𝟖


Le doux contact de l'eau qui enveloppait mon corps éveillait en moi une agréable sensation. Ce contact avait, depuis toujours, une aptitude à me procurer du bien-être, c'était un moyen pour moi de me détendre. Et voilà pourquoi cela faisait maintenant quatre minutes et trente-cinq secondes que j'étais en apnée à une profondeur de quatre mètres.

Comme tous les vendredis à cette heure-là, j'avais la piscine pour moi seule. Au fond de l'eau, je ne pensais à rien et c'était exactement ce dont j'avais besoin : de m'évader.

Dernièrement, ma vie était assez mouvementée et j'étais envahie d'émotions indésirables. La sensation que j'éprouvais à cet instant me permettait de les chasser.

Quatre minutes quarante, c'était le maximum pour moi. Je remontais alors à la surface avant d'avaler une bouffée d'air à grande goulée. J'étais seule, les cours étaient terminés et personne ne pouvait me déranger à cette heure-là. Je ravalai vite ma pensée.

J'avais à peine eu le temps de m'agripper au rebord de la piscine et de récupérer un rythme de respiration stable que je fus ramenée la tête sous l'eau. Envahie par la panique, j'essayais vainement de me débattre, mais la main lâcha prise. J'étais donc parvenue à revenir à la surface, essoufflée, pour m'agripper au rebord.

— Non mais ça ne va pas ! suffoquai-je.

Kate se tenait accroupie devant le rebord de la piscine, les sourcils froncés et le visage déformé par la colère. Cette fille était folle à lier.

— Écoute-moi bien, poupée, tu n'as aucune chance avec Cameron, tu ferais mieux de lâcher l'affaire avant de ne plus pouvoir profiter de cette piscine.

Je l'affrontais du regard. Le fait qu'il y ait une possibilité que je plaise à son frère la rendait folle de rage. Ce qui m'arracha un sourire. Je remontai alors sur le rebord et pris appui sur mes bras pour être à la même hauteur que cette dernière, un sourire narquois aux lèvres.

— Bah alors, ma jolie ? On dirait bien que j'ai battu ton record, la narguai-je en lui montrant le chrono qui affichait quatre minutes quarante-cinq.

Elle se releva tout en me regardant puis tourna les talons nerveusement, donnant un coup de vent à ses longs cheveux.

« Pimbêche » pensai-je.

Je fis un dernier aller-retour dans l'eau avant d'en sortir.

Je marchais jusqu'au vestiaire tout en retirant mon bonnet pour y laisser tomber mes cheveux bruns mouillés le long de mon corps. Ils arrivèrent juste au-dessus de mes hanches. Les gouttes d'eau que laissait échapper ma chevelure humide venaient agréablement caresser mes cuisses.

Après avoir pris une douche, je me dirigeai vers mon casier, une serviette enroulée autour du corps. Quand je l'ouvris, une petite enveloppe s'en échappa, m'appelant à me baisser pour la récupérer. Il y était inscrit mon nom. Je découvris une feuille pliée ornée de motifs fleuris. Je commençais à ouvrir la feuille quand un bruit de métal me fit sursauter.

Méfiante, j'avançais entre les casiers du vestiaire des filles en quête de l'origine de ce bruit. Le papier à la main, la deuxième resserrée autour de ma serviette, j'avançais d'un pas lent et le plus discrètement possible afin de ne pas me faire entendre. En un instant, je me collai contre un des casiers après avoir perçu des bruits de pas s'approcher dans ma direction. Par précaution, je saisis un balai qui était à deux centimètres de moi.

Plus l'individu s'approchait, plus je m'apprêtais à me défendre. Au bout de 5 secondes, il ne manquait qu'un centimètre avant que je me retrouve nez à nez avec cette personne. Je pris alors une grande inspiration avant de m'élancer, le balai ainsi que le lettre dans la main droite. Mais je m'arrêtai aussitôt :

— Oh mon Dieu ! Madame Cheys, vous m'avez fait peur ! m'exclamai-je en baissant ma garde.

Madame Cheys était l'une des femmes de ménage du lycée et venait s'occuper du vestiaire des filles tous les vendredis après-midi, ce qui m'avait complètement échappé. Elle m'arracha alors le balai des mains avant de faire demi-tour pour le ranger dans son chariot.

— Tu sais pourtant que je suis là à chaque fois que tu viens t'entraîner, Emy. Rappelle-moi de ne pas laisser traîner mon balai n'importe où. Cela pourrait me coûter la vie à ce que je vois...

