{24}

Le soleil n'est plus qu'une boule de feu s'élevant dans une mer morne, et les passants ne sont plus que des pions d'un jeu terriblement dangereux, auquel je joue depuis bien trop longtemps. Jamais je n'aurais dû accepter ces Miraculous. J'aurais dû les confier à Alya, cela m'aurait probablement évité tous ces problèmes qui me tombent dessus comme des météorites inévitables. Ce qui est arrivé à mon père, j'ai la terrifiante pensée que c'est à cause de Ladybug.

Je visse nerveusement mes écouteurs dans mes oreilles, et augmente le volume progressivement, jusqu'à ce que seule la musique résonne dans ma tête trop pleine. Les larmes coulent sur mes joues, mais je n'essaie même plus de les arrêter. Je m'adosse contre la vitre de l'abri, les mains dans les poches, mon sac qui pend à mon épaule, la mine éreintée par les événements, et le cœur sans goût à rien.

Certains lycéens osent quelques regards dans ma direction, dont Juleka, une élève extrêmement introvertie, qui partageais la même classe de quatrième que moi, il y a quatre ans. C'est la première fois que je remarque sa présence ici. Je ne savais pas qu'elle prenait elle aussi le bus, et même que nous allions dans le même lycée.

Un grondement féroce vient percer la barrière que formait la musique autour de moi. Mon reflet apparaît devant moi, dans la carrosserie d'une voiture noire. La portière arrière s'ouvre doucement, me laissant le temps de sécher quelques larmes et de prendre une posture plus convenable, plus chaleureuse.

– Marinette ! On t'emmène ?

J'acquiesce en esquissant un sourire douloureux sur ma mine qui se veut paraître plus éclatante que les autres jours. Mais mes pleurs ont effacé le masque que j'avais pris le soin de poser ce matin sur mon visage creusé par la fatigue. À peine ai-je refermé la portière derrière moi que nous repartons, à une vitesse hallucinante. Je jette un regard apeuré dans le rétroviseur, mais ce que j'aperçois ne me rassure aucunement.

Un bleu recouvre l'intégralité de sa joue, et remonte jusqu'à sa pommette terriblement gonflée. Son œil est légèrement boursouflé en ses bords, mais son regard n'en reste pas moins froid.

– Je te trouve bien plus jolie avec tes cheveux lâches, fait Adrien en enroulant une mèche autour de son index.

Je la lui reprends des mains, les joues enflammées par un sentiment qui ne devrait même plus exister. Mais comment pourrais-je faire une croix sur lui maintenant que mon rêve s'est accompli, alors que j'en étais incapable lorsque tout semblait perdu d'avance ? Je détourne mon regard du bleu de ses grands émerveillés par ma présence. Je retourne à mes occupations en replongeant mon regard dans la glace suspendu en face de Félix, les doigts crispés sur le volant. Son regard, bien qu'il ne soit pas dirigé vers moi, me glace le sang, au fur et à mesure que le mien s'y enfonce. Derrière cette froideur, j'ai l'impression qu'un lourd message souhaitant ma culpabilité luit dans le creux de sa pupille d'une cruelle noirceur.

Les ronronnements cessent de résonner dans le véhicule, tandis que le paysage cesse sa course dans le sens inverse de notre direction.

– Marinette ?

La voix suave d'Adrien me coupe dans ma contemplation

– Oui ?

– Pourrais-tu ouvrir la porte, s'il te plaît ?

– La... La porte ?

Il soutient mon regard, espérant y voir une lueur de compréhension. Cette lueur apparaît dans mes yeux lorsque je - re - prends conscience de l'endroit où nous nous trouvons. Il faut vraiment que je cesse de me laisser distraire par sa voix. Mais j'ignore pourquoi j'ai l'étrange sensation que ce n'est pas lui qui m'a fait oublier la réalité dans laquelle nous sommes.

Je tire la poignet de la portière et Félix ordonne l'ouverture du coffre depuis le tableau de bord avant de quitter le véhicule à son tour, dans une colère incomprise. Il en sort le siège d'Adrien, lequel a déjà les jambes en dehors de la voiture. Son frère me bouscule, refaisant resurgir ces douleurs physiques causées par Black, il y a plusieurs jours déjà. D'un geste brusque et sec, il déplie le fauteuil dans ses mains, et le place en face d'Adrien, lequel s'aide de ses béquilles pour prendre place dans son trône de tissus et de métal. Le jeune homme en costard gris accroche à ce dernier le sac de son petit frère, sans m'accorder le moindre regard, pas même un complétement gelé. Il regagne à toute vitesse sa place de conducteur, et repart, le coffre se refermant dans son accélération.

– Excuse-le pour son comportement quelque peu tendu, il a fait une chute assez douloureuse ce matin, m'explique-t-il, les joues rougis par la gêne.

