cinq

Allez Felicia, tu es la meilleure... Tu as déjà volé pleins de choses, alors tu peux le faire !

La jeune femme se répète ces paroles pour se motiver. Placée à côté du garage du MET, un petit pas en avant et Felicia se lance dans le plus gros cambriolage de sa vie. Pourtant, un élan d'angoisse l'empêche de poursuivre, bien que l'envie et le besoin sont présents. Jamais de la vie elle s'est sentie aussi apeurée. Elle pense aux conséquences de ses actes, comment la suite se passera avec son père et Spider-Man. Elle espère d'ailleurs que ce dernier ne se mêlera pas à sa quête, la jeune femme ne se sent pas capable de l'affronter aujourd'hui.

Elle sautille sur place, anxieuse. L'angoisse s'empare d'elle alors qu'elle se concentre sur sa respiration. Inspiration. Expiration. Une chose simple qui lui paraît compliqué. Felicia ferme en même temps les yeux, soufflant lentement. En un court instant, elle se sent apaisée. Ce sentiment est agréable, mais elle doit y aller. Elle ressert donc son sac sur le dos et se prépare à y aller. L'heure est venue.

Trois pas, un saut, une roulade. Tout ce qu'il faut pour arriver devant le musée. Le périmètre est sécurisé, elle peut entrer dans le MET. Prudemment, l'anti-héroïne s'introduit par l'arrière, vers le bureau des vigiles. D'un coup de griffes, la serrure est cassée. En ouvrant la porte, celle-ci grince légèrement. Felicia grimace en tirant la lourde ouverture, puis la referme sans un bruit après être entrer. Jusqu'ici, tout va bien. Pas un son, ni de sa part, ni des agents de sécurité dans le musée.

En marchant sur le carrelage, ses hauts talons frappent le sol. Pour camoufler ce bruit gênant, Felicia se met sur la pointe des pieds en avançant lentement. Il s'agit du seul son qui s'échappe du bâtiment. Tous ses sens sont en alerte. Elle glisse ses lunettes sur ses yeux lui permettant d'avoir une excellente vision nocturne grâce à la petite technologie incorporée aux lentilles. Aucun obstacle ne se dresse sur son chemin, elle peut à présent avancer en sécurité.

Un couloir se montre devant elle. La jeune femme se place contre un mur, puis regarde des deux côtés. Personne en vue. Elle avance alors vers la droite, où le bureau des vigiles se trouve un peu plus loin. Des fenêtres permettent aux agents d'observer le couloir de leur poste de travail. Pour ne pas se faire repérer, elle se baisse en-dessous et avance vers la porte entrouverte. À l'intérieur, les deux gardiens de musée discutent sans se douter que la jeune femme les surveille.

... et c'est là que je l'ai frappé, s'exclame le premier.

Bien joué !

Felicia se retient de rire. Les deux hommes semblent occupés à échanger des potins quotidiens. C'est le bon moment pour elle d'agir, ils ne verront rien.

Soudain, la jeune femme se lève et fonce dans le bureau. Le claquement de ses talons fait sursauter les deux hommes qui se lèvent de leur chaise. Le premier, un grand brun d'environ la trentaine d'années, fait face à l'intruse, ne comprenant pas tout de suite ce qui lui arrive. En une fraction de seconde, Felicia attrape son bras et lui fait une prise pour le bloquer contre un mur. Face à elle, Felicia aperçoit son nom sur sa veste, Adams. Le second, un homme d'une cinquantaine d'années, prend sa lampe torche pour éclairer Black Cat, sortant avec lenteur le taser de sa poche.

Black Cat ? l'interroge ce dernier.

Lâchez ça, vous risquerez de vous faire mal, ricane la jeune femme, un sourire en coin.

Sans plus attendre, le second agent de sécurité tire sur Felicia pour la stopper. Cependant, elle est plus rapide et tourne le dénommé Adams devant elle afin de la protéger, celui-ci ne pouvant se défaire de sa prise. Ses bras bloqués en arrière, il gigote dans tous les sens en grognant de douleur, mais Felicia ne se laisse pas faire. Quand on a à faire à quelqu'un de plus fort que soit, il faut être rapide. La décharge électrique prend alors tout le corps de l'agent, le paralysant quelques secondes avant qu'il ne s'écroule au sol.

