Chapitre 6
En arrivant au collège ce matin, on ne pouvait pas dire que je passais inaperçu... Bien que je ne sois pas une extraterrestre, on me regarde comme tel. Au début, je trouvais ça drôle. Mais maintenant, c'est plus malaisant qu'autre chose, surtout que les gens ne se gênent même pas pour me dévisager de travers... Mais bon, c'est pas étonnant. J'aurais été pareille à leur place. Je veux dire, hier soir je suis passée aux infos pour disparition mais le lendemain, je reviens en cours comme si de rien n'était.
En plus, je ne vous raconte pas la gêne que j'ai eu ce matin. Suite au rendez-vous avec le commissariat ce matin, je suis venue en cours exceptionnellement à 10h et j'ai donc raté les premiers cours. Bref, normalement, à 10h, c'est la récré, je m'attendais donc à voir des gens dans la cour mais rien, personne...Confuse, je continua ma route dans le collège et traversa le couloir désert, me demandant ce qui pouvait clocher. Il y avait peut-être une conférence ou quoi ce matin. N'ayant que cette hypothèse comme piste, je m'avance vers le hall qui est souvent le lieu où il y a des conférences.
Puis, en entrant dans le hall, telle est ma surprise de constater que le collège entier est là, suivi du proviseur tenant un micro entre les mains ainsi que quelques surveillants et autres adultes du collège. Étonnamment, personne ne parlait lorsque je suis arrivée. Certains élèves se tournent vers moi suite au bruit que j'ai fait en entrant dans la pièce. Je vois dans leur regard qu'ils sont choqués pour ne pas dire complètement estomaqués de me voir Bein que je ne les connais pas. Je lève la tête et telle fut ma surprise de voir une photo de ma tête affichée en gros plan sur un mur grâce au projecteur. Peu à peu, c'est tout le monde, adultes y compris, qui me regardent, tous confus. Je comprends alors tout, ils étaient entrain de faire une minute de silence suite a ma soi-disant disparition qu'ils ont vu aux infos hier soir.
Le silence se prolonge, tout le collège me regarde comme si j'étais revenue parmi les morts. Je regarde le proviseur qui balaye son regard de moi à la photo de ma tête qui est projetée sur le mur avant de dire au micro d'une voix assez confuse et peu confiante :
— Heu...Il semblerait qu'on soit face à une situation des plus inattendues...
Un nouveau silence se prolonge, encore plus malaisant que le précédent avant que le proviseur pose son micro sur une table non loin et s'approche de moi en disant :
— Bon...Viens avec moi, il faut qu'on parle.
Avant de le suivre, je croise le regard de Léa, Clémence, Clotilde et Clarisse qui me regarde, bouche bée. Je tente de leur faire un petit sourire rassurant comme pour leur dire que tout va bien mais leur regard ne cesse de m'observer avec un air confus. Je pense que je vais devoir beaucoup d'explications à beaucoup de gens.
Enfin seuls dans le bureau avec le proviseur lui-même, je suis un peu anxieuse et décide de me fier au mot qu'ont écrit mes parents dans mon carnet. Je sors donc mon carnet du sac et le rend au proviseur qui le prend et commence à lire silencieusement le long mot que s'est efforcé d'écrire ma mère.
Pendant que le proviseur lit le mot, je regarde le bout de mes chaussures bêtement, ne sachant pas quoi faire. Je déteste ces moments-là où je dois attendre le verdict d'un adulte. Je décide donc de regarder un peu autour de moi. La deco de la pièce est jolie, mais un peu vieillote. On se croirait dans le salon de mes grands-parents. D'un côté, ce n'est pas étonnant, le proviseur est assez vieux lui-même. Il ne devrait pas tarder à prendre sa retraite d'ailleurs. Ca va me manquer lorsqu'il va partir, il était gentil avec les élèves. D'ailleurs, il est prof de maths et dirige en même temps le club échec du collège, il est vraiment investi avec les élèves. Bien sûr, ce n'est pas pour autant qu'on peu se permettre de lui marcher dessus. Selon moi, il n'est pas strict ou sévère comme certain élèves prétendent, il fait juste son travail de proviseur en se faisant un minimum respecté dans l'établissement. Après un temps, j'entends le proviseur soupirer et me tourne vers lui pour croiser son regard alors qu'il hausse les épaules en disant :
- Voilà une histoire des plus...surprenantes...
