Épilogue
Lucas
« Il faut que tu saches que ta Aurore n'est pas une simple humaine, elle... »
Tout à coup, Lucius fut coupé par un groupe de cinq hommes, des vampires certainement, qui brisèrent la porte d'un coup de pied et entrèrent dans la demeure armés de toutes sortes d'épées et de dagues contenant dans leur manche un liquide foncé et épais, inconnu au novice. Ayant été pris au dépourvu et sans aucun moyen de se défendre, les deux vampires ne purent se défendre et se rendirent auprès des cinq soldats vêtus totalement de noir. Le plus imposant d'entre eux, celui du milieu qui était certainement le chef prit la parole.
« Messieurs, je vous annonce que vous êtes tous les deux arrêtés par monseigneur l'empereur, le magnifique, l'immense, le grand Caïus. Pour avoir violer la loi la plus importante de Chiroptera qui est de n'avoir su garder le secret de notre existence envers les humains et pour avoir osé avoir une relation avec l'un d'entre eux monsieur Daemon Akantha et monsieur Lucius Akantha pour avoir été son complice et pour tous vos crimes passés, vous serez tous deux emprisonnés et jugés au tribunal de Chiroptera, la peine encourue étant la torture suivie de la mise à mort. Vous ne pourrez nous échapper alors je vous prierais de vous rendre et de faire ce vous je vous ordonnerais. Maintenant emmener-les ! dit-il en s'adressant à deux de ses soldats. Et vous occupez-vous de liquider le reste, cette fois en désignant les humains présents et en appelant les autres vampires. »
Tout le monde obéit et quelques minutes plus tard, les deux prisonniers furent enfermés dans une immense bastille dont il était totalement impossible de s'échapper même pour un vampire. Pendant un mois, ils furent contraints de se nourrir avec le peu de vermine qui passait sous leur nez, principalement des rats. Lucas fut grandement affaibli et perdit de sa force surnaturelle mais au fur et à mesure, il se rendit compte que c'était encore plus dur pour son père qui n'avait jamais abandonné le régime "normal" des vampires. La peau de ce dernier était devenue plus blanche que blanche, livide, quasiment incolore, il ne pouvait même plus tenir debout et ses capacités physiques avait été réduites aux yeux et à ses doigts, extrêmement faibles. Il sut alors qu'il ne tiendrait plus très longtemps ainsi. Au bout de cet interminable mois, quelqu'un vint toquer à la porte de leur cellule et déposa par terre un plateau sur lequel étaient posées deux grandes coupes contenant un liquide épais rouge foncé. L'homme annonça également à Lucas que l'empereur désirait lui parler puis repartit comme il était venu. Lucas aida Lucius à boire le précieux nectar, ce dernier l'avala d'un trait et quelques temps après, il reprit des couleur ainsi que l'usage de ses membres. Son fils lui proposa de prendre son verre mais il dut le forcer pour qu'il en boive au moins la moitié. Lucas prit sa part et une fois ses forces revenues il put se préparer à être reçu par son oncle.
Au bout d'une dizaine de minutes, les mêmes soldats qui l'avaient enfermé dans cette cage l'en sortirent et le conduirent jusqu'au roi. Lorsqu'il le vit ce dernier se trouvait de dos face à un immense tableau représentant un homme qui semblait être très important aux cheveux de jais et à la peau blanche comme la neige, il était absolument parfait et portait dans son regard sa supériorité.
« Approche, commença Caïus. Je te présente mon père. »
Lucas se plaça à la droite de son oncle, face au tableau qu'il contempla quelques secondes avant de répondre à ce dernier.
« Pourquoi m'avez-vous fait venir ? Ne pensez-vous pas qu'être privé de celle que j'aime et être enfermé dans une prison où aucune lumière ne passe, me rappelant ainsi ma nature obscure ne suffit pas à mon châtiment, il faut également selon vous que je vois mon père mourir de soif et devoir supporter une discussion des plus ennuyantes avec mon bourreau ?
- Tu vas droit au but, comme ton père n'est-ce pas ? Sais-tu qui est cet homme ? demanda-t-il en désignant le portrait.
- Vous n'avez pas répondu à ma question.
- Et il va de même pour toi je te signale. De plus il est très impoli et mal vu de répondre de la sorte à son roi.
- Vous n'êtes absolument rien pour moi.
- Tu te trompes mon garçon. Accepterais-tu que je te montre quelque chose ?
- Allez-vous relâcher Lucius ?
