𝟏𝟐
— C'est ridicule, Stan !
Le parapluie qu'il tenait laissait apparaître une ombre sur l'entièreté de mon corps, et Stan veillait à ce qu'aucun rayon de soleil n'apparaisse dans mon espace vital.
Nous étions devant l'entrée de l'hôpital, j'étais vêtue d'une chemise de patiente blanche qui m'arrivait à peine au-dessus des genoux. Mes pieds, eux, étaient nus et mes longs cheveux noirs que j'avais lissés étaient relâchés pour n'arriver plus qu'à la hauteur de mes hanches. En une journée si ensoleillée, Stan maniait le parapluie au-dessus de ma tête, il avait choisi la meilleure façon de me faire passer pour une dégénérée tout droit sortie de l'asile.
— Non mais sérieux ! Viens on rentre, tu as vu ce monde ?
Stan était concentré, langue pendue. Ce qui me fit ricaner.
— On n'est pas dans un film, Stan. J'ai l'air d'être un vampire là ?
Il relâcha alors son regard du parapluie pour le river sur mon visage.
— Et Liam ? Il avait l'air d'être un vampire ?
— Liam ne se balade pas avec un parapluie au-dessus de la tête ! ronchonnai-je.
— Tu n'en sais rien, est-ce que tu l'as déjà vu dehors en plein soleil ? (Il reconcentra son attention sur le parapluie) Bon alors, j'enlève le parapluie à trois... Si tu ressens quelque chose tu... Tu cries, et je te ramène dessous. T'as comp...
— Oh, et puis tu fais chier ! m'énervai-je.
Je me précipitai hors de l'ombre du parapluie pour m'exposer au soleil afin de montrer à Stan que son affolement était inutile. Il en restait bouche bée.
— Alors ? Je suis un vampire ?
Le visage de Stan se détendît, une lueur de soulagement dans son regard.
— Ouf... Tu ne me mangeras pas alors ?
— Promis... (Je me stoppai d'un coup) AHHH ! ÇA BRÛLE !
— Non ! cria mon ami.
Affolé, Stan se précipita à toute vitesse dans ma direction pour repositionner le parapluie. Tandis que moi, j'étais prise d'éclat de rire.
— Haha... Très drôle, se détendit-il. Gamine !
— Oh mon dieu, ris-je. T'aurais vu ta tête !
Lui ne rigolait pas, mais moi, j'avais trouvé ça hilarant.
— Stan, crois-moi, je ne suis pas un vampire. Je pense que je l'aurais su.
Je tournai les talons en direction de l'entrée de l'hôpital afin de rejoindre ma chambre, tandis que Stan, lui, restait immobile.
— Comment tu expliques que tu es encore en vie alors ?
— Bon d'accord, je te ferai l'honneur de te manger le premier ! criai-je tout en marchant.
—
J'étais installée sur le lit de la chambre attendant le retour de ma famille, afin de pouvoir rentrer. La télévision n'affichait à présent plus le journal, mais une série, Twilight :
« Non. Il ne faut jamais croire un vampire, Bella. »
« J'y songerai » pensai-je.
Exaspérée, je m'emparai de la télécommande afin d'éteindre le petit écran qui occupait la chambre.
— Ils ont choisi le meilleur moment pour nous téléviser ça, râlai-je.
Après avoir déposé la télécommande sur la table de chevet, j'entendis la porte s'ouvrir. Alex fit son apparition. Elle était triste, le regard inondé de larmes. Elle vint s'assoir faiblement sur mon lit, à mes côtés.
— J'ai frôlé la mort mais tu es dans un état bien plus piteux que le mien, remarquai-je.
— Emy je... J'ai eu si peur, sanglota-t-elle.
Je posai alors une main sur la sienne afin de la rassurer, puis la pris dans mes bras.
— Tout va bien Alex.
Elle se retira.
— Emy, tu ne comprends pas je... J'ai appris tellement de choses... Je sais que tu ne me crois pas mais...
— Alex, la coupai-je. Je suis désolée, je... Je te crois. Excuse-moi, pour toutes ces horribles choses que j'ai pu te dire.
Elle écarquilla ses yeux noisette comme des soucoupes.
— Tu as vu quelque chose ?! Emy ! C'était lui ? Ce garçon aux yeux si... Je... Il m'effraie.
« Liam » pensai-je en serrant le poings.
— Oui... Il est dans mon lycée, Alex.
— Oh mon dieu, Emy... Il ne peut pas s'en tirer comme ça !