Il enfile une paire de gants en cuire, et s'oriente vers le lycée, un léger sourire en coin. Je voudrais tellement partager la même joie que lui. J'avance à ses côtés, sans pouvoir lui adresser le moindre signe de joie. Ma vue est floue, mais je parviens tout de même à éviter que les larmes ne débordent. Alors que nous nous trouvons à quelques mètres de l'escalier, Adrien m'attrape délicatement la main. Sa mine d'ange dirigée vers moi, il me sourit tristement, comme s'il partageait à présent la même émotion qui transparaît sur mon visage épuisé.

– Marinette, commence-t-il doucement.

Je m'arrache à son étreinte violemment. Trop violemment, probablement. Mais peu importe. Je grimpe les marches quatre à quatre, sans même lui tendre une main. J'enfouis mon visage dans les manches de mon pull qui m'étouffe en ce mois de mai, afin de cacher à tous les larmes que je ne parviens plus à garder au bord de mes cils.

J'avance sans accorder le moindre regard à l'endroit où je mets les pieds, trop occuper à étouffer mes sanglots. D'un mouvement rapide, j'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles, afin qu'il atténue le brouhaha alentours. J'ai le cœur qui saigne et la tête qui pleure, et je n'ai rien d'autre que mes manches pour me soigner.

Les murs qui m'entourent ne sont que la limite d'une prison de pierre, qu'un élément fictif de ma vie mortifère, entre lesquels je déambule péniblement, ma marche ralentie par mes lourdes larmes. J'entends un faible murmure plus fort que les autres, derrière mes écouteurs, mais je ne m'arrête pas, continue à foncer tête baissée là où mes pas me mènent.

Une main mâte parvient tout de même à m'arrêter dans ma fuite vaine de cette vie misérable que je vis. Une vie qui s'écroule sous les météorites.

– Marinette ! soupire Nino, les mains cramponnées à ses genoux fléchis sous l'effort que cela lui a demandé de me rattraper.

Ses lèvres continuent à s'agiter, mais je ne parviens pas à lire les mots qu'elles dessinent dans les airs. J'arrache les écouteurs à mes oreilles, intriguée par l'expression de panique qui tord le visage de mon ami. Ses yeux s'agitent sous les grands verres ovales de ses lunettes noires, semblent chercher quelque chose, semblent vouloir me dire quelque chose, en plus des mots qu'il prononce à une vitesse déroutante.

J'attrape vivement son visage entre mes mains, mais ses yeux ne cessent de se diriger vers son épaule.

– Adrien ! hurle-t-il.

Il se défait brusquement de mon emprise pour me traîner par le bras à travers les couloirs bombés de l'établissement. Mes jambes douloureuses peinent à suivre le rythme haletant qu'il nous impose. Nous bousculons quelques élèves dans notre course folle, mais cela ne semble pas le détourner de son but. J'aperçois devant nous les grandes portes de l'établissement ouvertes sur les marches qui mènent jusqu'à lui. Une foule agitée s'est regroupée autour des marches, murmurant d'un air effaré. Adrien ?

Ma foulée s'agrandit, mon cœur s'étrangle d'avantage sous l'effort, les larmes s'envolent derrière moi, et je traverse le peloton d'élèves dans un souffle bref. Je manque de justesse de chuter et tomber au centre du cercle que forment les lycéens lorsque enfin plus aucun corps n'est dressé devant moi.

Ma tête s'envole, les visages fanent autour de moi, sauf celui d'Adrien, dont le menton est barbouillé de sang. Il s'est cogné la tête. Il a chuté. Il a attaché son fauteuil à sa ceinture. Il a tenté de gravir ces marches seul.

Voici le 24ème chapitre... Qu'en avez-vous pensé ? Le chapitre 25 que j'avais écris ne va pas vraiment dans la continuité de celui-ci... Donc, je vais devoir écrire un chapitre qui suit le court de celui-ci, avant de vous partager ce fameux chapitre en question. Bon, bonne lecture !

~~~~~~~Note pour les ignorants de la série~~~~~~~

J'aurais dû les confier à Alya : Lorsque Marinette a reçu ses Miraculous, découragée par les événements, mai surtout apeurée par les responsabilités qui s'accompagnaient au bijou, elle a pris la décision de confier ce pouvoir à Alya. S1 - E1 part.2

~~~~~~~Voilà pour vous !~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Voici le 24ème chapitre... Qu'en avez-vous pensé ? Le chapitre 25 que j'avais écris ne va pas vraiment dans la continuité de celui-ci... Donc, je vais devoir écrire un chapitre qui suit le court de celui-ci, avant de vous partager ce fameux chapitre en question. Bon, bonne lecture !

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