Photographie de Martin Luther King

« J'ai le rêve qu'un jour mes quatre enfants vivront dans une nation où ils ne seront pas jugés pour la couleur de leur peau, mais pour leur caractère. » M. Luther King

Cette phrase, prononcée par Martin Luther King, reflète la présence encore alarmante d'inégalités raciales au sein de la population américaine. Une différence qui peut paraître anodine : une couleur de peau classifie un groupe d'individus et en fait des êtres soi-disant « inférieurs ».

Bien que les Etats-Unis célèbrent la diversité de leur population, l'identité américaine des non-Blancs semble encore aujourd'hui moins légitime que celle des Blancs. C'est en grande partie parce qu'aux Etats-Unis, devenir citoyen américain a, d'un point de vue juridique, longtemps été synonyme d'être blanc. Ces inégalités sont profondément enracinées dans les mœurs de la société américaine et chambouler cette « hiérarchie sociale » reste un immense challenge qui a résisté à de nombreux événements sociaux.

« Le Bureau du recensement des États-Unis définie la race comme une donnée correspondant à un concept d'identification selon lequel les résidents choisissent la race, ou les races, avec laquelle, ou lesquelles, ils s'identifient le mieux. Les catégories, qui restent facultatives, représentent un concept sociologique de « races » qui a pour but de « refléter de façon générale une définition sociale de la race » La race et l'ethnicité sont considérées comme deux identités séparées et distinctes. »

La lutte contre cette distinction et ces inégalités a commencée bien avant que Martin Luther King n'exprime son indignation au travers d'un discours - résumé par un phrase devenue célèbre « I have a dream » (« J'ai un rêve ») - prononcé le 28 avril 1963 : elle remonte aux débuts de l'esclavage des populations noires par les propriétaires agricoles blancs, avant de déboucher en avril 1861 sur la guerre de Sécession dont une des principales raisons d'être était l'obtention de l'abolition de l'esclavage et la liberté pour ces populations afro-américaines qui aspiraient à être considérées comme des citoyens au même titre que les américains blancs, outre le fait d'imposer le modèle économique des états du nord de l'Amérique fondé sur un capitalisme industriel employant des ouvriers, plutôt que sur la société agraire des états du sud de l'Amérique fondée notamment sur le commerce du tabac et du coton, employant des esclaves noirs.

La guerre de Sécession met fin à l'esclavage aux États-Unis et restaure l'Union, mais des "Codes noirs" encadrent très sévèrement la nouvelle liberté des Afro-américains la plupart des états du sud allant jusqu'à interdire les mariages raciaux. La réconciliation américaine va s'opérer au détriment des Noirs. En 1876, les anciens Etats esclavagistes votent les lois racistes dites "Jim Crow". Le gouvernement fédéral laisse faire. La ségrégation raciale durera jusqu'en 1965.

Les conséquences économiques, politiques et sociales de cette guerre continuent d'influer sur la pensée américaine contemporaine.

Poussés par l'ambition de réduire encore les inégalités raciales dans le pays, les Etats-Unis se dotent le 4 novembre 2008 du premier président noir américain, un certain Barack Obama.

A ce jour, presque 150 ans après la fin de la guerre de Sécession, les inégalités raciales n'ont plus de base légale et ont revêtues une forme économique ; le taux de pauvreté des populations noires étant de 28% contre 10% pour les populations blanches.

Il est notable que la frange de la population d'origine hispanique, asiatique et amérindienne n'est pas autant sujette à ces inégalités raciales.

On peut donc légitimement se demander si l'Amérique post-raciale serait une illusion ?

L'Amérique post-raciale est un environnement théorique dans lequel le pays serait libre de préférences raciales, des discriminations et des préjudices.

Pour répondre à cette question, il sera intéressant de voir une amélioration sociale qui n'est pas pérenne, un espoir déçu pour la communauté afro-américaine ; pour ensuite développer une lutte qui se poursuit et des mouvements florissants ; pour déboucher sur l'Amérique d'aujourd'hui.