Chapitre 2
Le lendemain matin, à peine je fais un pas dans le collège que Léa ainsi que d'autres filles que je connais plus ou moins s'approchent de moi en gloussant. Si le mot "potin" devait être décrite en une image, ce serait celle-ci sans aucun doute. Léa commence son cirque en s'exclamant :
— Élise ! On a du nouveau pour toi ! Seb est peut-être en crush sur toi !
J'hausse un sourcil sans réaction particulière. Encore hier, ce crétin était incapable de se souvenir de mon prénom et maintenant je suis la femme de sa vie. Voyant mon air peu convaincu, une amie de Léa que je connais seulement de vu dit :
— Mais c'est vrai ! T'aurais vu ce matin comment il était jaloux quand on lui a dit qu'un mec t'avais offert des fleurs hier et que t'avais eut un date hier soir !
J'hausse mon deuxième sourcil. Je pourrais très bien les arrêter dans leur délires mais je préfère les laisser faire. Non pas que je me fiche de ce que pense les gens autour de moi, bien au contraire ! Mais c'est surtout pour la raison que j'ai appris avec le temps que des rumeurs, une fois lancées, c'est presque impossible de les arrêter. Une autre fille renchérit :
— T'aurais dû le voir, je ne l'ai jamais vu aussi vénère ! Je te jure !
C'est vrai que si c'est la figurante de ma vie n°146829 qui le dit, c'est que ça doit être vrai. Je souris en coin à cette pensée. Grosse erreur de ma part au passage puisque qu'en voyant mon sourire, l'une des filles glousse et dit :
— Ouuuh~ Élise est amoureuse !!!~
Super. Bravo à moi-même d'avoir débloqué la rumeur "je suis amoureuse d'un mec qui ne sait même pas comment je m'appelle". Les filles gloussent entre elles, continuant de s'inventer des films romantiques entre moi et Seb pendant que je continue de les fixer sans rien dire. Je ne sais pas si un jour elles se rendront compte de mon silence qui signifie chez moi "vous partez trop loin". Elles me taquinent de temps à autre sur Seb, attendant une réaction de ma part mais je ne bouge pas. Desespérée, elles inventent mes réactions en disant "Houu~ Louise rougit~" alors que je demeure plus pâle qu'un fantôme. Parfois, j'en ai vraiment marre de cette société d'idiots. Enfin, la sonnerie du collège résonnant à mes oreilles comme le bruit de la délivrance se fait entendre. Enfin ! J'ai bien cru mourir sur place !
Pendant le cour, je remarque que Seb et son groupe de potes ne font que de se retourner vers moi, me lançant des sourires et des regards de sous-entendus. Je soupire silencieusement et tourne mon regard vers la fenêtre d'un air désinteressé. Et voilà que les garçons ont tous gobés les rumeurs des filles. Pff...Les hommes, je vous jure. Mais bon, ça me dérange un peu. Autant je peux supporter le regard des filles sans problème, autant celui des hommes me rend un peu nerveuse. Mes pensées sont peut-être un peu étranges mais bon, que voulez-vous, je suis une petite nature qui a peur des males ! Si les hommes étaient plus doux, moins francs et avait une carrure moins intimidante, j'irai certainement mieux.
Je fais la moue à cette pensée. A m'entendre, on pourrait croire que je suis lesbienne. Pitié, je ne suis pas contre les homos mais l'affection masculine me manquerait trop dans la vie ! Et puis, ce serait un peu triste les...moments dans le lit...Enfin je veux dire, le moment où...Hum hum...Bon après, vous allez me dire qu'il existe des jouets pour remplacer cela mais, c'est pas pareil et ce n'est pas trop mon style... Je me surprends à cette pensée et rougis en écarquillant légérement les yeux. Faudrait vraiment que je calme mes pensées, parfois ! Comment je peux penser à de telles choses en plus ?! C'est donc ça qu'on appelle "grandir", c'est d'avoir ce genre de pensées ?! Bordel, si c'est déjà ça au collège alors je n'imagine même pas qu'est-ce que ce sera plus tard ou quand je serais en couple ! Ho non, s'il vous plait ! Je ne veux pas passer pour la fille perverse en plus d'être binoclarde et d'avoir un appareil dentaire !
