Chapitre 44 : Du côté de Patron

  Patron entendit toute la conversation entre Maggie et Hapsatou. Il la suivait avec attention, n'en perdant pas une miette. Il guettait aussi les bruits alentours. Il avait senti que sa détective avait baissé la garde en retrouvant la prostituée. Il fallait donc qu'il la monte tant bien que mal à sa place.

« —Ma sœur, fit la voix d'Hapsatou visiblement autant essoufflée qu'assoiffée, il ne faut pas que tu restes ici, c'est un piège. Il me retient ici depuis hier soir. Je l'ai suivi sans me méfier, je t'ai mise en danger. Il faut que tu partes. Il va arriver. Il me garde en vie juste parce qu'il savait que tu allais venir me sauver.

« Il est là, il va revenir. Il est trop fort, il va nous tuer toutes les deux. Il a une grande haine envers toi. Et quand tes collègues vont arriver, il va aussi essayer de les tuer. Il va tous vous attirer ici pour vous tuer parce que vous le gênez quand il accomplit sa quête. Il va...

Calme-toi Hapsatou, tenta la voix de Maggie.

Il est trop fort, l'ignora la voix paniquée d'Hapsatou. Il connait tous les recoins d'ici. Tu n'as aucune chance. Il apparaît et disparait par des portes différentes. Il...

Par des portes différentes ? s'alarma soudain la voix de Maggie qui reprenait conscience du danger encouru.

Oui, il rentre ici et disparait par-là, et revient par ici. Il est partout et nulle part à la fois cet oiseau de malheur. Je... Aïe...

-Hapsatou ? Qu'est-ce qui se passe ? Je t'ai fait mal avec la corde ? ... Tu saignes ! Il avait coincé des morceaux de verre dans la corde et ta peau le sombre connard. Tu le savais ? Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

Je ne... savais pas... ma sœur... j'ai mal...

Ne bouge surtout pas. Sinon ils vont continuer à t'ouvrir un peu plus. Il faut une ambulance, elle saigne beaucoup.

Pourquoi... tu dis... ça... tu parles... à qui... ma sœur ?

Hapsatou, reste bien droite. Il ne faut plus que tu bouges ou tu vas encore plus te faire mal.

Je veux... m'allonger... j'ai... sommeil...

Non, non, non, tu restes éveillée. Parle-moi. Raconte-moi encore combien tu es fière de ton frère et ta sœur.

Ils... me... manquent... Pars... Il va... revenir... »

Patron n'avait pas encore appelé d'ambulance. Si elle arrivait trop tôt, elle risquait de mettre toutes les personnes présentes sur le terrain en danger. Il n'avait pas cessé d'écouter la conversation. Si c'était sûrement la fin pour la prostituée, il fallait que Maggie se mette en sécurité. Hapsatou avait raison, c'était un piège. Black Bird avait anticipé ce sauvetage raté et la hargne avec laquelle la détective tenterait de sauver la vie de la pauvre femme, au détriment de la sienne. Il l'avait beaucoup observée pour en déduire tout cela.

Soudain, Patron tendit l'oreille. Il avait cru percevoir un bruit, discret, mais présent derrière les échanges des deux femmes.

Si seulement elles pouvaient se taire pour qu'il entende mieux. Et surtout, si seulement Maggie pouvait l'entendre elle aussi au lieu de se laisser distraire par le piège que Black Bird lui avait tendu.

« —Il arrive Maggie, finit-il par dire une fois qu'il eut entendu une nouvelle fois le très discret bruit.

Hein ?

Bonsoir Maggie, fit une voix d'homme qui n'était pas inconnue de Patron.

Toi ! pesta la voix de la détective. J'avais raison. Tu n'es qu'une pourriture.

Vous en avez mis du temps avant de me mettre la main dessus quand même. Cinq cadavres. Et bientôt six. À cause de toi. C'est toi qui l'a tuée cette très chère Toudia.

Non, c'est toi et ta corde piégée.

Si tu n'avais pas essayé de retirer cette corde, elle ne serait pas dans cet état. C'est de ta faute, tu n'as pas été assez vigilante. À tel point que tu vas mourir toi aussi. Comme tu as déjà pu le voir dans la chambre d'amis là-haut, cette maison regorge de vieux fusils de chasse que j'ai restaurés et qui fonctionnent à nouveau. Et c'est avec l'un d'entre eux que je vais t'assassiner. Une seule balle suffit.

« Ensuite, j'attendrai sagement le reste de tes collègues, et je vais tous les tuer un par un. Je connais ce lieu comme ma poche puisque j'y ai grandi. J'ai cet avantage sur vous qui ne venez que de le découvrir. Tu crois vraiment que je n'ai pas remarqué que vous me pistiez ? Mais même comme ça vous n'avez pas réussi à me chopper la main dans le sac. Je suis bien trop fort pour vous.

Tu n'es qu'une merde.

Ne m'énerve pas, tu n'es pas en position idéale pour cela. Mon fusil est chargé et la sécurité ôtée. Je n'ai qu'à exercer une légère pression de mon indexe pour dire bye-bye Maggie.

Pourquoi avoir fait tout ça ?

C'était ma mission.

Conneries.

Je te pensais plus humaine que ça, Maggie. Pour quelqu'un qui se prend d'amitié pour une pauvre pute, qui arrive à avoir de l'empathie pour ces brebis galeuses. Je suis déçu de toi.

Tu croyais vraiment que j'allais m'apitoyer sur ton sort ? Tu es un tueur en série à gerber. Je ne ressens que de la haine envers toi.

Range ton arme cowgirl. La haine et la colère ne mènent à rien. Tu vas faire des bêtises. Et la mienne est beaucoup plus puissante que la tienne. Sans parler de mon entraînement à la chasse dès le plus jeune âge. Tu n'as aucune chance.

C'est ce qu'on va voir.

Un duel à mort ?

Parfaitement. Bye-bye... »

*PAN*

« —Maggie ? demanda Patron avec sa voix neutre et l'espoir que sa recrue n'ait pas fait une énorme connerie comme il le pressentait en écoutant la fin de la conversation entre elle et Black Bird.

AHAHAHAHAHAH, rit la voix du tueur.

—MAGGIE ?! »

Pas de réponse.

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