Son collègue, abasourdi par la vitesse de Black Cat, reste lui aussi immobile. Tiraillé entre Black Cat qu'il doit arrêter et aider son collègue, il laisse tomber le pistolet par terre.

Tu vas avoir le prix du meilleur collègue après ça ! plaisante Felicia.

La jeune femme s'offre un court moment de répit pour rire de la situation en s'imaginant comment il va expliquer à son chef qu'il a tasé son collègue. Une scène hilarante qu'elle trouve dommage de rater. Cependant, son imagination est écourtée par l'homme qui a enfin prit sa décision : attaquer Black Cat.

Cette fois-ci encore, la voleuse est plus rapide. C'est une de ses grandes qualités au combat, et c'est aussi ce qui lui a valu de lui sauver la peau à mainte reprises face aux gros gaillards à qui elle a souvent eu à faire. Un coup de pied bien placé et l'homme titube en arrière. Un coup de poing et sa tête vient cogner le bureau dans un bruit sourd. Mais il en faut plus au gardien pour abandonner face à la cambrioleuse. Son travail est en jeu, alors il met toute son énergie dans ses jambes pour se relever, malgré sa tête qui tourne et sa faible équilibre.

Soudain, il tente de frapper la cambrioleuse dans le bassin mais ses jambes flageolantes l'entraînent à côté. Felicia se décale d'un simple pas, ne pensant même pas à agir alors qu'il tombe tout seul en se protégeant de ses bras. Elle sait bien que dans cet état, il ne peut rien lui faire. Elle pourrait le laisser ainsi, mais il est encore trop conscient pour appeler des renforts dès qu'elle partirait, ce qui l'empêcherait d'aller voler la toile. Pour éviter le quelconque contre-temps, elle décide de le frapper au crâne au moment où se remet à genoux dans l'espoir de se relever une nouvelle fois.

Cela suffit pour que le gardien de nuit s'évanouisse, son corps frappant le sol aux pieds de la jeune femme.

Petit conseil les gars, prenez un court d'auto-défense à l'avenir. Pas sûr qu'on vous rembauche si vous n'y mettez pas du vôtre !

Fière d'avoir passé cette étape, elle sourit et attrape le trousseau de clés posé sur une table. De plus, elle éteint les caméras de vidéo surveillance pour éviter d'avoir la preuve de ce vol, bien que le seul témoignage des vigiles pourraient l'inculper. Elle enjambe ensuite les deux corps au sol pour se rendre vers les salles de visite.

Les pièces d'exposition sont d'une immensité qui impressionne l'anti-héroïne. Elle n'est venue ici qu'une seule fois, quand elle était petite, et ses petits souvenirs ne lui rappellent rien de bien concret. Ce devait être en primaire, quand l'innocence gardait la petite fille qu'elle était en sécurité. Lorsqu'elle a visité le musée avec l'école, des élèves ont profité pour l'humilier. Elle n'a donc pas profité de la visite et est rentrée chez elle en pleurant. Pour faire plaisir à sa fille, la mère de Felicia est revenue le lendemain avec l'enfant. Ensemble, elles ont parcouru le MET, le sourire aux lèvres, les yeux éblouis. Cette sortie entre mère et fille fait monter les larmes aux yeux de la voleuse. Elle se remémore ces bons moments avec sa mère disparue, avant que la misère ne les plonge encore plus dans la souffrance.

Elle aurait bien aimé refaire un tour du musée tant qu'elle y est, mais elle n'a pas le temps. Elle a encore moins le temps avec ce grésillement qui la surprend dans cette galerie de statues. Pas sûr que les œuvres d'art prennent vie comme dans La Nuit au Musée, un gardien lui a sûrement échappé. En veillant à rester discrète, Felicia court se cacher derrière une sculpture grecque plutôt imposante. Des pas se rapprochent doucement, puis s'arrêtent à une dizaine de mètres d'elle. À la place, la personne utilise son talkie-walkie pour contacter ses collègues assommés.