— Un problème, Élise ?
Je sursaute en entendant le prof m'appeler et bafouille :
— Heu...non, tout va bien...
Bien sûr, il a fallu qu'un mec de ma classe ramène sa fraise en disant :
— Elle pensait à Seb ! Haha !!!
Et allez ! La nouvelle rumeur "je pense à Seb pendant les cours" est débloquée ! Chouette.
Les heures passèrent et, à la fin de la journée, je m'échappe du collège en courant. Cette journée a été plus que longue et insoutenable ! Les rumeurs sur moi se sont multipliées, Seb pense que je l'aime et m'a même foutu la honte devant tout le monde en disant que mes "sentiments" n'étaient pas réciproques. La classe a rit et certains sont venus me "consoler". J'ai tenté de m'expliquer, de leur dire que je m'en fichais, que je n'avais jamais été amoureuse de Seb, mais ça n'a fait qu'empirer les choses ! Maintenant, tout le monde dit que je me mens à moi-même et que je n'assume pas mon amour pour ce crétin de Seb !
Marre de les entendre parler de moi à ma place, j'ai fini par croiser les bras, furieuse et je leur ai fait la gueule. Certains mecs se moquaient en disant que je boudais. Mais je crois que ce qui m'a le plus énervé, c'était de voir que Léa était dans leur camp tout du long, pensant que c'était drôle de faire rire la galerie en me faisant passer pour un clown. Enfin bon, c'est du passé maintenant ! Heureusement que la journée était remplie de cour par-ci par-là, ça me faisait des pauses. Tout ce que je souhaite à présent, c'est de ne pas être demain !
En marchant seule dans la rue en direction de chez moi d'un pas las avec visage démoralisé, j'aperçois la maison au loin. Je m'arrête. Je n'ai pas envie de faire face à mes parents avec cette mine triste sur mon visage. Ils vont me poser des questions, je ne veux pas y répondre. Mais si je n'y réponds pas, ça va faire pareil qu'avec les gens de ma classe, ils vont tirer des conclusions trop hâtives et de nouvelles rumeurs apparaîtront. Pourquoi les gens sont-ils tous comme ça ? La vie est chiante, parfois.
Je réfléchis à ce que je pourrais faire, et si je retournais au cimetière voir papi ? Lui au moins, il disait toujours "je ne crois que ce que je vois". C'était le seul dans tous mes proches qui se fichaient des rumeurs, qu'elles soit positive ou négatives sur la personne. Je l'admirais pour ça. Il ne jugeait personne et préférait t'écouter toi plutôt que ce que les autres disaient sur toi. C'était vraiment une personne admirable pour moi. Et ça l'est toujours d'ailleurs.
Je marche donc vers le cimetière, en entrant dans ce dernier, je me sens... bizarre. Comme si je n'étais pas seule ici. Je regarde autour de moi mais vois que je suis seule. J'hausse les épaules, peut-être est-ce juste moi qui délire. Je m'approche de la tombe de papi, pose mon sac à mes pieds et prie un temps, les yeux fermés et les mains jointes.
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Après ma prière, je tourne mon regard vers la tombe sale de l'inconnu au loin et remarque que la marguerite que j'ai laissée hier n'est plus, elle a dû probablement être emportée par le vent. Je m'approche de la tombe, cueille une marguerite non loin de celle-ci et la pose sur la tombe de nouveau. Je réfléchis à un moyen de faire tenir la marguerite sur la tombe cette fois-ci. Je regarde l'environnement autour de moi et remarque une petite pierre avant de sourire. Je prends la pierre et la pose doucement sur la tige de la marguerite, afin qu'elle reste cette fois-ci sur la tombe. C'est un peu bancale mais ça fera l'affaire. J'espère que le défunt ne le prendra pas mal qu'une pierre soit posée sur sa tombe mais c'est pour la bonne cause.
Je reste un moment ici, à regarder la tombe, songeuse, avant de reprendre mon sac et partir, toujours avec cette impression de ne pas être seule.
