𝟕
Je marchais dans le couloir du lycée bondé de monde, dormant debout. Dans les vapes, mon regard était empli de fatigue et marqué par d'atroces cernes. Je n'avais pas pris le temps de me préparer. Après avoir pris une douche, je m'étais habillée avec les premières choses qui m'étaient tombées sous la main.
Je marchais d'un pas hasardeux et des regards moqueurs étaient braqués sur moi, pendant que je longeais le couloir. Je devinais parfaitement dans leurs moues hautaines ce qu'ils pouvaient penser de moi. Et à vrai dire, à ce moment-là, je n'en avais strictement rien à foutre.
Au cas où vous ne l'auriez pas compris, je n'avais pas fermé l'œil de la nuit après le réveil d'Alex. J'étais complètement dépassée par les derniers événements.
Est-ce que je suis devenue folle ? Parano ? Et si tout ça n'était que le fruit de mon imagination ? Si j'hallucinais depuis le départ ? Après tout, Alex avait peut-être simplement rêvé. Et le tour de Liam ? Juste une mauvaise farce.
C'était ce genre de cogitation qui m'avait tenue éveillée la nuit entière. Rien n'avait de sens et je voulais une explication.
Quelle idiote Em, réveille-toi, les êtres surnaturels n'existent pas, mais les mauvais rêves, si.
Cette pensée me rassura. Je ne pouvais pas remettre le sens ma vie en question à cause d'un pauvre fou et d'un stupide cauchemar.
Je me redressai et passai le pas de la porte de ma classe, afin de pouvoir assister à mon cours d'espagnol. Mais bien évidemment, il fallait que j'arrive dans cet état à l'un des seuls cours que j'avais en commun avec Cameron et il m'avait gentiment réservé une place à côté de lui...
Un sourire apparut sur ses lèvres quand il me vit m'approcher de sa table, mais s'évanouit aussitôt quand il comprit que je ne le lui rendrais pas. J'étais de mauvaise humeur et il l'avait bien vu.
— J'espère que ce n'est pas mon message qui t'a mis dans cet état, me chuchota-t-il.
— Mh.
D'un coup, je me rendis compte de ma réaction.
— Excuse-moi Cameron, je suis un peu ailleurs, me rattrapai-je.
— Oui, je vois ça... Ça n'a pas l'air d'aller.
— J'ai mal dormi, répondis-je sèchement.
Je ne fis pas attention à sa réaction et décidai de sortir ma bouteille d'eau afin de me réhydrater. J'y bus quelques gorgées, mais les recrachai aussitôt à la vue de Liam. Ce qui me donna de nouveau droit aux regards braqués sur moi.
Il est dans ton lycée, rien de plus normal, pensai-je.
Cameron, qui était outré, fronça les sourcils avant de se rapprocher de moi :
— Je savais que tu le détestais. Mais pas à ce point...
J'allai pour lui répondre, mais il me devança.
— Laisse, tu as l'air perturbée.
La bienveillance de Cameron était agréablement surprenante depuis la veille. Je découvrais peu à peu son côté compréhensif et protecteur, ce qui était assez plaisant. Je restais tout de même sur mes gardes, car cela pouvait très bien être une de ces nombreuses méthodes de drague.
Liam était installé devant, suivant le cours. Cela faisait bientôt trente minutes que j'analysais le moindre de ses faits et gestes, comme s'ils allaient pouvoir me donner des réponses. Ce garçon m'intriguait. Même s'il avait pu m'effrayer la veille, j'étais déterminée à trouver des réponses et à présent, il ne remarquera aucun signe de faiblesse de ma part.
La sonnerie de mon portable m'extirpa de mes pensées. J'étais tellement étourdie que j'en avais oublié de l'éteindre. Ce qui, bien sûr, me valait un commentaire de la part du professeur :
— ¡ Apaga tu teléfono !
Les regards étaient de nouveau braqués sur moi.
