[Chapitre 18]


CHAPITRE 18

***

La chaleur ici est étouffante. Je crois que je ne m'y habituerai jamais. À New-York, le climat était bien plus supportable. Ici, même le vent de la mer ne paraît pas rafraîchir l'atmosphère. Mais je suis bien ici. La vie y est tellement plus simple, plus festive, plus conviviale. Je regarde ma montre. Il est temps que je rentre. En plus, les gens commencent à arriver sur la plage depuis une demie heure. Leurs enfants sont déjà surexcités de passer leur journée à la plage. Je souris aussitôt. Moi aussi, quand j'étais petite, j'adorais aller à la plage. Les rares fois où j'y allais, j'étais comme une folle.

Je monte les quelques marches menant sur les promenades du bord de mer en trottinant. Au loin, j'aperçois la villa. Je pourrais passer par la plage mais j'aime bien passer par les promenades. Les gens que j'y croise sourient tout le temps. Sûrement la joie d'être en vacances ou tout simplement de voir le calme de la mer.

Quand je suis arrivé ici, trois mois plus tôt, j'ai souri pendant des jours. Je me levais chaque matin, restait mes journées au bord de plage à regarder la mer. J'y étais bien. C'est sur cette plage que j'ai rencontré Gabriel. Il faisait son jogging sur cette plage ce matin là. Je ne sais pas ce qui m'a pris ce jour là. J'ai sûrement eu confiance. Bon, je dois avouer que ma première intention était une bonne partie de jambes en l'air. Quand je lui avais proposé cette idée folle, il n'a pas sourciller. Tant mieux... Je n'avais pas envie de supplier ce jour là.

Après des jours de baise sympa, il est devenu mon mec pansement. Je suis bien avec lui mais ça n'a rien à voir avec Aiden où tout était plus fusionnel avec lui. On ne se prend pas la tête. Pas de sentiments, pas de prises de têtes. Une vraie Black !

Je passe devant mon habituel kiosque à journaux. J'arrête ma course et retire les écouteurs de mes oreilles.

- Voilà la plus belle !

Je souris et salue Marcello. Il me sourit et me tend le Monaco-matin du jour. Je penche la tête et fouille dans la minuscule poche de mon jogging.

- Non, c'est pour moi, dit il. Je dois bien ça à Monsieur Gabriel.

Je souris. Je ne sais pas quelle dette il peut bien avoir envers Gabriel mais je m'en fous. Je le remercie et prend le journal des mains de Marcello. Mon regard est tout de suite attiré par l'affiche d'un magazine People. Aiden sourit, aux bras d'une magnifique rousse qui, il me semble, est un mannequin russe.

Je cherche du regard la pile de magazines People et en prend un.

Aiden Anderson : serial lover

Je grimace aussitôt en voyant le titre du magazine. Il y a vraiment qu'un magazine de pouf pour trouver ce genre d'accroche. Serial lover ? Serial crétin oui ! Je m'empêche de me faire violence à moi-même. Non, Roxane. Tu dois l'oublier. Ce mec t'a brisé le cœur. Autant que je lui ai brisé le sien.

- Prends le ! Je te le dois bien ! Me dit Marcello.

Je laisse échapper un rire puis je secoue la tête

- Tu ne me dois rien, Marcello.
- Bah disons que c'est pour le jour où je te devrais quelque chose...

Je ris une nouvelle fois. Cet homme est dingue ! Je le salue et pars, mes journaux à la main. Je prends la direction de la villa et regarde la première page du magazine. Non, je ne devrais pas lire ça. Ses magazines ne m'ont jamais intéressés et c'est pas parce que l'homme que j'aime y a un article que je dois commencer à me comporter comme une écervelée. Et puis, je ne suis pas sûre que lire cet article me ferait du bien.

Je balance le magazine dans une poubelle des promenades. Non, je ne dois pas lire l'article. Il m'a dit qu il ne voulait plus me voir et en quittant New-York, j'ai pris la même décision sans le vouloir.

Je passe le grand portillon de la villa et descend la longue allée. Je rentre dans l'immense villa blanche. Je retire mes baskets et les laisse traîner à l'entrée. Gabriel doit être réveillé et est sûrement en train de prendre son petit déjeuner sur la terrasse. Je traverse le séjour. Une légère brise vient s'engouffrer dans mes cheveux.

