Chapitre 20
— Que vas-tu faire ? lui demandais-je alors que je prenais place sur le tabouret matelassé qui s'étendait devant la précieuse coiffeuse en bois peint, comme un ornement sophistiqué ou peut-être simplement le cadre parfait d'un tableau raffiné.
— Décidément mon coeur, nous avons des progrès à faire du côté de l'obéissance, dit-il en s'accroupissant devant moi. As-tu donc oublié, ce dont nous venons de parler ?
— Absolument pas.
— Alors rappelle-le-moi. Dis-moi comment tu dois te comporter dans l'intimité m'interrogea-t-il en recommençant à titiller mes lèvres avec son pouce.
— Je dois t'obéir sans discuter.
— Et qu'es-tu en train de faire ?
— Discuter, répondis-je sans en concevoir le moindre regret, mais en avalant tout de même l'ébauche de sourire qui était en train de se dessiner sur mes lèvres.
Seth était dominant, je le savais et une personne comme lui n'acceptait en général, aucune discussion pouvant mettre à mal son autorité ou simplement contester le pouvoir qu'il avait sur moi. L'interroger, c'était remettre en question ses actes et un autre homme partageant ses inclinaisons, n'aurait certainement pas hésité, à me trainer jusqu'au banc à fessée, pour me donner une correction digne de ce nom. Il n'aurait pas hésité, mais cela ne voulait pas dire qu'il n'y avait pas d'hésitations à avoir.
Le monde de la soumission et de la domination était différent pour chacun de ses pratiquants et on avait beau dire qu'il y avait des pratiques qui le définissaient, des comportements qui faisaient qu'on y était ou non immergé, ce qu'on ne disait pas, c'est que le niveau de l'eau dans lequel on se baignait pouvait considérablement varier. On pouvait juste y tremper le bout d'un orteil et être contenté de la sensation de fraicheur qu'on ressentait.
Se satisfaire d'avoir fait davantage que regarder l'eau de loin et eu le courage de ne laisser inexploré aucun fond marin. D'en avoir fait partie, même si on avait refusé de faire de la plongée. De s'enfoncer profondément dans d'inconnus océans et de regarder ce qu'ils abritaient. Tout ce qui vivait là où tout le monde ne pouvait ou ne voulait pas aller. On ouvrait les yeux dans l'obscurité et on réalisait, qu'il y avait tout de même de la lumière pour l'éclairer. Que la clarté n'avait jamais été si grande et si parfaite que perdu au fond de la mer. Dans cette noirceur si stigmatisée, si méconnue et jugée et pourtant si pure et si vraie. Ce qui était éloigné n'était pas forcément mauvais, mais pour cela il fallait avoir la force de s'en rapprocher et d'apprendre à se familiariser avec des goûts qu'on ignorait peut-être comment nommer, mais dont on pouvait profiter.
— Tu es bien trop indisciplinée mon chaton, n'importe quelle autre soumise aurait à l'heure qu'il est, déjà été convenablement réprimandée.
— Alors je suppose que cela veut dire que je ne suis pas n'importe qui, répondis-je d'un ton malicieux. Maintenant, réponds-moi, s'il te plaît, dis-je en espérant que cette formule de politesse, proche des implorations qu'il aimait tant me voir prononcer, adoucisse l'impératif de mon ton.
— Nous allons te démaquiller petite chipie, répondit-il d'un ton détendu en me donnant une petite pichenette sur le nez.
— Pourquoi ? demandais-je interloquée par cette drôle d'annonce. Mes lèvres rouges vifs et mon teint parfait étant pour moi représentatif, de ce qui charmait aisément la gent masculine. Ce qui était beau et agréable à regarder et dont je ne voyais pas vraiment pourquoi il souhaitait m'en déposséder.
— Parce que ton maquillage est une arme que tu utilises pour être moins vulnérable. Une armure qui te cache et m'empêche de te voir.
— Alors à chaque fois que nous connaitrons des moments intimes, il faudra que je me démaquille ?
— Non, une fois suffira pour que tu réalises que tu n'as pas besoin de cacher ton âme avec moi. Que le maquillage est un bel atours, que tu pourras utiliser à ta guise pour te protéger du monde, mais qu'il ne pourra après aujourd'hui plus jamais te permettre de me cacher ta beauté et ta vulnérabilité.
Le maquillage était une arme autant qu'un masque, un moyen d'oublier que la beauté se construisait et que notre visage était le reflet chiffonné que nous renvoyait le matin, le miroir de notre salle de bain. Mon image, je l'avais construite avec soin. Sans mère, soeur ou amie près de moi, j'avais appris à domestiquer chaque rouge à lèvres et chaque fond de teint, à allier les couleurs et les teintes, pour cacher mon âme derrière ce qui était beau à voir. La beauté et l'élégance, je les avais toujours utilisés pour me protéger et maintenant que Seth voulait m'ôter le pouvoir que j'avais toujours eu sur mon image, je réalisais toute la symbolique qui se cachait derrière un acte anodin du quotidien. À quel point apparaître sans maquillage devant quelqu'un, pour une femme comme moi, pouvait être difficile à accepter et expérimenter.