Décidément, aujourd'hui, j'ai un don pour attirer l'attention.
— Euh... Pardoneme, répondis-je penaude.
Je mis mon téléphone en silencieux avant de le consulter :
1 nouveau message :
De Nora Las :
Coucou, ma beauté ! Une journée shopping cette aprèm, ça te tente ?
Bisous !
Une bonne journée shopping, c'est exactement ce dont j'avais besoin.
-
Comme tous les jeudis midi, les cours étaient terminés. Mon ventre gargouillait, mais je n'avais aucun appétit. Contrairement à Stan, qui n'avait pas cessé de se plaindre pendant les deux heures de sciences humaines. L'horreur.
Nous étions à la cafétéria et faisions la queue, nos plateaux en main, afin de nous faire servir le plat chaud. Devant nous, Valérie Hogan et Eva Mcclain, ne cessaient de piailler.
— Je meurs de faim bordel, se plaignît Stan. Leurs commérages, ça ne m'aide pas.
— Ta gueule, lui lançai-je de manière cinglante, afin de mieux écouter les fameux commérages des deux pipelettes.
— Et puis, tu ne sais pas quoi !? brailla Eva. Il paraît que le nouveau est un dieu au lit ! Tu verrais l'état du cou de Lena... Carrément envahi de suçons ! Elle m'a raconté leur nuit et...
Finalement, je décidai de ne plus tendre l'oreille.
— En plus d'avoir une sale gueule, t'es désagréable, remarqua Stan.
— Ne me prends pas la tête maintenant, lui répondis-je.
Depuis notre rencontre, Stan et moi, passions le plus clair de notre temps à nous comporter comme des frères et sœurs. Nous avions une complicité inexplicable, mais comme nombreuses relations fraternelles, nous pouvions passer une journée entière à nous chamailler.
J'avais rencontré Stan lors de mon arrivée à Glasgow. Nous étions dans la même classe en primaire, et lorsque je pleurais la mort de ma mère, il était là pour me consoler. Depuis, nous ne nous étions jamais quittés.
C'était enfin à notre tour. Mme Roland servait des pommes de terre accompagnées d'un steak dont l'apparence m'arracha une grimace.
— Quelle horreur, il est tout sec, observai-je.
Une fois installé, Stan mangeait comme un goinfre.
— C'est super bon ! s'exclama-t-il la bouche pleine.
Je levai les yeux au ciel.
De nouveau, la sonnerie de mon téléphone m'interpella.
1 nouveau message :
De Numéro masqué :
Elle est bien meilleure saignante, n'est-ce pas ?
V.H
D'un geste nerveux, je balançai maladroitement mon téléphone sur la table et jetai un œil aux alentours, comme si j'allais trouver l'auteur de ce message.
— Ça commence vraiment à me taper sur les nerfs cette histoire. Ça n'a aucun sens, c'est ridicule.
La bouche pleine, Stan s'empara de mon téléphone avant de lire le message. Il hocha la tête, signe qu'il était d'accord avec moi. Il reprit une bouchée avant de poursuivre :
— Mh... Nora m'a dit que vous alliez faire les magasins. Tu pourras t'acheter une tenue pour demain soir.
En balayant le self du regard, je remarquai Cameron, sur une des tables, accompagné de sa sœur et encore d'autre petits prétentieux.
Il avait l'air de s'amuser et son magnifique sourire apparaissait à chaque fois qu'il laissait échapper un rire.
— Mh... Tu sais, tout compte fait, j'ai hâte d'assister à cette soirée, souriai-je.
-
C'était déjà le troisième magasin que Nora dévalisait et en l'espace de seulement une heure. Elle achetait la moindre chose qui lui tombait sous la main. Tandis que moi, rien ne me plaisait. C'était le parfait exemple d'une acheteuse compulsive.