Gabriel plonge dans la piscine. Je plonge mes pieds dans l'eau. Même à neuf heures du matin, l'eau est bonne. Gabriel sort la tête de l'eau. Il s'approche de moi en quelques brassées et se soulève de l'eau à l'aide de ses bras. Il pose ses mains sur mes genoux et j'abaisse ma tête. Il dépose un baiser sur mes lèvres. C'est agréable comme toujours mais ce n'est pas Aiden. Je crois que plus aucuns baisers ne serait comme avec Aiden. Il se décale sur le côté et s'aide de ses bras pour sortir de l'eau. Je me lève à mon tour et je pars le rejoindre à table. Il me sert un grand verre de jus d'orange.

- Tu es prête pour ce soir ?

J'hoche la tête. Oui. Je suis prête. Plus que prête.

***

Le voiturier me tend sa main pour m'aider à descendre de la voiture. Gabriel s'approche de moi et me propose son bras que je prends aussitôt. Nous montons les quelques marches et un portier nous ouvre la porte.

- Tu es magnifique ! Me chuchote Gabriel.

Je souris pour seule réponse. Lui aussi est très beau, dans son smoking sur mesure. Il me dirige dans la grande salle de jeux. Les tilts et les mélodies des machines à sous retentissent dans l'immense pièce. Je scrute l'horizon et verrouille la cible. Il se tient droit, raide comme un piquet et ne paraît pas satisfait qu'on lui ait donné rendez vous ici.

- Il est près du bar, je dis

Gabriel tourne la tête lentement, pour ne pas éveiller de soupçons. Il hoche la tête quand ses yeux se posent sur lui.

- OK. Tu sais ce qui te reste à faire ?

C'est à mon tour de hocher la tête. Il dépose un baiser sur ma joue et je file vers le bar. Je m'installe près de Ford et commande un cocktail. En entendant une voix femine, Ford se retourne aussitôt

- Bonsoir, dit il, un sourire charmeur aux lèvres.
- Bonsoir.

L'homme me regarde de la tête aux pieds et s'attarde lourdement sur ma poitrine. Je secoue aussitot ma tête et dégage mes cheveux de mon décolleté. Gabriel le colle déjà et j'apercois sa main fouiller la poche de son veston. Gabriel est l'un des meilleurs pickpocket que j'ai eu la chance de rencontrer. Il me fait clin d'oeil et je le vois sortir sa main de la poche de Ford.

- Vous êtes seule? fait Ford.
- Non, j'attends mon fiancé.

Le sourire de Ford s'éteint aussitot.

- Le voilà justement, je fais en souriant.

Je descend du tabouret, prend mon verre et le fourre dans la main de Gabriel en l'embrassant. Il en profite pour me glisser la carte magnetique de Ford dans la main. Je prends le bras de mon pseudo fiancé et nous nous eloignons du bar.

- A toi de jouer ma belle, me chuchote t-il

***

Je retrouve Gabriel à la table de blackjack. Ce jeu est vraiment pourri. Je déteste ça. Je trouve que personne n'aurait du se donner la peine d'en inventer les règles. Je m'approche de Gabriel et l'embrasse tendrement. Il pose ses yeux à mon cou et sourit aussitot. Mission accomplie ! Gabriel jete un jeton au croupier et se lève de table. J'aggrippe aussitôt son bras et l'attire vers le hall du casino.

- Très beau collier, dit il en souriant. Ce sont des diamants?
- Oui, c'est la recompense bien méritée d'un travail bien accompli, je souris.

Il pouffe de rire. Les cloches d'un bandit manchot sonnent à tout va. Mon regard est aussitôt porté vers la machine gagnante. J'entends le cri de joie de l'heureux gagnant. Ma respiration se coupe aussitôt quand mes yeux croisent les yeux noirs si rieurs de mon ami que je n'aurais jamais pensé recroiser un jour. Randall me fixe. Il semble imperturbable. Est ce qu'il savait que je serais là ? Je fronce le front et je le vois esquisser un sourire. Je tourne les talons aussitôt. Non, il est hors de question que je me persuade que c'est lui. Il ne peut pas être là. Gabriel m'embrasse tendrement sur la joue. J'ose un dernier regard vers mon ami. Il n'est déjà plus là...

***

Se réveiller par le bruit des vagues est quelque chose dont je ne pourrais plus me passer. J'ouvre les yeux. Le soleil est déjà haut dans le ciel. Je tourne la tête vers le radio réveil. 10h 26. Il est déjà tard. Je me lève et enfile un peignoir léger. Je sors de la chambre et entends des voix sur la terrasse. Je reconnais aussitôt celle de Gabriel. L'autre voix ne me dit rien. Je m'approche lentement. Gabriel et l'homme sont assis dans le salon d'été.