J'hoche la tête en disant :
- Oui, je suis désolée que mes parents et moi ne nous vont pas prévenu plus tôt ce matin mais comme la situation est assez bizarre, mes parents ont décidé que je vous me voyez en chair et en os afin que...Vous croyez à cette histoire...
Le proviseur sourit et dit :
- Ce n'est pas bête d'y avoir penser. Bref, je ne sais pas si c'est une bonne idée de te faire réintégrer les cours aujourd'hui, tes camarades risques probablement de te poser pas mal de question.
J'hausse légérement les épaules en faisant une petite grimace, c'est vrai que l'ambiance dans ma classe risqe d'être bizarre...Le prof hoche la tête d'un air compatissant en disant comme s'il avait lu dans mes pensées :
- Ouais, je suis d'accord, ce n'est pas le meilleur pour toi. Bon, c'est bien parce que la situation est assez particulière ! Profite de cette journée pour en parler et mettre tout au clair avec tes proches dont tes camarades de classe. mais ne t'en fais pas, je mettrait un message du Notepro et par mail aux parents d'élèves pour leur expliquer la situation. D'ici demain, la situation se sera déjà un peu calmé, je pense.
Je souris et le remercie bien avant de quitter son bureau pour retourner chez moi. Je devrais me sentir heureuse d'avoir une journée de libre mais il n'en ai rien...Cette histoire de rumeurs commence sérieusement à me faire peur. Cette personne derrière tout ça semble vraiment puissante et futée. Mais plusieurs choses que je ne sais pas me font peur d'elle ; son but, le pourquoi elle fait tout ça et pourquoi maintenant seulement, et enfin qui est-elle... Toutes ces questions sans réponses m'oppressent... Je commence à me demander même si cet individu ne...m'espionnerait pas ...?
Mal à l'aise, je m'arrête dans la rue dans laquelle je marche et regarde autour de moi mais rien...Non, je deviens parano, cette histoire va me rendre parano...Je respire un grand coupo avant de reprendre mon chemin en me disant que tout va bien et que c'est juste moi qui pense trop. En marchant en direction de chez moi et en essayant de me changer un peu les idées, je repense à la tombe de l'inconnu au cimetière. C'est vrai que je n'y suis pas retournée ce week-end, et puisque que je n'ai pas grand chose à faire aujourd'hui, encore passer y faire un tour.
Je fais donc un détour au cimetière et remarque une nouvelle fois que les fleurs que j'avais posées sur la tombe ont une nouvelle fois disparues. Je fronce les sourcils, à ce que je me rappelle, la dernière fois, j'avais mis une grosse pierre dessus pour les retenir. Une seule hypothèse subsiste, ce n'est donc pas le vent qui enlève les fleurs mais bien quelqu'un. Mais qui ? Le prêtre de l'église ? Une soeur ? Peut-être, mais je ne sais pas si leur métiers consistent réellement à faire le ménage dans le cimetière et puis, ça leur apporterait rien d'enlever ces foutues fleurs ? Hm...Ou est-ce que ce serait un proche du défunt ? Mais dans quel but ferait ça ? peut-être qu'il trouverait impoli de ma part de mettre des fleurs sur un défunt que je ne connais pas. M'enfin, il n'y a rien de méchant dans mon geste, bien au contraire. Je veux dire, si je voyais un inconnu poser des fleurs sur le tombe de mon père, j'aurais plutôt été curieuse et aurait chercher à parler avec cette personne plutôt que d'enlever les fleurs qu'elle a mis sans rien lui dire. Je reste un temps pensive, assise en tailleur devant la pierre tombale. Après, peut-être que le proche de ce défunt trouve tout de même mon geste impoli, je ne sais pas. Ou du moins, je ne vois que ça comme explication.
Je décide de laisser ce questionnement de côté et me penche ensuite sur la question suivante : Dois-je continuer de mettre des fleurs ? Je réfléchis longuement avant d'hausser les épaules en me disant :"puisque le proche du défunt enlève toujours mes fleurs et refuse de venir me parler, autant le provoquer pour qu'il réponde à mes questions !"Je soupire et pars donc cueillir de nouvelles fleurs plus loin. Soudain, j'entends une voix masculine dans mon dos demander :
— Pourquoi n'étais-tu pas là, hier ?
