Chapitre 34 : Noël, triste bonheur...
« Ma fille, mon enfant ne t'avais-je pas dit une chose, une seule, avant que tu entre au lycée ?
- Laquelle ?
- Il ne faut jamais tomber amoureux aussi jeune sinon, on est condamné à souffrir toute sa vie. »
Sur cette triste phrase, Aurore enlaça de nouveau sa mère puis monta dans sa chambre tout en essayant de retenir ses larmes qui commençaient désormais à lui brûler les yeux.
Dimanche 18 décembre 2016 (un mois plus tard)
« Cher journal,
Je ne peux vraiment pas oublier Lucas, mi Daemon... Pourquoi es-tu parti ? Cela fait déjà un mois que je ne l'ai pas revu et malgré le temps qui passe, ma douleur demeure et s'accentue chaque jour un peu plus. Je ne sais pas comment faire pour ne plus y penser. Je fais des cauchemars toutes les nuits, enfin pour dire vrai, ce sont des rêves : nous sommes tous les deux ensemble, tout va pour le mieux, il me dit qu'il m'aime et qu'il ne me quittera jamais et puis tout à coup quelque chose me ramène à la réalité et je me réveille. J'aurais tellement préféré que mes songes soient constitués d'horribles monstres qui voudraient me tuer mais non, mon subconscient a décidé que je devais souffrir plus encore, en plus de la journée. Je ne pense vraiment pas m'en sortir, chaque jour qui passe me rappelle son départ et me donne un nouveau coup dans la poitrine. Nous ne sommes plus qu'à sept jour de Noël et franchement je n'ai aucune envie d'y être, je ne sais pas si je pourrais le supporter...»
Samedi 24 décembre 2016
Narrateur interne (Aurore)
Je ne crois peut-être pas en Dieu, en son fils Jésus, enfant de la vierge Marie mais cela ne m'empêche pas de croire en Noël et en toute sa magie. J'ai toujours rêvé d'un beau Noël blanc. Je voyais déjà dans ma tête les rues décorées de toutes parts, un magnifique sapin recouvert de guirlandes de toutes les couleurs et de petites boules pailletées... C'est certainement l'un des plus beaux jours de l'année et je ne dis pas ça pour les cadeaux... Tout est toujours très beau à Noël, c'est une journée que l'on passe auprès des siens et où l'atmosphère joyeuse permet d'oublier nos malheurs. Toutefois, il semble que la magie de Noël ne suffise pas à me faire oublier ma peine, elle est beaucoup trop forte...
Aujourd'hui nous sommes le 24 décembre, nous avons passé la journée entière à nous occuper des préparatifs pour ce soir avec Nathan et mon père. Ce dernier a demandé à ce que tout soit parfait car en plus de la famille, une personne très spéciale allait venir dîner avec nous. Je n'avais aucun doute sur la nature de sa relation avec la dite personne ; en disant ceci, ses yeux pétillaient de bonheur ; un seul mot me vint à l'esprit : l'Amour.
Nous nous sommes donc activés toute la matinée pour ranger la maison de fond en comble et la décorer puis l'après-midi nous avons préparé le repas et dressé la table. Tout est enfin prêt, j'ai choisi la décoration et je dois dire que je suis plutôt fière de moi, le rendu est vraiment super ! J'espère que cela plaira à madame.
