seventeen
Les tirs fusent à une vitesse affolante à l'intérieur de la maison. L'explosion des vitres par les rafales projette violemment Felicia en avant alors qu'elle n'a le temps de se protéger. Sa tête heurte le sol, mais elle ne réussit pas à amortir sa chute en mettant ses mains devant elle. Allongée ventre contre terre, elle reste ainsi de longues secondes, les yeux fermés, du sang s'écoulant de son front.
La croyant touchée par une balle, Mary Jane pousse un cri d'effroi. Apeurée par les tirs provenant des hommes à l'extérieur, elle se laisse tomber à genoux devant la brune. À de maintes reprises, elle secoue la jeune femme pour tenter de la réveiller, sans succès. Bien qu'elle n'apprécie pas Felicia, elle ne peut s'empêcher d'avoir extrêmement peur pour elle en ce moment.
― Felicia ! hurle la rousse.
Cependant, les tirs des hommes à l'extérieur ne cessent pas. La position des deux femmes au milieu du salon devient de plus en plus compliqué, même accroupie. Allongée au sol, Felicia ne risque rien, mais Mary Jane doit courir en sécurité. La peur l'envahissant, elle utilise tout son courage et prend ses jambes à son cou. Elle tire Walter derrière un canapé, loin de la fenêtre afin de ne pas être touchés. Partiellement en sécurité, elle peut enfin prendre une grande inspiration et réfléchir correctement, malgré les bruyantes rafales. Pendant que Walter met les mains sur ses oreilles, MJ attrape son téléphone et envoie un message d'au secours au super-héros en collants bleus et rouges.
De temps en temps, elle passe sa tête sur le côté, regardant comment l'état de la jeune femme évolue. Celle-ci reprend peu à peu connaissance. Elle rouvre difficilement les yeux, le flou brouillant sa vue et ce bruit incessant qui l'empêche de se repérer correctement. Où suis-je ? Que se passe-t-il ? Mais bon Dieu, où est mon père ? Le cœur de Felicia s'emballe brusquement mais il reprend des battements plus réguliers lorsqu'elle aperçoit quelques mètres devant elle sa silhouette effrayée, cachée derrière un meuble.
Ces tirs ne durent qu'une bonne dizaine de secondes, mais les trois adultes visés à l'intérieur ont l'impression que ça a duré une éternité. De même qu'il n'a pas fallu longtemps pour faire couler des larmes sur les joues de Mary Jane. Lorsque tout s'arrête enfin, cette dernière se lève d'un bond, courant vers Felicia pour l'aider à se relever.
― I-Ils... arrivent... balbutie Walter qui observe les hommes par la fenêtre.
Avec l'aide de Mary Jane, Felicia se remet enfin sur pieds. Sa vue revenant à la normale, elle se rend compte du carnage causé dans la pièce : tous les meubles et objets sont détruits, les fenêtres ont explosés, les balles se sont incrustés dans les murs déjà faibles. Heureusement, ils sont tous les trois sains et saufs, enfin, pour le moment...
Elle se mord la lèvre inférieure, attristée par la destruction de la maison familiale, mais elle revient à la réalité au moment où MJ la tire par le bras. Felicia se libère de son emprise tandis que la jeune femme se dirige vers le fond de la pièce.
― Il faut partir !
― Sors vers l'arrière de la maison avec mon père ! lui ordonne la brune en criant. Je m'occupe de les contenir !
La rousse s'arrête une seconde et la dévisage du regard. Cependant, la mutante est déjà en train de sortir les griffes intégrées à son costume, comme si elle était prête à aller se battre - bien que son énergie ne soit pas toujours rétablie à cent pour cent. Elle n'a peut-être pas son masque, ni sa perruque à portée de main, mais ça fera l'affaire.
― Viens, toi aussi ! Ils sont armés, et...
― Je suis Black Cat ! s'exclame Felicia lorsque les hommes défoncent la porte d'entrée. Protège mon père !
Ce qui est le plus important en ce moment pour elle, c'est la sécurité de son père - et aussi un peu celle de MJ. Elle le cache mais en réalité, s'il lui arrivait quelque chose alors que la journaliste est ici pour l'aider, elle ne se le pardonnera pas. Son comportement désagréable envers elle ne fait qu'accentuer ce sentiment, et aussi la culpabilité d'avoir risqué la vie d'un être cher de Spider-Man.
