Chapitre 38 : M. Seveness
« Ok et bien s'il le prend comme ça, on n'a pas le choix en fait.
- C'est exactement ça, confirma une voix dans le dos de Cassia. »
Les filles se retournèrent en même temps et découvrirent devant elles leur professeur d'anglais, M. Seveness, debout, souriant malgré son regard qui reflétait une certaine inquiétude.
« Bonjour les filles, entama-t-il.
- Bonjour Monsieur.
- J'avais peur de ne pas vous retrouver dans cette immense gare, il y a tant de monde ici.
- On dirait que vous avez réussi quand même, rechigna Cassia.
- Vous savez, ce n'est pas pour vous embêter que je vous accompagne mais pour votre sécurité et aussi pour une question de responsabilité, je me devais d'être ici.
- Oh, et puis, un de plus ou un de moins après tout maintenant cela n'a plus d'importance, moi qui pensais partir seule... soupira Aurore.
- En parlant de ça, tu es sûre de ne pas vouloir faire venir Luc, il pourrait nous être utile, après tout ils avaient l'air de s'être rapprochés malgré leur désaccord, proposa Cassia.
- Non, vraiment je ne veux pas, là-bas il prend soin de mes parents, mon frère, mes amis, bref de tous mes proches et il les protège des dangers.
- Je ne vois pas pourquoi tu t'entêtes à dire cela, il ne peut rien leur arriver, notre ville n'est pas si grande et peu de personnes y trouvent la mort. Il n'y a pas eu de meurtre, de cambriolage etc. depuis plusieurs années.
- Je t'assure que mes craintes sont fondées.
- Dans ce cas, pourquoi ne pas tout nous expliquer ? demanda M. Seveness.
- Non elle ne peut pas, elle a promis, expliqua Cassia.
- Ecoutez, peut-être plus tard mais là nous avons du boulot. Il faut que nous retrouvions Daemon.
- Daemon ? s'interrogea Cassia
- Hum, pardon, Lucas, je me suis trompée de prénom, c'est parce que...
- Pas de souci, rassura M. Seveness, mais dis-nous par où tu penses commencer.
- La maison de ses parents, il nous faut retrouver l'adresse.
- En espérant qu'ils y soient encore parce que c'est rare que l'on reste plus de dix ans dans le même endroit.
- Oh mais ils n'y seront pas, ils sont morts.
- Comment ! s'exclamèrent Cassia et le professeur d'anglais
- Mais Lucas n'a que 16 ans, ils ne peuvent être morts de vieillesse, ce n'est pas possible. Ont-ils eu un accident, une maladie ? questionna le professeur qui établissait déjà son enquête.
- Dix-huit en réalité, il a commencé l'école assez tard et oui c'est ça un accident il me semble, de voiture.
- Mais alors explique-moi pourquoi on va là-bas ? demanda Cassia.
- Parce que l'appartement contient certainement des informations qui pourront nous aider.
- Très bien alors rendons-nous à la mairie et ils pourront certainement nous aider à retrouver l'adresse, dit le professeur.
- Ok, approuvèrent les deux amies de la tête. »
Le groupe se rendit à l'office, le bâtiment était splendide, d'un style ancien. La pierre sculptée ondulait et formait des lignes sur les murs peints d'un sublime beige de charme. Le tout était orné de petites statuettes représentant justice, liberté et patriotisme. Ils passèrent la porte et se retrouvèrent dans un grand hall, des bureaux étaient installés de chaque côté du tapis doré qui séparait la grande pièce en deux parties totalement symétriques. Une hôtesse leur demanda alors s'ils souhaitaient quelque chose mais le groupe était subjugué par ce luxe qui emplissait l'espace. Des tableaux et des miroirs habillaient chaque paroi. Quant aux murs, ils étaient comme le sol d'un camaïeu de gris allant de l'argent au granit en passant par le nacré et l'anthracite. Au bout de quelques secondes la dame reposa sa question et l'un d'eux se réveilla. M. Seveness expliqua qu'un de ses élèves avait disparu et qu'il avait besoin de l'adresse de ses parents puisqu'il était fort probable que l'enfant s'y soit rendu comme à chacune de ses fugues. La femme commença par refuser n'ayant pas réellement confiance en un groupe composé de deux adolescentes et d'un professeur mais elle finit par accepter étant tombée sous le charmant du jeune prof d'anglais. Aurore donna le nom « Akantha » et en quelques secondes l'adresse fut trouvée même si la conseillère leur affirma que plus personne n'y habitait depuis des années.
Le groupe reprit alors sa route et se dirigea vers le fameux appartement. Ce dernier se trouvait à quelques dizaines de mètres seulement du sacré cœur, l'immeuble paraissait ancien mais cela n'enlevait rien à sa beauté. En effet, il était un peu du style de la mairie rencontrée quelques minutes plus tôt.
Aurore passa la première, gravit une à une les marches du grand escalier en colimaçon qui se trouvait face à elle et une fois arrivée au quatrième étage elle souffla deux secondes puis se présenta devant la porte et toqua. Personne ne répondit alors la jeune fille força le verrou et celui-ci, abîmé par l'usage et les années, s'ouvrit facilement. Alors les trois entrèrent dans le logement et refermèrent la porte derrière eux afin d'éviter les curieux. Aurore expliqua qu'elle allait fouiller la maison afin de trouver les informations qu'elle cherchait, les deux autres se proposèrent en aide mais elle refusa catégoriquement et les obligea à ne rien touché.