- Eh, salut ma belle ! dit Gabriel quand il me voit

Je souris aussitôt et l'embrasse alors que l'homme me lorgne grossièrement.

- Qui est ce ? Je demande.

Gabriel me sourit alors que l'homme continue à me regarder. Il se lève au bout d'un instant puis me tend une poignée de main.

- Pablo Rodriguez, dit il avec un fort accent hispanique. Et vous êtes ?
- Roxane. Roxane Lewis...
- Enchanté de vous rencontrer, Roxane Lewis.

Il prend ma main et dépose un baiser sur le dos de ma main. Qui fait encore des baisemains de nos jours ? C'est limite degueulasse. Gabriel se racle la gorge. Il a toujours été très jaloux et il ne supporte pas qu'un homme s'approche trop près de moi, hormis lors de nos petites escapades nocturnes

- Roxane, tu nous laisses en privé ?

Gabriel me fixe. Je lui souris puis détourne les talons. Je ne sais pas qu'elles sont les affaires de Gabriel et je dois avouer que je m'en fous. Mon ancien boulot m'a permis d'avoir des connaissances et une certaine expérience. On m'a appris à ne pas poser de questions. Et honnêtement, je me fous de ses activités. Il me loge, me nourrit, me divertie alors je lui rends quelques services. Et à l'Œil aussi, c'était comme ça. Moins on en connaissait sur l'agissement de nos cibles, mieux c'était. Et vu comment mon père m'a menti toute ma vie, je ne serais pas étonnée que j'ai éliminé quelques bons...

Je me prépare rapidement et quand je sors de la chambre, Gabriel et Rodriguez sont encore en pleine discussion. Je prends les clefs de la voiture et décide d'aller faire un peu de shopping. Au Rocher, ce n'est pas les magasins haut de gamme qui manquent et je dois avouer que mes journées se limitent à mon jogging du matin, mon shopping l'après midi et des activités lucratives la nuit. Je n'ai pas d'ami ici, hormis Gabriel, qui lui me considère comme plus qu'une amie. J'ai Marcello aussi mais je ne peux pas dire que le voir tous les matins lorsque j'achète le journal créé des liens. Randall me manque. Tout comme la sagesse de Thomas et la folie de Robin.

Je me gare sur la place royale. J'aime me balader ici. Les rues y sont si belles, si magiques. Je suis presque devenue une habituée des boutiques mais je n'ai pas vraiment la tête à déambuler dans les magasins. Je prends place à une terrasse et un serveur vient prendre la commande. Je sors ma tablette, l'allume et va dans l'historique de l'internet. Je commence par vérifier mes mails. Que de la publicité mais trier tous mes mails me prend pas mal de minutes. Le serveur m'a ramener mon café depuis un bon moment quand j'ai terminé.

J'appuie sur l'icône du navigateur internet et tape machinalement la même chose depuis des mois. Je ne sais pas pourquoi je m'acharne comme ça car je sais que je ne trouverai rien, comme à chaque fois. Je ne trouve rien sur Meyer. En même temps, je ne connais pas le prénom de mon père biologique. Mais je sais qu'il n'est pas mort. Mon père a eu une conversation avec lui. Cette piste ne mène pourtant à rien et je commence sérieusement à me décourager. Je n'ai pas refait ce rêve depuis mon bref séjour à l'hôpital. Je ne connais rien de cet homme. Et je n'ai pas eu le temps d'étudier son dossier.

Une silhouette me cache du soleil et j'ai juste le temps de cligner des yeux. La silhouette s'assoit face à moi et je reconnais aussitôt mon ami. Randall me sourit et me fixe un moment. Malgré qu'il me manque et que je me retiens de tomber dans ses bras, je sais ce que veut dire sa présence. L'Œil m'a retrouvé et je suis quasiment sûre que des agents sont postés au quatre coins de la place, prêts à m'abattre au moindre mouvement. Putain ! Je n'ai rien vu venir.

- Black Poison, me dit-il
- Ne m'appelles pas comme ça s'il te plait...

Randall me sourit. Il appelle un serveur à la table d'à côté et demande un café. Si il prend le temps de boire quelque chose, c'est qu'il n'a pas l"intention de me tuer maintenant. Je ne peux m'empêcher de poser la question tout de même.

- Je suis ta cible ?

Randall rit aux éclats puis secoue la tête.

- Si par là tu me demandes si je vais te tuer, alors non, tu n'es pas ma cible...