Surprise par Felicia qui lui cri dessus, MJ ne la contredit pas. Elle rejoint Walter qui est déjà partit vers l'arrière de la maison où se trouve une autre porte, tandis que les hommes lourdement armés débarquent dans l'entrée, prêts à tirer sur tout ce qui bouge, peu importe les ordres que le Caïd leur ont donné. Ceux-ci sont quatre, bien plus grands et musclés que Black Cat, mais ce n'est pas ce qui va faire peur à cette dernière. Les hommes dans leur genre, elle en a déjà eu à faire, elle ne s'est jamais reculée face à eux, ça ne sera donc pas pour aujourd'hui.
Lorsque deux d'entre eux arrivent dans le salon, Felicia prend de l'élan pour sauter sur l'un d'entre eux. En voyant sa fine silhouette, les deux mafieux tirent sans vraiment viser. Le bruit résonne dans la maison, ce qui prévient leurs coéquipiers partis vérifiés les autres pièces de la position de la cible, bien qu'ils n'arrivent pas immédiatement. Néanmoins, l'agilité de la jeune femme permet d'esquiver les balles, et c'est surtout grâce à sa rapidité qu'ils ne peuvent pas la toucher. Elle est peut-être moins en bonne forme que les autres fois où elle a dû se battre, mais l'adrénaline et la peur pour son père et MJ - bien plus que sa propre vie - lui redonne une énergie impressionnante. Ses instincts de survie sont au maximum.
Elle saute donc sur l'homme le plus prêt d'elle, à sa droite. Elle entoure son cou de ses bras et avec son élan prit, elle tourne sur lui ce qui lui permet de donner un violent coup de pied vers le second homme au niveau de son entre jambe. Dès que celui-ci se contracte par la douleur, elle relâche la pression faite sur le premier homme. Celui-ci profite d'être libéré pour viser la jeune femme de sa mitraillette, cependant elle arrive à le désarmer. Son équipement tombe par terre, trop loin de la portée de l'homme, celui-ci sort donc à la place un petit couteau pour se battre au corps à corps avec la jeune femme.
Face à face avec les deux hommes, le second se redresse lorsque la douleur s'est partiellement estompée. Felicia grogne légèrement sous leurs sourires en coin, bien trop sûrs d'eux.
― Tu ne t'en sortira pas, cette fois-ci !
― Dégagez de ma maison !
L'homme au poignard fonce sur elle au même moment où son ami tente de l'immobiliser. Pour se défendre, Felicia donne un coup de coude au second homme, mais bien qu'il fût fort, cela n'est pas assez pour le faire reculer. Il fait deux fois plus attention et passe ses bras autour de ceux de l'anti-héroïne, se trouvant derrière elle. Etant bloquée entre eux, son cœur s'emballe lorsque le poignard se rapproche d'elle. Au risque de se faire amocher, elle décide de donner un coup de tête en arrière, frappant l'homme qui relâche la pression. En même temps, elle donne un coup de talon à l'homme en face d'elle, mais il ne lâche pas son couteau.
Celui-ci fonce sur elle et tente d'enfoncer la lame dans son épaule, mais elle ne fait qu'effleurer le tissu de sa tenue, et la déchirer en retirant le couteau vers lui. Ne prenant aucune seconde de répit, il la frappe au visage puis au ventre, mais Felicia stoppe ses coups de ses avant-bras, ce qui lui fait tout de même mal. Elle grimace de la douleur mais ne baisse pas sa garde, surtout que le second homme revient lui aussi à la charge. Alors que celui-ci récupère son arme à feu, Felicia se protège en se baissant. La balle vient perforer un autre endroit du mur. Heureusement, il n'a plus de munitions. La brune profite de cet instant de déconcentration pour courir vers lui, esquivant l'autre agresseur qui la frappe toujours.
La jeune femme le pousse violemment en arrière, ce qui est bien plus compliqué de ce qu'elle s'imaginait à cause de sa force. Emportés tous les deux dans la chute, la table du salon se brise sous leur poids. Le mafieux pousse un gémissement de douleur alors que le meuble a cassé sous son dos, tandis que le corps de Felicia a été amortie par celui de l'homme. Avant que celui-ci réagisse, elle griffe en diagonal son visage de sa joue droite à son menton grâce aux petites lames acérées au bout de ses doigts. Il pousse un hurlement de douleur avant d'apporter ses mains sur son visage ensanglanté et à jamais marqué. Et un de moins, songe-t-elle. Plus que trois.