Seth voulait voir derrière la beauté, prendre au-delà de ce qui était facilement donné pour me laisser si vulnérable, qu'il pourrait aisément pénétrer mon âme. Il voulait et alors que je l'avais laissé m'attacher et me donner la fessée sans broncher, j'étais en cet instant, à deux doigts d'utiliser mon mot de sécurité. J'avais envie de me cacher, mais alors que les syllabes de l'hiver naissaient sur mes lèvres, la soudaine douceur de son visage mêlait à la tendresse avec laquelle, il passait sur mes joues un doux coton démaquillant, me fit changer d'avis. J'avais toujours pensé que les actes les plus passionnés étaient les plus intimes que la vie pouvait donner.
Qu'on ne se sentait jamais aussi proche d'un autre être que quand on oubliait où notre corps commençait et où le sien se terminait, mais ce n'était pas forcément vrai, l'intimité ayant en réalité, mille manières d'être conjuguée. Se tenir la main, partager un repas, dormir dans le même lit ou simplement montrer son vrai visage à une personne qu'on voulait éblouir. Le laisser dévoiler, chaque centimètre de ce que l'on était et apprendre pas à pas que le vrai amour se passait de mensonges.
— Je peux le faire toute seule, protestais-je au bout d'un moment en sortant de mon envoûtement
— Je le sais mon coeur. Tu es une femme belle, intelligente et indépendante, mais ici et maintenant, tu m'appartiens mon chaton. Tu es à moi, alors laisse-moi prendre soin de toi.
Il voulait s'occuper de moi, alors après un tendre baiser sur le front, il finit de me démaquiller et se mit à me déshabiller sans un mot. M'ôtant mon pull noir cintré et mon pantalon rouge, avant de me retirer ma petite culotte et de passer ses mains dans mon caraco. D'empaumer mes seins, de les malaxer et d'en titiller la pointe d'une manière qui m'était maintenant devenue familière. J'avais l'habitude de son contact à la fois exigeant et tendre, de la manière dont il parvenait en une seconde à exciter chaque zone érogène de mon corps. À transformer mes mamelons en de petits boutons hérissés qui ne demandaient qu'à être malmenés, pincés par ses doigts avant d'être relâchés, pour finalement subir la morsure qu'il m'avait promis.
Pour voir cette tendre partie de mon anatomie, être en une seconde enfermée dans des pinces à brides, dont le baiser semblait aussi constant que lancinant. Cela ne faisait pas vraiment mal, mais j'avais l'impression que quelqu'un exerçait une constante pression sur mes seins. Les stimulait si complètement et inlassablement que j'étais incapable d'oublier qu'ils existaient et qu'ils pouvaient me procurer des sensations variées. C'était comme être forcé de garder un vibromasseur entre ses cuisses sans pouvoir jouir. De laisser des vibrations trop légères et trop lentes nous faire en permanence ressentir un incomplet plaisir.
— Écarte les jambes mon chaton, murmura-t-il avant de caresser mon clitoris pour le rendre aussi dur que mes tétons.
Le transformer en un petit bouton gros et ferme qui semblait pointer à travers les lèvres de mon sexe. Il ne touchait que mon clitoris, le travaillant comme de l'argile, le gonflant et le durcissant avant de l'emprisonner dans un drôle d'instrument.
— Qu'est-ce que c'est ? demandais-je en passant mes doigts entre mes cuisses.
— Une pince clitoridienne, dit-il simplement en donnant une pichenette sur mon sexe qui me fit pousser un cri où se mêlaient la surprise et le plaisir.
Cette pince ressemblait davantage à un bijou qu'à l'objet dont elle portait le nom. Formée d'une sorte d'anneau de métal qui emprisonnait le clitoris avant de se prolonger en de larges tiges qui soutenaient deux jeux de cinq petites mais massives boules d'acier, elle me donnait la sensation d'une caresse constante. D'une sorte de boucle d'oreille pour le sexe qui tirait en permanence mon clitoris vers le bas et le massait sans mains ou doigts. Entre le traitement qui était infligé à mon intimité et celui que ma poitrine subissait, j'avais vraiment l'impression d'être torturée, transformée en une créature qui ne vivait que pour le plaisir qu'elle ressentait et qui était prête à tout pour le voir exploser.
— Dès que je jouirais dans ta bouche mon chaton, je veux que tu laisses éclater ton plaisir. Tu auras ton orgasme quand j'aurais le mien, c'est compris ?
— Oui répondis-je simplement en me demandant si ces accessoires et laisser le pénis de Seth se lover entre mes lèvres suffiraient à libérer le trop-plein que je ressentais.
Pouvait-on vraiment jouir sur commande ? L'avenir n'allait pas tarder à me l'apprendre...
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