- Tu es bien entêté, exactement comme moi, nous ne sommes pas si différents tu vois, fit remarquer le roi.
- Nous n'avons rien en commun.
- Une nouvelle fois tu fais erreur. Suis-moi et écoute attentivement.
- Répondez d'abord à ma question : relâcherez-vous mon père ?
- Il me semble que tu ne poses pas les bonnes interrogations, la vrai question est laisserez-vous la vie à ce misérable Caïus et ma chère et tendre pauvre petite humaine ? »
Lorsqu'il prononça ces mots, les yeux de Lucas s'enflammèrent, comment avait-il ainsi osé parler des deux personnes les plus importantes dans sa vie ? Comment pouvait-il traiter Aurore, sa belle et magnifique Aurore, de pauvre petite humaine ? Elle était mortelle certes, mais n'était en aucun cas une simple humaine, elle était bien trop spéciale. Le vampire tenta de se jeter sur l'empereur, avide de colère il avait sorti ses canines et poussait de terrible grognement bestiaux. Néanmoins il ne put toucher un seul cheveux de son oncle puisque les gardes qui surveillaient la pièce se mirent à quatre pour le retenir. Caïus éclata de rire à la vue de son neveu qui s'était mis dans tous ses états à cause de ses paroles et pendant ce temps-là, ce dernier continuait inlassablement de se débattre. En vain il essaya de hurler, de frapper ses assaillants, de leur faire des tours de passe-passe, ils étaient trop nombreux et avaient eu recours à une plante mystérieuse qui l'empêchait de faire usage de ses pouvoirs. Il finit par accepter sa défaite et se résigna mais ses yeux conservèrent leur teinte rouge vif lui donnant un air sauvage.
« C'est bon, tu as fini de faire l'idiot ? Tu es tellement ridicule, à tel point que j'en ai presque honte que nous soyons de la même famille. Pourquoi lui portes-tu tant d'intérêt, ce n'est qu'une mortelle, elle n'est certainement pas à la hauteur d'un grand vampire comme toi.
- Vous vous trompez, elle incroyablement belle, bonne et forte pour une humaine. Au contraire, c'est moi qui ne la mérite pas mais sa bonté est sans égard et malgré ma condition contraire à sa foi unique qu'elle la lumière elle m'a accepté. Grâce à elle j'ai beaucoup changé, je suis devenu meilleur.
- Tu es devenu faible ! Où est passé le terrible Daemon dont j'avais tant entendu parlé, le fils du grand Lucius qui autrefois était le meilleur stratège du royaume.
- Avant que vous ne le bannissiez, votre propre frère !
- Ainsi tu sais qui je suis, tu as déjà eu connaissance de ta lignée. Ton père était devenu un aliéné, il était fou tu entends, à cause de cette femme, une sorcière sans doute, qui l'a totalement transformé, il était le meilleur et il est devenu le pire. Je l'ai banni car il nous a trahi.
- Non ! Vous l'avez exilez car il vous faisait de l'ombre, vous étiez certes promis au trône mais il vous a toujours surpassé dans tout ce que vous faisiez, il était le préféré de Laïus et de votre peuple. Vous l'avez banni car il vous faisait de l'ombre et compromettait votre salut.
- C'est sans doute ce qu'il t'a raconté mais moi je connais la véritable version de l'histoire, j'ai été contraint de rejeter mon propre frère car, il était combattant et il avait osé transgresser la principale règle des Bat Soldiers, afin de préserver leur sang-froid, toute relation sérieuse leur est interdite.
- Ainsi vous l'avez banni car il aimait.
- Oui et comme toi cela l'a rendu idiot, fou.
- Encore une preuve de votre incapacité à réfléchir, l'amour n'est jamais mauvais et quel qu'en soit le prix, il vaut la peine d'être vécu.
- Je changerais cela en toi, je te le promets.
- C'est impossible, c'est gravé dans mon cœur, dans mon corps et mon esprit, cela fait partie de moi et vous n'y changerez rien, quoi que vous pussiez dire.
- Tu es un excellent acteur en tous cas.
- Pourquoi dites-vous cela ?
- Je vais te montrer pourquoi tu tiens tant à ta charmante petite Aurore et à l'amour qu'elle te porte. »
Caïus emmena Lucas dans une pièce où l'obscurité régnait encore, il le fit s'approcher d'une petite table en bois sur lequel était déposé un livre très ancien. Il ordonna à ses sujets d'allumer les quatre cierges qui l'entourait et les libéra. L'empereur s'adressa à son neveu en même temps qui tournait les pages du fameux manuscrit, il racontait une histoire.