Je sursaute et me retourne pour voir un jeune garçon d'environ mon âge, habillé comme un petit lutin vert. Il se tient debout dos à moi mais nous sommes seuls dans ce cimetière. Il dit d'un air grognon sans se retourner, les bras croisés :
— Je t'ai attendu toute le week-end, tu sais.
Je crois rêver, qu'est-ce qu'il raconte ? Est-ce une mauvaise farce ?...Je fronce les sourcils et m'écarte de lui, méfiante, avant de demander :
— Qu... Qui es-tu...?
Le garçon rit doucement et dit, toujours dos à moi :
— Peu importe ! Sache que je suis très déçu que tu ne sois pas venu me voir pendant ces derniers jours, tu aurais pu au moins me prévenir.
Je vois le lutin s'asseoir en tailleur au sol sans rien rajouter. Je garde un air méfiant, quelque chose me dit que ce garçon n'est pas normal, quelque chose cloche en lui. je le détaille des pieds à la tête et remarque qu'il a des oreilles d'elfes. J'écarquille les yeux et fais encore un pas en arrière, ce...Non, calme-toi, Elise, ce sont des fausses voyons, ce sont des fausses...J'espère du moins... Je laisse de côté le physique du garçon et demande d'une voix hésitante :
— On se connaît...?
Le garçon secoue doucement la tête et dit :
— Non, mais c'est un plaisir de te voir prendre soin de ma tombe !
Il dit cela d'un ton enthousiaste. Je fixe son dos d'un air pensif... Serait-ce... ? Non, c'est ridicule ! je...J'ai du mal à comprendre...Enfin, c'est suréaliste....Non, non, non ! Reprends-toi Elise, c'est juste un sale gosse qui te joue des tours ! Je lui demande, toujours aussi prudente et méfiante à son égard :
— Dis-moi la vérité...qui es-tu et pourquoi tu es venu me parler ?
La garçon soupire avant de dire :
— Pff... Qu'est-ce que tu es mal élevée, ne même pas s'excuser de m'avoir mis un lapin hier ! Sale garce ! Pourquoi tu n'es pas venue ici hier, hein ?!
Je fronce les sourcils. Décidément, il ne compte pas lâcher avec ces histoires bizarres, mais pour en savoir davantage, je décide d'aller en son sens et réponds :
— J'avais des devoirs à faire.
Je sentais que le lutin était énervé car il gardait ses bras croisé, dos à moi et soupirait bruyamment. Je décida de faire un effort supplémentaire pour aller dans son sens et dit :
— Désolée, je passerai te voir tous les jours si tu veux.
— C'est vrai ?!
Le garçon semblait enthousiaste dans sa voix. Confuse de sa soudaine bonne humeur, je réponds d'une voix mitigée :
— Heu...Oui, si tu veux...
Le lutin gesticula un peu sur place, toujours en me tournant le dos, il semblait se réjouir de cette nouvelle. Je lui demande, essayant d'en savoir un peu plus sur cet individu plus que louche :
— Pourquoi tiens-tu autant à ce que je vienne ici chaque jour ?
Le lutin est toujours parterre en tailleurs, me tournant le dos, et répond en haussant les épaules :
- Et toi alors, pourquoi déposes-tu des fleurs sur ma tombe alors qu'on ne se connait même pas ?
Je fronce les sourcils, il évite ma question et prétend toujours que la tombe du défunt inconnu est sa tombe. Je croise les bras et dit d'un air froid :
- Tu ne devrais pas te faire passer pour quelqu'un qui est décédé. Ait un peu de respect pour les morts, je te prie.
Le garçon aux cheveux blonds et aux habits verts reste longuement silencieux avant de dire d'une voix plus sérieuse, presque méprisante à mon égard :
- Pff...je savais que tu étais comme les autres, odieuse.
Soudain, j'entendis comme plusieurs rires dans ma tête qui semblaient se répéter en boucle sans jamais s'arrêter. Confuse et paniquée, je me tiens la tête entre mes deux mains et regarde le sol...Après de longues secondes qui m'ont paru interminables, les voix se dissipent peu à peu et je reprends assez rapidement mes esprits. Lorsque je retourne mon regard là où se trouvait le lutin étrange, je remarque qu'il n'est plus là. Confuse, je regarde autour de moi mais rien, je suis de nouveau seule dans ce cimetière.
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