Vous m'entendez ? Les gars, vous me recevez ? demande-il.

Le dernier gardien de nuit frappe sur la petite radio, croyant que c'est un bug du système. Il s'agace sur le boitier, n'apercevant pas la jeune femme qui se fait discrète. C'est alors qu'un des deux agents mis à terre par Felicia lui répond.

Att-attention... souffle difficilement un vigile. Elle est... Black Cat... est là...

Merde... chuchote Felicia. Cette petite parole, pourtant presque inaudible, résonne dans cette salle silencieuse. Le dernier agent braque sa lampe sur la statue derrière laquelle elle s'est cachée et s'avance à pas de loups. Démasquée, la blonde sort de sa cachette, les mains en l'air, comme si allait se rendre bien gentiment. ce serait mauvais de croire ça de sa part.

Eh, vous ! Ne bougez pas !

Comme si j'allais t'écouter, songe-t-elle. Un peu plus prudent que les autres, le vigile recule de quelques pas tout en continuant d'éclairer l'intruse. Le manque d'arme se fait sentir, surtout lorsqu'elle fonce sur lui pour lui faire une prise et ainsi le mettre à terre. Cet homme se maudira toujours de ne pas avoir un taser ou une matraque sur lui. Ne pouvant se défendre, il voit le poing de la blonde percuter son visage avant de fermer les yeux pour un certain temps.

Pour l'écarter de sa mission, Felicia traîne l'homme par le bras pour l'emmener dans les toilettes. C'est ainsi qu'elle se maudit d'avoir frapper aussi fort l'homme. S'il était en état de marcher, elle n'aurait pas à tirer un si gros poids. Mangent-ils tout le temps des donuts au lieu de veiller sur les œuvres ? se demande-elle. Parce que pour peser aussi lourd, c'est qu'ils ne doivent rien faire de leur travail ! Avec difficulté, elle le dépose donc dans une cabine pour que cela paraisse moins suspect. Quelqu'un devrait le trouver ici demain matin, s'il ne se réveille pas avant.

À présent, plus personne ne peut entraver son chemin. Voyant l'heure tourner, elle décide de mettre les bouchées doubles. La cambrioleuse court donc vers la pièce où se trouve sa proie, La Maria. Après s'être perdue dans quelques allées, elle trouve enfin l'oeuvre convoitée derrière une paroi vitrée très solide. Des étoiles se forment dans ses yeux. La toile est encore plus belle en vrai... Dommage qu'elle doit la voler, personne ne pourra en profiter.

La jeune femme retire son sac de ses épaules et le laisse tomber à ses pieds. Elle l'ouvre et sort un objet qui lui permet de briser la vitre séparant le public du tableau. Aussitôt, elle pose l'engin sur la paroi et forme un cercle pour couper le verre. La découpe presque terminée, elle aperçoit le reflet d'une silhouette qu'elle reconnaît instantanément.

Felicia, intervient une voix familière.

L'anti-héroïne sait pertinemment de qui il s'agit. Elle s'arrête dans ses gestes, pourtant elle ne se retourne pas vers Spider-Man.

Je t'en pris, ne fais pas ça... supplie-t-il.

J'y suis obligée.

Pour mon père... se retient-elle de dire. Elle n'est pas d'humeur à plaisanter avec lui, les conséquences sont bien trop importantes. Felicia voudrait simplement se réfugier dans les bras du héros, souhaitant du réconfort alors qu'une part d'elle est honteuse de son action. Mais il s'agit de son destin, elle doit voler ce tableau.

En entendant qu'il s'avance vers elle, la fille aux cheveux blonds platine décide de se mettre face à lui. Pourtant, elle garde la tête baissée. Elle ne veut pas affronter son regard qui s'approche de la pitié.

Dis moi quelles sont tes raisons, pourquoi tu fais ça... Je pourrais t'aider !

