*Chapitre 5* Fantôme Du Passé
Je me crispe instantanément alors que sa voix résonne encore tout autour de moi. Fuis! Me dicte ma raison, celle qui est généralement de bons conseils. Pourtant, à l'instar de bien d'autre avant moi, je reste cloué sur place, sachant très bien que ce que je désire réellement, est nettement aux antipodes de ce que je devrais faire.
- Quelques mois sans te voir n'y même te parler. ( Je me pivote vers lui, prête à le confronter.) Je pense que tout finit par s'estomper quand ça n'a plus lieu d'être, je répond en plantant mon regard dans le sien. Je pris pour qu'il n'entende pas les battements erratiques de mon coeur.
-Quelques mois? ( Il répète cachant mal sa surprise.) Nelly, ça fait bien plus que ça, une année même.
Il semble presque blessé que mes souvenirs soient à ce point discordant de la réalité. Mais plutôt mourir que d'admettre que je me languis depuis si longtemps que j'ai même été jusqu'à en compter chaque minutes.
Son visage est légèrement tourné vers la lumière que fait refléter la lune tandis que de l'autre côté, l'ombre créé sur sa peau le fait ressembler à un étranger.
C'est ce qu'il est à présent, je réalise avec émotions. Alors que je constate cela et que je sens le poids d'une infinie tristesse sur mes frêles épaules, il fait quelques pas de plus dans ma direction.
Excepté un oiseau dont la silhouette ce découpe sur le clair de lune et ses pas traînants sur le sol, le silence est presque envoûtant.
Il arrive à ma hauteur et pose ses deux mains de part et d'autre de ma taille, m'attirant à lui comme il l'a fait un nombre incalculable de fois auparavant.
- Tu m'as tellement manqué ma Nellyana, il souffle d'une voix douce, alors que son front se dépose sur le mien. Au creux de ses yeux émeraudes, je dicerne avec une vérité déconcertante, qu'il ne ment pas et que malgré ce temps passé loin l'un de l'autre, ses sentiments à mon égard n'ont pas changés.
Je ne devrais pas. Juste y penser fait de moi une personne immoral, mais je ne souhaite qu'une chose, une envie bien plus forte que la raison. Un souhait, qu'il s'empresse d'exaucer alors que ses lèvres se posent sur les miennes dans un geste de tendresse.
Rapidement, ses mains caressent mon dos alors que j'encercle son cou de mes bras. J'approche mon corps du siens, me laissant aller à un désir plus fort que jamais, certainement décuplé par l'abstinence et l'interdit.
Son désir fait écho au mien, alors qu'il m'entraîne dans un recoin plus sombre et plus intime, sur cette même terrasse. Je découvre la porte par laquelle il est venu me rejoindre, presque dissimulée derrière un mur de lierre.
Apparemment, c'est moi qu'il attendait, il m'a sans doute vue me lever et m'a attendu.
Mais dans quel but?
-Pourquoi? Je demande alors que ses lèvres qui me couvrent de baiser, me permettent de prendre une goulée d'air.
-Pourquoi quoi, il répète d'une voix distraite en continuant de créer un chemin de baiser le conduisant jusqu'à mon buste.
Je ne retiens pas le gémissement qui monte dans ma gorge, mais essaie tout de même de garder la tête froide. Une lutte intérieur entre mon corps et ma tête en sommes.
-Pourquoi ce soir? Pourquoi maintenant? Je chuchote en aggrippant sa blonde chevelure que je sens glisser entre mes doigts.
-Parce-que c'est là que je t'ai vue. Parce-que tu étais à couper le souffle et que je n'ai pas été capable de m'empêcher de m'imaginer faire courir mes mains sur ce corps merveilleux, il rétorque, laissant cependant transparaître dans sa voix, un léger agacement.
-Non, je veux dire pourquoi pas avant? Si je t'ai manqué autant que tu ne le dis, pourquoi n'avoir rien tenté avant, je demande en glissant une main sur son torse dans une manoeuvre visant à essayer de tempérer ses ardeurs.
