Chapitre 28 : L'audience
En ce jeudi 1er juin, l'air se faisait lourd dans la salle d'audience, les jurés étaient contraints de s'éventer avec leurs documents pour ne pas crouler sous la chaleur. Les quatre amis se trouvaient à l'extérieur de la salle en attendant que l'on sonne le début de la séance. Ils avaient été convoqués à quinze heure de l'après-midi pourtant il était seize heures et cela n'avait toujours pas commencé. Le temps dehors les appelait à sortir de cette serre pour s'enfoncer le petit parc d'à côté au lieu de pourrir ici mais il était plutôt déconseillé de se faire juger par contumace surtout dans leur cas. Le stress commençait à monter, Cassia se balançait d'un pied à l'autre tandis que Simon ne tenait pas en place : assis sur une chaise puis debout puis de nouveau assis après avoir fait le tour de la salle d'attente et ainsi de suite. Le cœur d'Aurore battait la chamade mais se sentait déjà plus apaisée dans les bras de Lucas qui n'avait nulle difficulté à cacher son angoisse qui lui prenait toutefois toute la gorge. Ce n'était pas grand chose, il s'agissait au pire d'une exclusion mais il refusait d'être la cause du malheur de ses amis. Pour lui ce n'était pas si grave, il y avait déjà plus de cinquante ans qu'il avait obtenu son baccalauréat mais pour un humain c'était tout à fait différent, ils auraient besoin d'un bon dossier pour leurs études supérieures et le fait d'avoir sécher deux mois de cours n'allait pas les aider... Mais le pire était à venir, l'accusation portée contre Simon était bien plus grave. Ils avaient entendu dire qu'un professeur du lycée avait porté plainte ou harcèlement sexuel et corruption de mineures, "c'est M. Monchot j'en suis sûre il n'y a que lui pour vouloir tant foutre la merde" avait dit Aurore sous le coup de la colère mais elle avait sans doute raison...
Alors que les quatre amis se donnaient une dernière accolade afin de se donner du courage pour la suite, la lumière en haut de l'entrée s'alluma, la lourde et grande porte s'ouvrit. Ils avancèrent épaule contre épaule sur l'allée qui traversait la salle jusqu'au bureau des juges. Le président de l'assemblée les invita à asseoir au premier rang jusqu'à ce qu'il les appelât par leur nom et prénom. Il commença par Lucas :
"Monsieur Akantha Lucas, veuillez vous asseoir, ordonna-t-il en désignant une chaise de métal située face à la table des jurés, le vampire obéit. Bien, Monsieur Akantha vous vous trouvez aujourd'hui face à cette assemblée car vous avez manqué plus de six mois de cours. D'après les rapports de vos différents professeurs, vous avez été absent sur la période allant du lundi 21 novembre 2016 à aujourd'hui, le reconnaissez-vous ?
- Oui je le reconnais.
- Les peines encourus sont une exclusion ainsi que la mention d'un passage en conseil de discipline.
- Je suis certain que nous pourrions trouver un arrangement plus souhaitable, répondit Lucas en regardant le juge dans les yeux. J'avoue monsieur votre excellence m'être quelque peu égaré ces derniers temps et je regrette d'avoir entraîné avec moi deux si innocentes jeunes filles. Il y a six mois j'ai perdu une personne très chère à mes yeux, j'ai été contraint de partir, je ne pouvais pas rester à Paris mais aujourd'hui cela va beaucoup mieux et je suis prêt à rattraper mes erreurs. Il n'est certainement pas nécessaire de faire figurer dans un si bon dossier comme le mien ainsi que celui de mes camarades une exclusion et un conseil de discipline peut-être pourrions-nous simplement récupérer les heures que nous avons manqué pendant l'été en guise de punition, suggéra-t-il.
- Il est vrai que cela pourrait suffire amplement en vue de vos différents profils, je souhaite toutefois recueillir les témoignages de chacun d'entre vous.
- Cela va de soi, merci votre excellence, répondit Lucas."
Suite à ces mots, le vampire se leva et laissa sa place. Cassia et Aurore passèrent également sur la chaise en ferraille pour leur petit interrogatoire mais à la suggestion de Lucas, les juges se montrèrent étonnamment très cléments même si cela n'en restait pas moins très stressant. Au bout d'une demi-heure ils étaient tous les trois passés et le jugement fut annoncé dans les quelques minutes qui suivirent. Ils s'en tirèrent tous avec une cinquantaine de cours supplémentaires à effectuer d'ici septembre ainsi qu'un avertissement oral. Les jurés levèrent la première séance et prirent une pause avant l'audience de Simon. Les amis profitèrent de cette trêve pour se regrouper autour de leur professeur et le soutenir. Ils espéraient pouvoir témoigner contre l'accusation portée sur lui pour harcèlement et corruption, après tout ils étaient les principaux concernés, les soit disant victimes.
