Chapitre 51 : Des visiteurs
Une fois que l'examen médical fut terminé et que les soignants eurent quitté sa chambre, Maggie entendit quelqu'un frapper timidement à sa porte. Persuadée qu'il s'agissait d'Alex, elle se moqua gentiment :
« —Alex, depuis quand tu fais le timide avec moi ? Même si j'avais été complètement nue, tu pourrais entrer sans problème. »
À sa grande surprise, c'est la tête d'Ewen qui fit son apparition après avoir entrouvert la porte.
« —J'espère que tu n'es pas vraiment nue, lâcha ce dernier avec sérieux.
—Oh non du tout ! se précipita de dire la détective en arrachant le drap qui la couvrait afin de prouver ses dires à son ami. Je croyais que c'était Alex qui revenait !
—J'avais compris, ça va. On peut entrer ?
—Oui oui, bien sûr ! »
Ewen poussa davantage la porte et il s'engouffra dans la chambre, un joli bouquet de fleurs fraîches à la main, mais surtout, Aurélie à sa suite. À la vue de sa meilleure amie, la jeune femme, à la tête voilée pour cacher son crâne lissé par la chimio, se précipita sur elle et l'étouffa presque d'un gros câlin.
« —Oh Maggie ! gémit-elle sans relâcher son étreinte. Quelle imprudente tu es ! Ewen m'a tout raconté. Tu as été héroïque. Et si gourde ! Risquer ta vie pour un tueur en série. Ton bon cœur te perdra. Je suis si heureuse de te revoir !
—Tu m'étouffes Aurélie.
—Oh pardon ! Là c'est mieux ?
—Oui. Donc, pour te répondre, je ne voulais pas lui sauver la vie pour son bien à lui, mais pour qu'il puisse y avoir un procès, et que les femmes qu'il a tuées soient vengées.
—Peu importe la raison, tu es complètement dingue !
—D'ailleurs, qu'est-il devenu ?
—Il s'en sortira, lui répondit sobrement Ewen. Il devra passer quelques jours ici mais ensuite, il ira directement à la case prison. »
Maggie s'avachit de soulagement dans son gros coussin moelleux. Elle n'avait pas fait tout ça pour rien. Ces femmes seraient vengées. Janice, Ksénia, Éléonore, Beverly, Margot. Toutes les cinq auront le droit à la justice.
« —Euh, fit gauchement Ewen, je t'ai pris des fleurs pour pas venir les mains vides. Je les pose où ?
—Tu peux les poser sur la tablette en attendant, lui répondit Maggie. Je ressors en fin de journée, je les mettrai dans un vase chez moi. En tout cas, merci, elles sont magnifiques.
—Tout le mérite revient à Aurélie, c'est elle qui les a choisies.
—On a quelque chose à te dire Maggie, fit sa meilleure amie avec sérieux, sans aucune transition et toujours assise sur le lit. »
Après une très légère pause marquée par le regard théâtralement interrogateur de la jeune détective qui avait déjà compris depuis longtemps, Aurélie prit une grande inspiration et se lança :
« —On est ensemble. Je veux dire, Ewen et moi sommes en couple.
—Enfin ! lança la jeune femme amusée. Vous en avez mis du temps !
—Comment ça « enfin » ?
—Parce que tu crois que je ne vous ai pas vus vous rapprocher depuis tous ces évènements au manoir ?
—C'était purement de l'amitié au départ.
—Oui, au départ. Mais ces derniers mois, ça a complètement changé, vous ne pouvez pas le nier. Ça fait combien de temps ?
—C'est tout récent. Depuis ma dernière opération. C'est là où tout a basculé. Où il m'a fait part de ses sentiments. »
D'un œil, Maggie vit Ewen légèrement rougir derrière elles. Il feignait de réarranger pour la énième fois les fleurs qu'il avait posées sur la tablette. Cela amusa beaucoup la jeune détective.
« —Garde-le pour toi s'il te plaît, poursuivit Aurélie. Enfin, tu peux le dire à Alex bien sûr. Mais c'est tout. On ne souhaite pas encore l'annoncer officiellement. On veut se laisser du temps. C'était le meilleur ami de Nico alors... C'est... Encore un peu étrange pour nous.
—Je pense que Nicolas (pas Lancier, un autre, allez lire le tome 1 !), n'a certainement pas son mot à dire après tout ce qu'il t'a fait. Décidément, ce prénom est un vrai prénom de connard. »
La conversation n'alla pas plus loin. Alex était de retour. Après de brèves explications sur la relation nouvelle entre Aurélie et Ewen, et de sincères félicitations de la part du nouvel arrivant, un autre visiteur vint frapper à la porte. Alex alla ouvrir et cette fois, c'est Raphaël qui fit son entrée, un paquet très maladroitement emballé sous le bras.
« —Bonjour Maggie, dit le journaliste visiblement heureux de retrouver sa collègue. Ça a l'air d'aller, ça fait plaisir de te voir ! Et bonjour à tous hein !
—Salut Raphaël, lui répondit-elle. Je suis aussi contente de te voir.
—Tiens, je t'ai apporté un petit cadeau. C'est pas grand-chose, mais je me suis dit que tu allais sûrement recevoir plein de fleurs, alors j'ai essayé de faire un peu plus original (il tendit le paquet à la jeune femme).
—Je t'en foutrais de l'originalité moi, ronchonna Ewen.
—Te vexe pas Ewen, lui répondit Raphaël. Elles sont sympa aussi tes fleurs !
—Oh des chocolats ! s'extasia Maggie en déballant le papier-cadeau et en sentant soudain qu'elle mourrait de faim après n'avoir rien ingurgité depuis la veille au soir. »
La jeune femme ouvrit le paquet et proposa une douceur à chacun de ses visiteurs qui ne se firent pas prier pour s'en régaler avec elle. La bonne humeur régnait dans la chambre d'hôpital, ce qui leur fit incroyablement de bien après la nuit d'enfer qu'ils venaient de passer.
