« par contre il est hors de question de se faire exploser la tête donc on ne va pas passer par l'herbe, dit Cassia.

- Je ne vois pas comment faire autrement, répondit Lucio.

- J'ai peut-être une idée, annonça Simon timidement, ne voulant pas frusquer le vampire.

- Je vous en prie monsieur, expliquez-nous, invita Lucas.

- Eh bien, il est évident que nous ne pouvons traverser un terrain jonché de mines, leur emplacement est bien trop aléatoire, autant se donner à la mort directement. Vous dites que ce chemin est parsemé de piège mais nous sommes chez des passionnés de l'Antiquité et à l'époque romaine, grecque comme égyptienne les architectes avaient une technique bien précise pour disposer leurs pièges. Je ne pense pas qu'ils se soient inspiré des romains pour cette fois, les meilleurs dans ce domaines étaient sans doute les égyptiens. Généralement les pièges sont disposés de manière à ce qu'on puisse les éviter en marchant en diagonal, le tout est de savoir par quelle dalle commencer.

- Simon, je suis vraiment désolée de te couper mais nous ne sommes pas dans Indiana Jones... fit remarquer Aurore. On est coincé, on ne peut pas passer par le chemin comme par l'herbe. Je ne vois que trois solutions : soit on part tête baissée sur l'herbe en courant et en priant pour ne pas déclencher de bombe soit on essaye de capturer un garde pour qu'il nous aide à traverser, ils savent certainement comment passer soit on trouve le moyen de passer au dessus de tout ça.

- Tu veux dire passer par le ciel, s'esclaffa Cassia, tu as fumé ma pauvre.

- Je ne pense pas, répliqua Lucas durement. Nous allons devoir trouver un garde car tu es la seule à pouvoir voler ma chérie, ajouta-t-il en s'adressant à Aurore.

- Moi, voler ? Mais je ne suis qu'une humaine, répondit-elle dans une incompréhension totale.

- Plus maintenant, dit Lucio. Bon je vais en trouver un, Lucas tu viens m'aider ?

- Mais qui va les surveiller si nous y allons tous les deux ? demanda ce dernier.

- On peut rester tranquilles aussi, fit remarquer Cassia, allez-y on va faire attention promis. »

Les deux vampires se décidèrent finalement à quitter les humains afin de trouver un garde, ils revinrent quelques secondes plus tard avec un grand barbu vêtu d'un uniforme de soldat, le sigle de Chiroptera accroché sur son pectoral droit. Ils le maintenaient par les deux bras et lui expliquaient ce qu'il avait à dire pour qu'il le relâche. Mais le garde ne faisait qu'aboyer sur ses agresseurs en les envoyant se faire voir. Lucio lui assena une violente droite au visage ce qui le sonna un instant, ils en profitèrent pour lui suggéré un petit peu plus de sympathie et de calme. Lorsque le soldat se remit du choc reçu il cracha au visage de l'italien.

« Je suis un vampire, la suggestion ne fonctionne pas sur moi alors lâcher-moi, je ne vous dénoncerais pas.

- Qu'importe, l'alarme est déjà déclenchée, fit remarquer Lucas. Si tu ne nous obéis pas, c'est toi qui finira au milieu de ces pièges. Tu n'as pas le choix.

- Je préfère mourir.

- Mourir pour ce gros con de Caïus ? Comment peut-on être assez bête pour donner sa vie à un tel imbécile ? S'indigna Aurore qui se rapprochait du vampire. Je vais te dire ce que tu vas faire et tu ne protesteras pas, compris ?

- Oui mademoiselle, répondit-il tel un automate laissant les quatre amis bouche bée.

- Bien, tu vas nous aider à sortir d'ici et une fois que nous aurons passé le portail, tu pourras partir rejoindre ton cher roi.

- Je vais vous aider à sortir d'ici puis je pourrais rejoindre mon roi, répéta-t-il mécaniquement.

- Tu es incroyable, souffla Lucas à l'oreille de sa bien aimée, celle-ci sourit.

- Le seul moyen de passer est de désactiver les pièges, expliqua le garde.