— Alors les amours ? Raconte-moi un peu, tu as un copain ? me questionna-t-elle le nez toujours fourré dans un tas de vêtements.
Je la regardai en esquissant un faux sourire, celui qui voulait dire : « Moi ? En couple ?»
Réceptive à la signification de ma réaction, elle pencha désespérément la tête sur le côté tout en soupirant, en raison de son désespoir.
— Allez, tu ne vas pas jouer indéfiniment les libertines !
Je lui donnai un coup de coude dans les côtes, signe que l'emploi du terme « libertine » ne me plaisait guère. Certes, je n'avais jamais eu de relation sérieuse et je fricotais avec le moindre garçon que je trouvais attirant, mais ce n'était pas pour autant que je me laissais accessible à tous ! Et puis, je ne couchais pas avec n'importe qui...
— Il y a bien un garçon qui te plaît au moins ? insista-t-elle.
Je réfléchis un instant, puis allai répondre à Nora, mais je fus coupée par le bruit qu'avait produit la clochette de la porte du magasin, informant de l'arrivée d'un nouveau client. Maddy fit alors son entrée avec Cameron sur les talons. Cette apparition soudaine me fit alors perdre mes mots.
C'est quand Maddy remarqua ma présence qu'elle me sauta dans les bras :
— Emy ! s'exclama-t-elle. Ça me fait tellement plaisir de te voir !
Elle me serrait si fort que j'en avais du mal à respirer. Une douce odeur de vanille que j'assimilais parfaitement à Maddy vint agréablement me chatouiller les narines. Mais le manque d'air allait bientôt avoir raison de moi. Je lui tapotai le dos, signe qu'elle devait me lâcher.
— J'étouffe Maddy... On s'est vu ce matin, suffoquai-je.
— Oh, désolée, s'excusa-t-elle les joues rosées.
Elle s'écarta alors et adressa un regard plein d'enthousiasme à Nora avant de lui administrer un de ses plus beaux sourires, de toutes ses dents.
— Oh, ça doit être toi Nora ! La sœur de Stan, c'est ça ? lui demanda-t-elle surexcitée, comme à son habitude. Je suis Maddy ! Emy et Stan sont de grands copains à moi ! Et lui, c'est Cameron, un ami !
Ce dernier nous adressa un sourire gêné. Nora, elle, ne leur rendit que légèrement, pas vraiment emballée de l'arrivée de ces deux-là, et maintenant trop occupée à fouiller dans le tas de robes.
— Et celle-là, tu n'aimes pas ? Elle est canon, non ? me demanda-t-elle en ignorant Maddy.
Elle me montrait une robe bustier pailletée assez courte, ou plutôt beaucoup trop.
Nora avait un grand sens de la mode, mais nous n'avions pas du tout les mêmes goûts vestimentaires. Elle était plutôt du genre bling-bling ou holé-holé et moi je préférais les choses assez discrètes.
Je fis alors non de la tête, suivi d'une grimace. Ce qui lui fit comprendre que je n'étais pas de son avis.
— Moi, j'aime bien, c'est sexy, déclara Cameron d'un ton narquois. Je t'imagine bien avec.
Je haussai les sourcils, surprise de son intervention.
— Oh, tu ne m'aurais pas imaginée nue au passage ?
Il me regarda du coin de l'œil, avant d'esquisser un sourire tout en s'éloignant pour suivre Maddy dans un autre rayon du magasin.
— Peut-être bien, me dit-il en haussant les épaules.
Nora gloussa.
— Beau-gosse, me confia-t-elle. C'est qui ? Ton plan-cul ?
— Quoi ? Pas du tout ! retorquai-je. C'est simplement... Une connaissance.
En réalité, je ne savais pas vraiment comment qualifier la relation que j'avais avec Cameron. Nous n'étions pas assez proches pour être amis, mais trop pour demeurer de simples connaissances. En fait, on commençait tout juste à se rapprocher depuis cette colle.