« Il y a quelques années de cela, une nouvelle espèce apparut sur notre Terre. De nombreux noms leur furent donnés, les sauvages, sangs froids, monstres, peaux blanches, demi-dieux ou au contraire fils de Pluton, cannibales... le plus réaliste d'entre eux étant sans doute celui de buveurs de sang. Ils étaient magnifiques, sublimes, incarnaient la suprême beauté et malgré leur allure humaine se différaient de nous en tous points. Il se dégageait de leur stature une grande élégance qui rendait nos rois avide de jalousie. Leur corps était d'une blancheur absolue contrastant avec leurs lèvres qui possédait la couleur du sang. De ma vie d'écrivain, je n'ai jamais pu en toucher un mais on raconte selon les légendes et mythes de mon époque que leur peau ne possédait aucune pilosité mis à part leur cheveux et leur sourcils et était plus froide que la glace elle-même à tel point que l'on pouvait se brûler. Ils étaient si beaux que toutes les femmes se mettaient à genou devant eux et étaient prêtes à leur offrir tout ce qu'elle avait de plus précieux même si la loi le proscrivait, leur corps tout entier. Elles leur offraient leur sang et leur virginité pourtant promises à leur prochain dominus. Ah... Tant de si belles fleurs ainsi gâcher...
Malgré leur profonde jalousie, les hommes, quel que soit leur rang ne pouvaient s'empêcher d'eux-mêmes les admirer, on raconte que c'est de là qu'est né cette pratique sexuelle dans laquelle les hommes sont avec d'autres hommes mais moi je n'y crois pas, je pense que cela a toujours été ainsi, nous pouvons aimé un homme ou une femme quel que soit notre condition, l'amour et surtout le sexe ne se limite pas à un homme et une femme, je suis bien placé pour le savoir.
Pour en revenir à nos mystérieuses créatures, nous avons donc commencé par les idolâtrer, cela en devenait malsain car nous étions censés ne croire qu'en nos dieux, les enfants d'Hadès comme diraient nos amis Grecs ne peuvent rivaliser avec Zeus, Poséidon, Ares... Le vote de nos citoyens les a bannis de nos terres et leur chef, un certain Laïus fut contraint d'emmener son peuple dans un nouvel endroit, où seuls ces créatures ainsi que leur nourriture c'est à dire nous les humains peuvent entrer. Mais ils n'en restèrent pas là, ils avaient non seulement soif de sang mais aussi de vengeance et ils revinrent ici, sur la terre de Romulus, à Rome. Agissant la nuit, ils transformèrent rapidement notre paisible territoire en champ de guerre à la seule différence que leurs victimes ne baignaient pas dans leur sang puisqu'elles en avaient été dépourvues. Peu à peu nous regrettâmes notre erreur et nous mirent à les craindre fortement. Nous les suppliâmes d'arrêter, leur offrîmes en sacrifice les plus belles femmes de la République mais rien ne leur suffisait à part s'abreuver de notre sang jusqu'à la dernière goutte afin de voir nos yeux s'éteindre et rejoindre leur père. Nous croyons que c'était la fin, que nous étions perdus à jamais mais nos dieux répondirent enfin à nos prières et donnèrent à nos bourreau sanguinaire un adversaire à leur taille. Lorsqu'elle naquit, elle ressemblait à une humaine, quasiment ordinaire mais tout de même très belle. Elle fut élevée par une famille de riches citoyens, fille d'un ancien édile. Passée l'adolescence, nous nous rendîmes enfin compte de sa beauté, elle était... indescriptible. C'était Vénus descendue du ciel. Les buveurs de sang eurent également connaissance de cette puella et malgré leur immortalité, tombèrent immédiatement à ses pieds. Rapidement, la jeune femme appelée Calista prit conscience de l'importance de son rôle vis à vis de ses concitoyens, elle se rendit compte que grâce à elle les choses pourraient changer, qu'elle était la clef de notre survie.
