*Chapitre 8* Cartes Sur Table
Je n'ai fait que penser à ce mot caché tout au fond de la corbeille de ma chambre durant toute cette après-midis passé en compagnie de ma mère et de ma soeur. Je n'ai eu de cesse de me questionner sur ce qu'il contenait et sur les éventuels intentions de l'homme en question.
J'ai goûté aux divers gâteaux que l'on me présentait, en assurant que c'était le meilleur jamais ingurgité alors que je n'ai aucun souvenir de leurs saveurs, ne songeant qu'à ce moment intriguant échangé avec le bel inconnu..
Il en est de même pour l'essayage des robes et de toutes les vérifications de dernières minutes.
Ce moment partagé avec lui était tout ce qu'il y a de plus mystérieux et de dangereux à la fois, me rappelant avec violence à quel point je suis en vie.
Il a prit des risques considérables en me touchant et il ne peut naturellement pas l'ignorer.
Ses mains glissants sur mon flanc auraient pu être la dernière chose qu'il ne touche si j'avais été comme la grande majorité des filles ici présentes.
Nous devons nous préserver pour l'homme qui nous sera attitré et j'aurais pu instantanément crier à l'agression et en un battement de cils, il se serait retrouvé dans une salle du conseil en attente de son châtiment.
Chaque femme a un fiancée ou un mari potentiel par contrats familiaux. Tous le savent et il est donc très dangereux de se risquer à faire la cour à l'une d'entre elles, en dehors des bals et surtout, sans l'approbation du conseil et de la famille de la jeune fille.
Alors, pourquoi donc prendre ce risque sans même me connaître? Pourquoi risquer qu'un éventuel fiancé demande réparation par sa mort, que pour avoir posé sur moi, un regard empreint de désir?
Je n'arrive pas à le comprendre et c'est bien ce qui me fait me tordre sur cette chaise alors que je ne rêve que de courir à l'étage, tout en priant le ciel pour que la femme de chambre ne soit pas passée avant mon arrivé.
-Nelly? Ça va bien pas vrai? Demande ma soeur, alors qu'elle et ma mère me scrute avec inquiétude.
-Oui, je suis simplement plus fatigué que je ne le pensais, je répond de façon automatique en sentant qu'elle ont besoin d'une explication plus précise quant à mes absences de la journée.
Ma mère me regarde fixement et je sais qu'elle est septique. C'est précisément ce qui me pousse à ajouter à quel point Sonyum m'a fait un bien fou et que ce voyage vers mon moi intérieur n'est probablement pas encore finit.
Elles sourient, rassurées et je fais de même en espérant qu'elles me donnent mon congé, mais même si mon explication semble leur convenir, ma présence reste apparemment indispensable.
Je passe donc mon temps entre la réalité et ce monde interdit dont la simple mention me fait rougir. Je met néanmoins plus d'emphase sur mes intonations et ma participation au seing de l'événement qui marquera à jamais la vie des femmes de la famille.
Le gâteau au chocolat et framboise est délicieux! Voilà le type de phrase mécanique que j'ai lancé tout au cours de la journée. Je veille seulement à ne pas confondre et ne pas parler de gâteaux à la coiffeuse, ou de cheveux à la maquilleuse.
La coiffeuse est enfin choisie, il n'en restait que deux à éliminer et c'est elle qui a gagnée car vraisemblablement, dans notre monde, toute est matière à élimination.
Bref, la coiffeuse est une jeune femme très intelligente et créative sachant très bien arriver à respecter le style conservateur de ma mère et de ses ancêtres, en ayant tout de même réussit avec un ruban de la même couleur que ma robe, à ajouter une touche bien personnelle qui me ressemble véritablement. Une prouesse de professionnel qui m'assure que je ne subirais pas les foudres des femmes de l'assemblée qui sont plutôt strictes.
La maquilleuse c'est une tout autre histoire. Elle est dans une dans une catégorie à part, cherchant à s'attirer les regards et les claquements de langue approbateurs de ma mère.
