènerais pour te consoler?
-Je ne voie pas en quoi c'est une punition, d'avoir quelqu'un sous ses ordres.
-Motus et bouche cousue! Mais je ne suis pas sûr que tu arrive à lui faire faire ton café aussi facilement! , rigola Josh en s'éloignant dans le couloir.
Il était déjà 9h20 et je m'empressai d'aller au bureau de Lincoln. Je marchai d'un pas rapide et, sûre de moi, je me demandai qui allait donc bientôt devoir me supporter. J'espérais fortement la jeune Akinata, très prometteuse.
Je la connaissais bien car 50 % de mon travail consistait à la former, comme on m'avait formé, moi. Je m'occupais uniquement de sa dernière année, en raison de mon jeune âge.
Avant d'aller au bureau de Lincoln, je passai par le mien. La pièce, située au 22e étage, était bien éclairée et meublée d'un grand bureau en acajou. Ainsi qu'un tableau effaçable, une cafetière et une belle bibliothèque ; il était simple, mais je l'adorais.
Je filai directement chez mon supérieur, au même étage. En arrivant devant sa porte, je vis que quelqu'un attendait aussi. C'était un homme, grand, mais comme à l'affut de quelque chose. Ce fut lorsqu'il se retourna vers moi que je le reconnus. Lui! Impossible! L'assassin de O'Connor! Je sentis alors la colère succéder à la surprise et, un instant, ma petite voix se demanda la raison de sa présence ici.
Et pourtant! C'était plutôt logique: il était venu espionner, et peut être tuer Lincoln!
-Toi!! Qu'est ce que tu fais ici?!! ,criai-je en l'attaquant avec le premier objet venu: un masque africain en bois, auparavant accroché au mur.

(PdvA)
Quelqu'un arrivait et je me tournai. Elle! "Mais qu'est ce qu'elle fout là?! "
Elle s'était peut être fait renvoyer, comme moi, et avait du travail ici... À moins qu'elle ne travaille dès le départ pour cette boîte.
-Toi!! Qu'est ce que tu fais ici?!, cria-t-elle.
Et je faillis recevoir un coup de... masque africain?? "Mais elle ne va vraiment pas bien!" Je me baissai soudainement pour éviter un autre coup mais ne tentai rien. L'autre enragée ré-attaqua, horizontalement, et le masque rata de peu la moustache du vieil homme qui venait d'ouvrir la porte derrière moi. Il devait être ce fameux Lincoln. Heureusement pour lui qu'il avait encore de bons réflexes.
Le masque eût moins de chance car de surprise, la folle le lâcha et il valdingua à l'intérieur du bureau, où il finit par se briser en deux contre un mur.
-Eh bien, Natasha, je vous savais un peu dans la lune en ce moment, mais là, je trouve que vous exagérez, tout de même.
Natasha, qui devait être l'autre dérangée, répondit confusément:
-Je... Ce, euh, coup ne vous était pas destiné, il... il l'était pour cet espion, monsieur. Je l'ai trouvé ici même, et j'ai voulu le... neutraliser.
-Moi, un espion?! Alors là, t'es complètement à côté de la plaque, figure toi que je suis ici à cause de toi! , répondis je, insurgé.
-À cause de moi? Ça c'est la meilleure, t'aurais pas trouvé plus pourri pour justifier ta présence? Allez y, j'écoute, agent Winterfield!
-ÇA SUFFIT!!CESSEZ CES ENFANTILLAGES!! ,tonna la voix exaspérée de Lincoln, Nous serions mieux dans mon bureau pour s'expliquer en personnes civilisées, non?
Et il alla s'asseoir. Méfiante, la fille le suivit rapidement sans me quitter du regard. Au moment de fermer la porte, j'eus tout juste le temps de voir le petit attroupement qui s'était formé suite à notre raffut.

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Heyy!
Des avis ? Qui se doutait que Antonio allait arriver chez "SEE OVERSEAS"? Vous captez qu'elle va être la sanction de Natasha ?
Que la force soit avec vous,
M.

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