Sa gentillesse lui fait mal au cœur. C'est une perte de temps d'aider une femme comme moi, pense Felicia. Selon elle, elle ne mérite pas toute l'attention qu'il lui porte, bien qu'elle adore ça. Elle aime sa générosité, elle adore sa détermination, elle admire sa bienveillance. Il a déjà assez de choses à gérer en ville, aider une criminelle en plus ne servirait à rien, mais Felicia ne veut pas non plus briser cette relation parfois étrange qu'ils partagent. Personne n'a eu une relation aussi complexe d'amitié et d'ennemis en même temps. Ils ont déjà trop souvent du surpasser de mauvaises passes dans leur relation.

Elle caresse doucement sa joue par-dessus son masque. Le héros la laisse faire, le cœur serré. Black Cat ne répond rien, elle s'éloigne simplement, retirant sa main du visage de son âme sœur. La fin de ce contact marque le début de leur confrontation.

Je ne peux pas te laisser faire ça...

Spider-Man lance une toile vers Felicia qui est retournée vers le morceau de vitre qu'elle vient de couper. Sa main droite reste collée à la paroi, la seconde libre pour le moment. La jeune femme soupire doucement puis se libère grâce à ses griffes tranchantes.

Spidey, murmure-t-elle. Pardonne moi pour ce que je vais faire...

C'est moi qui suis désolé...

Hâtivement, l'anti-héroïne se jette sur lui. Peter l'esquive en tissant une toile au plafond, puis se hisse contre un mur. Son éloignement en profite à son adversaire, qui finit de briser la vitre. Un rond de verre se brise au sol, laissant un passage assez grand pour qu'une personne puisse attraper La Maria. Cependant, Spider-Man tisse d'épaisses toiles d'araignées à cet endroit pour bloquer l'entrée.

Felicia grogne et court retirer ces solides fils à coups de griffes. C'est à ce moment que le héros masqué décide de glisser au sol et frappe au niveau de ses genoux, la faisant trébucher en avant. En tombant, elle griffe la cuisse de son adversaire, ce qui lui fait lâcher un gémissement de douleur. Le costume se déchire et s'imbibe de sang, mais Spider-Man poursuit le combat. Ce n'est qu'une égratignure, certes profonde, mais il lui en faut plus pour s'arrêter. Même avec des côtes cassées, des blessures par balle, poignardé, il continue n'importe quel combat. Il a encore moins la volonté d'abandonner son amie alors qu'il pense pouvoir l'aider à retrouver le droit chemin. Les blessures morales sont les pires.

Les toiles tissées par l'Araignées Humaine viennent se coller contre quelques œuvres d'art lorsque Felicia les esquive. Cependant, le héros tire les plus solides afin de bloquer ses pieds au sol pour l'immobiliser, de courte durée car Black Cat utilise à nouveau ses griffes pour se défaire.

Abandonne ! lui hurle-t-il.

Je ne peux pas !

Tout à coup, un énorme vacarme les surprend tous les deux. Leur affrontement s'interrompt un instant alors qu'ils tournent en même temps la tête vers l'entrée principale. Les sens d'araignées de Spider-Man sont à leur comble, mais il ne parvient pas à savoir ce qu'il se passe, ni même Felicia qui espérait compter sur ses lentilles afin d'avoir une meilleur vue. Les portes vitrées sont clôturées par un grillage, les empêchant de voir quel est ce bruit infernal à l'extérieur.

Soudain, les portes vitrées et le mur se brisent en éclats. Un fourgon blindé traverse l'entrée principale du musée pour forcer l'accès, ainsi que d'autres voitures qui suivent le premier véhicule. Le bruit sourd déstabilise les deux adversaire qui perdent équilibres en plus du léger tremblement qui traverse le musée. Un nuage de fumée envahi la pièce et les œuvres, étouffant Spider-Man et Black Cat.

Son instinct pousse la jeune femme à sauter vers la droite en sécurité. Avec moins de chance, Spider-Man part du mauvais côté. Il s'accroche à une toile tissée au plafond mais un morceau de béton lui tombe dessus à cause du mur brisé qui a fragilisé la structure entière de la pièce, l'assommant. Il se retrouve rapidement sous des débris, ne pouvant esquiver tout ce qui lui tombe dessus en masse. Recouvert de blocs de béton, son costume est déchiré et laisse apparaître deux fois plus de sang que les égratignures causées par les griffes de Felicia.

