Prologue

- En conclusion, la pauvreté, c'est vivre sans argent, sans logement parfois, sans jouet qui contribuent à la joie. Être pauvre, c'est tout simplement quelque chose que je n'aimerais pas connaître.

Je plie ma feuille en souriant fièrement. Ce que j'ai écrit mérite amplement un A+. Néanmoins, les personnes se tenant devant moi ne semblent pas du même avis.

- Vous avez fini Mademoiselle Jonas ?

- Bien évidemment. Pourquoi me serais-je arrêtée de parler si ce n'était pas le cas ?

Je suis insolente mais c'est justifié. Comment peut-on rester de marbre face à mon très bel exposé que j'ai récité pendant plus d'une demi-heure ?

L'homme âgé positionné à sa droite soupire avant de se rapprocher de moi.

- Tu ne fais aucun effort, tu as fait des recherches au moins ?

- Quelle est l'utilité d'en faire quand on sait ce qu'est l'inverse ? Il suffit simplement d'expliquer ce qu'on est mais dans la négation, soit, d'expliquer ce qu'on n'est pas, dans ce cas-là, pauvre. N'est-ce pas professeur ?

Je le regarde insistante, attendant avec impatience son approbation. Mais il ne répond rien, paraissant plus désespéré qu'autre chose.

- Quitte la pièce, m'ordonne mon grand-père.

Ce dernier se rapproche de mon professeur particulier. C'est apparemment l'heure de parler mais je ne suis pas conviée à la discussion. Alors, sans plus attendre, je rejoins ma chambre, hâtive à l'idée de retrouver ce que j'aime le plus après le caviar : mes jouets.

Plusieurs minutes après, on toque à ma porte. Cette personne entre, et contrairement aux deux autres aigris, celle qui me fait face est ma grand-mère.

- C'est l'heure du thé, m'explique-t-elle.

De sa longue robe bleue d'intérieur, elle est entourée d'un large foulard. Elle me regarde l'air inquiet.

- Très bien grand-mère.

Je me lève pour la rejoindre et une fois en bas, après quelques minutes de marche, je fais une nouvelle fois face à mon grand-père. Comme habituellement, il a le regard strict.

Nous nous posons autour de cette grande table et nous buvons le thé en dégustant des petits gâteaux cuisinés par les servantes.

- Shanna, on y a réfléchi, et nous allons t'envoyer dans une autre famille pour le restant de l'année.

Je manque de m'étouffer avec cette succulente boisson venue d'Asie. Je pense avoir mal compris jusqu'à ce que je croise leur regard.

- Le restant de l'année, c'est-à-dire cinq mois ? je demande en comptant sur mes doigts.

Ils acquiescent tous les deux synchronisés. Puis, elle ajoute :

- Nous connaissons le père, et c'est pour que tu apprennes une... nouvelle façon de vivre.

Une nouvelle façon de vivre ? Qu'entend-elle par cette phrase ?

- Je suis bien ici, je dis décidée à rester.

- On ne t'a pas demandé ton avis, rétorque mon ancien grand-père. Tu pars dès demain matin. Tu feras tes bagages après le dîner.

Je n'ai pas mon mot à dire. Je ne sais pas où j'irai et ils ont l'air de ne pas s'en soucier.

- Qui est cette personne ? Quel métier exerce-t-elle et combien de mètres carrés fait sa villa ?

- Ces questions, tu les sauras une fois là-bas. Néanmoins, je peux te donner son prénom, l'homme s'appelle Joe Jackson.

Je me lève de table en les fixant à mon tour méchamment et m'apprête à rentrer dans ma chambre.

- Vous êtes tous les deux de cruelles personnes, et de toute façon, le thé manque de goût. Bon débarras.

Je quitte la pièce la tête haute mais une fois seule, mes yeux s'embuent et mes larmes perlent sur mes joues en abondance.

Comment peuvent-ils m'abandonner ? Comment peuvent-ils me faire ça ?

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