Après m'être assurée que tout était bien nickel, je monte dans ma chambre afin de m'habiller. Je dépose plusieurs tenues sur mon lit allant du violet au rouge en passant par le bleu, le vert, le jaune et le blanc, en bref toutes les couleurs quasiment mais j'opte finalement pour une petite robe noir assez simple mais très jolie. Je me maquille le teint en tachant de camoufler les traces de mon manque de sommeil puis je m'attaque aux yeux. Je choisis de réaliser un smooky et de mettre du mascara. Une touche de rouge à lèvre et de parfum et je suis fin prête. Je me regarde une dernière fois dans le miroir, c'est fou ce que l'on peut faire avec un peu de maquillage, en quelques coup de pinceau mes énormes cernes violettes ont disparu et ma peau blanche a miraculeusement pris vie grâce au blush. Revenons-en à ma robe, je ne vous l'ai toujours pas décrite, quelle erreur de ma part car elle est vraiment belle. Je disais donc que ma robe s'ouvrait en décolleté sur le devant laissant légèrement apparaître le haut de ma poitrine. Ce choix de tenue me permet de mettre en évidence mon collier qui trône dans le creux de mon décolleté. Habituellement je le cache dans mon pull mais aujourd'hui car aujourd'hui j'ai besoin non seulement de le sentir sur ma peau mais aussi de le voir, cela me permet de supporter son absence en ce moment si important. Il fallait que je pense à autre chose sinon je ne tiendrais pas la soirée. Donc... Le reste de la robe consistait en une jupe patineuse en dentelle qui s'arrêtait juste au-dessus de mes genoux en faisant des petites vagues. Cela aurait sans doute beaucoup plu à Lucas. S'il avait été là, il m'aurait enlacé de ses bras afin que nous ne formions plus qu'un. S'il avait été là, il aurait déposé sur ma gorge ses lèvres tendre en me susurrant à l'oreille des mots doux. S'il avait été là, il aurait sans doute placé sa main gauche derrière mon cou, posé la droite sur ma hanche et m'aurait regardé droit dans les yeux afin de me montrer l'étendue de son amour, je lui aurais rendu la pareil en lui avouant combien je l'aime. S'il avait été là, il aurait enflammé mes lèvres de ses baisers passionnés ; il aurait certainement détruit mon maquillage et j'aurais dû le refaire mais je n'y aurais pas pris d'importance. S'il avait été là, il aurait sans doute déjà fait tout ceci et je serais la plus heureuse des femmes du monde mais ce n'est pas le cas, il y a bien un "si" et ce "si" est irréalisable. Et mes yeux autrefois remplis d'étoiles ont aujourd'hui perdu toute forme de vitalité.
Il était clair qu'il fallait me trouver une occupation, ressasser le passé ne ferait qu'aggraver les choses, je me décide donc à quitter la vue de mes yeux rougis par le chagrin, heureusement pour mon maquillage, les larmes ne coulent plus, je doute qu'elles aient déjà coulé d'ailleurs, mon corps est tellement cruel envers mon cœur ! J'aimerais tant pouvoir tout évacuer mais je n'y arrive pas. Il fallait que je sorte de cette chambre, j'avais trop de souvenir ici, je ferme donc la porte de cette dernière et descend en bas rejoindre ma petite famille. Lorsqu'il m'aperçoit, mon père m'interroge :
"Tu n'avais rien de plus coloré ma chérie ? Du noir à Noël, ce n'est pas très joyeux.
- Moi je la trouve jolie, je ne vois pas ce qui te dérange.
- Tu aurais pu faire un effort pour aujourd'hui et mettre de la couleur, me dit-il.
- Je ne veux pas me fâcher avec toi pour Noël papa...
- Moi non plus. Et ce collier ? Je ne l'ai jamais vu, comment tu l'as eu ? me demande-t-il.
- C'est personnel.
- Personnel ? Depuis quand tu caches des choses à ton père.
- Je ne veux pas en parler c'est tout. Changeons de sujet s'il te plaît.
- Je te l'accorde parce que c'est Noël.
- Merci. La table est prête au fait, nous sommes dans les temps.
- C'est bien, je te remercie, tu m'as bien aidé aujourd'hui, c'est important pour moi.
- Aucun souci, le rassuré-je. »
Même le jour de Noël il fallait qu'il me fasse des critiques, c'est incroyable ! Il ne pourrait pas juste me laisser tranquille ! Enfin, je suis bien heureuse lorsque je le vois se diriger dans sa chambre pour se changer, j'allais pouvoir souffler un peu. Mon repos est de courte durée car quelques minutes plus tard j'entends siffler la sonnette de l'entrée. Au moment où j'ouvre la porte je me retrouve face à une femme d'une quarantaine d'année, la peau mate, le cheveux bruns et bouclés. Elle me dépasse de quelques centimètres ce qui en vue de ma petite taille n'est pas difficile, pour être sincère je la trouve plutôt belle. J'appelle papa pour lui annoncer que son invitée est arrivée puis je m'approche pour lui faire la bise et me présente :
« Bonjour, je m'appelle Déborah, je suis la fille de Sylvain.