Je souffle de soulagement.

- Ils m'ont retrouvés ?

Il hoche la tête puis me sourit. Je me demande bien qui ils ont chargés de m'éliminer.

- Qui ?
- Black Fire.

Merde ! Pas lui !

- Ok. Il est là ?
- Son avion est prévu pour ce soir
- Donc ça me laisse, quoi, seize heures...
- Oui.
- Pourquoi ? Pourquoi tu m'aides?

Randall roule des yeux et soupire. Il passe sa main dans ses cheveux crépus puis sourit.

- Parce que tu es mon amie. Et que je ne veux surtout pas que cette mission soit une réussite.

Je ne peux m'empêcher de sourire. La loyauté de Randall a toujours été sa force et j'ai peur que si l'Œil apprend sa trahison, il y laisse sa vie.

- Si le conseil l'apprend, tu sais ce que tu risques ? Je demande
- Oui. J'en ai conscience. Mais je ne risque pas grand-chose.

J'arque un sourcil. Je ne comprends pas grand-chose.

- Tempest m'a chargé de venir
- Mon père ? Pourquoi se serait il donné cette peine ? Je suis sa traîtresse de fille qui...
- Il ne te voit pas comme ça. Il ne te voit plus comme ça.
- Je me fiche comment il me voit... Ce n'est pas mon père...

Il sourit une nouvelle fois et son regard s'esquive un instant. Je vois une jeune fille approchée. Je la reconnais aussitôt. Green Cat. Le divertissement de Fire dans le placard à balai. Elle ne pipe pas un mot et pose une épaisse enveloppe sur la table. Elle s'éloigne sans un regard.

- Green Cat, je dis.
- White Cat maintenant, rectifie Randall.

Un White n'est jamais loin de son Black.

- Black Raggae ?
- Oui

J'aimerais lui faire mes félicitations mais je sais que ça ne lui plairait pas. Randall pose ses doigts sur l'enveloppe. Il me fixe un moment, me lançant un regard d'espoir et de défi en même temps.

- Tempest aimerait que tu étudies ce dossier. Il m'a demandé de t'aider du mieux que possible. Tu trouveras tout ce que tu as besoin pour me contacter.

Il pousse l'enveloppe vers moi et je me fais souffrance pour ne pas l'ouvrir de suite. Il se lève alors et me fixe un moment.

- Réfléchis y.

J'hoche la tête et il me sourit. Il tourne les talons puis s'arrête. Il se retourne, me regarde un instant.

- Ton père m'a dit qu il ne fallait pas que tu tardes à partir. Et il m'a dit de te dire qu'il t'aime.

***

Je suis restée un moment sur cette petite place, les yeux rivés sur cette enveloppe. Randall était parti depuis au moins deux heures. Peut être trois. Je n'ai toujours pas ouvert l'enveloppe. J'ai peur du visage que j'y découvrirais. J'ai peur que ce soit Aiden. Si c'est lui, je ne sais pas quoi faire. Le tuer ? J'en suis incapable.

Mon téléphone vibre. Gabriel. Je coupe aussitôt mon téléphone. Je n'ai pas besoin d'être interrompu. Je dois réfléchir et savoir si je dois ouvrir cette enveloppe ou pas. Je pose mon téléphone sur la table et fixe une nouvelle fois le dossier. Pourquoi mon père aurait il besoin de moi sur cette mission ?

Mon instinct me pousse à dire que cette mission est en rapport avec moi, avec ma vie... Je me lève aussitôt. Je ne sais pas ce qui m'a pousse à le faire. Je scrute la place. Les touristes vaquent à leurs occupations comme de simples touristes. Ils ne peuvent pas savoir comment je les envie à cette heure ci. Leurs vies paraient si simples.

J'aperçois un taxi déposé un homme sur la grande place. Je réagis aussitôt et file dans le véhicule, poussant au passage une grand-mère qui paraît outrée de mon comportement.

- À l'aéroport, j'annonce au chauffeur.

Il acquiesce de la tête et démarre son véhicule. Il quitte la grande place et j'ouvre le carreau du véhicule pour sentir le vent sur mon visage. Je souris. Comme une conne et sans vraiment savoir pourquoi, je souris. L'adrénaline sûrement. Et l'excitation. La sonnerie d'un téléphone retentit et je vérifie d'instinct mon appareil.

