CHAPITRE 23

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Les bruits de la circulation deviennent presque abrutissants. New-York ! La ville qui ne dort jamais ! La ville qui m'a tant manquée. Ses célèbres taxis jaunes, l'insouciance des gens, ces hot dog légendaires. Il a fallu que je fasse un caprice pour que Fox aille m'en chercher un. Il n'arien dit et est parti en soufflant. Pourquoi dès que j'arrive à New-York, il faut que je me comporte comme une petite fille pourrie gâtée ?

Je regarde l'immeuble d'en face. Wave n'est toujours pas rentré. Il n'y a toujours pas de lumières chez lui alors que je fais le pied de grue depuis des heures. Je soupire.

Quel homme saint d'esprit serait encore au boulot à vingt trois heures ? Un mec comme Wave. Il n'a jamais rien fait que travailler, comme mon père d'ailleurs. J'active ma lentille thermoactive une nouvelle fois. Pas de mouvement, à part son abruti de bouledogue anglais qui paraît avoir squatté le sofa. Je n'aurais jamais pensé que Wave est le type d'homme qui laisse son chien bousiller son canapé. Je ne pensais pas non plus que cet homme transpirait le mal.

J'entends un bruit venant de la cage d'escaliers. Je sais que cet étage est en travaux, c'est pour ça que je l'ai choisit d'ailleurs. Je tourne la tête instinctivement et aperçoit la chaleur corporelle d'un homme qui monte les escaliers quatre à quatre. Sûrement Fox mais je dois rester sur mes gardes. Jacob arrive dans l'immense espace en construction, mon hot dog à la main. Je lui souris aussitôt.

- Désolé d'avoir été aussi long, dit-il
- Pas de problème

Il s'installe près de moi et me tend mon hot dog. Je croque dedans aussitôt. Il est tiède, presque froid mais je l'avale quand même sinon je passerai encore pour une petite peste capricieuse.

- Alors ? dit-il
- Pas d'activité. Ça commence à me gonfler. J'aimerais en finir vite.
- Je comprends
- Des nouvelles d'Holly ?
- Holly ?
- Oui Holly. White Cat
- Oh ! Je ne savais pas qu'elle s'appelait comme ça.

Il me sourit bêtement. Je me demande comment il peut être amie avec une fille sans en connaître le nom. Cette histoire de confidentialité nous pourris tous à l'Œil.

Je mâche machinalement mon hot dog en fixant l'horizon. Je pense aussitôt à Aiden, me demandant où il peut bien se trouver à cette heure ci. Sûrement comme moi, en train d'épier sa cible, notre cible. J'espère qu'il ne l'aura pas atteint avant moi. J'ai besoin de m'en charger moi-même. Pour avoir commandité le meurtre de ma mère, le mien, par deux fois, et tous ces agissements d'enfoiré. Ma vengeance sera terrible.

- Poison ? j'entends dans mon oreille.
- Oui Cat.
- Restes neutre et répète après moi "Non, toujours pas".
- Non toujours pas
- Je viens d'avoir des nouvelles de Fox.
- OK.
- Fire l'a retrouvé. Il l'a allongé dans une ruelle.

J'essaie de rester de marbre. J'aurais dû me douter que c'est Fire qui est à mes côtés.

- Très bien. Et comment ça se passe pour Wolf?
- Il va bien. Ne t'inquiètes pas.
- OK. J'ai compris. Dis moi si tu as plus de nouvelles.

Je me tourne vers Fire qui m'interroge du regard.

- Holly me donnait des nouvelles de Wolf.
- Oh ! Ok.

Il esquisse un sourire. Je mords dans mon hot dog et reste le plus naturel possible.

- Dis moi Jacob, tu ne m'as toujours pas dit quel était ton matricule ?

Il me sourit. Je pose ma main délicatement sur le bas de mon dos et cherche à tâtons la crosse de mon revolver. Elle n'est plus là. Je me tourne vers Fire qui tient mon arme entre ses doigts en souriant.

- Je te remercie d'avoir épargné ton frère, je dis.
- Les liens du sang, ma belle.
- Il m'a dit de ne pas hésiter à te tuer si je te voyais.
- Tu devrais. Mais je ne t'en laisserai pas l'occasion...

