Chapitre 50
Certaines choses n'étaient pas pour tout le monde et même parfois les choses les plus aisées du monde. Un baiser, un homme et une femme qui s'aimaient et moi plongée dans la solitude de la page que j'écrivais et de mots que je croyais ne jamais posséder. Je n'avais jamais eu beaucoup d'amis et avant Seth jamais réalisé d'heureuses rencontres avec le sexe opposé et je m'étais ainsi dit que la vie conjugale était peut-être au final comme un voyage. Une longue odyssée dans un pays éloigné. Un Japon, une Chine ou une Corée remplies de paysages dont on rêvait mais qu'on ne pouvait pas forcément toucher. C'était pourtant certainement de très belles terres et nous aurions adoré y poser pendant un moment les pieds. Simplement arrêter notre coeur et notre esprit et être dans l'infini. Nous aurions pu, nous aurions dû, nous aurions voulu et ?
Fallait-il vraiment un et quand tout ce qui restait était la porte que nous fermait la destinée. Forte et massive, elle nous séparait de tous les possibles et pourtant il nous suffisait de nous baisser pour pouvoir les admirer. De simplement regarder par le trou de la serrure pour voir tout ce qui ne nous appartenait pas mais qui était toujours là néanmoins. Pourquoi l'était-il d'ailleurs s'il ne pouvait pas nous faire du bien ? Longtemps je m'étais posée cette question, voyant mes connaissances se marier et avoir des enfants. Parler du bonheur d'être à deux, de tout ce qu'il était si beau de partager et que la volonté ne pouvait pas donner.
J'avais beau vouloir aimer et communier, l'amour n'était pas un diplôme à décrocher ou une montagne à escalader et s'il ne nous était pas d'une manière ou d'une autre donné comment le saisir ? Comment l'obtenir ? Il y avait des choses dans la vie que les efforts ne pouvaient acheter alors au lieu de m'en languir, j'avais toujours tenté de les oublier, car vivre différemment, ce n'était pas mal vivre pour autant. J'étais passée devant la porte de la destinée et je n'avais plus regardé toutes les merveilles qu'elle me refusait, qu'elle gardait si bien verrouillé que j'étais sûre de ne jamais pouvoir trouver les bonnes clés.
Il y en avait après tous des milliers et ma vie ne cessait quant à elle de passer. Je n'avais pas le temps de chercher une aiguille dans l'infinité des bottes de foin qui avaient été dispersées à mes pieds. De traquer ce petit instrument ordinaire qui permettait de tisser une vie entière et qui n'avait jamais vraiment servi à retoucher la mienne. Je n'avais en effet jamais été douée pour les retouches et les ourlets alors j'avais laissé ma vie être trop grande et dépareillée. J'avais arrêté de chercher ce que je n'étais pas en mesure de trouver et puis j'avais vu la porte de la destinée s'entrebâiller et m'offrir tout ce qui m'avait toujours été refusé. La porte s'était ouverte et était apparue Seth et j'avais soudain réalisé qu'une seconde pouvait suffire à délier des milliers d'années. Qu'il n'y avait pas besoin de peines et de joies à saisir à tout prix.
D'une vie à façonner sans s'arrêter pour qu'elle soit la plus conforme à nos souhaits, juste d'un laisser-aller. D'un simple moment pour réaliser que tout n'était peut-être pas comme on le voulait, mais que tout était et que cela suffisait.
— Tu as toujours été là et pourtant je t'ai attendu pendant si longtemps, murmurais-je alors qu'il me dominait totalement.
J'étais complètement recouverte par la force de son corps d'homme et j'aimais la vulnérabilité que je ressentais, j'aimais le fait de pouvoir m'y abandonner. De ne pas avoir peur d'y goûter et de sentir que mon expérience passée enfermer mes perceptions. Que soudain la force de Seth n'était plus bienfaitrice et belle, mais menaçante et contraignante. J'étais reconnaissante de pouvoir être sans que chaque moment me rappelle ce qui n'avait pas été et ce qui pouvait toujours mal tourner.
— Je t'ai attendu aussi mon coeur, me répondit-il en me butinant les lèvres avant de les lécher doucement et de s'y frayer un chemin pour stimuler ma langue avec la sienne. Pour caresser l'intérieur de mes joues et me faire l'amour avec sa bouche.
Longtemps il resta simplement là, à prendre tout le temps qu'il fallait pour être en moi, pour me donner envie que davantage nous lient et je réalisais soudain que j'ignorais avant aujourd'hui à quel point un simple baiser pouvait stimuler et rendre trempée mon intimité. J'étais mouillée et j'avais envie d'être pénétrée et comblée, de sentir en moi la fermeté de son corps alors j'écartais largement les jambes.
Je pliais les genoux au maximum, m'ouvrant et me donnant complètement. Son sexe dressé était pressé contre le mien, si large et impressionnant, si viril et puissant que j'avais l'impression qu'un coup de rein était capable de rompre le monde et peut-être l'était-il. Peut-être qu'alors que je pensais être allée au bout de tout ce qu'il était possible de vivre, je ne faisais en réalité que commencer. J'avais goûté à des milliers de plats, m'étais abandonnée à mille manières de vivre la volupté. J'avais tout été ou du moins c'était ce que je croyais avant que l'homme que j'aimais ne me fasse à nouveau être. Qu'il me montre que derrière toutes les saveurs de la terre, il y avait celle du ciel et d'une passion qui était rendue encore plus belle par le besoin mutuel qu'en avait deux êtres. Seth me désirait autant que je le voulais et cela me donna la malice de me permettre quelque chose que je n'avais jamais vraiment tenté auparavant.