Ne prêtant attention à ses cris - jugeant que c'est simplement ce qu'il a mérité avec ce qu'elle a subit à cause du Caïd -, Felicia se laisse rouler sur le côté, toujours contre le sol. Elle se met à penser aux deux hommes vus à l'extérieur, mais qui n'ont toujours pas portés secours à leurs amis ici avec elle. Elle laisse cette pensée de côté quand elle sursaute tout à coup en voyant le couteau de son premier agresseur se planter dans le parquet, à quelques centimètres de son visage.
La brune se lève aussi rapidement. Trouvant un bout de verre brisé par terre, elle l'attrape et le jette sur son agresseur. Il vient se planter dans sa cuisse, faisant déchirer un second gémissement de douleur dans la pièce. Il entoure sa blessure ensanglantée de ses mains, laissant quelques secondes à Felicia pour reprendre sa respiration, avant de terminer. Toute cette peur accumulée jusqu'ici fait monter en elle ses pouvoirs d'une façon impressionnante. Cette rapidité si fulgurante ne lui permet pas de contenir encore plus longtemps ses mutations, elle doit se délivrer et les utiliser maintenant. C'est lorsque son onde de malchance s'abat dans la pièce qu'un coup de feu retentit dans son dos, suivit d'un bruit de verre cassé.
N'ayant pas le temps de se retourner, la première chose qu'elle voit est le corps du mafieux en face d'elle glisser au sol, une balle en plein cœur. Dans son dos, l'homme qu'elle a dévisagé de ses griffes tombe aussi par terre, son arme en main. Il s'est relevé en difficultés pour tirer sur Black Cat, mais la malchance a tourné en la faveur de la mutante. La balle a touché son ami au lieu de sa cible. C'est Mary Jane qui se trouve derrière lui, la jeune rousse a brisé un vase sur son crâne avant qu'il tire une nouvelle fois, mais ici sur Felicia.
Cette dernière observe de longues secondes MJ qui vient de lui sauver la vie. Elle voudrait la remercier sincèrement, mais elle préfère s'abstenir pour garder son éternel comportement jaloux et désagréable.
― C'était le vase de ma mère, se plaint-elle.
― Je prends ça pour un "merci".
Aussitôt, Felicia se rend compte de ce qu'elle a ordonné à la jeune femme et le fait qu'elle ne soit pas avec son père. La peur l'envahit à nouveau, mais la colère la remplace lorsqu'elle le fait remarquer à son interlocutrice.
― Je t'avais dit de partir !
― Sauf que les deux autres hommes nous ont trouvés à l'arrière !
Les deux femmes se mettent à courir vers le jardin arrière. Arrivées devant la porte semi-ouverte, Felicia fait signe à la rousse de rester en sécurité derrière elle alors qu'elle observe un des hommes de main de Fisk dehors. Alors qu'il a le dos tourné à elle, elle en profite pour sortir et l'attaquer par l'arrière, bien que MJ tente de la retenir à l'intérieur par sécurité. Cependant, la brune qui s'est élancée s'arrête au dernier moment, juste dans le dos de l'homme.
A leur gauche, le dernier mafieux, un grand blond au visage bien plus antipathique que les autres, retient son père en lui pointant une arme sur la tempe. Walter ne peut rien faire, au risque de se faire tirer une balle en pleine tête. Ses yeux se remplissent de larmes lorsqu'il aperçoit sa fille arriver, et surtout quand elle se rend compte de la situation dans laquelle il se trouve. Le troisième homme, qui semble être plus jeune que ses coéquipiers, prend alors son arme et vise Felicia, elle qui est figée à fixer son père.
― L-laissez le... chuchote-elle.
― Non, répond sèchement le blond. Tu as désobéi à Fisk, alors maintenant il va payer et toi aussi.
Sachant très bien qu'elle regarde, il enlève la protection de son arme, prêt à tirer sur son père. Terrifiée, Felicia pousse un cri d'effroi en s'élançant vers lui pour tenter de sauver son père, bien que sa technique soit suicidaire. De toute façon, les hommes du Caïd les tenaient en joue.
Tout se passe en une seconde, mais c'est assez pour que les pouvoirs de Felicia refassent leur apparition. Au moment où elle part vers son père et le blond, tendant une main devant elle, elle ressent sa mutation venir toucher cet homme. Celui-ci laisse brusquement tomber l'arme par terre avant de tirer, puis se tient tout de suite le ventre en se mettant à genoux. Il vomit alors toutes ses tripes sur l'herbe avant de cracher et tousser sans arrêt. Sûrement un simple problème à l'estomac, mais efficace pour délivrer son père. La jeune femme l'achève d'un simple coup de poing au visage.