Felicia voudrait crier, courir vers lui, mais elle reste cachée de l'autre côté de la salle. Ses oreilles bourdonnent à cause de la destruction de l'entrée qu'elle n'a pas anticipé. Elle aurait pu courir vers son ami et le tirer vers elle avant qu'il ne soit englouti sous les débris, mais elle a préféré sauver sa peau. Les lentilles de ses lunettes pleines de poussière, elle est dans l'obligation de les enlever pour avoir une meilleure visibilité sur ce qu'il se passe.

Son sac est visible juste en face de la vitre brisée, ces personnes verrons bientôt que d'autres personnes étaient là avant. Mais qui sont-ils ? En tout cas, il est certain qu'il vaut mieux ne pas avoir à faire avec eux avec les moyens qu'ils se sont donnés pour entrer dans le musée. Et heureusement pour lui, Spider-Man est assez bien caché par la tonne de débris. Son ancienne adversaire prie alors pour ne pas qu'il soit repéré, elle ne pourra rien faire pour lui alors qu'il aurait déjà trouvé que faire si c'était elle sans sa situation. C'est ce qui fait leur différence.

Quand le nuage de poussière s'est dissipé, elle voit enfin les hommes armés qui sortent des véhicules. Ils vérifient la sécurité du musée sans remarquer Felicia, cachée au fond de la pièce. Cependant, ils trouvent le super-héros de New York, enseveli.

Patron ! cri un homme. On tient Spider-Man !

Leur chef s'approche des débris. Felicia aperçoit cet homme dont la silhouette dépasse n'importe qui. Très grand, son poids doit s'approcher à celui d'un ours. Elle ne sait même pas s'il s'agit de muscles ou de gras, rien n'est visible avec son costume noir intact. Pas besoin de ses lunettes pour le reconnaître, il s'agit de Wilson Fisk, ou plus communément appelé le Caïd, l'homme le plus redouté ces temps-ci, le chef de la pègre. Felicia ne l'a jamais rencontré mais elle a vite apprit à se méfier de lui depuis qu'il a tué la personne qui lui achetait clandestinement ses objets volés.

Prenez La Maria en priorité, nous ne sommes pas là pour lui, ordonne-t-il.

De sa cachette, Felicia observe l'allée menant vers les bureaux des gardiens de nuit. Alors qu'elle pensait s'échapper par là, tout le monde se tourne vers cet endroit. Le gardien de nuit nommé Adams, égratigné après le duel contre l'anti-héroïne, entre dans la pièce, muni d'une simple matraque face à une dizaine d'hommes armés. Felicia grimace déjà alors qu'elle devine de quel sort il va être frappé.

Plus un geste ! s'écrie-t-il.

Felicia ne sursaute même pas quand un tir fuse. Son corps s'étale au centre de la pièce, tandis que son sang a giclé sur une toile de Van Gogh. S'il ne mourrait pas, il allait de toute façon se faire virer par le double vol de ce soir, comme ses collègues, qui sont, eux, à l'abri. Sa conscience s'apaise en pensant au garde qu'elle a transporté dans une autre pièce - qui, au départ, était juste pour ne pas que quelqu'un le retrouve assommé par terre, ce qui aurait alerté de sa présence. S'il avait été là, évanoui ou non, ces hommes lui auraient tiré dessus.

Les mafieux font comme s'il ne s'est rien passé et continuent leur chemin. Leurs armes à feu braqués devant eux, un des criminels s'approche de la planque de Black Cat pour assurer que l'endroit est vide. Merde, souffle-t-elle. Elle passe au crible ses options de sortie autour d'elle, mais elle est bloquée dans un recoin. Son seul moyen de s'échapper et la porte à quelques mètres d'elle mais à la vue des mafieux. Et merde, répète-elle. Peut-être qu'elle aurait aimé être dans la position de Spider-Man, au moins personne ne tourne autour de lui.

N'ayant plus aucun choix, elle décide de passer à l'action. C'est soit ça, soit elle se fait repérer et tirer dessus. Avec le peu de probabilité qu'elle a de s'en sortir vivante, autant tenter le coup. Griffes sorties, elle désarme en une seconde l'homme et le bloque contre elle. Son arme percute le sol, attirant ainsi l'attention de ses collègues. Ceux-ci se tournent tous vers elle, armes en main, au moins une dizaine, sans compter ceux dans les véhicules et à l'extérieur.