Il soupire bruyamment cette fois, annonçant de ce fait, sa pleine irritation.
-Je n'avais aucun moyen de te contacter tu te souviens? Nous avions pris une décision et je devais m'y tenir coûte que coûte pour la réussite de mon mariage, enfin, tu sais déjà tout ça pourtant!
Aucun moyen de nous contacter?
Plutôt m'écraser en avion que de lui avouer que dès que je le pouvais, je retournais dans cette cabane d'amour, dans le simple espoir qu'il soit faible à son tour et qu'il ne vienne m'y rejoindre.
-Et là , qu'est-ce qui a changé? Je demande soudainement suspicieuse.
Il passe une main dans ses cheveux légèrements bouclés et je sais d'instinct que ce qu'il s'apprête à me dire ne me plaira pas.
-Je ne voulais pas fragiliser mon mariage. Je voulais vraiment nous donner une chance et t'oublier parce-que ça me faisait trop mal de te savoir si près, sans pouvoir être tient, il répond en fuyant mon regard.
Ses mots semblent mûrements réfléchis et je le sens, à des années lumières d'une réponse franche. Je le connais bien, assez du moins, pour savoir qu'il ne me dit pas tout et qu'il tente vainement de taire un détail d'importance.
Il se colle à nouveau sur moi, vraisemblablement prêt à reprendre où je l'ai stoppé. J'échange un dernier baiser torride avec lui, du genre à vous faire oublier jusqu'à votre propre nom. Puis, me détache de son étreinte à contre coeur.
-Ewan, je pense mériter la vérité, je souffle d'une voix douce.
Il émet un grognement de mécontentement avant de me répondre d'une voix froide.
-Le seul moment dont nous disposons depuis un an, et c'est ce que tu choisis d'en faire? Je suis bien obligé d'admettre que tu m'as manqué bien plus que ce que moi j'ai pu te manquer!
Sa colère me peine et m'irrite à la fois. Bien entendu, j'ai rêvé de cet instant pendant longtemps et maintenant qu'il m'est accessible, je cherche la petite bête noire, sauf que, c'est lui qui m'a largué comme si je n'avais jamais compté, et c'est aussi lui qui revient vers moi sans crier gare.
-Tu voulais tant réussir ce mariage et te donner la chance de créer quelques choses de fort et de solide. Ces mots, je les tiens de ta propre bouche! Alors permet moi de me demander ce qui a changé depuis nos adieux? Est-ce que ça signifie que ça ne fonctionne pas comme tu l'espérais et que j'ai une chance de te récupérer? Je le questionne pour essayer de le calmer, après tout, s'il sent que c'est une question de sentiments, peut-être sa colère ce calmera. Si je suis chanceuses, il m'expliquera que sa femme ne rend pas le change et qu'il a besoin de moi...
Où cela nous mènera? Nul part je le crains, mais ça serait tout de même une mince consolation pour mon coeur toujours en deuil de sa personne.
-Nelly merde!
Il fait quelques pas dans la direction opposée, comme s'il partait avant de revenir vers moi, affichant toute la contrariété qu'il ressent dans les traits habituellement si doux de son visage.
-C'était une erreur ok? Je n'aurais pas dû venir te voir, j'aurais dû rester assis bien sagement, mais je n'en ai pas été capable et maintenant...
- Maintenant quoi? Je demande d'un ton narquois, sachant très bien qu'il s'apprête à me laisser en plan une seconde fois.
-Maintenant, c'est fini, plus de câlins, plus de baisers échangés à la va-vite sur une terrasse. Nelly, je vais être père...
Le souffle me manque. Pareil que si on m'avais frappé en pleine poitrine, d'un coup puissant. De ma main droite, cherche la rambarde à tâton. Mes jambes flageoles légèrement.