C'est lors de sa seizième année que ses pouvoir se développèrent. En plus de son visage et ses formes de déesse vinrent se rajouter à son corps les ailes d'un ange, la bonté d'Horus ( issu de nos ancêtres égyptiens que j'ai rencontré il n'y a pas si longtemps ), l'habilité et la sagesse de Minerve et la bravoure d'Andromède. Calista offrit sa vie en échange de la nôtre, elle fit jurer à nos ennemis de ne plus faire de massacre et ne plus revenir en échange de quoi elle leur édifia un monde, parallèle au notre dans lequel ils pourraient s'épanouir et en faire leur royaume. Elle offrit aux vampires une terre qu'elle appela à juste titre Chiroptera regnum. Nonobstant, cela ne suffisait pas et c'est pourquoi elle dut faire don de sa vie puisqu'elle l'offrit à sa mère, Vénus en échange de quoi naquit sa sœur, Marina. Cette dernière malgré le fait qu'elle n'avait pas d'aile était porteuse de la même beauté et bonté que son aînée. Elle était née vampire et contrairement à toutes les femmes du monde était capable de donner vie aux enfants de Thanatos. Laïus fut donc marié à la sœur de Calista, comblé il accepta le traité et fit installer son territoire à Chiroptera. Ainsi c'est donc grâce à ces deux sœurs que nous sommes aujourd'hui encore en vie et maître de notre liberté même si l'on raconte que de nombreux vampires auraient transgressé le pacte et seraient venus s'abreuver sur nos terres. Il est dit également que lorsque l'équilibre de nos deux mondes, mortel et immortel ne sera plus valable, que les immortels auront à nouveau repris le dessus, Calista reviendrait nous sauver. Il y va de la réincarnation mais malgré nos différences, je garde confiance en le savoir grec et pythagoricien et je pense que si cette demi-déesse est apparue une fois nous secourir pourquoi ne le ferait-elle pas de nouveau, à condition de mériter cette grâce bien sûr, c'est pourquoi depuis toujours je prit les dieux de pardonner nos pêchés et de préserver leurs enfants mortels. Ainsi, voici l'histoire de Calista et les vampires. »
Lucas referma le livre après avoir lu cette dernière phrase et dans l'incompréhension, il s'adressa à son oncle.
« Je ne comprends pas, pourquoi me faites-vous lire ce texte ?
- Premièrement, j'aime beaucoup comment Pline raconte l'apparition de notre espèce, j'admire son courage de parler des "enfants de Pluton" sans aucun tact. Ensuite et surtout tu ne vois pas le lien que je te mets sous les yeux ?
- Non je l'avoue.
- Certes Aurore n'est pas aussi forte, belle, puissante et incroyable que Calista mais il est évident qu'elles sont liées ! Quelques mois avant sa mort, une voyante avait prédit à mon père que dans trois cent ans environ naîtrait une jeune fille, mortelle, qui serait capable de mettre à ses pieds son monde s'il ne respectait pas ses dire. Les seules façons de contrer notre perte seraient de soit la détruire, ce qui serait très difficile, soit de l'allier à notre camp, de lui insuffler nos valeurs et de la convaincre de notre bonté. Il avait été prévu également que pour plus d'équité, l'un des nôtres serait son compagnon. De plus la devineresse avait prédit que son sang serait modifié afin d'attirer à elle les immortels, ce dernier serait à la fois mortel pour nous si nous essayons de la tuer et d'une grande utilité si elle acceptait de le donner il serait de grande vertu pour nos pouvoirs.
- Ainsi vous dites que mon Aurore est la réincarnation de votre Calista et que je suis avec elle par intérêt.
- Enfin tu l'avoues.
- Mais bien sûr que non ! Comment pourrais-je ne serait-ce que penser à cette éventualité ? Auriez-vous oublié que je n'ai rien contre perdre une partie de mes pouvoirs afin d'avoir un régime alimentaire qui n'a pas d'impact sur les humains ? Je ne dis absolument pas qu'il est impossible que la femme que j'aime soit la réincarnation d'une demi-déesse, elle est si... incroyable, et certainement autant que sa dite mère dans l'âme. J'aurais donc sacrifié mon cœur et mon âme pour rien puisque je suis avec elle par intérêt, pourquoi l'aurais-je quitté si c'était le cas ? Je l'ai fait pour sa sécurité et pour qu'elle puisse vivre une vie normal librement loin de toute obscurité. Je suis avec elle parce que je l'aime, elle est ma lumière, mon cœur, mon âme et mon unique raison de vivre.
- Alors je t'ai perdu à jamais. Je ne peux plus rien faire pour toi mon pauvre neveu puisque tu vois, ta lumière comme tu dis, eh bien elle m'est promise, il n'y a qu'ainsi que je peux sauver mon peuple.