— Excusez-moi Madame Cheys...

Elle baissa ses yeux pour regarder le papier que je tenais à la main.

— Ah ! Tu as reçu la lettre ? dit-elle joyeusement.

Je baissai à mon tour mon regard vers le papier qui se trouvait dans ma main gauche avant de froncer les sourcils.

— Comment vous...

Quand je relevai la tête, Mme Cheys n'était plus là.

Je fis demi-tour pour enfiler les vêtements qui se trouvaient dans mon casier, avant de revenir où j'en étais. Je dépliai alors le papier afin de lire ce qui y était inscrit :

Heureusement que ce n'est pas de l'eau bénite...
V.H

-

— Tu penses que c'est elle qui l'a mis dans ton casier ? me demanda Stan

Il était installé sur le lit de ma chambre, vêtu d'un jean troué noir et d'un tee-shirt blanc qui laissait parfaitement les traits de ses pectoraux visibles. Il avait mis des chaussures de la même couleur que son haut, et avait coiffé ses longs cheveux en arrière. Je pouvais voir dans le miroir devant lequel je me maquillais, qu'il avait le regard rivé sur le papier qu'il tenait dans sa main pour essayer de comprendre le message pendant que je continuais de m'apprêter.

— À vrai dire, j'en ai aucune idée. Entre Kate qui tente de me noyer dix minutes avant et Madame Cheys qui me parle clairement de cette lettre... Je ne sais pas trop quoi en penser.

— Bah... C'est logique que ce soit elle non ? Madame Cheys.

— Pourquoi elle ferait ça ? Et puis quel est le rapport avec V.H ? demandai-je.

— Kate et Madame Cheys étaient les seules personnes présentes et pourtant aucune d'elles ne correspond aux initiales V.H. Madame Cheys t'a clairement fait entendre qu'elle était au courant pour la lettre.

— C'est vrai, avouai-je.

— Et puis le fait qu'elle l'a peut-être glissée dans ton casier ne veut pas forcément dire qu'elle en est l'auteur, m'expliqua Stan ingénieusement.

— Tu veux dire qu'elle l'aurait glissée pour quelqu'un ? compris-je.

— Pourquoi pas ? T'as juste à demander à Mme. Cheys qui le lui a demandé puis tu sauras d'où ça vient ! Ce qu'il reste à comprendre, c'est le sens de tous ces messages.

Il réfléchit un instant avant de me demander :

— Tu as toujours l'autre papier ?

Je le sortis du tiroir de ma table de nuit pour ensuite le lui tendre et retourner à mon maquillage. Je vis dans le miroir sa concentration sur les lettres, ce qui m'arracha un sourire. J'admirais son intelligence.

— Balance ton tel, m'ordonna-t-il le regard toujours rivé sur le papier.

Je m'exécutai et il le rattrapa d'une main sans même lui avoir lancé un regard. Joli !

Après 3 minutes de réflexion, il releva la tête pendant que je remballais ma trousse de toilette.

— J'ai une hypothèse, me dit-il d'un ton sérieux. Mais te connaissant, tu me trouveras sûrement aussi fou qu'Alex.

— Dis toujours, ris-je.

Il rabaissa la tête vers les messages afin de les examiner une dernière fois.

— De l'ail, de la viande saignante, de l'eau bénite... C'est clair, V.H te prend pour un vampire un truc dans le style.

J'étouffai un rire.

— Allez Stan, tu ne vas pas me dire que t'y crois, toi aussi.

— Non bien sûr que non, ria-t-il. Mais peut-être que quelqu'un essaye de te faire peur, une farce débile quoi.

Après quelques minutes de réflexion, une idée me vint à l'esprit.

— Liam ? Ah l'enflure ! m'exclamai-je.

—Ça se tient non ? Il doit avoir les boules de ne pas avoir chopé ton numéro. Mais bon, c'est un peu extrême comme réaction...

— Ce mec est complètement tordu, Stan. Jamais rien ne m'étonnera de sa part.

Il contemplait un instant ma tenue.

— Wow ! s'exclama-t-il.

J'esquissai un sourire à sa remarque.

—  Qui aurait cru qu'Emy Evans était aussi bonne, dit-il le regard rivé sur mon postérieur.

— Non, mais oh ! grommelai-je en allant lui donner un coup dans le ventre. Regarde ailleurs, gros lard !

— Tu vas faire fureur à cette soirée, ma vieille.

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