Au bout de trois-quarts d'heure les portes s'ouvrirent à nouveau et la salle se remplit. Aurore, Cassia et Lucas n'avaient pas le droit malheureusement d'assister à l'audience, il n'y aurait ni plaidoirie ni suggestion. Ils encouragèrent toutefois du regard une dernière fois Simon qui s'avança dans l'allée, traversant un public qui semblait enragé, les gens lui jetaient leur détritus au visage en le traitant de tous les noms : "Pervers, monstre, pédophile, démon etc.". Le jeune homme ne baissa pas une seule fois le regard, il ne répondait à aucune de ces appellations, il n'avait rien à se reprocher mis à part peut-être d'avoir embrassé une de ses élèves mais cela, personne n'était au courant. Il vint se place à la droite de son avocat face aux juges. Le président annonça le début de la séance :
"Monsieur Seveness Simon, vous êtes accusé d'avoir harcelé et corrompu sexuellement deux mineures qui plus est vos élèves le reconnaissez-vous ?
- Mon client plaide non-coupable, le devança l'avocat. Nous souhaiterions avoir connaissance des preuves qui ont conduit mon client devant cette assemblée alors que ce dernier ne faisait que son travail c'est à dire protéger et instruire ses élèves. Il y a deux mois, Mademoiselle Vasquiez a annoncé à Monsieur Seveness ici présent son départ et il a jugé préférable de l'accompagner avec mademoiselle Lecomte plutôt que deux laisser deux adolescente errer seules dans les rues de Paris et de Londres. Aujourd'hui mon client est accusé de harcèlement et de corruption alors qu'il n'a fait que protéger deux de ses élèves d'un danger certain étant incapable de les ramener à la raison.
- Votre cabinet a bien évidemment eu vent des preuves soutenant cette accusation, répliqua l'un des jurés. Des photos ont été prises dans l'enceinte du lycée et dans les différents aéroports montrant l'accusé très proche de ses deux élèves. Un rapport de l'aéroport Charles de Gaulle prouve également que l'acheteur des billets des trois concernés pour Londres avaient été payés par Monsieur Seveness et que pour justifier le transport de deux mineures non accompagnées d'un responsable légal il avait annoncé je cite : que les deux jeunes filles en vacances avec leur parents à Londres avaient fugué pour rentrer à Paris mais que Monsieur Seveness ici présent avait décidé de les reconduire auprès de leurs parents. Le problème étant que les responsables légaux de ces jeunes filles se trouvaient France et que tout ceci n'était que mensonge il semble donc évident que l'accusé ait poussé mesdemoiselles Vasquiez et Lecomte à quitter leur paris pour pouvoir mieux se servir d'elles à l'étranger où ils n'étaient pas surveillés.
- Cela semble probable en effet mais il ne s'agit que d'une supposition et je me permets d'ajouter votre honneur que les deux lycéennes en question ont rejeté la plainte portée contre mon client. Si les principales concernées jurent elles-mêmes ne pas avoir été victimes d'un quelconque harcèlement de la part de Monsieur Seveness alors dans ce cas il n'y a pas de raison que l'accusation soit maintenue, acheva l'avocat.
- Bien nous allons prendre en considération votre témoignage, l'assemblée va à présent se retirer pour la délibération."
Et c'est ce qu'ils firent. Aurore, Lucas et Cassia purent rejoindre leur ami au moment où les portes s'ouvrirent avant l'annonce des résultats. Ces derniers se faisaient attendre, il y avait déjà plus d'une heure que les jurés avaient prit congé dans la salle d'à côté pour délibérer, ils devaient avoir du mal à se mettre d'accord. Une boule de stress monta dans la gorge de Simon qui était maintenant dans l'incapacité de prononcer un seul mot. Cassia se mit sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur sa joue sous le regard accusateur de toute la salle. Un homme tenta même de s'en prendre au professeur, il se jeta sur lui en criant : "Dégagé vos salles pattes de nos enfants, vous devriez mourir en Enfer !". Heureusement Lucas s'interposa avant que l'homme n'ait atteint Simon puis des forces de l'ordre intervinrent afin de mettre le causeur de trouble dehors. Lorsque les jurés reprirent leur place, Cassia, Aurore et Lucas se regroupèrent autour de Simon pour le soutenir à l'annonce des résultats.
"Après avoir longtemps délibéré nous avons décidé que les preuves n'étant pas assez conséquentes nous ne pouvions condamner l'accusé à de la prison pour harcèlement sexuel. Toutefois afin d'être certain que cela ne se produise jamais, nous interdisons formellement Monsieur Seveness d'approcher à moins de 500 mètres Mesdemoiselles Vasquiez et Lecomte à moins que ces dernières ne soient accompagnées de leurs deux responsables légaux et ce jusqu'à leur majorité."
Suite à ces mots le président de l'assemblée donna un coup de marteau et leva la séance.
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