— Et qu'est-ce que tu veux qu'on y fasse ? lui demandai-je. Qui peut nous croire Alex ? Il n'y a pas moins de 24 heures, pour moi, cette chose n'était qu'une fiction.
Elle me regarda fixement dans les yeux, avant de baisser les siens vers mon cou qu'elle se mit à caresser.
— Qu'est-ce qu'il va t'arriver ? me dit-elle tristement
— Rien du tout, Alex, retorquai-je fermement.
— Mais il t'a...
Je dégageai brusquement sa main qui venait caresser le pansement qui recouvrait mon cou.
— Oui, je sais. Mais je n'en deviendrais pas un.
— Ton teint est si pâle...
— Alex, ça suffit, m'énervai-je.
Elle se redressa, contemplant mon regard fatigué.
— Bien. Emy, ce que je t'ai dit concernant ta mère...
— Tu en as assez dit, me braquai-je de nouveau.
Elle tourna les talons, furieusement.
— La seule chose dont tu es capable, c'est de fuir ! cria-elle. Tu fuis cette discussion et tu te braques quand le sujet de cet accident revient sur le tapis. Ce n'est pas comme ça qu'il faut que...
— Qu'il faut que quoi ? la coupai-je. Tu n'as pas à me dire ce que je dois faire, Alex !
— Tu ne fais que fuir le passé ! répéta-t-elle. Comment est-ce que tu fais pour être si... Tu ne t'es jamais demandé quelle était l'identité de ton propre père ! Quelle genre de personne...
Elle s'arrêta, quand elle comprit qu'elle avait dit le mot de trop. Elle tourna alors les talons afin de sortir de la chambre.
— On t'attend dans la voiture, ajouta-t-elle en sortant. Il faudra qu'on parle de tout ça avec ma mère.
— Elle ne nous croira jamais, soupirai-je
— Elle en sait bien plus que tu ne le penses.
Elle claqua alors la porte furieusement avant de s'en aller.
L'évocation de mon père dans cette discussion m'avait plus que braquée. Il est vrai que je n'avais jamais vraiment voulu le connaître. Mais il ne devait sûrement pas se soucier de mon existence.
**
Il y a 12 ans
Dans un petit square, la petite Emy jouait avec d'autres petits enfants de son âge.
Il était 18 heures et le soleil s'était couché. Sa jeune mère, la contemplait, courant derrière ses copines pour pouvoir les attraper, sa magnifique chevelure brune flottait dans l'air à mesure qu'elle courait.
Essoufflée, elle rejoignit sa mère afin de lui réclamer à boire, avant de jeter un oeil à ses camarades qui faisaient de même auprès de leurs deux parents.
D'un oeil curieux, elle contemplait la famille de son amie avec admiration, avant de demander à sa mère:
— Maman, je n'ai pas de papa moi ?
D'un air triste, la jeune Gianna prit sa fille dans les bras afin de souffler quelques mots à son oreille, tout en caressant ses belles boucles.
— Ma fille, certains enfants comme toi n'ont pas la chance d'avoir un père à leurs côtés. Mais il en est bien mieux ainsi, pour ta sécurité, répondit-elle d'une douce voix.
—Tu ne l'aimes plus, maman ? demanda t-elle, pleine de curiosité.
— Ma fille, certaines histoires d'amour sont vouées à l'échec. Ton père est très différent de nous, mon ange.
**
Après avoir enfilé des vêtements plus convenables que Laure m'avait apportés, je me dirigeai vers la porte afin de rejoindre Alex et ses parents dans la voiture. Je l'ouvris, avant de me rendre compte que j'avais oublié mon sac à main.
« Idiote »
Je revins alors sur mes pas pour le chercher, en vain.
« Je me souviens pourtant l'avoir vu sur cette table »
Je me baissai alors pour chercher en-dessous de cette dernière. Rien.
— C'est ça que tu cherches ? fit une voix rauque.
En me relevant, je bondis à la vue de Liam. Il se tenait devant moi, me tendant mon sac. Ses yeux de jade était pleins d'assurance. La façon dont il se tenait l'affirmait également. Ses larges épaules lui donnaient une allure pleine de charisme, mais malgré ses beaux traits, je ne pus m'empêcher de le haïr du plus profond de mon être.
Prise de panique, je me précipitai vers la porte, sans récupérer mon sac. Mais je n'avais pas été assez rapide, car il eut juste assez de temps pour me bloquer l'accès en plaquant sa main contre la porte.
