trois

Vingt millions de dollars ?! s'écrie Felicia.

La jeune femme pli en deux le périodique du Daily Bugle pour n'avoir que l'article qui l'intéresse sous ses yeux. Tout en lisant à haute voix, elle marche dangereusement sur la pointe des pieds sur le rebord d'un toit de Manhattan. Sa perruque blonde platine se balance au même rythme de ses gestes agiles. Pas un pas chancelant tandis que ses yeux sont rivés sur le papier et non sur son chemin.

Une oeuvre d'art provenant d'Europe a été retrouvée par un particulier. Estimée à plus de vingt millions de dollars, La Maria prendra place au MET à Manhattan dès la semaine prochaine, récite-elle.

Felicia tourne gracieusement puis se met en appuie renversé sur le muret séparant le toit du vide, tenant entre ses talons le journal. En veillant à ne pas glisser en arrière, elle ramène ses jambes en face de son visage et inspecte la photographie du tableau.

Ouais, elle est plutôt pas mal.

D'un léger bond, elle retombe sur ses pied, à nouveau en sécurité sur le toit. En plein vol, elle récupère entre ses mains le papier qu'elle déchire sèchement pour ne garder que l'article qu'elle vient de lire

Vingt millions quand même...

Elle s'assied contre le muret en posant le journal à côté d'elle. Sa tête se pose en arrière contre le béton, alors qu'elle réfléchit à ce qu'elle pourrait bien faire de tout cet argent. Aider mon père et tout le quartier ? songe-t-elle. Ils n'auront plus aucun soucis à se faire... Avec cette somme d'argent, ils pourraient même partir dans un autre pays où le coût de vie est bien moins cher et où elle ne sera pas recherchée par la police dès qu'elle mettrait son nez dehors.

Tandis qu'elle réfléchit pendant de longues minutes dans un profond silence, une alarme la fait sortir de ses pensées. Elle se relève d'un bond et se penche sur le rebord du toit. Une ample silhouette sort hâtivement d'un magasin en criant des paroles qu'elle n'arrive pas à distinguer à cette hauteur. Comme par hasard, il s'agit de la joaillerie qui a refusé de payer Felicia la veille. Quelques mètres plus loin, une seconde forme s'enfuit en courant, bousculant la foule sur son passage. Felicia s'accoude contre le muret et contemple ce spectacle hilarant. Une telle course poursuite ne peut pas se manquer, en particulier lorsque le joaillier qui a refusé son offre est au plein coeur du conflit. Ce braquage lui fait presque plaisir, le vendeur ne mérite que cela, songe-t-elle avant qu'elle prenne conscience que c'est son rôle à elle de voler cette bijouterie afin de se venger.

Aussitôt, l'anti-héroïne saute par-dessus le rebord et fait sortir ses griffes de son costume noir. Elle enfonce les petites lames dans la façade de l'immeuble pour retenir sa chute. Les chats retombent toujours sur leurs pattes, mais il lui est déjà arrivé de se fouler la cheville en n'étant pas prudente. Elle glisse de plus en plus lentement, lui laissant le temps de sauter lorsqu'elle arrive à quelques mètres du sol. Avant de partir en furie vers le cambrioleur - qui vole en pleine journée, ce qui déçoit encore plus Felicia -, elle prend le temps de faire un clin d'œil au joaillier pour le provoquer. Elle n'est pas sûre qu'il l'ait reconnue, mais ça lui importe peu, il comprendra quand elle ne lui rendra aucun de ses bijoux.

Black Cat fonce vers le cambrioleur qui a prit de l'avance. Afin d'apercevoir précisément où il se trouve parmi la foule de passants, elle saute sur le capot d'une voiture garée puis sur son toit, et avance ainsi de véhicules en véhicules. Lorsqu'il tourne vers une ruelle, croyant qu'il pourrait lui échapper, la jeune femme saute sur le trottoir en atterrissant avec une roulade avant. Les passants s'écartent aussitôt, poussant des cris pour certains en reconnaissant la criminelle. Si ce n'était pas dans une telle situation, Felicia leur aurait hurler de s'éloigner pour ne pas gêner son passage. Cependant, les yeux rivés sur sa proie qui s'éloigne, elle les pousse violemment sur le côté afin de passer sans perdre la moindre seconde.