- Enchantée, je suis Fériale, une amie de ton père. »
Je lui souris et l'invite à entrer, je me retiens de lui signaler qu'elle est sans doute plus qu'une amie pour venir dîner avec nous le soir de Noël. Cela l'aurais peut-être effrayé, je préfère garder ma réflexion pour moi-même. Quelques minutes plus tard mes grands-parents sont arrivés et nous sommes tous assis autour de la table basse du salon sur lequel sont déposés des petits amuse-bouche, verrines et coupes de champagne. Mon père nous présente son « amie », il l'a rencontré durant sa première mission en Algérie, depuis il y est retourné une dizaine de fois et ils se sont beaucoup rapprochés. Ma grand-mère finit par briser la glace en souhaitant la bienvenue dans la famille à Fériale.
« Je suis très heureuse que mon fils ait retrouvé quelqu'un, j'espère que vous saurez le rendre heureux, dit-elle.
- Maman, je n'ai pas dit que nous étions ensemble, fait remarquer mon père.
- Oh je t'en prie Sylvain, cela est évident pourtant, ce n'est pas la peine de nous le cacher. On ne va pas en faire tout un plat, elle est Algérienne et alors ? On est auvergnat pas raciste, n'est-ce pas Jean-Louis, dit ma grand-mère en direction de son mari.
- Oui oui, répond mon grand-père d'un ton peu assuré mais je choisis de garder son peu de franchise et sa fermeture d'esprit pour moi.
- Merci beaucoup madame, dit Fériale.
- Tu peux m'appeler Annie, ajoute ma grand-mère.
- Merci Annie.
- Bon maintenant que les présentations sont faites, je pense que nous pouvons passer à table, fait relever mon père. »
Je débarrasse la petite table et rejoins ma famille autour de la grande. La soirée se passe plutôt bien, Fériale nous présente son pays, elle nous raconte sa rencontre avec mon père etc. Tout ceci est vraiment très mignon mais me rappelle à quel point je suis seule. Je fais pourtant de mon mieux pour afficher mon plus beau sourire et paraître heureuse en ce jour de fête. Heureuse, je devrais l'être, je ne devrais pas avoir à jouer ce bonheur mais je ne le suis pas.
Noël est certes un jour magique mais pour quelles raisons ? La neige ? Ils sont bien heureux en Australie à fêter la naissance de Jésus en maillot de bain au bord de la plage. Les cadeaux ? Toutes les familles n'ont pas les moyens de payer des cadeaux à leurs enfants et malgré tout ce jour reste l'un des plus attendu de l'année pour ces enfants aussi. Le repas ? Je ne crois pas. Le caractère sacré de cette journée ? Tout le monde n'est pas chrétiens et pourtant plus de deux milliards de personnes fêtent Noël dans le monde. Selon moi, Noël est avant tout une fête que l'on célèbre en famille, auprès de tous ceux qu'on aime. C'est un jour qui met à bat les tensions et qui rapproche les personnes qui se sont éloignées. Toute cette joie environnante, c'est contagieux, et vous êtes obligés d'y prendre part. Je regarde autour de moi en faisant le tour de la table. Ma famille est bien là même s'il en manque la moitié mais cela fait des années que j'y suis habituée, c'est l'un des nombreux inconvénients d'avoir des parents divorcés, on ne peut plus passé Noël avec tout le monde. Mes grands-parents, mon oncle et ma tante paternels sont là, mon frère, mon père et sa copine. Tous ces gens-là, je les aime évidement toutefois une personne manque à l'appelle... Je me suis habituée à l'absence de l'un de mes parents mais il y a bien quelqu'un dont je ne peux me passer. Noël comme je le disais est à fêter avec ceux que l'on aime et il se trouve que la personne que j'aime le plus au monde, pour qui je donnerais ma vie, mon âme s'il le faut, n'est pas là. Ce n'est pas de sa faute je le sais bien, il agit pour mon bien, il a sauvé mon frère et notre rupture protège mes proches mais comment pourrais-je me faire à l'idée de ne plus jamais le revoir alors que l'amour que je lui porte est sans limite. Je baisse les yeux en direction du collier qu'il m'a offert, il est évident que c'est réciproque pour lui ce qui est encore plus dur pour moi car je sais que nous en souffrons tous les deux.
« Lucas, mon amour tu me manques tant... » medis-je à moi-même.
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