Bien que je déteste le rendue, ça m'est impossible de lui en vouloir puisque je sais qu'elle doit côtoyer l'élite tout les jours sans, même jamais avoir le moindre espoir d'en faire partie.
Certain ont réussient à s'extirper des bas-fonds sociaux grace à des années de labeurs ancestrales. De vieux parents ayant réussient à monter du stade trois au stade deux, ne côtoyant ainsi que les riches pour offrir leur services à un prix dérisoire vue les moyens de leur employeur.
Ces informations ne devraient d'ailleurs pas faire partie de mes connaissances générales parce-que toute cette partie dite plus politique, est tenu plus secrète pour les femmes.
"la politique, c'est une affaire d'hommes, disent-ils, en se targuant ouvertement d'être une race supérieurement intelligente.
Naturellement, mes incartades avec Ewan m'ont légèrement fait dévier de la voie délimitée par les membres du conseil, m'amènant à me questionner sur tout ce qui nous entouré quotidiennement mais qui pourtant reste tabou.
"Les gens ne savent pas et ne veulent pas savoir, c'est tout, " m'avait expliqué Ewan quand je lui avait fait remarquer le jeux de l'autruche auquel ce livrait l'élite.
J'avais dès lors, cessé de lui en parler, me rendant compte que même auprès de lui, ce sujet était plutôt délicat.
Les femmes de chambres ont tout de même fini par échanger quelques informations avec moi et au fil du temps, j'ai su gagner leur confiance. C'est ainsi que j'ai appris l'existence de la troisième classe, des gens sans éducation, qui vivaient entassés les uns sur les autres et agissant la plupart du temps comme des sauvages, ne luttant pour survivre que pour être à nouveau capable de s'entretient les uns les autres.
Encore étonnant qu'avec ce mode de vie, il reste encore des trois.
Bref, voilà à quoi s'exposent les personnes qui déroge de la ligne de conduite imposée. Pourtant, même en sachant cela, pour Ewan, j'étais prête à prendre le risque, même si au tout départ, je n'avais que partiellement conscience de ce que ça impliquait vraiment.
Puis peu à peu, j'ai compris ce qui en était mais j'étais désormais accroc à lui, étant même prête à me faire bannir dans le cas échéant, pourvue qu'il soit à mes côtés à ce moment là.
Mais si moi, j'étais prête à prendre ce risque au nom de l'amour que je lui portait, je ne m'explique pas au nom de quoi l'inconnu est prêt à tout perdre.
Sa maîtrise parfaite de la peur alors que la salle était pleine et sa façon de démontrer autant de confiance en lui me prouve aisément que ce n'est pas une première, qu'il savait ce qu'il faisait, et que non seulement il savait, mais il était prêt à prendre le risque....
Un constat qui me laisse perplexe et intrigué au plus au point. De là l'envie irrépressible de comprendre pourquoi et de pouvoir lire ce mot manuscrit qui je l'espère, saura m'en dire bien plus.
Ma mère et ma soeur me donnent finalement mon congé de tout préparatifs, mais non pas sans me faire promettre que je serais à leur côté pendant tout le repas familial d'usage. J'ai donc environ une heure pour enlever tout ce maquillage et faire disparaître la coiffure faite pas la coiffeuse pour ne pas l'exposer avant le grand jour à la vue de tous.
Je dépose deux baisers sur leur joues avant de m'enfuir vers l'ascenseur en songeant qu'une heure, c'est bien assez pour ce que je compte vraiment faire.
J'entre et aussitôt, je cible la corbeille, qui est à mon grand soulagement, encore pleine. Tout semble indiquer que les femmes de ménages ne passent que le matin et que donc, je peux enfin donner à ma curiosité tout ce pourquoi elle m'a martelée au courant de la journée.
Je me penche et saisis entre mes doigts, la boule de papier chiffonnée par mes mains.
Je suis fébrile et mon coeur cogne déjà dans ma poitrine alors que je l'ouvre et pose mes yeux avides sur ce qui m'a occupé l'esprit toute la journée.