Au fond de la ruelle, le cambrioleur court vers un grillage qui sépare la rue d'une propriété privée. Felicia aurait dit qu'il a une petite vingtaine d'années, malgré sa capuche noire qui cache la moitié de son visage. Un homme de plus de trente ans ne pourrait pas avoir d'aussi bonnes conditions physiques selon elle, à moins que ce soit un professionnel, ce qui ne semble pas être le cas. Il saute sur le grillage et se tire vers le haut en poussant sur ses jambes. Ayant un peu de mal à atteindre le haut, bien qu'il soit rapide, la jeune femme a le temps d'arriver jusqu'à lui.

Braquer une boutique en pleine journée, c'est pas malin ça, intervient-elle en mettant ses mains sur ses hanches.

Arrivé enfin tout en haut du grillage, le jeune homme s'arrête brusquement. Au lieu de sauter pas de l'autre côté pour s'enfuir, il regarde par-dessus son épaule l'anti-héroïne, ne semblant pas la connaître. Regarde-t-il au moins les informations ? se demande la jeune femme, alors qu'elle est la cible des attaques quotidiennes de Jonah Jameson au Daily Bugle.

Putain, t'es qui toi ?

Elle sourit malicieusement juste avant de le tirer violemment au sol en enfonçant ses griffes dans son jogging. Celui-ci pousse un hurlement de douleur alors que les coupures à ses jambes font juste couler quelques gouttes de sang, bien qu'elle les a introduit assez profondément dans ses cuisses pour le faire redescendre.

En une fraction de secondes, il se retrouve dominé par Black Cat qui l'immobilise au sol en se plaçant au-dessus lui.

Cette bijouterie était la mienne ! lui cri-t-elle en insistant sur le dernier mot.

Felicia enfonce son talon dans le poignet du jeune homme tandis qu'il tient toujours le petit sac de bijoux volés. Le cambrioleur hurle de douleur et se débat pour tenter de se libérer, puis finit par lâcher son butin sur le goudron. Elle tend alors son bras pour le récupérer, mais il ne lui suffit qu'une seule seconde d'inattention pour qu'elle se fasse frapper au visage. Il la pousse ensuite en arrière et profite de ne plus être bloqué pour se relever, bien qu'il a du mal à tenir sur ses jambes à cause des coupures assez profondes. Il grimace de douleur, les jambes tremblantes lorsqu'il recule légèrement vers le grillage.

Alerté par les hurlements, une femme sort du bâtiment mitoyen dont la porte donne sur la ruelle où ils se trouvent. Le jeune voleur en profite pour la tirer violemment vers lui, pensant qu'elle pourrait lui servir de bouclier contre son agresseur comme on le voit dans les films d'actions. Avec les nouveaux cris de surprise de l'innocente, Felicia fronce les sourcils et s'apprête à se jeter sur lui. Cependant, elle reste fixée au sol lorsqu'il sort une arme à feu et la pointe sur la tempe de la femme.

Tu veux faire la maline, c'est ça ? fait-il à l'anti-héroïne. Jouons alors ! Rends moi le sac !

Le sac, abandonné sur le bitume du côté de la blonde, est légèrement ouvert, ce qui laisse dépasser quelques bijoux dont les pierres brillent avec les rayons du soleil. Felicia le ramène vers elle avec son pied, gardant ses mains levées par sécurité et son regard sur eux. Le cambrioleur tremble et colle de plus en plus l'arme à feu sur la femme, celle-ci essayant de s'éloigner le plus possible sa tête. Des larmes coulent sur son visage, elle ferme les yeux puis les rouvre pour supplier Felicia.

Le jeune homme garde les yeux rivés sur le sac de bijoux. Au moment où il tend son autre main pour le récupérer, Black Cat passe à l'action. Elle fonce vers lui et lui donne un rapide et agile coup de pied dans ses jambes afin qu'il lâche l'innocente. Son équilibre affaibli par ses cuisses qui garderont toujours la marque des griffes de Black Cat, il tombe violemment au sol, la tête la première. Il lâche son arme à feu ainsi que la femme qui court vers la porte par laquelle elle est arrivée, cachant son visage rempli de larmes entre ses mains tremblantes. Le bruit résonnant de du crâne du cambrioleur contre le goudron fait doucement rire l'anti-héroïne, mais son gémissement qui poursuit l'agace rapidement. Ce n'était qu'un sale coup, mais ce n'est pas ça qui le tuera. Il gardera juste le souvenir de ne pas venir chercher d'autres ennuis à Black Cat.

