Chapitre 43

— Tout ira bien Elisabeth, me dit-il alors en me prenant dans ses bras.

— Tu n'en sais rien...

— Personne n'en sait jamais rien mon coeur, mais cela ne nous empêche pas d'être bien néanmoins. Je ne peux pas te promettre un avenir parfait, mais je peux t'assurer que je serais toujours à tes côtés dans le bon comme le mauvais.

— À t'entendre on dirait presque que nous sommes devant un prêtre, dis-je en voyant presque dans ses mots l'autel et le serment solennel.

— Je n'ai pas besoin d'église pour te chérir.

— Alors je suppose que tu es un de ces hommes qui jugent le mariage sans importance.

— Non mon chaton, nous nous marierions, il le faudra bien pour que je puisse t'offrir le plus beau voyage de noces du monde.

Un mariage, de l'amour et un voyage, cela tenait si bien sur le papier, cela était si beau à regarder. Après tout ce que j'avais vécu, il était si agréable de pouvoir différemment remplir mon avenir. De dissoudre tout le difficile et le nécessaire dans le rêve et l'imaginaire. Dans une réalité qui bien que n'étant qu'au stade de la pensée était tout de même capable de devenir vrai, d'être vécu à un moment donné, même si elle était pour l'instant en train de m'échapper.

J'étais encore bien loin du calme de demain, mais cela ne voulait pas dire que je ne pouvais pas prendre la paix d'aujourd'hui. Me dissoudre dans un plaisir insensé et laisser mon corps vacillait tant il serait aimé. Je pouvais tout oublier et alors que les cordes m'appelaient à le réaliser, quelque chose en moi ne savait pas encore comment m'y préparer correctement. J'appréhendais de sentir les liens me caresser et m'immobiliser, ne faire plus qu'un avec les zones les plus intimes qui formaient celle que j'étais. Entourer ma poitrine, titiller mes tétons et frotter contre les replis secrets de mon intimité, me rendre complètement vulnérable et impuissante ou peut-être simplement vivante.

Le shibari transformait le corps en une oeuvre d'art faite pour s'offrir aux regards. Il nous rendait sensibles et vrais, ouvrant l'âme en empêchant le corps de bouger. Être attachée, je l'avais déjà été et je mourrais d'envie de découvrir la sensation que ces nouveaux liens me procureraient, mais aussi toutes les surprises que Seth me réservait à travers tous les objets de plaisir que cette pièce abritait et qu'il allait très certainement utiliser. Tout ce qui pouvait paraître aussi innocent que les bougies qui constellaient la pièce et que je savais être bien plus que de simples objets de décoration. De petites choses faites pour créer une atmosphère douce et sensuelle, pour meubler un foyer à la manière d'un objet d'art, d'un vase ou d'un cadre, de quelque chose qui réveillait la maison et peut-être aussi l'inspiration.

Une pièce vivante donnait en effet envie de vivre et les bougies savaient habiller la vie, être à la fois parfumées et jolies, mais parfois aussi indépendantes et coquines. Les amateurs de jeux intimes le savaient, la cire pouvait être un instrument de plaisir particulier et extrêmement intéressant à expérimenter.

Sentir sa chaleur couler sur ma peau, l'éveiller sans la brûler, faire pointer mes mamelons et les marquer, j'en avais rêvé, mais l'expérimenterais-je aujourd'hui c'était à Seth d'en décider. C'était lui qui contrôlait mon plaisir et même si j'étais sûre que ces bougies étaient spécialement conçues pour se consumer à basse température et pouvoir ainsi être utilisées dans l'intimité, je n'étais pas certaine qu'elles feraient partie du programme de la journée ou du moins jusqu'à ce que Seth utilise son briquet pour les allumer et qu'une vague de plaisir me traverse de la tête aux pieds. Entre les bougies et le shibari, le moment semblait déjà assez rempli et pourtant la présence d'un fouet japonais posait comme un ornement sur un buffet me murmurait que l'instant serait encore plus exigeant que je l'avais imaginé. 

J'étais familière des cravaches, paddles et fouets à lanières qui torturaient pour plaire, mais pas de ce modèle étrange qu'avait mis au point le pays du soleil levant. Cette contrée en apparence si polie et innocente qui derrière des portes fermées savait parfaitement comment être désinhibée. Comment utiliser cet instrument composé de fines baguettes de bambou pour éveiller la peau. La faire rougir, la chauffer et l'exciter et peut-être aussi la marquer. Long et lourd, mais aussi étonnamment fin et malléable, son caractère semblait dépendre de la main qui le manipulait et de la sensation qu'elle voulait créer.

— Caresse-le mon coeur. Apprends à connaître l'objet qui se chargera d'éveiller ton intimité à la sensualité.

— Tu vas l'utiliser pour me donner la fessée ?

— Cela te manque n'est-ce pas mon chaton, me dit-il en souriant alors que je baissais la tête en rougissant.

— Je... murmurais-je en ne parvenant pas à soutenir son regard.

— Regarde-moi Elisabeth, dit-il avec un mélange de douceur et de fermeté qui me fit immédiatement lever les yeux vers lui.

Il était toujours aussi beau et sombre que la première fois que je l'avais rencontré transie de froid dans le hall du Black and White, mais il semblait étonnamment plus avenant. Il n'avait pourtant pas changé mais c'était moi qui avais appris à le voir tel qu'il était. À dépasser le masque de la domination et de la beauté pour découvrir une âme plus vraie et profonde que je l'avais imaginé. Il était tendre et prévenant, merveilleusement doux et exigeant, il était ma destinée et je l'aimais. Avec lui je n'avais pas besoin d'avoir honte de quoi que ce soit, juste de profiter des cadeaux qu'il me faisait et d'accepter qu'il n'y avait aucun mal à désirer et à rechercher la stimulation que pouvait procurer une fessée.

— J'en ai envie.

— De quoi as-tu envies mon coeur, dit-il en me poussant plus loin dans mes retranchements.

— Seth...

— Dis-le Elisabeth. Demande-moi de te donner la fessée.

— Je... Est-ce que... balbutiais-je sans trop savoir comment continuer ma phrase.

Il était en effet aisé de supplier quand chaque fibre de notre corps nous brûlait, quand nous étions si excités que notre jouissance semblait être la seule chose que le monde contenait. Le plaisir désinhibait avec la même force qu'une tempête qui se levait, emportant avec elle tout ce que la côte était quand le calme régnait. Les enfants qui jouaient, ramassant des coquillages ou des pierres qu'ils voulaient croire être des fossiles millénaires, un couple qui s'embrassait, des amis qui se baignaient, tout ce que la vie avait de beau et de léger et qui s'évaporait lorsque les flots se soulevaient. Un fracas et un mouvement que j'aurais aimé habiter mon corps pour laisser les mots sortir avec facilité. Je voulais qu'il me donne la fessée, mais l'accepter et l'avouer étaient deux choses éloignées.

— J'ai envie que tu me donnes la fessée, dis-je en prenant mon courage à deux mains.

— C'est un bon début maintenant demande-moi de te la donner.

— Seth... C'est trop... 

— Ce ne sera au contraire jamais assez. Maintenant dis-le Elisabeth. 

— Je, je... est-ce que tu peux me donner la fessée s'il te plait ?

— Tes demandes sont des ordres mon coeur. Maintenant mets-toi à quatre pattes sur le sol mon chaton. Le dos cambré et le derrière bien en l'air. 

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