La déception ne se fait pas attendre. Il n'y a rien d'écrit en lettre si ce n'est que quatre chiffres bien distinct ce succédant et écrit en noir d'une main rapide.
Je n'ai aucun doute quant à la signification de ce chiffre et s'en rapidement la colère monter en moi.
Un numéro, oui, c'est banal à priori, sauf que le numéro est presque identique à celui ce trouvant sur la porte de ma chambre.
C'est à n'en pas douter, le numéro de sa propre chambre et je ne peux m'empêcher de me sentir comme la dernière des imbéciles.
Ce que qu'au départ j'ai bien voulu prendre pour un flirt, émane maintenant je le constate, d'un esprit tordu, qui me pense sans doute une proie facile.
J'ai donc une réputation d'impur, et si cet inconnu en a eu vent, c'est soit que c'est de notoriété public, soit il est assez proche de Ewan pour que ce dernier lui en fasse la confidence.
Dans les deux cas de figure, ça signifie que je pourrais avoir de gros ennuis, de très très gros ennuis.
Je n'étais déjà pas très enthousiaste quant à ce dernier repas entre famille et amis proches mais, là, assurément j'ai une raison de m'y rendre et je dois cette fois, mettre les choses au clair avec Ewan.
Pourtant, une petite voix souffle intérieurement qu'il n'aurait eu aucun avantage à parler de notre relation et si mon instinct dit vrai, je dois trouver d'où provient cette information avant que l'inconnu ne l'utilise à plus mauvais essiant.
Je fait disparaître toute trace de ce maquillage et de la coiffure dans la douche avant de m'habiller pour le repas et je descend aussitôt vers la salle en sachant que je ne suis pas d'avance sur l'heure imposé par ma mère.
Rien qui ne m'aide à passer inaperçu...
J'entre la tête haute et un sourire sur le visage, dans la pièce dont les plafonds sont si hauts qu'ils semblent inaccessibles. Les lustres aux millions de bougies ont tous été allumés pour l'événement. Je reconnais d'emblé plusieurs des amis de mon père et aussi, la plupart des familles des membres du conseil, c'est donc avec grand soulagement et sans surprise que je trouve presque aussitôt le regard de Ewan, assis à quelques tables de la mienne.
Je prend la peine d'afficher une mine conspiratrice et lui fait un léger balancement de tête vers l'extérieur. Ses yeux se tournent aussitôt vers sa brunette de femme alors qu'il s'applique à rire à une blague lancée par un comparse de table.
Après quelques secondes, il me fait un signe annonçant qu'il m'a bien comprise mais que ce n'est pas le moment idéal.
Je hoche la tête et respire à nouveau en sachant que ce tête à tête aura assurément lieu ce soir, enfin, dès qu'il pourra se libérer de ses obligations.
Plusieurs discours à n'en plus finir durant lesquels je retiens bon nombre de bâillements d'ennuis.
Les toast, le repas plusieurs services, j'ai l'impression en plus de celle que je vais exploser, que cette soirée ne finira jamais.
Ewan me lance de petits coups d'oeil nerveux et après une éternité, il se lève, dépose un baiser chaste sur le front de son épouse et passe enfin la porte en direction de la salle où l'on peut commander des boissons plus masculine. Bref, l'endroit où ces messieurs ce réussissent quand il en ont assez de ces dames.
Je sors à mon tour, n'ayant attiré l'attention de personne, puisque dès que je me suis levé, j'ai annoncé de but en blanc à ma mère mon intention d'aller me reposer. Elle a aussitôt acceptée et j'ai pu quitter par la grande porte avant de bifurquer vers le salon masculin, tout en espérant ne pas y être surprise.
L'ambiance est feutré et rétro avec tout ce rouge et ces tentures épaisses qui cachent toute fenêtre.
J'avance, peu sûr de trouver Ewan rapidement. Je fait quelques pas de plus dans la pièce quand ont m'attrape la taille par surprise et qu'on me fait reculer de force derrière un des lourds rideaux décoratif, qui comme je le constate maintenant, peuvent arriver à cacher bien plus que les murs.
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