- Ta gloire tu veux dire "tonton", répondit Lucas d'un air sarcastique. Elle n'acceptera jamais, elle est bien trop intelligente et elle se rendra vite compte de ton ingratitude.
- Décidément, tu ne possèdes ni la stratégie ni l'intelligence de ton père... Premièrement ne me tutoie plus jamais et secondement je possède des poids qui feront certainement et obligatoirement chavirer la balance. Comme tu viens de le dire tu l'aimes et j'ai la joie de t'annoncer que tes sentiments sont partagés. N'est-ce pas génial ? Jusqu'où ta chère et tendre sera prête à aller par amour ? Préférera-t-elle la paix de son peuple et la perte de l'être aimé ou alors par manque de courage elle t'accordera la vie et condamnera son espèce à une soumission éternelle. »
Après cela, le roi ne prononça plus un mot, il renvoya Lucas dans sa cellule. Il le laissa croupir dans cette cage de quatre mètres carrés encore un mois de plus sans qu'il n'il y ait l'ombre d'un début de jugement. A croire que Caïus, seul juge, avait pris sa décision à la suite de leur conversation et avait ainsi déjà déposé son seau. Pourtant Lucas ne recevit aucune lettre de ce type, ni pour lui, ni pour son père néanmoins, un mois après son altercation avec son oncle, il sentit que quelque chose venait de se passer. Le jeune homme craignait le pire lorsqu'en ce premier juin il ressentit sur sa poitrine comme un violent coup de marteau, même si ce dernier avait arrêté d'être une nécessité pour la survie du garçon le jour de sa transformation, son cœur semblait gravement blessé et les battements étaient de plus en plus espacés. Il se tenait alors allongé sur le dos dans un coin de sa cellule, Lucius lui se trouvait dans l'angle opposé et observait son fils suffocant avec un regard rempli à la fois d'inquiétude et d'incompréhension. Lucas releva les épaules et le dos, alerté par une douleur qu'il ressentait mais qui ne semblait néanmoins ne pas lui appartenir. Alors, des dizaines de flash lui apparurent, il était dans une pièce, un appartement, il vit un homme, non pas un homme, un vampire, il avait des crocs, il était terrifiant, l'homme disait s'appeler Romain et travailler pour Caïus, non pas Caïus, Vulcain, ou Jupiter, il ne savait pas, ne comprenait pas, mais qui était cet homme ? Puis Lucas leva ses paupières, une fois ses yeux ouverts, ses pupilles avaient disparu dans un horrible blanc terne, il ne discernait plus les parois de sa cellule ni tout ce qui l'entourait mais d'autres images lui apparurent telles que Nathan, le frère d'Aurore, le fameux poème qui les avait contraints à se séparer, le collier qu'il lui avait offert et enfin il tomba. Il s'écroula sur sa paillasse et ses yeux se refermèrent. Quelques minutes plus tard, alors qu'il était encore à demi-inconscient, il sentit une présence près de lui, c'était Lucius qui avait rampé jusqu'à lui afin de lui porter secours. Ce dernier l'appela mais Lucas n'entendait pas ses paroles, elles lui paraissaient tellement lointaine comme s'il se trouvait à l'autre bout d'un tunnel. Il finit par revenir à la surface et ouvrit les yeux brutalement. Ces derniers avaient repris leur teinte habituelle mais cette dernière était baignée dans une profonde angoisse. Il regarda son père et lui dit de sa voix cassée par l'inquiétude : "C'est Aurore, elle a des ennuis".