En rentrant chez moi le soir, j'étais plus apaisée. Ça m'a fait du bien d'aller au cimetière. Ouais, je sais, c'est un peu glauque dit comme ça. Les gens trouve le moyen de se vider la tête en allant dans des coins sympa, en traînant avec ses amis, en allant au parc ou faire du shopping. Moi non, il a fallu que ce soit le cimetière que je prenne comme lieu d'apaisement. Encore un peu et j'aurais de quoi faire flipper mon entourage. C'est d'ailleurs pour cette raison que, souvent, je vais au cimetière en cachette, sinon, mes parents comme mes amis me scotcheraient sur le front la nouvelle rumeur de "fille glauque". Génial.
Finalement, plus je grandis, plus je me rends compte que les rumeurs sont enfaite la transformation des particularités de chacun en une moquerie exagérée qui cherche à nous faire passer pour bizarre. C'est étrange, nous devrions être fiers de nos habitudes peu communes ou de nos préférences discutables, car c'est ce qui nous rend différents. Mais bon, la société d'aujourd'hui veut qu'on soit tous pareils.
Le lendemain matin, j'ai la boule au ventre lorsque j'entends mon réveil sonner. Je n'ai pas envie d'aller au collège.
Malgré mes plaintes, je savais que je n'avais pas le choix et me prépara avant de me mettre en route pour les cours. En m'approchant du portail du collège, j'écarquille les yeux quand je vis Léa, Seb et d'autres gens de ma classe ainsi que plusieurs personnes que je ne connaissais pas semblant m'attendre de pied ferme devant le collège. Je dégluti et me cache rapidement derrière une voiture garée juste à côté de moi. Bon, il faut que je réfléchisse à un plan, je n'ai pas envie qu'on vienne me chercher des problèmes dès le matin à 8h. Je relève un peu la tête au dessus du capot de voiture pour regarder discrètement autour de moi. C'est le seul portail par lequel je peux entrer, si je tente d'escalader les barrières plus loin, un surveillant me verra et je serais à leurs yeux une racaille qui cherche à mettre une bombe dans l'établissement !
Hum...Je sais ! Je pourrais tenter de mettre ma capuche pour ne pas que Léa et les autres me reconnaissent !...Mouais, nan, trop cramé. En plus, il ne pleut pas aujourd'hui et les surveillants me demanderont à coup sûr d'enlever ma capuche. Ou alors, j'attends tranquillement jusqu'à 8h pour que la sonnerie retentisse et que la bande soit obligé d'aller en cour. Mais le risque est que j'arrive en retard en cour... Je continue de réfléchir, une main sur le menton tel un détective. Ha ! J'ai trouvé ! Il y a un petit trou dans le mur de l'autre côté du collège caché dans des buissons, je pourrais tenter de m'y faufiler à la James Bond !
Tentons le tout pour le coup ! Je met ma capuche et passe devant le portail du collège d'un pas pressé. Heureusement, Léa et les autres ne semblent pas avoir fait attention à moi. Je fait le tour du collège et arrive enfin face au petit trou. Wow, il est plus petit que dans mes souvenirs...Mais ça va le faire ! Il suffit d'inspirer un grand coup et hop !
Je regarde s'il n'y a personne dans la rue dans laquelle je suis avant de m'accroupir et plonge la tête la première dans le trou. Je rampe au sol en m'aidant de mes mains en crispant mon visage de douleur suite à mes coudes éraflés contre le béton. Arg...Ce qu'on ferait pas quand on est insociable. Petit à petit, je me hisse de l'autre côté du mur avant de tirer mon sac vers moi et sortir des buissons comme si de rien n'était, fière de ma petite escapade malgré mes coudes qui ont pris un peu cher. Je jette un regard à mes vêtements un peu poussiéreux et que je tapote avant de remettre mes cheveux en ordre. Et voilà ! Ni vu, ni connu ! Mais bon, je ne prendrais pas ce passage tout les jours.
La sonnerie retentit alors et je me dépêche de rejoindre ma salle de classe. Malheureusement, à peine je fais un pas dans la classe que Léa me saute dessus en criant :
— C'est vrai que tu t'es faite enlevée par des aliens étant petite ?!
Wait what ?
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