« —En tout cas, fit Raphaël, je suis quand même rassuré d'avoir appris que Patron m'a éloigné de l'enquête volontairement. Ça prouve qu'il a encore tous les pouvoirs sur mon poste. Fallait voir la tronche de Devrèche ce matin au journal. Il était dépité. Déjà, il perd son journaliste préféré, et en plus il est la risée de tous d'avoir donné à Black Bird la possibilité de rédiger lui-même ses propres articles. C'est merveilleux. »
Tous partirent à rire de bon cœur, à tel point qu'ils n'entendirent pas frapper de nouveau à la porte.
« —On peut entrer ? demanda la tête de Béthanie qui s'était glissée par l'entrebâillement qu'elle s'était permise de créer suite à l'absence de réponse à ses coups.
—Oh oui, bien sûr ! lui répondit Maggie ravie de voir tous ses amis réunis avec elle dans la même pièce. »
Mais la meilleure surprise restait Djamila qui entra à la suite de Béthanie.
« —Djamila ! s'enthousiasma Maggie qui ne savait que dire d'autre.
—Oh le con ! fit Ewen en se frappant le front. J'ai complètement oublié de te prévenir. Mais quel con !
—Ne t'en fais pas, Alex l'a fait tout à l'heure.
—Merci mec.
—Y'a pas de quoi, lui répondit Alex avec un clin d'œil complice.
—Revenue d'entre les morts, s'amusa Djamila.
—Comment t'as fait ? Et Hapsatou ? Elle s'en est sortie aussi ?
—Hapsatou est en soins intensifs. Elle est mal en point, mais devrait s'en sortir.
—Alors là, il faut que tu me racontes.
—Pendant que le médecin urgentiste et les ambulanciers s'occupaient d'Hapsatou, je suis partie monter la garde dans la maison. J'ai vu l'étable prendre feu juste en face. Je me suis doutée qu'avec la légère brise et les broussailles, l'incendie atteindrait la maison avant qu'ils n'aient terminé au sous-sol.
« Alors je suis redescendue, les ai pressés et, une fois qu'ils ont eu la possibilité d'emmener Hapsatou, je les ai fait prendre le chemin sous-terrain par lequel j'étais arrivée. Il débouche dans le hangar, entre deux balles de foin.
« Par contre, on n'a pas pu revenir au-devant de la ferme à cause des flammes. Alors on s'est mis à l'abri, un peu plus loin dans le champ à l'arrière. Le médecin a signalé notre position et, un peu après votre départ, un hélicoptère est venu nous chercher, à même le champ, pour nous sortir d'ici. Les pompiers n'ont réussi à maîtriser complètement le feu qu'au petit matin.
—Tu es incroyablement ingénieuse !
—Que de compliments ! J'adore ! Et on s'y habitue très vite.
—J'ai vraiment eu peur pour toi.
—Moi aussi j'ai eu peur pour toi. »
Première marque d'affection de Djamila pour sa collègue après tous ces mois passés à travailler en étroite collaboration. C'était vraiment bon de se retrouver tous ensemble.
Entassés dans la petite chambre individuelle de l'hôpital de Jouville, ils durent tous se serrer davantage car deux nouvelles personnes firent leur apparition. Il s'agissait de Patron, accompagné de sa fidèle assistante, Morgane.
« —Il y a foule ici, dit-il sobrement. Les soignants s'arracheraient les cheveux s'ils voyaient ça. Comment te sens-tu Maggie ?
—Bien, lui répondit-elle. Très bien.
—Parfait, alors tout le monde va bien.
—Je suis désolée d'avoir pris tous ces risques.
—Je t'en aurais voulu si tu avais été tuée. Ce n'est pas le cas. Donc je ne t'en veux pas. Affaire réglée. Je t'ai d'ailleurs apporté quelques fleurs, je les pose où ?
—Et lui, il est ringard ? bougonna Ewen à l'adresse de Raphaël.
—Pardon ? lui demanda Patron surpris par la réaction de son détective.
—Selon Raphaël, ce n'est pas original d'offrir des fleurs.
—Parce qu'il pense que des chocolats ça l'est davantage ? Foutaises. »
La répartie de Patron laissa le journaliste bouche bée, tandis que les autres personnes présentes dans la pièce, à l'exception de Patron, partirent dans un rire franc.
« —Vous pouvez les poser sur la tablette avec celles d'Ewen, lui indiqua une Maggie très souriante. Je les mettrai ce soir dans un vase. Je peux rentrer chez moi en fin de journée.
—Ravi de l'apprendre, répondit Patron. J'imagine que tes collègues t'ont donné des nouvelles de tout le monde ?
—Oui, c'est fait.
—Parfait, alors je ne vais pas m'attarder plus longtemps ici, on est beaucoup trop dans cette pièce. Je ne veux pas vous revoir avant le mariage de Béthanie. D'ici-là, c'est repos forcé pour tous. Pour toi aussi Morgane. »
De mauvaise grâce, l'assistante zélée acquiesça. Sur ce, Patron sortit de la chambre après avoir brièvement salué tout le monde, Morgane toujours sur ses talons.
« —Bastien me demande s'il peut passer ce soir ? demanda Alex en consultant son téléphone qui venait de sonner pour indiquer l'arrivée d'un sms. Il ne peut pas se libérer avant et il aimerait quand même te voir si tu n'es pas trop fatiguée.
—Évidemment ! répondit Maggie. J'aurais même été vexée qu'il ne le propose pas !
—Ok, alors je lui dis. »
C'était décidément une très belle journée pour la jeune détective.
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