D'un coup, nous entendîmes Maddy sauter de joie à la découverte d'une robe qui lui convenait parfaitement. Cette intervention coûta de nouveau un soupir à Nora.
— Qu'est-ce que tu as contre Maddy ? osai-je enfin demander.
— Je ne sais pas, je ne l'aime pas, avoua Nora en haussant les épaules.
— Quoi ! Qui n'aime pas Maddy ? m'exclamai-je tout en veillant à ce qu'elle ne nous entende pas.
— Et bien, moi ! (Elle reporta son attention sur la robe qu'elle m'avait montrée.) Bon, tu abuses, elle n'est pas si dénuée de tissu !
Je grimaçai de nouveau, affirmant que si, c'était le cas.
— Ce que tu peux être compliquée ! se plaignit-elle. Bon, je crois comprendre ce que tu veux. Tu me fais confiance ?
— Tant que je ne finis pas en nuisette, répondis-je.
Elle étouffa un rire avant de confier les nombreux sacs qui l'encombraient à une des employées du magasin dans lequel nous nous trouvions.
— Écoute-moi chérie, ici, c'est mon QG. Ce magasin est l'origine même de ma garde-robe, et je ne permettrais à personne de repartir d'ici les mains vides. (Elle fouilla le tas de robes, avant d'en sortir une.) À cette soirée, tu vas en faire tomber. Tiens, prends ça, et je t'interdis de me donner ton avis avant de l'avoir essayé.
Elle me tendait une robe, d'une couleur rose poudrée, une couleur qui s'accordait parfaitement à ce temps printanier. Avec méfiance, j'allai l'essayer.
En ressortant de la cabine, j'attendis un moment avant de me regarder dans le miroir. Nora avait les yeux écarquillés et la bouche bée. Impossible pour moi de savoir si c'était un regard admirateur. Ou bien si j'avais l'air d'un boudin.
Je me retournai alors du côté du miroir. C'était une robe magnifique, assez proche du corps, côtelée, qui m'arrivait juste au-dessus du genou en dessinant parfaitement mes formes. Habituellement, je détestais les dévoiler, mais le fait qu'elles soient mise en valeur de cette manière, me fit étonnement changer d'avis. Elle s'accordait parfaitement à mon teint et avait l'air d'être faite pour moi, cousue main.
Je restais une bonne minute à contempler mon reflet, en me demandant s'il s'agissait bien de moi. C'est alors que je remarquai Cameron dans le miroir. Je ne m'étais pas rendue compte que depuis que j'étais sortie de la cabine, il était assis sur un fauteuil juste derrière moi. Quand il vit que je l'avais remarqué, il m'adressa un sourire, tout en hochant la tête de haut en bas continuellement.
— Je ne veux absolument rien savoir Em, intervint Nora. Que ce soit clair, je te l'achète !
À ces mots, je compris que Nora était fière de son exploit, et à vrai dire moi aussi.
-
Je claquai la porte d'entrée. Encombrée de sac, je m'avachis sur le canapé, exténuée par la longue journée de shopping derrière moi. Nora avait bien réussi à m'entraîner dans ses achats compulsifs. J'avais passé une superbe journée, et j'en avais bien eu besoin.
La télévision était allumée et affichait le journal :
« Un corps retrouvé dans une forêt proche ; la victime présente des blessures nombreuses et profondes. D'après une enquête, ce cas illustre bien les difficultés posées par une attaque d'animal mortelle sans tém... »
En un instant, elle s'éteignit ce qui m'appela à me retourner. Alex tendait la télécommande vers la télévision, me faisant constater que c'était elle qui l'avait éteinte.
— Les attaques animales sont de plus en plus fréquentes ces temps-ci, dit-elle d'une voix qui laissait paraître sa fatigue.
Elle avait une sale tronche et devait sûrement avoir aussi mal dormi que moi. Elle prit place sur le canapé, près de moi avant de poser sa tête contre mon épaule contemplant les multiples sacs autour de nous.
