CHAPITRE 6 : JOUR 2
Mardi 26 septembre 2108
(Date locale)
Nous sommes subitement réveillées par quelques goutes ruisselant sur nos visages. Ce n'est autre que Grisouille qui nous fait bien comprendre qu'il est temps de se lever. Je me lève péniblement. Mes pieds sont lourds, ma tête tourne, ma vue diminue, puis plus rien. Le flou. Le néant.
Je voyais des formes noires, comme des spectres qui venaient me chercher. J'avais peur, je me débattais, en vain. Je brassais le vide et ces ombres m'encerclaient. Elles m'appelaient par mon prénom. Elles voulaient m'emmener avec elles, mais je ne voulais pas. Je voulais rester dans ce monde rassurant. Cela ne m'inspire pas confiance. Que représentent ces formes? J'ai cru reconnaître la voix de ma mère. Savent-elles qui je suis? Et si elles s'en prenaient à ma famille, sont-ils en danger? Toutes ces questions se bousculent dans ma tête. Pourquoi moi? Pourquoi maintenant? J'avais beau réfléchir aucune réponse ne s'offrait à moi. Mon cœur accélérait, mon souffle était court, un goût âpre apparut dans ma bouche et une sueur froide glissait le long de mon dos. J'étais tétanisée.
Lorsque je reprends mes esprits, Agathe est penchée sur moi, l'air inquiet. J'ai beau lui expliquer que tout va bien, elle ne m'écoute pas. Notre moineau nous explique que j'ai été durant quelques instant dans une autre dimension. A cause sûrement du voyage entre la Terre et Birdland. Je fais semblant que tout va bien, et ils font semblant de me croire. Je crois que c'est mieux ainsi.
Un nouveau jour peut enfin commencer. Grisouille décide de nous faire découvrir là où il a vécu durant toute son enfance jusqu'au jour où son père décida de l'envoyer dans notre monde.
Notre moineau malicieux est tout excité, il veut nous montrer un autre peuple et un autre endroit, celui du corps où vivent les "Titoucans". Car Birdland est une île en forme d'oiseau bordée d'eaux troubles et agitées. Hier nous étions dans l'aile avec ses forêts d'une diversité de couleurs et d'odeurs épatante.
Les Titoucans sont des oiseaux multicolores et majestueux. Leurs yeux sont d'un marron inquiétant. Leurs becs quant à eux sont d'un jaune ambre magnifique, brillant au soleil, dégageant ainsi des lueurs dorées. Ils me font beaucoup penser à maman. Elle me manque.
Lorsqu'ils sont bébés, il n'y a que leur bec qui possède une quantité importante de couleurs. Leurs plumes sont mauves avec quelques reflets bleu persan.
Ils ont en charge la distribution de la monnaie autochtone : le diamant. Les diamants proviennent d'une plante appelée "ciela majesta". Elle a un coeur tendre et doux de nuage. Ses pétales sont des arcs-en-ciel et au bout de ceux-ci, se trouvent une marmite remplie de diamants. Cette fleur n'a pas de racines. Elle est posée à la surface de la terre.
A une centaine de mètres de là, se trouve un lac se plumes orangées et soyeuses. Tout les nouveau-nés viennent s'y amuser. Ils s'agitent de partout, certain sautent, d'autre nagent... Les plumes volent de partout. Je sens quelque chose (ou plutôt quelqu'un) qui me pousse dans ce lac. Et, pour tout avouer, c'est très agréable. Aussi moelleux qu'une mousse au chocolat, et doux comme une carresse. Je décide de m'amuser. Après tout, puisque nous sommes là, autant en profiter ! Mes deux acolytes ne tardent à me rejoindre. La joie se lit sur nos visage. Cela change de d'habitude. Il faut avouer que ce n'est pas désagréable.
La pause détente terminée, nous observons une espèce de papillon. C'est un spécimen remarquable : trois paires d'ailes sont accrochées à son dos. Elles sont d'un rose pâle, fushia et prune. Quatre antennes et une couronne de fleur lui coiffent sa tête. Et un bleu pastel habille son corps frêle. Lorsque qu'il vole, il fait des ronds afin d'exprimer sa joie. Grisouille nous explique qu'ici, tout le monde ne les aime pas, parce qu'ils ne viennent pas de ce monde. Parce qu'ils ont fuit leur pays. De ce que j'ai compris, leur pays va mal, il serait malade et en train de mourir. Mais je ne comprend pas tout, à l'école on nous a dit que les pays étaient dirigés par des gens qui savent ce qui est bon ou non, alors comment peuvent-ils laisser mourir un pays, même si c'est le "meilleur" choix ? Ce papillon à l'air tellement gentil et courageux. Il a passé un moment difficile de sa vie, son enfance a été dure. Ca n'a pas dû être facile pour lui de quitter son pays, ceux qu'il aime. Et aujourd'hui les gens lui font payer le fait d'avoir espéré un avenir meilleur en arrivant ici. Ce n'est vraiment pas juste. Donc parce qu'il n'a pas été heureux dans son pays il ne pourrait pas l'être dans celui des autres ? Mais pourtant, il ne fait de mal à personne et il contribue même à l'écosystème de ce pays. Je ne comprend pas pourquoi les gens mettent des frontières là où il n'y a pas besoin d'en mettre. Ne devrions nous pas venir en aide à ceux qui en ont besoin et les aider à aller de l'avant plutôt que de regarder leur passé et voir d'où ils viennent ? Je le vois se diriger vers sa famille, et il faut dire qu'ils sont nombreux ! Ils sont tous plus beaux les uns que les autres.
Je tourne ma tête et croise le regard malicieux de ma très chère amie. De ce simple regard nous nous comprenons. Ni une, ni deux, nous voilà, courant après ces papillons. Nous sautons, volons même quelque fois, mais nos proies sont trop rapides et réussissent à s'échapper. Nous n'avons pas pu en capturer un seul, mais peu importe, ce que nous avons attraper est plus important : le rire. Impossible de nous arrêter, nous rions aux éclats, cela fesait tellement longtemps que je n'avais pas autant ris! Je m'écroule sur le sol et me roule dans les fougères. Cela me caresse le visage, c'est si doux. Mais à présent mon visage est couvert de spore, et je n'avais pas réalisé que j'étais allergique... Me voilà éternuant et étendue de tout mon long.
Je me relève brusquement car quelque chose me gêne dans le dos. Lorsque je m'approche pour observer ce que c'est, je découvre un diamant. Je cherche de tout côté si quelqu'un n'en a pas oublié un, mais personne dans les environs... je décide donc de le prendre .
La nuit commence déjà à tomber. Mais par chance, nous sommes près d'une grotte et nous avons de quoi manger. Nous allumons un beau feu bien chaud et quelques braises tombent. Nous nous endormons au doux son du crépitement des flammes sur le bois sec. Nous avons pour seule lumière, le léger sintillement des étoiles et de la lune éclatente.
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