Elle ne remarque même pas Spider-Man, précédemment appelé par Mary Jane, qui arrive à son tour. Au moment où elle utilise ses pouvoirs, le jeune homme qui la visait avec son arme aurait pu tirer, à de nombreuses reprises même, mais le héros se chargeait de l'arrêter. Échangeant quelques coups, il ne lui faut pas beaucoup de temps pour l'enrouler dans ses toiles et l'immobiliser au sol. Sans Spider-Man, ni même Mary Jane, Felicia se serait fait tirer dessus à de maintes reprises.
― Papa ! cri-t-elle en arrivant devant lui.
Walter n'a pas cessé d'observer sa fille pendant que les deux derniers hommes soient mis à terre. Tremblant, il prend sa fille dans ses bras et la serre contre elle, soulagé qu'elle aille bien, malgré les bleus qu'elle aura et les égratignures causés pendant les combats.
Felicia ne voulait pas qu'il sache à propos de ses pouvoirs nouveaux - ou du moins, pour l'instant. Mais maintenant, elle ne peut plus le cacher, il a bien remarqué qu'il s'est passé quelque chose d'étrange avec son agresseur. Elle le voit dans son regard, il l'a deviné, bien qu'il ne saura expliquer pourquoi ni comment.
― Comment ça se fait que tu as pu faire ça... et maintenant ?
― Le Caïd, papa, c'est lui qui m'a transformé, explique tristement la brune.
Le père et la fille rejoignent Spider-Man et Mary Jane à l'intérieure de la maison totalement saccagée. A la vue de son ami le héros, Felicia court immédiatement dans ses bras pour le remercier. Lui-même est soulagé qu'ils vont tous les trois bien, alors qu'il est arrivé bien trop tard à son gout.
Les quatre adultes ne parlent pas pendant plusieurs minutes, tous reprennent une respiration normale, des battements de cœurs réguliers et remplacent la peur par la tristesse de la maison détruite et de ces hommes venus pour les tuer. Peter n'était jamais venu chez Walter Hardy, et il doit dire qu'il est très surprit en voyant l'état déjà en dégradation de la maison. Il ne pensait pas que, avec tous les vols de Felicia, ils puissent vivre dans la misère. Il comprend à présent les véritables intentions de son amie, et un léger sourire vient s'afficher sur ses lèvres en se rendant compte qu'il s'est trompé sur elle, que Felicia est tout aussi bienveillante que lui. Elle ne s'y prend simplement pas de la même manière.
Il se baisse pour récupérer une photo de famille des Hardy dans un cadre, dont le verre a été cassé. Il reconnaît la brune enfant, à seulement deux ou trois ans, encore plus mignonne et avec de plus grosses joues qu'il ne le pensait. Elle est entre son père qui sourit et sa mère qui lui donne la main. Tous les trois semblent heureux. En tournant la tête vers Felicia, celle-ci semble intimidée par le fait qu'il observe cette photo, alors qu'elle ne lui a jamais parlé de sa famille, et qu'elle n'a jamais cité sa mère défunte.
― Mary Jane a raison, on doit partir au plus vite d'ici...
Heureuse que Felicia admette enfin qu'elle a raison, la rousse sourit en se mettant face à elle.
― Walter peut s'installer chez moi le temps qu'on règle la situation. Fisk ne doit pas savoir que j'étais là, ton père y sera donc en sécurité.
Felicia la remercie d'un sourire. Alors que la tension se calme entre les deux femmes, Peter semble aussi ravi. Il n'aura pas à supporter la jalousie des deux, et ça l'arrange grandement.
― Je m'occupe de la police, je vais les prévenir de ce qu'il vient de se passer. Allez-y tout de suite, ordonne-t-il
Walter s'active aussitôt et récupère son sac d'affaires préparé plus tôt. De plus, il reprend la photo de famille que tenait précédemment Spider-Man. Plusieurs souvenirs lui remontent en tête, ce qui lui fait monter les larmes au yeux, surtout de voir le cadre brisé et la photo légèrement abîmée. Il l'observe quelques secondes avant de la glisser dans son sac, tel un objet précieux.
Il s'approche ensuite de la brune. Posant sa main sur sa joue, il lui sourit mélancoliquement.
― Soit prudente, Felicia.
Sa fille l'embrasse sur la joue, puis elle les observe sortir de la maison en vitesse pour aller se réfugier, le cœur serré.
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