Chapitre 28 : Shopping avec Djamila

18 avril

  Maggie se réveilla aux alentours de midi. Ça ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps. Alex n'était plus à côté d'elle dans le lit, mais une douce odeur de quiche flottait dans l'appartement, ce qui suffit à lui indiquer que son petit-ami était toujours là. Lorsqu'elle émergea hors de la chambre, il se moqua gentiment d'elle :

« —Je te sers quoi à manger ? Un bol de céréales ou une part de quiche ? »

  Maggie lui répondit par une grimace toute enfantine avant de s'installer autour de la table dressée, à sa place habituelle. Alex lui servit une bonne part de quiche lorraine faite maison avec de la salade accompagnée de sa vinaigrette, maison aussi. Puis l'homme se servit à son tour avant de rejoindre sa compagne autour de la table.

« —Alors ? demanda-t-il entre deux bouchées. Comment va Aurélie ?

—Mal.

—Merde.

—Maintenant c'est le foie aussi.

—Décidément.

—C'est injuste.

—Comme tu dis. Ils en disent quoi ses médecins ?

—Ils l'opèrent dans deux semaines avant de tenter un nouveau traitement.

—La pauvre.

—Comme tu dis. »

   La fin du repas se fit en silence.

   Une fois la table débarrassée, Maggie se précipita dans la salle de bain pour se préparer à sortir. Elle avait complètement oublié que Djamila et elle s'étaient donné rendez-vous au centre commercial de Jouville pour l'achat de leur robe de témoins de mariage de Béthanie. La jeune femme prit une douche en vitesse avant d'enfiler les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main, et s'étala sommairement une touche de mascara sur les cils. Ensuite, elle se saisit de ses affaires et quitta son appartement à toutes jambes après avoir rapidement embrassé Alex sur le front car elle n'avait pas le temps d'attendre qu'il lui tende les lèvres. Le professeur était habitué à ces départs précipités, il ne s'en formalisa donc pas.

  Maggie se précipita vers l'entrée Est. 13h57. Et Djamila était déjà là.

« —Salut, fit la nouvelle arrivée à bout de souffle. J'ai failli être en retard. T'attends depuis longtemps ?

—Bonjour. Non, je viens d'arriver. Ne perdons pas de temps. »

  Après avoir fait une première boutique sans succès, deux robes retirent leur attention dans une deuxième. Le moment était particulier. Djamila n'avait jamais fait preuve de la moindre marque d'affection pour sa collègue qui respectait cette distance et ne cherchait pas à forcer leur relation. Aujourd'hui, elles étaient en train de faire les magasins ensemble et donnaient chacune son avis à l'autre sur des robes qu'elles essayaient. D'autant plus que Maggie détestait les robes.

« —Je pense qu'il nous faudrait une robe longue, finit par lâcher Djamila alors qu'elles portaient toutes deux une robe coupée au-dessus des genoux.

—Je suis d'accord avec toi, lui répondit Maggie. Moins on verra mes jambes, mieux je me porterai. »

  Troisième boutique. Plus le temps passait, et plus Maggie ressentait que Djamila se détendait.

« —Ma sœur te passe le bonjour, lâcha la jeune algérienne sans quitter des yeux le rayon qu'elle fouillait avec sa minutie de détective. Elle t'aime bien.

—Tu lui passeras le bonjour aussi. J'ai aussi beaucoup apprécié passer du temps avec elle.

—Oui, elle est très agréable à vivre.

—Elle te parle parfois de Cameron ?

—Il lui a fait de la drague quand il a commencé pour l'association. Mais elle l'a vite remis à sa place. Son métier ne l'empêche pas d'être en couple et heureuse. Noam est très ouvert d'esprit. Elle a eu de la chance de le rencontrer.

—Cameron était au courant pour le métier de ta sœur ?

—Oui. Il l'était. Il lui disait qu'il pouvait l'aider à s'en sortir, à avoir une vie meilleure. Ce qu'il ne savait pas, c'est que ma sœur aime sa vie, et que pour rien au monde elle ne l'échangerait avec une autre. »

  Silence le temps d'analyser une robe, pas assez cintrée à leur goût, puis Djamila reprit :

« —Je pense comme toi. Cameron aurait pu diriger l'affaire de loin. Ses alibis sont trop gros et son profil correspond trop.

—Donc il a un homme de main qui fait le sale boulot une fois qu'il a mis les femmes en confiance.

—De toute évidence.

—Tu as une idée de qui aurait pu être son partenaire de crime ?

—Pourquoi pas Kevin Nobeau ? Un paumé qui sort de prison. Avec son bénévolat, ça ne m'étonnerait pas que Cameron ait pu se lier avec des trafiquants pour avoir de la drogue à bons prix. Il pourrait en proposer à Nobeau en échange de ces services. C'est en tout cas ce que j'ai pensé en entendant vos comptes-rendus.

—Ça se tient. Mais je ne pense pas que Kevin Nobeau soit un tueur. Ou en tout cas, qu'il tue sans violer avant.

—Ça fait peut-être partie du marché. Il a interdiction de violer pour ne pas qu'on remonte jusqu'à lui, et que, de ce fait, on se rapproche trop de Cameron.

—Oui, pourquoi pas.

—Tu n'as pas l'air convaincue.

—Je ne sais pas. Quelque chose me dérange. J'ai l'impression qu'on se trompe.

—Patron a fait mettre Cameron et Nobeau sous surveillance. »

  Djamila n'alla pas plus loin, mais sa phrase sous-entendait largement que, si un nouveau cadavre faisait son apparition, c'est à ce moment qu'on pourrait, ou non, les disculper. Mais personne n'avait envie d'un cinquième cadavre.

« —J'aime bien cette robe, lança Maggie ravie de pouvoir changer de sujet.

—Moi aussi. »

  Les deux femmes allèrent essayer leur vêtement. Une longue robe vert pastel, fluide au niveau de la jupe mais épousant parfaitement les formes de leur buste, avec une seule bretelle et un ruban soyeux au niveau de la taille. Elles avaient trouvé leur tenue pour le mariage de leur amie. C'est un rapide appel en visio avec Béthanie et Coline – occupées à peindre des bouteilles en verre vides pour en faire des vases – que leur choix fut confirmé. Elles payèrent alors leur tenue avant de repartir chacune de leur côté.

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