Elle s'avance prudemment vers sa porte de sortie, ses griffes collées à la gorge du criminel, les yeux rivés sur chacun des hommes. Bien qu'elle soit protégée par l'homme tenu fermement, certains criminels ont un bon angle de tir permettant de lui tirer en pleine tête - ce qu'elle s'efforce d'oublier. Son coeur bat déjà trop vite pour quelqu'un qui a l'habitude de s'aventurer contre les mauvaises personnes.

Tirez et je lui tranche la gorge, menace-t-elle.

Le Caïd lève son poing, faisant signe à ses hommes de ne pas tirer. Cela ne les dissuade pas de baisser leurs armes, ils étudient le moindre mouvement à l'affût du geste suspect. De son côté, leur patron a alors un sourire aux lèvres en reconnaissant l'anti-héroïne, plus en confiance.

La célèbre Black Cat... ravi de faire votre connaissance, admet Fisk.

Plaisir non partagé.

Ces mots auraient pu vexer le criminel, lui qui a tendance à s'énerver très vite, mais ils lui font plutôt rire. Après tout ce qu'il a entendu dire sur la jeune femme, il reconnait bien Black Cat sous ses yeux. Franche, rapide, forte, et plutôt charmante.

Tout ce que je veux, c'est m'en aller saine et sauve. Vous me laissez partir, je laisse la vie sauve à votre homme.

Je ne pense pas qu'on puisse faire affaire ainsi. Surtout que je crois que c'est votre matériel.

Le Caïd désigne son sac abandonné en face de la vitre qui protège La Maria. Felicia se mord alors la lèvre, démasquée sur le pourquoi elle est là, surtout que quelques hommes ont décroché la toile pour l'emmener dans un des véhicules.

J'ai besoin de ce tableau. La Maria est ma toile.

Plus maintenant.

Je suis désolée mais vous allez devoir vous en choisir une autre ! répond Felicia.

Vingt millions de dollars quand même, avec toutes ses activités illégales il doit les avoir... déduit-elle. Moi, je ne les ai pas !

La victime de Felicia tente de se libérer de ses griffes, mais la jeune femme le menace encore plus de lui couper la jugulaire. Ses griffes restent appuyées sur sa gorge formant des petites marques rouges. Prudent, le Caïd ne la quitte pas des yeux et gère la situation à lui tout seul, bien que ses hommes sont prêts à tirer sur Black Cat.

Je pense donc que nous n'arriverons pas à nous mettre d'accord dessus ?

Felicia secoue négativement la tête. Prenant une mine déçue, Wilson opine à son tour.

Très bien...

En une seconde, presque aussi rapide qu'elle, le Caïd s'élance vers Black Cat. Un poing en l'air, il prend de l'élan pour la frapper violemment à la tête. Elle se baisse mais pas assez pour esquiver, l'esprit bien trop brouillé entre ce coup, qu'elle sait qui va faire des dégâts, et l'homme qu'elle retient. Fisk frappe son front, ce qui la fait tomber au sol, évanouie.

Ses griffes glissent alors sur la gorge de l'homme, le bout des ongles tranchant finement sa peau mais pas assez en profondeur pour pouvoir le tuer. Un soulagement pour ce dernier qui rejoint ses collègues après avoir récupéré son pistolet par terre. Une seconde de répit pour cet homme qui se fait assassiner de sang froid par son chef d'une balle dans la tête. Pas question de garder dans ses troupes une personne aussi incapable.

Wilson Fisk retourne vers un véhicule tout en donnant ses nouveaux ordres tandis que des sirènes de police retentissent au loin.

Embarquez la. Et ne l'abîmez surtout pas.

Tous ses hommes retournent dans les véhicules sauf deux d'entre eux qui viennent soulever la brune jusque dans le fourgon.

Monsieur, intervient un homme, qu'est-ce qu'on fait de Spider-Man ?

Laissez le ici. Il verra qu'il aura du soucis à se faire pour sa copine...

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