La lycéenne passa en revue tout ce qui lui passait par la main à savoir les journaux, les factures... mais ce qu'elle cherchait était plus petit, enfin, elle réussit à le trouver au bout d'une dizaine de minutes, le répertoire ou carnet d'adresse. Les divers noms qu'elle lisait lui étaient complètement inconnus mais elle s'accrocha et finit par trouver ce qu'elle cherchait : Lucius Akantha, 22 street of Oxford, London. Elle plaça un bout de papier en guise de marque page et rangea le petit livret dans son sac avant de continuer ses recherches.
Cassia
De son côté, Cassia en avait plus qu'assez que d'attendre, elle promenait son regard aux quatre coins de la pièce et sentait brûler en elle la curiosité de découvrir ce qui pouvait se cacher derrière cette paperasse et ces meubles de marbre. Elle mit finalement la main sur un journal qui datait des années 1970, la une présentait le décès d'un couple de personnes âgées de la soixantaine qui était mort de vieillesse. La jeune fille s'intéressa plus particulièrement à l'article après avoir lu le nom de famille des retraités, Akantha. Cassia commença à douter de la crédibilité des explications de son amie et l'interpela.
« Hum Aurore, tu as cinq minutes s'il te plait ?
- Oui bien sûr de toute façon il n'y a plus rien je pense.
- J'ai trouvé ça, dit-elle en montrant le magazine.
- Oh, mais c'est quoi, juste un journal.
- Qui signale le décès des certains M. et Mme Akantha.
- Ah...
- Mort de vieillesse en 1975, comment te dire que là il faut que tu m'expliques parce que je ne comprends plus rien.
- Hum, oui ! C'est vrai Lucas m'avait expliqué que ses grands-parents étaient mort cette année-là et on avait conservé le journal qui y faisait référence.
- Donc c'était ses grands-parents.
- Exactement, affirma Aurore essayant d'avoir l'air plus sûre d'elle.
- On va peut-être y aller, dit le professeur qui était resté muet tout le long de la recherche et de la scène.
- Oui, répondit Aurore, je refais juste un petit tour pour être sûre que rien ne soit passé à la trappe. »
Aurore repartit dans la salle d'à côté laissant à nouveau Cassia et M. Seveness seuls. Ces derniers commençaient à se poser beaucoup de questions et une revenait souvent, qu'allait-on faire ensuite ? Les deux s'interrogèrent du regard puis reprirent leur posture lorsque Aurore arriva, ayant au creux de sa main droite un petit objet qu'elle plaça ensuite au fond de la poche intérieur de son sac à main sans prendre la peine de le montrer à ses accompagnateurs. Cassia regarda à sa gauche, le professeur trépignait sur place, bougeait sans cesse ses jambes et ses mains, pour faire bref, il en avait assez et n'attendait qu'une chose, c'était de sortir de là.
Point de vue omniscient
« On y va ? demanda Cassia
- Oui c'est bon, répondit Aurore après avoir observé pour la dernière fois cet appartement dans lequel son amour avait passé son adolescence du moins jusqu'à ce qu'il parte pour Londres. Elle allait d'ailleurs suivre ses traces. »
Elle les conduisit hors du bâtiment, puis dans un parc non loin de là dans le but de prendre leur déjeuner préparé la veille. Ils s'installèrent tous les trois dans l'herbe, le soleil brillait au-dessus de leur tête d'une douce chaleur. Personne ne parlait même si tous en mourraient d'envie. Les mots leur brûlaient la gorge et la langue, ainsi, aucun son ne pouvait sortir. Ils avaient tant à dire, à demander mais toutes ces pensées leur bloquaient le larynx. Pourtant, le professeur, lui plus âgé réussit à vaincre sa paralysie et demanda.
« Alors, où allons-nous ?
- En Angleterre, à Londres.
- Quoi ! s'exclama Cassia
- Oui, comme je vous l'avais dit, nous allons beaucoup voyager, Lucas n'est pas du genre à être mauvais dans les parties de cache-cache, il fait plutôt partie des joueurs qu'on ne trouve jamais et qui finissent eux-mêmes par se dénoncer. Nous allons suivre ses traces, c'est le meilleur moyen de le retrouver.
- Eh bien je t'avais dit que je te suivrais partout alors je tiendrais ma promesse, j'espère juste que nous arriverons à ce que tu retrouves ton sourire.
- Pour cela, il faudrait déjà retrouver mon cœur ma belle, Lucas m'est indispensable.
- Ah, si je ne t'avais pas poussée à aller le voir, à te réconcilier avec lui, que serais-tu devenue ma chère Aurore ?
- Rien, rien du tout.
- Hum, hum..., M. Seveness fit remarquer sa présence en toussotant.
- Oui monsieur excusez-nous.
- Ce n'est rien mais il faudrait dans ce cas que nous allions à l'aéroport ou à la gare pour prendre l'Eurostar. Et arrêtez de m'appeler Monsieur, j'en ai marre, je ne suis pas vraiment votre prof ici.
- Mais c'est quoi votre prénom d'abord ? demanda Cassia que la question tiraillait depuis un bon moment.
- Eh bien je m'appelle... »
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