Aurore
Au fur et à mesure qu'ils marchaient, s'avançant dans le palais royal, la jeune demoiselle découvrait des paysages irréalistes, de somptueux tableaux réalisés par les meilleurs peintres du monde représentant des couchés de soleil sur une mer de sang, des cascades incroyables, un immense roserai de roses aussi noires que l'ébène mais aussi des paysages aussi magnifiques que terrifiant : un tsunami, un ouragan de titan, un village réduit en cendre par la foudre, une nature destructrice. La salle qui suivait était composée de peintures plus douces, dite salle des douceurs et sucreries, on y retrouvait une œuvre représentant une coupe d'un vin étrangement très rouge, une statue de femme ayant placé ses cheveux sur son épaule gauche et inclinant légèrement la tête de ce même côté d'un geste sensuel, une pomme extraordinairement rouge, une douce main féminine dont l'index vient se piquer, innocemment sur un fuseau de métal, une princesse au teint de neige endormie pour l'éternité. De tous ces tableaux ressortait une certaine beauté, une grande délicatesse néanmoins leur analyse pouvait provoquer un malaise chez le spectateur qui se trouvait lui-même attiré par cette beauté irrésistiblement mortelle. Le jeune Beneducci ouvrit une nouvelle porte qui desservait sur le péristyle séparé des jardins par d'antiques colonnes romaines sur lesquelles reposait l'étage supérieur. Une rangée d'oliviers délimitait l'allée principale tandis qu'autour se trouvaient de nombreuses vignes de raisins blancs et rouges accompagnés de rosiers blancs, rouges, roses et bleus, de tournesols, d'orangers, de citronniers, de coquelicots, de palmiers, d'épicéas, de chênes et peupliers plus vieux que le château lui-même, de lilas, de cactus, d'ébènes, d'érables, etc. Il y avait tellement de végétation dans ces jardins qu'il en devenait difficile d'y circuler sans se prendre les pieds dans une racine ou se faire arracher la peau par des épines. En effet, au cours du temps, la population s'était beaucoup agrandie et diversifiée malgré les nombreux efforts menés par les jardiniers afin de contrer le phénomène, elle continuait de se reproduire et envahissait la terre, tout comme les humains le font sur la planète cependant, ici, c'était la nature qui reprenait ses droits.
Aurore se tourna en direction de cette beauté sauvage vainement domptée, la diversité des plantes toutes venues des quatre coins du monde était un somptueux spectacle, totalement surnaturel. Cette invraisemblable beauté lui rappelait Lucas, elle saisit son médaillon et pour la énième fois relut la phrase qui y était gravée « Animus clarus in obscuro mundo » qu'en effet elle n'avait eu aucun mal à traduire « Un être de lumière dans un monde obscure »... C'était si beau, mais Lucas idéalisait sa personne néanmoins la relire lui donnait du courage. Alors qu'elle s'autorisait à relâcher les chaînes qu'elle avait placées sur ses pensées afin de se préserver un minimum de la souffrance, une voix l'interpella.
« Il te manque n'est-ce pas ? Même si je ne saisis pas un tel phénomène, je pourrais sentir cet amour à plusieurs kilomètres à la ronde.
- Ceci ne vous regarde pas.
- Tu te trompes ma très chère.
- Bien sûr que non ! Je ne vois vraiment pas pourquoi le bonheur d'une simple humaine vous intéresse, nous n'avons fait de mal à personne.
- Tu te méprends sur tous les points, votre liaison est interdite par loi.
- Votre loi ! Pas la mienne ! Cela relevait de notre choix ! Les seuls que nous pouvions faire souffrir en étant ensembles étaient nous-mêmes.
- Moi tu m'as fait souffrir.
- Je ne vois vraiment pas pourquoi, je ne suis qu'une humaine et vous, un roi ? Un tyran plutôt.
- Tu m'es destinée et malgré ton insolence, tu seras mienne, je t'en fais la promesse.
- Et moi je peux vous promettre que jamais vous n'obtiendrez quoi que ce soit de moi.
- Tu es si naïve, personne ne peux se refuser à moi. Que tu le veuilles ou non tu y seras contraintes.
- Je pourrais savoir comment ? Vous m'avez déjà tout pris, je n'ai plus rien à perdre depuis le départ de Lucas.
- Lucas, toujours Lucas, tu portes tant d'intérêt à ce Dæmon que tu t'oublies toi-même.
- Vous avez tort, je préférerais mourir plutôt que d'assouvir vos caprices.
- Nous verrons... En attendant je vais t'envoyer une styliste ainsi qu'une coiffeuse afin de préparer ta toilette pour le bal de demain.
- Je n'irais pas.
- Tu es sûre ? Juste quelques mots avant que tu ne me confirmes ton refus, connais-tu le groupe sanguin de ton amie ? Parce que tu comprends je préfère les négatifs mais pour toi je m'acquitterais bien d'une positive.
- Non ! Vous n'oseriez pas !?
- Tu crois que je vais me gêner, je suis un vampire après tout ma jolie et il faut dire que son odeur est si... alléchante...
- Très bien je viendrais mais je vous interdit de vous approcher d'elle.
- Tu vois quand tu veux.
- Allez-vous faire voir !
- Que de grossièretés...
- C'est cela. »
Aurore commençait à faire demi-tour, accompagnée de son serviteur quand Caïus lui lança une aimable formule de bienvenue :
« Au fait avant que tu t'en ailles, je te souhaites la bienvenue à Chiroptera. »
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