— Je peux ressentir ta terreur à des kilomètres, me dit-il tout bas.
— Laisse-moi passer, espèce de monstre, grognai-je
À ces mots, il rit puis esquissa un sourire sarcastique.
— Ne t'es-tu pas demandée pour quelle raison tu es toujours en vie ?
Je tentais vainement d'ouvrir la porte, mais sa force était réellement surhumaine.
— Tu m'as loupée, c'est tout, dis-je en tentant d'ouvrir la porte à nouveau.
Il se rapprocha alors de moi, assurément et avec aplomb, tout en me regardant de haut.
— Je peux ressentir la moindre de tes émotions, ainsi à quel point tu te voiles la face, car tu sais parfaitement ce qu'il est en train d'arriver.
— Jamais je ne serai cette horrible chose que tu as désiré faire de moi, l'affrontai-je.
Il laissa échapper un rire dans lequel je pouvais percevoir son sarcasme.
— Désiré ? Tu aurais dû mourir ! s'exclama-t-il en rapprochant furieusement sa tête de la mienne, pour me faire peur.
À ce moment là, un sourire atteignit mes lèvres. Je me rapprochai de lui pour n'être plus qu'a cinq centimètres de son visage. Ce fut à mon tour d'afficher un sourire plein de malice.
— C'est bien ce que je t'ai dit, tu m'as loupée.
En un instant, un étrange sentiment de colère m'envahit, une colère intense. Pourtant, rien ne me poussait à ressentir une telle émotion à cet instant. C'était comme si elle venait me submerger de l'extérieur, ce que je ne compris pas. Je sentis alors le souffle de Liam s'accélérer et venir de nouveau effleurer mes lèvres. Son regard était rempli de haine, comme cette nuit-là. Je fus prise de stupeur quand je vis ses yeux, je fis un bond en arrière, terrifiée. Ils étaient à présent d'un jade plus perçant, presque aveuglant, ils scintillaient.
— Qu'est-ce que tu... Comment tu...
Il me plaqua contre le mur du côté de la porte afin de m'affronter de son regard perçant. Je sentis la colère m'envahir, mais cette fois je l'éprouvais réellement. D'une force méconnaissable, je le poussai, ce qui ne lui était pas indifférent car il fut propulsé en arrière et se retrouva à terre adossé contre le mur qui faisait face à celui contre lequel il m'avait plaquée. Il se releva d'un bond, et se dissipa dans un nuage noir de fumée afin de réapparaitre à ma gauche en esquissant ce même sourire diabolique.
— Tu es toujours aussi certaine de ne pas être « cette horrible chose » ?
Ses yeux étaient revenus à leur état initial. Il prit une grande inspiration.
— Je... Qu'est ce que tu fais ici, Liam ? lui demandai-je intimidée par la scène à laquelle je venais d'assister
— Je suis venu confirmer mes doutes, me répondit-il calmement.
Le culot qu'il avait de se pointer ici me rendait folle de rage, mais je me contenais.
— Ne soit pas si furieuse, Emy. Je ne te veux plus aucun mal, enfin du moins... Je ne peux plus.
Il porta sa main à mes cheveux afin de la glisser délicatement dedans. Mais d'un geste brusque, je le repoussai.
— Et tu espères que je te fasse confiance ? Tu as tenté de m'assassiner ! Tu as tué une innocente ! Tu penses que je vais croire que tu ne tenteras plus de me tuer ?
De nouveau, je me retrouvai contre le mur, la main de Liam plaquée contre ce dernier, au-dessus de mon épaule.
— La seule raison pour laquelle je ne veux plus te tuer est purement égoïste, me dit-il furieusement. Nous sommes à présent pareils, Emy. Mais je te hais tout autant que tu me hais.
J'étais perturbée par le fait qu'il puisse citer de vive voix la moindre des émotions que je ressentais.
— VA T'EN ! vociférai-je.
Il se retira.
— Il va falloir accepter ce que tu es et apprendre à te contrôler, Emy. Et tu n'y arriveras pas sans mon aide.
— Je ne crois pas un seul mot de ce que tu me racontes, et jamais je n'accepterai ne serait-ce qu'un geste amical de ta part.
Il s'écarta tout en plongeant son regard de jade dans le mien, puis il se dissipa de nouveau à travers un nuage noir de fumée après avoir prononcé une phrase dont je ne compris pas le sens.
" Tu m'appartiens "
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