Chapitre 39 : Maggie a un plan

11 juin

  Au lendemain de sa frayeur nocturne, Maggie ne s'était pas remise de ses émotions. Elle repoussa autant que possible le moment de son lever, ne déjeuna que très peu, et s'habilla au ralenti.

« —Un problème, Mag' ? demanda Alex préoccupé par la lenteur de sa compagne. »

  Quoi faire ? Lui dire et l'inquiéter ? Ou lui cacher ses péripéties et risquer de perdre sa confiance ?

« —J'ai été suivie hier soir, lui répondit-elle finalement.

—Comment ça ?

—En repartant de la rue aux Ours, je suis quasiment certaine que quelqu'un m'a suivie dans la ville.

—Jusqu'à l'appartement ?

—Non, je crois avoir réussi à le semer en faisant un détour inattendu et en passant par des ruelles très éclairées et assez fréquentées de nuit.

—C'était Black Bird ?

—J'imagine.

—Maggie, tu...

—Non Alex ! Ne me fais pas la morale s'il te plaît. J'ai déjà eu assez peur comme ça, pas la peine d'en rajouter. Tout ce que j'ai besoin ce matin, c'est d'être rassurée. »

  Contre toute attente, le beau brun prit sa petite-amie dans ses bras. Il ne dit rien, mais cette étreinte suffit à apaiser la jeune détective encore sur le qui-vive. 

« —Je dois y aller, finit-il par dire en s'éloignant à regrets de celle qu'il aimait par-dessus tout. S'il te plaît, évite de prendre des risques inconsidérés. Je te préfère vivante.

—Je te promets de le rester. »

  Après s'être salués et souhaités une bonne journée, Alex partit travailler. Maggie le suivit de peu. 

  En plein jour, elle ne craignait pas d'être suivie. Black Bird pouvait être là, au coin de chaque rue qu'elle empruntait, elle savait qu'il n'agirait pas. Pas de jour en tout cas. Elle n'avait pas peur non plus qu'il découvre ses habitudes. Il les savait sans doute déjà. Elle n'avait donc pas à se cacher ou à se méfier pour le moment.

  Une fois arrivée aux bureaux, Maggie débriefa rapidement de sa soirée de la veille avec ses collègues ainsi que Nicolas Lancier et Raphaël qui étaient venus prendre un café et récolter les dernières nouvelles de l'enquête. À l'unanimité, ils lui prédirent qu'elle recevrait les foudres de Patron quand elle lui expliquera tout ça à son tour. Même Morgane, d'habitude très discrète derrière son ordinateur et prenant rarement part à leurs conversations, acquiesça.

  Pas manqué, Maggie se fit passer un extraordinaire savon par Patron. Elle lui avait tout expliqué et, comme elle et ses collègues l'avaient anticipé, il avait mis en avant l'inconscience de la jeune femme à prendre autant de risques sans porter son arme.

« —Si je vous ai payé cette formation à tous les quatre, dit-il sur un ton cassant, ce n'est pas pour vous faire ajouter une ligne de plus à votre CV. C'est pour assurer votre protection. On ne peut pas toujours être derrière vous. Et toi, tu laisses ton arme dormir tranquillement dans un coffre-fort, pendant que tu traques un tueur en série dans une rue malfamée la nuit. Qu'ai-je fait pour recruter des détectives aussi peu compétents ? »

  Maggie ne répondit rien. De toute façon, c'était une question rhétorique qui n'attendait aucune réponse. La jeune femme fixait ses pieds, honteuse.

« —De plus, poursuivit Patron, je pense que tu t'es assez promenée avec ta nouvelle copine. Maintenant, on arrête les balades nocturnes dans Jouville, et on surveille. Si Black Bird veut s'amuser avec nous, il cherchera certainement à s'en prendre à Hapsatou. Mais pas de la manière habituelle. Il sait qu'on veut le piéger, alors il va tout faire pour nous surprendre et nous retourner le piège. Il faut qu'on ait une longueur d'avance sur lui, et qu'on la garde. »

  Toujours sans le regarder, Maggie acquiesça.

« —Tu as un plan ? demanda Patron retrouvant sa voix neutre. »

  Elle en avait un, oui. Elle venait de le peaufiner avec ses collègues qui lui affirmèrent que Patron ne le validera jamais, mais autant tenter quand même, quitte à se faire engueuler, autant y aller à fond.

« —Je vais quand même voir Hapsatou demain soir, répondit Maggie. Je vais quand même me promener avec elle, au moins jusqu'à la tombée de la nuit. Et quand je vais repartir, je vais faire en sorte de piéger Black Bird et de le traquer comme il l'a fait pour moi la nuit dernière. Je connais suffisamment Jouville pour pouvoir inverser les rôles.

—Continue, l'encouragea Patron.

—Je ferai en sorte de l'amener jusqu'à la rame de métro abandonnée, rue Elizabeth II. Ewen, Béthanie et Djamila nous y attendront.

—Tu te sens donc capable de tendre ce genre d'embuscade à un tueur en série qui nous mène par le bout du nez depuis presque 6 mois ? »

  Maggie réfléchit.

« —Oui. »

  Patron tourna le dos à sa détective afin de dissimuler son fier sourire au regard de la jeune femme qu'il venait de sermonner. Lui aussi, il savait qu'elle en était capable. Lorsqu'il lui fit à nouveau face, il avait retrouvé son visage neutre, sans expression, dur.

« —Alors si je comprends bien, dit-il pour clore la conversation, le dénouement de toute cette histoire est proche ?

—Vous avez parfaitement compris. »

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