- Mademoiselle ? fait le chauffeur
- Oui ?
- C'est votre téléphone

Je fronce le front. Non, ce n'est pas le mien, je viens de vérifier. Je comprends alors que c'est le contenu de l'enveloppe qui sonne. Je retire aussitôt le cachet de l'enveloppe et sors un téléphone. Je décroche aussitôt.

- Bon retour, Black Poison.

Je reconnais aussitôt la voix de Randall. Je souris.

- Où veux tu qu'on se retrouve ?
- L'aéroport, c'est parfait.

Bien sûr. Il sait où je vais. Il me surveillait. Je regarde par le pare brise du taxi.

- Très bien. J'y serais dans vingt minutes.

***

Randall me tombe littéralement dans les bras quand je le retrouve à l'aéroport. Il sourit et je n'arrive pas à contenir une larme. À côté, White Cat sourit de plus belle. Je ne l'ai rencontré qu'une fois, hormis il y a quelques heures, et elle m'a fait tout de suite bonne impression. Sûrement car ce jour là, elle m'avait flattée.

- Tu m'as manquée, me souffle mon ami
- Toi aussi.

Il me sourit une nouvelle fois puis m'attire vers le check-point où nous passons les contrôles de sécurité sans problème. Une hôtesse nous prends en charge aussitôt et nous emmène dans un salon privé.

Un homme de dos nous y attend et je reconnais aussitôt la silhouette de mon père. Je ne m'y attendais vraiment pas à celle là. Quand il entend la porte se refermer, il se retourne et je vois un sourire rassuré s'afficher.

- Oh, Roxane !

Il s'approche de moi et j'ai aussitôt un mouvement de recul. Non, je ne suis pas prête à lui pardonner.

- Grey Tempest, je le salue respectueusement

Il semble comprendre ma réticence. Raggae et Cat m'invitent à m'asseoir dans l'un des luxueux canapés et je m'exécute.

Mon père s'assoit face à moi et joint ses mains. Je sais que c'est le signe qu'il va m'annoncer quelque chose de terrible. Cat s'approche de lui et lui tend une épaisse enveloppe. Elle est secrétaire ou quoi cette fille ?

Mon père hésite un moment puis me tend l'enveloppe. Je l'ouvre aussitôt et sors la photo de ma prochaine cible. Wave ?

- Je... Grey Wave ? Je dois éliminer Grey Wave ? j'interroge

Mon père hoche la tête.

- L'Œil est compromis depuis des mois, avant même ton départ.
- Je ne comprends pas.
- L'intégrité de notre haut conseiller est perverti depuis des années. Je l'ai découvert depuis des semaines.
- Qu'est ce que vous lui reprochez exactement ?

Mon père me fixe un moment. Je me lève aussitôt

- C'est simple. Si vous ne m'expliquez pas tout en détails, je me casse...

Randall agrippe mon poignet et me supplie du regard.

- Tu as un ami très loyal, reprend mon père.

Je jette un coup d,œil à Randall. Il n'a jamais aimer être mis en avant.

- Je sais, je souffle
- Après ton départ, Randall est venu me voir et m'a tout raconté. Je sais que tu faisais des recherches sur tes parents.

Je jette un deuxième coup d'œil à mon ami. Il paraît gêné mais je ne lui en veux pas d'avoir tout racontė à mon père.

- Tout d'abord, saches que je ne suis responsable en rien de la mort de ta mère.
- Mais...
- Ce qui a été écrit dans le dossier de ta mère est faux. Je n'ai pas tué ta mère.
- Qui alors ?

Mon père baisse la tête et son regard se pose sur la photo que je tiens toujours. Ma respiration se bloque aussitôt.

- Quoi ? Mais... Pourquoi?

Mon rythme cardiaque augmente au fil des secondes. Je baisse la tête. Je tiens si fort la photo de Wave que je suis à deux doigts de la déchirer. J'ai aussitôt un hoquet de surprise.

- Wave est mon père ? j'ose.
- Oui.

Mon père baisse la tête.

- Mais...
- Ta mère et ton père se sont mariés très jeunes. Ils se connaissent depuis leur enfance.
- Elle était ta cible ?
- Oui. C'était avant mon arrivée à l'Oeil. Je devais la tuer. Mais je suis tombée amoureux d'elle. Elle était si belle. Tu lui ressembles tellement.
- Je ne suis pas sûre de comprendre...
- Ta mère et moi avons eu une liaison alors qu'elle était marié avec ton père. Je suis rentré à l'Œil à ce moment. Quand ton père l'a appris, il était dans une rage folle.
- Mais... ?
- Il faut que tu comprennes que ta mère s'est marié avec ton père très jeune. Elle m'a toujours dit que la passion n'était plus là depuis longtemps mais elle est tombée enceinte de toi.

