Chapitre 19

— Où allons-nous ?

— Ne t'inquiète pas mon coeur, tout se passera bien, me réconforta-t-il doucement en me prenant la main, pendant que j'étudiais pour me distraire les lieux qui m'entouraient.

Ils étaient toujours aussi froids et impersonnels qu'à mon arrivée, vide de sens et d'essence, mais par moments, je pouvais tout de même y ressentir une présence. Un indice qui laissait deviner, les grands traits de l'âme qui les habitait. Son goût pour les fruits et les tableaux remplis d'harmonie, grâce à la corbeille qui trônait comme un objet d'art sur le comptoir de sa vaste et belle cuisine américaine.

Son appétit pour le bon, mais aussi le beau, peu importe le prix que celui-ci nécessitait pour qu'il puisse le posséder. Un stylo, une montre ou encore des boutons de manchettes qui trainaient sur un guéridon du salon, disaient d'un simple regard, le plaisir qu'il prenait à s'entourer des choses les plus belles et les plus raffinées. Derrière tout ce qui ne pouvait pas être vu, il y avait toujours quelque chose à voir et j'aurais aimé pouvoir plus longtemps continuer à réunir les pièces du puzzle qui m'entouraient. Que la matière de son âme, se révèle davantage, que le couloir soit plus long et que je puisse apprendre à pénétrer plus profondément en lui, mais très vite trop vite, nous arrivâmes à la destination de son choix.

Une pièce qui ressemblait à une chambre d'amis, reconvertie en un antre de plaisir, en un lieu où toutes les passions pouvaient s'épanouir. Au-delà d'un lit innocent et d'une coiffeuse ingénue, s'étalaient des objets dont la seule vue suffisait à exalter. Des anneaux de suspension et des cordes si nombreuses et si longues qu'elles semblaient pouvoir envelopper le corps tout entier. Sans parler bien sûr d'un large banc à fessée, disposé dans un coin et près duquel traînait de quoi recevoir une correction digne de ce nom ou peut-être simplement expérimenter les sensations provoquées par des accessoires variés.

Cravache, canne, martinet, paddle ou encore fouet en daim, de dressage ou à lanière, il y avait de quoi goûter à tous les types d'impacts qu'il était possible d'imaginer et de réaliser qu'une fessée avait plus d'une façon de se conjuguer. Qu'attaché, le derrière surélevé, on pouvait être offert à des sensations aussi nombreuses que variées, que la paume d'une main pouvait être mêlée à la morsure intense d'une canne ou à la légèreté mordante d'un fouet à lanière de cuir. Des instruments qui pouvaient être aussi utilisés pour titiller et jouer avec les partis intimes en complément d'autres accessoires dont la pièce était dotée d'un choix qui n'avait rien à envier aux magasins pour adultes les mieux achalandés. Des vibromasseurs magic wand, très larges et impressionnants, de plus petit modèle visant uniquement à stimuler le clitoris et puis les fameuses pinces à sein, que Seth allait bientôt poser sur moi.

Alors qu'un instant auparavant, elles semblaient être un objet intimidant, face au déferlement qui m'entourait, elles paraissaient presque inoffensives. Petites et délicates, tendres et agréables, leur mordant habilement dissimulé par leur fragile aspect. Comme certaines femmes dont le temps nous avait légué l'histoire et dont le corps vulnérable et le visage agréable avaient réussi à dissimuler un esprit de guerrier, elles m'évoquaient une force insoupçonnée. Une de ces choses dont on ne se méfiait pas, mais qui étaient dangereuses néanmoins. Si Seth les refermait sur mes tétons et s'amusait à jouer avec la chaine qui les reliait, je savais en effet que je perdrais trop facilement mes moyens. J'avais conscience qu'elles me promettaient des sensations très différentes de tout ce que je connaissais et alors qu'une partie de moi les appréhendait, une autre plus forte et plus tenace, brûlait de savoir à quel point le monde pouvait se dissoudre dans un moment passionné.

Le bien et le mal s'effaçaient pour que le corps soit enfin capable de parler, de donner à l'âme, un parfum dont elle pourrait se rappeler. Des effluves tellement poignants et enivrants que même la peine et la souffrance, ne leur ôteraient jamais leur beauté. Une pièce pouvait en effet être comique ou tragique, ce qui était beau le restait, peu importe l'atmosphère qui l'entourait. Pour le meilleur ou pour le pire, on apprenait qu'une rose embaumait pareillement, qu'elle soit entourée de nos peines ou de nos rires. Qu'on l'arrose de nos larmes ou de nos sourires, elle se remplissait toujours de beauté et rendait toutes les histoires sublimes à raconter.

Peu importe ce que l'avenir me réservait, les peines et les joies que mon destin abritait, ici et maintenant, je pouvais créer quelque chose de beau à me rappeler. Nous pouvions le faire tous les deux ou du moins, nous le pourrions une fois que j'aurais posé la question qui me brûlait. Celle qu'on ne pouvait garder pour soi, quand on était emmené dans une pièce comme celle-ci pour la première fois.

— Qu'est-ce que c'est que tout ça ? demandais-je en approchant mes doigts des objets qui s'étalaient devant moi, sans néanmoins trouver la force de les toucher.

— Puisque tu ne veux pas aller au club j'ai dû amener du matériel ici mon chaton.

— Alors cela ne fait pas partie de ta décoration ?

— Non mon coeur, d'habitude, aucune pièce de ma maison n'est remplie d'accessoires coquins.

— Comme c'est rassurant, murmurais-je pendant qu'il riait.

— Ne fais pas cette tête, ce n'est pas aussi terrible que tu l'imagines.

— Vraiment, tu ne veux donc pas rejouer la scène d'un roman érotique ?

— Non, je vais simplement te donner la punition et la récompense que tu as méritées.

— Alors pourquoi ces cordes, ces jouets et ce banc à fessée ?

— Disons simplement que je veux avoir un moyen de parer, à tout bon ou mauvais comportement. Je veux que tu saches que tout cela est à portée de la main et que je peux les utiliser, si j'en ressens l'envie ou le besoin. Maintenant assieds-toi devant la coiffeuse mon coeur.

— Pourquoi ?

— Parce que je le veux Elisabeth. Tant que tu n'utiliseras pas ton mot de sécurité, tu obéiras aux ordres que je te donnerais sans discuter. Je mène la danse et tu la suis, c'est compris ? me demanda-t-il pendant que je hochais imperceptiblement la tête.

— J'attends une réponse orale.

— Oui, répondis-je, avec un ton qui évoquait presque celui d'un défi, mais à qui était-il adressé, à lui ou à moi, je l'ignorais.

Tout ce que je savais, c'est que j'avais besoin qu'il soit maître de la situation pour que je puisse m'y soumettre, même si en cet instant, je n'avais pas encore deviné, que s'exécutait sans discuter était beaucoup plus difficile que je l'imaginais. Tout remettre en question, tout contester et discuter était aisé, mais s'abandonner complètement à un autre être, un comportement dont on apprenait à se méfier, dès que la prudence nous était enseignée. Ne suis pas un inconnu, ne dépends de personne, ne révèles jamais qui tu es facilement et puis quoi encore ? Il y avait mille mots de méfiance à prononcer et un seul pour tous les laisser aller. Il fallait fermer les yeux, se jeter dans le vide et se dire que la confiance serait le filet qui nous rattraperait. Que l'amour nous donnait des ailes pour voler, mais le problème était qu'elle pouvait les briser quand cela lui plaisait et que je n'étais pas sûre d'être prête à supporter les caprices du mot aimer.

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