Il me sourit puis se lève doucement. Il braque son arme sur moi. Il me fait signe de me lever.

- Les mains sur la tête, m'ordonne t-il

Je m'exécute aussitôt. Il s'approche de moi et sort un rislan noir de la poche arrière de son jean. Je joins mes mais sans qu'il ait besoin de demander. Il attache solidement mes poignets entre eux et sourit quand il voit la grimace que je fais alors qu'il sert un peu trop le lien. Sadique ! Il a toujours été comme ça. Ce mec aime tué. C'est ça, sa drogue ! Il me pousse vers la cage d'escaliers en béton et me fait descendre les marches.

- Comment tu m'as trouvé ?
- GPS ! Wave avait des doutes sur la loyauté de mon frère. Et quand tu l'as contacté, nous savions que tu n'étais pas loin.

Il me pousse une nouvelle fois et me force à descendre la trentaine d'étages en silence. Il m'arrête une fois que nous avons rejoins le sous sol. Je ne sais pas pourquoi il m'a emmener ici. Pour me tuer ?

- Si tu voulais me tuer, tu aurais pû éviter de me faire descendre trente étages...

Fire me regarde un instant puis sourit. Il lève alors le bras et m'assomme avec la cross de mon revolver.

***

J'ouvre les yeux péniblement. Mon crâne me fait terriblement souffrir. Je porte ma main sur mon crâne et me masse un instant. Malgré cela, la douleur est toujours présente. Je dépose mes mains sur mes genoux et ouvre les yeux un peu plus grand. Je suis ligotée à une chaise et Fire a pris soin de me ligoter les chevilles. C'est ça l'inconvénient de s'être entraîner avec son ennemi. On connaît les mêmes techniques.

- Ça fait mal, hein ? j'entends

Je lève la tête. Fire est assis à califourchon sur une chaise et sourit en voyant comme je souffre. Quand je dis que c'est un sadique.

Je prends alors conscience de l'endroit où je me trouve. Je suis sûrement aux docks. Je sens presque l'air iodé de la mer à travers le métal du conteneur. Et j'ai cru entendre le son d'un paquebot. A moins que c'était la douleur de ma tête. J'essaie de ne pas faire paraître ma douleur devant Fire. Il s'allume une cigarette sans ciller des yeux. Il veut entrer dans le jeu de la provocation, je le sais. Mais j'aime jouer tout autant que lui.

- Tu as vraiment cru que tu arriverais à atteindre Wave ?
- Honnêtement, oui.

Il sourit.

- J'ai toujours aimé ton tempérament de feu. Et surtout ton petit cul si bandant !
- Merci du compliment.
- Tu as raison, prends le comme ça.

Je tente de bouger mes poignets et je sens le rislan me rentrer un peu plus dans la peau. Il n'a pas hésiter à serrer, c'est bien, il a retenu les leçons. Je souris aussitôt.

- Pourquoi tu ris ?

Je secoue la tête. Mieux vaut pas qu'il sache le fond de mes pensées.

- Je pense que t'es un sacré connard. Et ce n'est pas un compliment...

Il sourit à son tour.

- Ne fais pas comme si tu ne le savais pas... il dit
- Tu es vraiment trop con !
- Ah ouais ? Tu m'expliques ?
- Non, je ne te ferais pas ce plaisir. Et Wave s'en chargera quand il arrivera.

Fire me toise avec méfiance un instant puis sourit.

- Il ne va plus tarder, dit-il
- Je l'espère bien.

Il commence à sérieusement m'agacer. Je perds franchement mon temps à se chamailler avec lui. Fire se lève alors et sors un revolver, sûrement planqué dans son dos. Il est si prévisible. Il ne changera donc jamais. Il pointe l'arme vers moi. Je la reconnais aussitôt. C'est la mienne. Et je sais ce qu'elle contient. Des balles au BTX. Si seulement Fire savait que c'est l'invention de son jumeau qui le tuera.

L'immense porte métallique du conteneur s'ouvre alors et je souris en voyant le visage de mon géniteur. Il affiche toujours son visage si froid et cruel. Il n'a pas changé à part qu'il donne l'impression d'avoir pris une dizaine d années.

