𝟐𝟎



L'eau brûlante de la douche venait délicatement me caresser le visage. Je me frottais les yeux cernés de mascara qui avait coulé depuis la veille, en songeant aux derniers événements. Tandis que les gouttes d'eau chaude circulaient le long de mon corps, je me rappelai le baiser que j'avais échangé avec Cameron. Ce souvenir me réjouit, c'était bien la seule chose qui me rendait heureuse ces temps-ci. Cameron avait une étrange aptitude à me procurer du bien-être, je me sentais bien avec lui, j'étais à l'aise même si je ne savais toujours pas si je devais totalement lui faire confiance. Je prenais mon temps sur ce point-là.

Je me demandai alors, sous la chaleur de la douche, ce qu'il pouvait bien penser à cet instant précis. Qu'est-ce que ce baiser signifiait pour lui ? N'étais-je qu'une de ses nombreuses conquêtes ? Était-il aussi emballé que moi a l'idée de m'avoir embrassée ? Je ne savais pas et je préférais éviter de me triturer l'esprit avec des questions. Pour une fois depuis quelque temps, quelque chose de positif m'arrivait, et je comptais bien en profiter.

En plus de ça, j'avais découvert où habitait Liam, ce qui résolvait déjà un gros problème. Même si j'avais une compétition de natation aujourd'hui, je comptais bien lui rendre une petite visite avant.

-

Arrivée devant la demeure de mon prédestiné, j'hésitai un instant avant d'avancer jusqu'à sa porte. La maison n'était pas si grande que ça, mais assez pour penser qu'il ne devait pas habiter seul. Elle se démarquait de toutes les autres pour sa couleur sombre et son bois légèrement abîmé laissant deviner l'ancienneté du domicile. Je montai alors les petits escaliers grinçant qui menaient à la porte d'entrée avant de jeter un œil à la sonnette sur laquelle était affichée « Hustman » Cette découverte me fit froncer les sourcils. Sûrement nouveau dans le quartier, pensai-je.

Je ne m'y attardai pas plus longtemps et je pris une grande inspiration avant de lever le bras vers la sonnette. Mais je fus prise de court. Je vis la porte d'entrée s'ouvrir laissant apparaître un beau jeune homme aux larges épaules et plein de charisme. Son regard de jade me scrutait intensément. Liam me regardait sans un mot, son visage était neutre et n'éprouvait aucune émotion, comme s'il s'attendait de ma venue, ou plutôt, comme s'il avait senti ma présence. Il prenait appui sur les rebords de l'entrée tout en me scrutant de haut en bas. Il était vêtu d'un léger débardeur noir qui laissait paraître ses bras musclés sur lesquels prenaient place quelques tatouages que je me mis à examiner.

Mais il me coupa dans mon analyse. Il ouvrit la porte plus grande avant de se retourner en direction de son salon, je compris qu'il m'invitait à entrer.

— Super l'accueil, dis-je en passant le pas de la porte.

Il ignora ma remarque et monta les escaliers pendant que je refermais derrière moi. Je fronçai de nouveau les sourcils.

— Tu ne me demandes pas pourquoi je suis là ? criai-je de manière à ce qu'il m'entende depuis l'étage.

Il ne me répondit toujours pas. Je compris qu'il connaissait la raison de ma venue et qu'il savait même que j'allais venir.

En attendant qu'il redescende, je me mis à explorer l'environnement dans lequel je me trouvais. L'ambiance était calme et une odeur de bois brûlé me chatouillait les narines. En observant le salon, je remarquai une grande cheminée qui prenait place en face d'un canapé abîmé qui me paraissait inconfortable. Le sol était recouvert d'un long tapis rouge à motifs bleu et noir où se trouvait une table basse en bois. Les murs étaient, eux, recouverts de différents tableaux avec des portraits de personnages qui m'étaient méconnus. La décoration me paraissait assez vieille et je finis par me demander quel âge avait réellement Liam.

— Ce n'est pas chez moi, dit-il derrière moi.

Je me retournai brusquement, surprise de ne pas l'avoir entendu redescendre.

Il était assis sur une chaise de la salle à manger autour d'une longue table de verre, un couteau à la main. Je me crispai.