- Mais comment fait-on pour les désamorcer ? Demanda Aurore.

- Il faut se rendre jusqu'à la première borne sans toucher le sol car vous risqueriez de tomber sur un piège.

- Il faut y aller en volant ? Demanda Cassia.

- Oui, une fois que vous aurez passer l'épreuve, vous désactiverez tous les pièges jusqu'à la première borne. Les épreuves sont en réalité des questions, vous pourrez les lire sur les bornes et vous aurez dix secondes pour y répondre. Ensuite il faudra se rendre jusqu'à la suivante et ainsi de suite. L'un de vous est-il capable de se métamorphoser ?

- Nous métamorphoser ? Questionna Lucas.

- Oui certain vampire ont cette capacité, malheureusement ce n'est pas mon cas, répondit Lucio.

- Et moi qui croyait que notre seul don était la suggestion...

- Tu as encore beaucoup à apprendre dans ce cas.

- En effet, dit Lucas.

- Je suis navré mais si vous ne pouvez pas vous métamorphoser, je ne vois pas comment vous pourriez atteindre les bornes sans que vos pieds ne touchent le sol, fit remarquer le soldat.

- Avec de l'élan je pourrais sauter jusque là-bas, proposa Lucas.

- C'est bien trop risqué, tu ne pourras jamais, protesta Aurore.

- Dans ce cas ce sera toi mon amour, lui répondit-il, tu es la seule à pouvoir voler.

- Mais je n'en suis absolument pas capable ! Je ne suis ni un vampire ni un oiseau, je n'ai pas de super-pouvoir, je ne suis que... que moi, Aurore, une simple humaine.

- Oui tu es es toi, mais tu n'es pas une simple humaine, plus maintenant, ajouta Lucas. Tu l'as déjà fait et nous allons t'aider.

- J'ai bien peur que tu sois devenu fou, soupira Aurore. Mais je vais essayer parce que nous n'avons aucune autre solution. »

Lucas lui expliqua donc qu'il fallait qu'elle se concentrât longtemps afin de visionner ses ailes. Il les lui décrivit dans les moindre détails pour qu'elle pût facilement se les imaginer. Elle resta ainsi planté, les paupières closes en pleine concentration pendant presque une minute mais rien ne se passait. Elle commençait à se décourager mais Lucas ne perdait pas espoir. Il la prit dans ses bras et lui massa ses épaules tendues, elle était trop stressée et n'avait pas assez confiance en elle, elle devait impérativement se calmer. Il lui baisa le front et l'invita à réessayer. Au début rien ne se produisit mais au bout d'une vingtaine de secondes, ses ailes apparurent. Elles étaient toujours aussi magnifiques, d'une divinité absolue. Les pieds de la jeune femme se décollèrent du sol et elle lévita quelques secondes durant mais lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle retomba.

« Je suis tellement désolée, s'excusa-t-elle, je sais que vous aviez confiance en moi et moi aussi, je commençait à y croire mais je ne peux pas...

- C'est moi qui suis désolé, dit Lucas à l'adresse d'Aurore, je m'excuse mais j'espère que tu pourras me pardonner parce que je n'ai vraiment pas le choix, je t'en prie, c'est la seule solution. »

Cette dernière était plongée dans une incompréhension totale, elle ne réagit pas en voyant Lucas s'avancer dangereusement vers l'escalier. Il commença à descendre les marches laissant bouche bée ses amis, au moment où son pied toucha la dernière aurore comprit son intention. Il voulait se sacrifier pour le groupe en traversant malgré les pièges mortels encore actifs. Toutefois, elle ne le laisserait pas faire, il était hors de question qu'elle le perdît une nouvelle fois. Le miracle se reproduisit et à la vitesse de l'éclair Aurore rattrapa Lucas avant qu'il n'eût touché le sol. Elle l'entoura de ses bras afin de le porter jusqu'en haut de l'escalier. Sonné, il reprit ses esprit deux secondes plus tard sous le porche. La jeune femme plaça son front contre le sien et lui murmura :