- Roxane... me salue t-il
- Cher père

Il essaie de sourire devant ma provocation. Il regarde Fire qui hoche la tête respectueusement

- Tu l'a fouiller ? lâche t il a Fire.
- Oui
- Et ?
- Rien

Wave s'approche de moi lentement. Je sais qu'il a toujours été comparé à un lion pour sa faculté à jouer avec chacune de ses cibles.

- Tu ne peux pas savoir combien je suis heureux de te revoir...
- Oui, je me doutes que tu étais pressé de retrouver ta fille chérie...

Il laisse échapper un petit rire, à la fois amusé et agacé. Il s'approche de moi alors et me gifle du revers de sa main.

- Où est il ? fait-il en m'attrapant par les bretelles de mon débardeur noir.

Il a mis tellement de puissance dans son coup que je sais que j'aurais une belle marque sur la joue. Je pivote ma tête lentement et le fixe, une pointe d'arrogance et de défi dans mon regard. Il me toise puis répète sa question. Je ne sais pas de qui il parle.

- Je ne vois pas de qui tu parles...

Wave me relâche avec violence et tourne les talons.

- Ton mouchard ? Il est où ?
- Mon mouchard ?

J'explose de rire aussitôt, histoire que sa rage s'intensifie encore plus.

- Ne te fous pas de ma gueule ! aboie t-il
- Mais tu es vraiment trop con pour croire que je travaille avec quelqu'un...

Il me martèle de coups de poings en pleine joue. Mes futurs hématomes me cacheront la marque de sa gifle au moins. Oui, mieux vaut que j'ironise dans ces cas là...

- Je n'ai pas de mouchard. Je travaille en solo...
- Me prends pas pour un con, Black Fire à trouver son frère...
- Oh ! Oui ! Il me ramenait juste un hot dog. Je te jure, ça m'avait manqué

J'ai toujours eu un don pour me foutre de la gueule des gens. Wave semble déjà à bout. Je n'aurais jamais pensé qu'il aurait été aussi faible que ça. Il prend alors l'arme que Fire m'a pris dans l'immeuble en construction. Il pointe l'arme vers moi. Je sais que si la balle me frôle, le BTX sera tout autant efficace.

- Pourquoi tu es là ?
- Tu m'avais manqué, Papa...

Il arme le revolver. Ok, il n'est pas d'humeur à rire.

- Je suis là pour te tuer Henry !

Il sourit.

- Pour ce que tu m'as fait, pour ce que tu as fais à ma mère...
- Ta mère était une salope ! hurle t-il. Une salope sans cœur qui n'a pas hésiter à me tromper avec le premier venu
- Et ça ne te donnait pas le droit de la tuer pour autant.
- C'était ma femme.
- Et j'étais ta fille ! Et tu n'as pas hésiter à me faire faire tuer.
- Je n'étais même pas sûr que tu étais vraiment ma fille.

Quel enfoiré ! Il arrive à me faire monter en pression en quelques secondes...

- Pourquoi tu as accepté que j'intègre l'Œil alors ?
- Je n'ai pas vraiment eu le choix. Owen t'a caché pendant presque cinq ans. Moi, je te pensais morte depuis longtemps. De ce temps, je n'étais encore qu'un Black et ton père a réussi à convaincre le conseil que tu pouvais intégré l'Œil.
- Je comprends mieux pourquoi tu étais si hostile envers moi... Je ne t'avais rien fait, je méritais pas ta haine.

Fire, que j'avais presque oublié, laisse échapper un petit rire de mépris. Meyer se tourne vers lui et le juge du regard.

- Laisse nous seuls, lui ordonne Meyer.

Fire se vexe et serre les dents mais ne dis rien pour autant. Il se lève tout de même de sa chaise, en bon soldat qui exécute les ordres. Il sort du conteneur lentement et ne prend même pas la peine de fermer la porte. Dehors, il pleut averse.

- Tu m'as privé de ma mère...
- Elle n'était pas parfaite... Elle ne t'aurais pas plu...
- Qu'est ce que tu en sais ?
- Parce que je te connais Roxane. Bien plus que tu ne le penses.

Il commence vraiment à m'agacer. J'en ai marre de tourner autour du pot.

Fous moi une balle dans la tête, Meyer ! Qu'on en finisse

- Je ne voulais pas être père, me dit-il.