— Je ne peux pas te tuer, me rappela-t-il afin de me rassurer, même si le ton qu'il prenait laissait deviner qu'il trouvait la situation regrettable. Assieds-toi.

Il désignait la chaise en face de lui sur laquelle je vins prendre place.

— C'est chez qui alors ?

— Oh, juste un veuf que j'ai buté, me dit-il impassiblement.

J'eus un hoquet de surprise face à cette information. Il me l'avait dite de manière si indifférente. Il avait tué une personne pour pouvoir habiter ici et il n'en avait strictement rien à foutre. Ce mec était dingue. Il était cruel, insensible et impitoyable.

— Tu vis seul, ici ? lui demandai-je curieuse.

Je sentais bien que ce n'était pas le cas, je sentais étrangement une présence, qui alertait tous mes sens, une présence semblable à celle que j'avais ressentie la veille lorsque j'avais vu Liam.

Il ne répondit toujours pas à ma question, ne semblant pas être ouvert à la discussion, beaucoup trop occupé à aiguiser son couteau.

— Dis-le-moi si je te fais chier, grognai-je.

— Tu me fais chier.

J'écarquillai les yeux grands comme des soucoupes face à son impassibilité, je voulus lui coller une gifle, mais je ne préférais pas au vu de ce qu'il tenait dans les mains.

Il observa le couteau de plus près avant de le faire glisser le long de sa paume sans aucune réaction. Tandis que de mon côté, une douleur stridente m'envahit ce même membre.

— Ahh ! me plaignis-je.

Il ne réagit toujours pas, s'attendant à la réaction que j'allais avoir. Je me tenais la paume qui me faisait souffrir tandis que Liam pressait la sienne au-dessus d'un récipient qu'il remplit de son sang. À cette vue, je gémis en grimaçant puis me mis à trembler. Je compris que c'était le sang qui me faisait cet effet, car j'avais d'étranges pulsions.

J'avais faim, une faim méconnaissable : celle de son sang. Une partie de moi le voulait intensément, simplement une goutte, simplement pouvoir tremper mes lèvres dans ce liquide rougeâtre qui me paraissait si appétissant. Tous mes instincts me le dictaient. Je tremblais plus fort et ma respiration s'accélérait, tellement que je me forçais à détourner le regard.

— Donne-moi ta main, m'ordonna-t-il en ignorant ma réaction.

Je haussai les sourcils en cachant celle-ci derrière mon dos.

— Hors de question ! J'ai eu assez mal comme ça !

— Donne-moi ta main, insista-t-il furieusement.

— Non.

— Les humains sont si faibles, grommela-t-il.

Il me la prit de force avant même que je ne change d'avis. Il fit glisser son couteau sans scrupule le long de ma paume qui se mit à saigner. Je hurlai de douleur et il se mit à grimacer lorsqu'il aperçut mon sang. Il lâcha brusquement ma main et détourna le regard.

— Ça va pas ! Ça fait hyper mal ! me plaignis-je.

Il bondit de sa chaise et se retourna du côté du mur sur lequel il prit appui.

— Ferme ta gueule, bordel !

Il prit une grande inspiration avant de revenir dans ma direction. Il me tendit une fiole vide.

— Mets ton sang là-dedans avant que ça cicatrise, m'ordonna-t-il en tentant de m'éviter du regard.

Mais en le croisant, il se mit à trembler. Ses yeux se mirent à scintiller et d'épaisses veines noires se dessinèrent autour de ses yeux de jade, plus perçants que jamais. De grandes canines se formèrent dans sa bouche. Son visage était à la fois effrayant et fabuleux, je fus prise de stupeur. Son regard plongé dans le mien, je frémissais de plaisir, mais je le détournai de nouveau, ce qu'il fit également.

Je pressai ma main douloureuse au-dessus de la fiole qui se remplit de mon sang et que je refermai aussitôt. Il donna violemment un coup contre la table sur laquelle il prit appui difficilement, ce qui me fit sursauter.

— VA T'EN, gueula-t-il.

— Comment ? Non ! Je...

Les veines qui cernaient ses yeux s'étendaient de plus en plus. Sa respiration, elle, ne cessait de s'accélérer. Il me prit brusquement le bras afin de m'attirer vers la sortie, le regard furieux. Je tentais de me débattre, mais sa force n'était pas comparable à la mienne. Il parvint à me faire sortir de chez lui. Il inséra la fiole remplie de son sang dans ma main puis me bouscula dehors.