Papa? Il va être papa? Ça signifie tellement de choses à la fois. Tellement de choses dont j'avais conscience qu'elles étaient inéluctables, mais qu'il m'était bien plus facile d'ignorer pour prétendre qu'elles n'étaient pas sur le point d'arriver.
Ils avaient couchés ensemble...
Ils s'aimaient...
Ils avaient atteint la prochaine étape de leur vie merveilleuse...
Il ne me reviendrait jamais...
-Je sais que c'est soudain, j'en suis même le premier surpris puisque nous ne sommes pas aussi proche que toi et moi l'étions, mais c'est ainsi, je vais être père et quand je t'ai vue, j'ai eu besoin d'avoir l'impression de redevenir ce jeune homme insoucient qui flirtait aisément dans les bras d'une femme qui lui était interdite.
Pas aussi proche? Qu'entend-il par là? Et pourquoi me donner cette information si personnelle qui au final, ne change rien puisqu'elle est déjà enceinte?
J'ocille entre la colère et l'anéantissement. J'ai pourtant une impression que je n'arrive pas à faire taire et qui souffle à mon oreille qu'il souhaite me garder amoureuse de lui. Si c'est le cas, c'est bien bas et bien égoïste de sa part considèrant qu'à son opposé, je ne me suis vautré ni dans le lit ni dans les bras de qui que ce soit depuis son départ.
-Ta porte de sortie, Je laisse platement tomber.
-Ma quoi? Il demande même si je suis certaine qu'il a déjà compris le chemin sur lequel je l'emmène.
-Ta porte de sortie au cas où ton existence te paraisse morne. Voilà ce que je suis désormais! Tu ne veux pas faire de moi une maîtresse car tu ne souhaites pas être corrompus, mais tu ne peux t'empêcher de sèmer des graines d'espoirs derrière toi, au cas où tu déciderais de flancher et de prendre pour un cour laps de temps ce qui te comble, en l'occurrence moi.
- Nelly, c'est plus compliqué que ça... Tu comprendras quand tu seras marié à ton tour à une personne que tu n'as pas choisis, il explique tristement.
- Je te connaissais pleins de qualités, mais je découvre à quel point tu es lâche. À quel point tu as tellement peur d'admettre que tu aurais dû t'enfuir avec moi que tu trouves plus aisé d'entretenir mon espoir pour me prendre quand toi tu le désires. Ainsi, tu auras toujours la possibilitée de prétendre avoir succombé pour ma robe ou ma coiffure avant de revenir à ton existence idyllique, sans tenir compte du fait que je resterais derrière, pleurant toute les larmes de mon corps, je répond d'une voix affligée.
C'est comme s'il me brisait le coeur une seconde fois, et pas parce-qu'il va être père, c'était prévisible, mais bien parce-qu'il tient bien plus à ses envie et au quand dira-t-on, qu'à mes sentiments, ce qui est, par définition, l'antonyme de l'amour.
- Je t'aime, sincèrement, le problème n'a jamais été là et tu le sais très bien. Nous ne pouvons pas être ensemble, nous serions répudié, bannis et nous perderions tout ce pour quoi nous avons tant travaillé sans compter l'humiliation fait à nos famille, se justifie-t-il à grand renfort d'excuses apprisent par coeur.
J'ai envie de lui répondre et puis? Je serais là moi, n'est-ce pas assez? Je ne te suffit donc pas?
Je tais pourtant ces mots puisqu'il est évident que la réponse est non. S'il l'avait souhaité, nous serions déjà loin à l'heure qu'il est. L'enjeu est plutôt, qu'il n'a jamais vraiment cru que ça en valait la peine.
-Tu as plus que raison. De nous deux, tu as toujours été le plus sage, je rétorque d'un ton plus calme et parfaitement en contrôle.
-Nellyanna?
-Bonne chance dans cette vie, j'ajoute en posant une bise empreinte de tendresse sur la commissure de ses lèvres béatements ouvertes, avant de passer devant lui et de quitter la terrasse refreinant de l'intérieur, mes larmes qui ne demandes qu'à déferler.
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