Pourquoi je ne suis pas étonnée ?

- Ta mère est tombé enceinte et je voulais qu'elle se débarrasse de toi. Mais elle était têtue, comme toi. Quand j'ai appris ce qu'Owen avait fait, j'étais prêt à le tuer. Mais le conseil me surveillait alors j'ai gardé un œil sur toi. L'Œil voit tout. Je dois t'avouer que tu m'as étonnée plus d'une fois. Tu avais vraiment les compétences d'un bon agent. J'ai été jusqu'à espérer que tu te rallierai à moi le jour où tu apprendrais que je suis ton père.
- Je l'ai appris il y a peu. Mais je pense qu'au fond de moi, je l'ai toujours su...
- J'étais prêt à tout de dire le jour où je t'attendais chez toi. Et j'ai vu Anderson. J'ai vu comment tu le regardais. Tu étais amoureuse. Tu avais succombé au même sentiment faible que ta mère. Je savais que l'amour t'avait perverti. Tu m'a tellement déçue ce jour là.
- Tu étais déçue de moi depuis bien plus longtemps...
- Je ne sais pas. Peut être, mais c'est à partir de là que j'ai décidé qu'il était temps d'en finir avec toi. J'ai chargé Fire de t'éliminer. Tu m'as déçue pour la deuxième fois ce jour là. Tu ne pouvais pas tout simplement crevé, ça aurait été bien plus simple...
- C'est Fire qui m'a tiré dessus quand j'étais sur la mission Blue Est ?
- Eh oui ! Blue Est était une parade. J'avais besoin de t'isoler pour que Fire s'occupe de toi...

Moi qui pensait que Richard Anderson avait des soupçons sur moi. J'ai été bien conne... tout ça n'était qu'un coup monté.

- Est ce que Blue Angel était un coup monté aussi ?

Wave me sourit. Bizarrement, je le trouve bien plus chaleureux avec moi. La vérité doit le libérer mais pour moi, elle accentue ma rage envers lui.

- Richard Anderson est un homme bien sous tout rapport. C'est vrai qu'il use parfois de méthodes pas très orthodoxe mais ça ne fait pas de lui un fumier...
- Pourquoi tu avais quelque chose contre lui alors ?
- Il a découvert le marché que j'avais avec Wright et il nous a menacé de tout révéler. Je ne devais pas risquer de le garder en vie mais il a été suffisamment malin. J'ai chargé Fire de s'infiltrer et toi, tu devais séduire son fils. Ça a un peu trop bien marché..

Tu m'étonnes !

- Et c'était quoi ce marché ? Je demande.

Il me fixe un instant puis sourit une nouvelle fois.

- Je suppose que je peux te le dire étant donné que tu ne passera pas la nuit. Mais je ne pense pas que cette information te sera utile là où tu iras.

Je lui souris et honnêtement, c'est sincère. Ce qui m'étonne en réalité.

- OK. Donc c'est le moment pour toi ?
- C'est plus le moment pour toi...

Il arrive à plaisanter où j'hallucine ? Je souris presque. Je souris à la mort. Je suis aussi sadique que Fire en faites. Non, je suis juste réaliste. Je pensais qu'en repartant à New-York, j'aurais juste à tuer mon géniteur. Je n'avais pas pris en compte l'arrivée de Fire. J'ai été bien conne. Mais bon, ce sont les règles du jeu. Les seules règles que je connais de ce métier. Si c'est pas lui, c'est toi. Et j'ai perdu.

- Après toi, je m'occuperai personnellement d'Owen, continue t-il
- Laisse mon père en dehors de tout ça...
- Car tu crois que j'ai d'autres options... Je ne suis pas le seul à avoir des secrets, Roxane. Owen est un homme qui aime vivre dans le mensonge
- C'est lui qui m'a révélé que tu étais mon père...
- Je n'en doutes pas. Il n'aurait pas pû trouver un meilleur argument pour te convaincre de me tuer. Mais je doutes qu'il t'ai dit tout la vérité.

Je m'impatiente. J'en ai marre de l'écouter... Je préférerais qu'il en finisse.

- Je suppose qu'il ne t'a pas dit que ta mère est toujours en vie...

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