Felicia récupère les bijoux au sol. Elle fouille dans le sac, inspectant avec des étoiles pleins les yeux les différentes pièces. Des bagues, colliers, chaînes, montres, tout en or ou en argent pur, certaines avec des pierres précieuses, un vrai paradis ! Attirée par les sanglots de la femme, Felicia se rapproche lentement d'elle pour ne pas l'effrayer encore plus. Finalement, ayant pitié d'elle, la blonde lui tend le sac de bijoux.

Gardez les, faites en ce que vous voulez. Prenez ça comme un cadeau de consolation.

La femme relève lentement sa tête vers sa sauveuse. Elle essuie ses joues pleines de larmes du revers de sa main, avant de récupérer le butin en tremblant. Elle lui murmure un léger Merci, presque inaudible, mais qui fait sourire la blonde.

Felicia se retourne immédiatement vers l'homme au sol. Il se tord encore de douleurs mais essaie de se relever, sans succès. Pour lui, le vol amateur, c'est définitivement terminé. La jeune femme se baisse pour prendre l'arme à feu abandonnée du cambrioleur. Sans le vouloir, elle effraie la victime qui court à l'intérieur du bâtiment pour se réfugier, de peur d'être encore la cible. Cependant, Felicia souhaite simplement inspecter le pistolet pour voir s'il était vraiment chargé ou non.

Elle est factice, s'exclame Felicia. Tu n'es qu'un imbécile !

Elle balance violemment l'arme sur la tête du voleur. L'objet frappe son crâne, puis l'homme s'étale au sol, inconscient.

Crétin... chuchote-elle en passant à côté de lui.

Sidérée par les jeunes d'aujourd'hui qui se croient tout puissants et pensent tout savoir sur le vol parce qu'ils ont simplement regardé des tonnes de films d'actions, Felicia tourne les talons en soupirant pour rejoindre les rues plus fréquentées. Tant pis pour le jeune homme, quelqu'un va bien le trouver dans cette ruelle et si cette personne est sympathique, malgré l'arme à feu, il appellera une ambulance avant la police.

Elle prend une grande inspiration pour oublier ce petit accident - qui ne lui rapporte rien vu qu'elle n'a gardé aucun bijou. La sonnerie de son téléphone la fait sortir de ses pensées. Elle répond immédiatement en lisant le contact de Walter Hardy.

Oui, papa ?

Felicia, j'ai un problème.

La jeune femme ralentit sa marche pour écouter attentivement son paternel, restant à l'écart de la foule pour ne pas être aperçue en Black Cat - bien que ce ne la dérange pas.

L'argent que tu m'as donné ne suffit pas. Si je ne réussi pas à rembourser mes derniers loyers, je recevrai un avis d'expulsion...

Ils ne peuvent pas faire ça, tu as payé !

En criant ainsi, des passants se tournent vers elle. Elle les dévisage en retard d'un regard noir, ce qui les calme immédiatement, surtout lorsqu'ils reconnaissent Black Cat. Ils s'éloignent alors de son chemin, ce qui fait sourire la jeune femme.

Oui, mais seulement pour ce mois. J'en ai cinq autres en retard...

Felicia s'arrête brusquement. Les yeux rivés devant elle, elle pousse plusieurs personnes pour traverser le trottoir en sens inverse et se rendre vers un vendeur de journaux.

Je vais trouver une solution. Ne t'en fais pas.

La jeune femme raccroche le téléphone qu'elle glisse dans sa poche arrière. Elle se rapproche des journaux où une image en première de couverture attire son attention. La photographie du tableau La Maria prend place au centre de tous les journaux et magazines, et cela va sûrement durer une bonne semaine voire plus.

Une oeuvre d'art dont la valeur pourrait faire oublier tous les soucis de son père.

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