« Je ne veux pas te perdre, je ne le supporterais pas. Alors je t'interdis de descendre ces marches tant que je n'aurais pas désactiver ces pièges. »

Suite à cela et sans lui laisser le temps de protester, Aurore prit son envol et laissa ses amis béat de la magnificence de ses ailes. Lorsqu'elle atteignit la première borne, ils étaient encore sous le choc. Aurore lut sur le petit écran : « Compléter la célèbre citation cicéronienne « O _ _ _ _ _ _ _ o mores » ». Le minuteur se mit en marche, dix, neuf, huit, sept, Aurore tapa rapidement « tempora » sur le clavier afin de mettre fin à la minuterie. L'écran changea, le symbole de validation s'afficha en vert. Elle mit pied à terre, rien ne se produisit, les pièges étaient désactivés. Elle fit signe à ses amis de venir et se hâta de rejoindre la deuxième borne. La question suivante s'afficha : « Quel est le plus grand bal de Chiroptera ? », la jeune femme n'en avait aucune idée, elle demanda de l'aide à Lucio qui lui répondit en criant afin qu'elle entendît : « Le bal de l'équinoxe ! », elle rentra donc sur le moniteur le mot « équinoxe ». Aurore répondit aux prochaines questions avec plus ou moins de facilité mais elle réussissait toujours à terminer avant la fin du chronomètre.

Question n°3 : « Elle est à la fois la fille du dieu suprême et du plus puissant des rois. »

→ Réponse : Minerva, elle est la fille de Jupiter, le dieu, et de Jupiter alias Caïus.

Question n°4 : « Les vampires sont ses descendants. »

→ Réponse : Pluton, dieu des Enfers.

Question n°5 : « Meilleur vin possible, sa grande qualité vient des nombreux défauts de la mystérieuse vigne dont il est issu. »

→ Réponse : Le sang humain, car l'Homme est imparfait mais c'est ce qui fait de lui ce qu'il est, l'espèce humaine est la seule à pouvoir mettre de côté son instinct naturel, animal. La conscience de l'Homme, sa capacité à ressentir des sentiments constitue la saveur de son sang.

Question n°6 : « Il s'agit d'un défaut humain et d'une qualité et symbole de puissance chez les vampires. »

→ Réponse : L'égoïsme.

Question n°7 : « Il est l'empereur préféré du roi après Néron, sa folie a fait son autorité. »

→ Réponse : Caligula.

Question n°8 : « Petit héros troyen sans importance grandi par la grandeur du récit dont il est issu et du talent de son auteur. »

→ Réponse : Ulysse.

Question n°9 : « Le plus grand des rois, notre regretté... »

→ Réponse : Laïus.

Question n°10 : « Les Hommes en sont les inventeurs, les plus grands profiteurs depuis des milliers d'années et ne pourront ainsi se plaindre d'en devenir les victimes. »

→ L'esclavage, Caïus veut définitivement soumettre l'espèce humaine à la sienne, les réduisant ainsi à l'état d'objet sexuel et de nourriture.

Aurore avait enfin répondu à toutes les questions, il ne lui restait plus que la borne finale. Cette fois un simple code suffirait à les libérer mais l'adjectif simple n'était peut-être pas le mieux choisi car aucun d'eux ne le connaissait. Ils se rendirent tout de même ensemble devant la borne. Ils se retrouvèrent de nouveau face à un écran, une consigne était affichée en lettre capital : « Si vous souhaitez sortir de ce palais vous n'aurez qu'à taper les initiales des réponses aux épreuves précédentes, la phrase obtenue constituera le code. » Aurore se chargea de rentrer la première lettre de chaque premier mot. La première lettre était un « t », la seconde un « e », la troisième un « m », la quatrième un « p », elle continua ainsi jusqu'à la dixième et dernière lettre. A la fin ils purent lire la phrase obtenue écrite en lettres capitales : TEMPS ÉCOULÉ. Ils prononcèrent ces derniers mots simultanément et se regardèrent tous, les yeux ahuris, ils avaient été pris au piège.