— Dégage ! cria-t-il de nouveau.

Je n'eus à peine le temps de riposter qu'il me claqua la porte au nez. Tandis que je restai sans mot face à cette situation. Mes yeux toujours écarquillés, mon pouls emballé, les mains tremblantes et moites, j'étais prise de panique et ne savais pas quoi faire. Je n'en avais pas fini avec lui. Mais si je restai, il allait me dévorer.

« Je ne la veux pas »

« Je ne la veux pas »

« Je ne la veux pas »

C'est ce qu'il se suppliait au fond de lui. Je ressentais le fait qu'il luttait contre ce désir intense. Ce désir que j'avais ressenti, mais le sien était beaucoup plus puissant.

— Dégage ! l'entendais-je crier depuis chez lui.

Je me mis à violemment taper contre la porte d'entrée, en furie.

— Ouvre-moi !

Je n'avais pas peur de lui, je n'avais plus peur et pour je ne savais quelle raison. Il me fallait des réponses et désir ou pas, il allait m'en donner. Quitte à lui donner de mon sang. Qu'il m'en vide s'il en avait envie.

En réalité, c'était mon désir qui parlait. Quelque chose au fond de moi frémissait d'envie pour Liam, je le voulais. Lui tout entier, lui et son sang. Mon corps le demandait si fort. Quelque chose m'attirait vers lui. Je voulais qu'il s'empare de moi, qu'il se nourrisse de moi. C'est ce que mon être criait, alors que j'essayais vainement de lutter. Je refusais de flancher, mais je voulais soulager cette puissante envie. C'est là que je décidai d'ouvrir la fiole remplie du sang de mon prédestiné. Je n'hésitai pas une seconde avant de l'apporter à mes lèvres. C'est alors que ce liquide chaud vint caresser mes papilles désireuses laissant un goût délicieusement sucré sur ma langue. Putain ! La sensation que me procurait son sang était inexplicable. Sa saveur était si enivrante que ma tête en tournait presque. Je n'avais jamais rien goûté d'aussi exquis.

J'avalai alors ce liquide chaud que je sentis circuler le long de ma gorge d'une manière si agréable que mes jambes se mirent à trembler, me faisant perdre l'équilibre. Un frisson me parcourut toute entière tandis que j'étais tombée par terre. Pendant que cette succulente chose cheminait le long de ma trachée, mon corps en réclamait encore et je poussai un gémissement de plaisir. Une intense satisfaction montait en moi pratiquement semblable à celle d'un orgasme. Je n'avais jamais rien senti de tel. Je déglutissais bruyamment, ne pouvant me retenir face à cette incroyable sensation de plaisir. Peinant à gérer ma respiration saccadée, je tentai de me relever en prenant appui sur la poignée de la porte d'entrée.

Dans les vitres teintées de cette dernière, je pus contempler mon visage, me coûtant un cri de surprise. Mes yeux scintillaient de mille feux tandis que d'étranges veines violettes les ornaient, s'étalant sur la pratique entièreté de mon visage. Cette découverte me coupa violemment dans mon désir. Je commençai peu à peu à récupérer une respiration stable et les veines sombres qui prenaient place sur mon visage s'estompèrent peu à peu. Le désir s'atténua et je repris doucement mes esprits malgré mon état deboussolé qu'avait provoquée la situation dans laquelle je venais de me trouver. Je pris une grande inspiration tout en m'adossant contre la porte d'entrée de chez Liam. Plus aucun bruit ne se faisait entendre et je commençai à me demander ce qu'il se passait de l'autre côté de la porte. Puis je me sentis d'un coup tomber en arrière lorsque la porte s'ouvrit. Je sentis une main rude s'emparer de mon cou et je me retrouvai en une fraction de seconde plaquée contre le mur du salon de Liam.