J'ai envie d'hurler. Mon père, celui qui m'aélevé, n'est pas mon père. Et mon père biologique est le haut conseiller de l'Œil qui n'arrive pas à me saquer depuis ma plus tendre enfance.

- Si Wave est mon père, pourquoi c'est toi qui m'a élevé ?
- Parce que si j'aurais écouté Wave, tu aurais subi le même sort que ta mère...

***

La vérité est parfois dure à entendre. Je regrette d'avoir demandé à la connaître. Mon père a été patient, à répondu à toutes mes questions et j'ai pourtant l'impression que je ne sais pas tout. J'ai peur d'en savoir plus en faites. Randall me frotte les épaules pour me consoler.

- J'aurais préfère que tu ne sois jamais au courant de tout ça, je sais que ça peut être déconcertant.
- Ça l'est...
- Il faut que tu saches, Roxane, que j'ai tout fais pour te protéger de Wave. Je sais que je n'ai pas été le père idéal...
- Ça, c,est clair.

C'est sorti tout seul mais c'est tellement vrai. Le regard de mon père s'éteint. Je l'ai blessé et je ne peux m'empêcher de culpabiliser.

- Mais je sais que c'était pour me préserver, je reprends vite
- J'ai fais des erreurs, Roxane. Plusieurs erreurs. La première a été de te dire que les sentiments rendent les hommes faibles. Mais ça fait leur force. Je voulais seulement que tu ne reproduises pas les mêmes erreurs que moi. Je t'ai privé du plus beau des sentiments alors que moi, je n'ai agis que par amour.

Je lui souris. Je sais où il veut en venir et je ne veux pas entrer dans ce sujet.

- J'aurais dû te dire depuis le début que tu n'étais pas ma fille. Je ne sais pas pourquoi je te l'ai caché...
- Sûrement par amour.

Mon père laisse échapper un petit rire. Il acquiesce de la tête en souriant. L'hôtesse de l'air entre dans le salon privé et nous annonce que notre jet est prêt et que nous n'allons pas tarder à embarquer.

- Donc on doit s'occuper de Wave ?

Je suis encore plus motivée que tout à l'heure depuis que je sais que mon géniteur n'a pas hésiter à commandité leur meurtre de ma mère et s'apprêtait à faire subir la même chose.

- Oui. Il est temps que Wave soit arrêté.
- OK. Comment on procède ?
- Wave a des soupçons. Il a tous les agents de l'Œil dans la poche.
- On est combien sur ce coup ?
- Sept
- Sept ? Vous êtes sérieux ?
- Je sais, je sais... Mais ce n'est pas le nombre qui fait la force...

L'hôtesse nous invite à quitter le salon privé. Elle nous dirige parmi les couloirs de l'aéroport et nous arrivons enfin sur la piste. White Eagle nous attend en bas des marches de l'avion. Il me sourit.

- Heureux de te revoir, Black Poison.

Je lui souris. Moi aussi je suis heureuse de le revoir. Je l'ai toujours apprecié. Je grimpe les marches une à une, suivie de Randall. Eagle salue mon père. Je sens la main de mon père se poser sur mon bras et je m'arrête aussitôt.

- Nous n'avons pas eu le temps d'aborder le sujet mais nous avons une nouvelle recrue.
- Un green ?
- Pas exactement.

Il passe devant moi et entre dans l'habitacle de l'avion. Je fronce les sourcils. Le seul à qui je pense est Fox. Je sais que c'est quelqu'un de loyal mais pourquoi mon père l'aurait désigné comme une nouvelle recrue. Peut être a t-il eu une promotion comme Randall ?

J'entre à mon tour dans l'avion. Mon père est posté devant la nouvelle recrue et je ne peux voir qui c'est. Je m'approche lentement et Randall me double en souriant. Il pose sa main sur l'épaule de mon père et lui chuchote quelque chose à l'oreille. Mon père tourne légèrement la tête et sourit. Cat passe près de moi et fait tomber le dossier qu'elle tenait à mes pieds. Les feuilles s'éparpillent au sol et je m'abaisse par reflexe pour l'aider à ramasser.

- Roxane, je te présente Black Wolf... fait mon père.

Je relève la tête et un battement de mon cœur à un raté en voyant la dernière personne que j'aurais pensé revoir un jour. Aiden Anderson se trouve face à moi.

***

LA VILLA DE RAPHAEL - EN MEDIA

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