J'essayais de lui faire perdre le contrôle, de jouer avec lui comme il l'avait fait tant de fois avec moi. Je voulais imprimer dans son corps la folie de l'envie et faute d'avoir consulté des manuels sur le sujet, je suivis ce que mon instinct me disait. J'embrassais, mordillais et léchais son cou jusqu'à le marquer et puis je projetais mon bassin contre le sien avant de caresser son sexe avec la paume de ma main et le bout de mes doigts. De soupeser ses testicules, de jouer avec la dureté soyeuse de son pénis, d'aller et venir et puis de m'écarter et de recommencer pendant qu'il grognait et gémissait et que je pensais tenir sa détermination enfermée dans le creux de ma main, l'avoir complètement et totalement en mon pouvoir.
Il était à moi ou du moins il le fut pendant quelques précieuses minutes avant que son regard amusé et son corps qui s'écartait du mien ne me dise que mon petit jeu n'avait malheureusement pas fonctionné.
— Prends-moi, murmurais-je avec le ton d'un enfant qui faisait un caprice et qu'il laissait échapper un rire profond en se glissant hors du lit.
— J'ai l'impression que mon chaton a cru qu'il avait des griffes dit-il en caressant la marque que mes dents avaient laissé sur la peau de son cou.
Il était debout au bord du lit et alors que j'allais m'asseoir pour le toucher, l'embrasser, poursuivre d'une manière ou d'une autre les ébats que nous avions commencés, il me tira doucement par les chevilles et fit reposer mon derrière au bord du vide.
— Qu'est-ce que tu fais ? demandais-je pendant qu'il s'agenouillait devant moi et que sa respiration titillait les replis de mon intimité.
— Je vais te donner ce que tu désires mon coeur. Tu voulais du plaisir, tu vas être servi, me promit-il avant de sucer mon clitoris.
Il ne titilla pas longuement les plis de mon intimité et se contenta de téter le bouton ferme et gonflé que ma vulve dissimulait. De suivre comme un musicien la mélodie de mon plaisir pour me faire jouir. Il savait trop bien ce qu'il faisait et maitrisait chaque note avec tant d'acuité que quelques minutes suffirent à me faire atteindre l'apogée du plaisir.
— S'il te plaît c'est trop, murmurais-je sans qu'il ne fasse cas de mes supplications, se contentant simplement de continuer à me dévorer comme un fruit à maturité.
— N'étais-tu pas prête à tout pour combler tes désirs mon chaton ?
— Je suis désolée, je n'aurais pas dû...
— Pas dû quoi ? me demanda-t-il d'un ton interrogateur en laissant sa langue passer et repasser langoureusement sur mon intimité.
Des vagues interminables de volupté me traversaient, mon corps était en feu et la pointe de mes seins dressés et je savais que j'aurais dû continuer à me repentir et à supplier mais au lieu de cela je choisis une autre manière de nous lier.
— Je t'aime murmurais-je en le regardant.
— Et je t'aime aussi mon coeur, dit-il en déposant un dernier baiser sur mon clitoris avec de se redresser et de positionner son sexe contre l'entrée du mien.
Il fit reposer mes mollets sur ses épaules et centimètre après centimètre son sexe pénétra le mien et cette dure pression masculine me fit me sentir chez moi.
— Cela ne marchera pas toujours mon chaton, sourit-il en s'enfonçant enfin complètement dans mon corps.
— Quoi donc ?
— Me dire de jolies choses pour obtenir ce que tu désires.
— Alors je trouverais autre chose, répondis-je avec malice pendant qu'une certaine légèreté s'installait.
Nous avions eu la lutte, la passion, l'abandon et la possession et nous avions désormais la clarté et l'éternité. Cet instant unique que créés deux êtres qui s'aimaient. Cette manière particulière qu'avait l'amour de pouvoir transformer les pires débandades en souvenirs qu'on chérissait. Il était en moi, nos corps ne faisaient plus qu'un mais le plus beau à cela n'était plus dans le plaisir ou la joie physique, mais dans l'exaltation de l'esprit. Dans le fait de pouvoir être pleinement heureux à deux. De sentir son bonheur coulait dans l'autre avant de revenir vers soi et de n'être plus rien à part cela.
D'être à soi dans un autre être et uniquement deux sur terre. Le monde entier ne contenant soudain plus une infinité d'âmes et de voix, mais juste l'amour et moi et le bruit d'un univers qu'on ne pouvait peut-être pas changer mais qu'on pouvait réinventer. J'étais bien placée pour le savoir en tant qu'écrivain, si le monde ne nous plaisait pas, si l'obscurité aveuglait et la vie était trop difficile à supporter, il suffisait de la froisser comme une boule de papier, de la jeter derrière son épaule et d'en prendre une autre. Un ouvrage vierge qui ne serait peut-être pas le monde entier, mais qui serait le nôtre. Une feuille immaculée sur laquelle je pourrais écrire mon monde et peut-être aussi le vôtre pour qu'enfin tout soit nôtre...
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