Il se trouvait à présent face à moi, sa main autour de mon cou. Son regard de jade scintillant me scrutait profondément. Il plongeait son regard dans le mien. Je pouvais y lire de la fureur, mais aussi un désir puissant qui paraissait insurmontable. Il me regardait férocement, tel un animal prêt à attaquer sa proie et je pouvais ressentir cette envie excessive qu'il éprouvait envers mon sang. Les veines noires ornaient toujours ses yeux, tandis que ses canines s'aiguisaient à mesure qu'il respirait. Je sentis un frisson venir me parcourir l'échine et mes poils se hérisser lorsque je remarquai une goutte de sang dans le coin de sa bouche. La fiole sur la table de la salle à manger qui était auparavant remplie de mon sang était à présent vide. Il n'était toujours pas satisfait, il en voulait plus et je pus le deviner lorsque je sentis son pouce s'appuyer contre mon pouls emballé. Je pus cerner sur son visage une lueur de plaisir. Il poussa un grognement semblable à celui d'une bête féroce. Il me serrait de plus en plus fort tandis que je ne bougeais pas. Je n'avais pas peur et prenais plaisir à le voir dans cet état, je sentais l'excitation me parcourir tout le corps, je n'attendais qu'une seule chose.

— Mords-moi, dis-je, désireuse de sentir ses dents aiguisées le long de mon cou.

Je ne savais pas quelle sensation cela me procurerait, si j'allais avoir mal ou bien le contraire. Mais je voulais qu'il se nourrisse de mon sang et qu'il en soit satisfait. Je me mordais la lèvre espérant atteindre le sang afin de le provoquer, mais il me serra plus fort.

— Je l'aurais fait si je ne te haïssais pas autant que je te désire, petite conne.

À ces mots, la colère m'envahit, ma respiration se mit à s'accélérer. Je prononçai un rire nerveux et esquissai un sourire face au désir qu'il exprimait et qu'il n'arrivait pas à satisfaire.

Suite à la colère que j'éprouvais, mes yeux se mirent à scintiller et mes canines s'aiguisèrent. Je sentis mon corps s'emparer d'une force inconnue. Je plaçai une main sur le poignet de Liam, que je réussis à ma grande surprise à détacher de mon cou, affrontant sa force. Je me sentais puissante depuis la minute ou le sang de Liam coulait dans mes veines. Ses traits durcis se détendirent, et il recula d'un pas. Non pas par peur, car c'est ce qu'il n'éprouvera jamais, mais par surprise.

— Mords-moi, répétai-je d'une voix rauque qui m'était méconnaissable.

Il fronça de nouveau les sourcils, en approchant son corps le plus proche possible du mien.

— Dans tes rêves, bouffonne.

Je me mordis la lèvre plus fort jusqu'à ce qu'elles saignent enfin, laissant à Liam une magnifique vu sur mon sang. Il grogna et s'empara brusquement de ma chevelure, me relevant la tête faisant en sorte que mon visage puisse faire face au siens qui n'était plus qu'à quelques centimètres du mien. Son regard, orné de veines sombres, était rivé sur ma lèvre saignante tandis que sa respiration se fit plus rapide.

« Fais-le. »

En réponse à ma pensée, il me poussa brutalement en arrière.

— J'peux pas faire ça, dit-il.

— Pourquoi ? !

Aussitôt, je sentis une main fulgurante me gifler le visage. Il m'a donné une tarte, là ?? Le contact de sa main contre ma joue avait été si violent que je revins tout de suite à mes esprits, choquée de son intervention.

— Non mais ça va pas ? Espèce de malade ! vociférai-je.

Il reprit le contrôle et son visage revint à son état initial tandis qu'il prenait difficilement place sur son canapé.

— Dit-elle alors qu'elle voulait que je lui suce le sang.

Je me rendis tout de suite compte de la situation dans laquelle nous avions été retrouvés et cette pensée me donna la nausée. Le fait de l'avoir désiré si fort ne me plaisait pas. Je ne pouvais pas autant vouloir de lui, vouloir de cet être abominable et sans pitié qui avait voulu ma mort. J'avais énormément de mal à lutter contre ce que mon corps voulait. Mais il fallait que je garde en tête que je n'étais là que pour avoir des réponses, et que ça n'ira pas au-delà.

Liam s'avachit sur son canapé le regard fixé au plafond.

— Qu'est-ce que tu fous encore là, dégage, me dit-il en soupirant.

— Non.

— Qu'est-ce que tu veux, putain ! s'énerva-il en se relevant du canapé.

Sans le calculer, je sortis calmement une lettre de mon sac à main avant de la lui tendre.

— Christopher, ça te dit quelque chose ?

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