— Journée shopping ?
— J'en avais bien besoin, répondis-je.
Elle se redressa pour me regarder dans les yeux, comme si elle avait une nouvelle délicate à m'annoncer. Son regard était pris de fatigue, mais je pouvais y distinguer une once de compassion.
— Emy, il faut que je te parle d'une chose.
— Dis-moi, répondis-je sec.
— Mais je tiens à te prévenir que c'est un sujet assez délicat, me dit-elle avec une grimace.
« Bingo »
— Ça a l'air important, insistai-je.
Elle se pencha pour récupérer un dossier posé sur la table basse, dont je n'avais pas remarqué la présence, pour ensuite me le tendre.
— Qu'est-ce que c'est ? m'étonnai-je.
Je pris le dossier où y était inscrit « Accidents mai 2010 ». À la vue de cette date, je fus prise d'un frisson.
La mort de ma mère avait eu lieu il y avait 10 ans, en mai 2010, suite à un accident de voiture. En effet, c'était un sujet délicat. Le sujet que je m'étais décidé de ne plus jamais aborder depuis son enterrement. Nerveuse, j'ouvris le document pour le feuilleter. Mais je m'arrêtai, quand je me rendis compte que c'était trop pour moi.
— Aujourd'hui, j'ai dû trier quelques papiers, quand je suis tombée dessus, m'expliqua Alex. Tu sais que mes parents ont toujours évité le sujet de cette... Tragédie. La seule chose qu'on sait, c'est que c'est dû à un accident de voiture.
— C'est très bien comme ça, me braquai-je.
— Par simple curiosité, j'ai voulu regarder le dossier, continua-t-elle en ignorant ma remarque. D'après le compte-rendu, il a été conclu que Gianna...
— Alex, ça suffit...
Je serrais les poings si fort que je sentis mes ongles s'enfoncer dans mes paumes.
— Emy... Ta mère a survécu à cet accident...
J'écarquillais mes yeux, offensée par sa nouvelle.
— Tu as complètement perdu la tête ? la coupai-je.
Je fus d'un coup rongée par la colère suite à ce qu'Alex avait pu m'annoncer. La mort de ma mère avait été pour moi une chose très difficile à surmonter, et depuis un sujet extrêmement délicat. Le fait qu'Alex m'annonce une chose aussi stupide ne fit que ramener de mauvais souvenirs. Elle se permettait d'en donner un avis, dix ans plus tard, après tout ce chemin que j'avais parcouru pour remonter la pente. Son acte me mettait hors de moi.
— Emy... Je ne voulais pas... Je pensais que... bafouilla-t-elle, contrite.
— Ça fait dix ans ! vociférai-je. Dix ans que j'ai perdu la personne qui m'était la plus chère au monde. J'ai vu son cercueil, sa tombe ! Comment oses-tu insinuer une telle chose ? Ma mère est... Morte et enterrée ! Et jamais je ne la reverrais !
D'un pas enragé, je montais l'escalier tout en me disputant avec ma cousine.
— Emy, je ne dis pas que... Je comprends tout à fait que tu...
— Non Alex ! la coupai-je. Tu ne comprends rien ! Regarde ta tronche ! Tu n'as pas dormi de la nuit et tu prétends avoir vu un... Un vampire ! Réveille-toi enfin...
Elle resta sans mot devant ma réaction coléreuse.
— Comment oses-tu envisager une seule seconde la possibilité que ma mère soit encore en vie, Alex ?! continuai-je.
Le regard d'Alex était envahi de culpabilité. Elle était allée trop loin et elle en avait sûrement conscience. Je ne pouvais pas continuer à me poser tant de questions par sa faute.
— Je ne dis pas que ta mère est encore en vie Emy... Seulement qu'on nous a caché la véritable cause de sa mort.
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