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Il laissa ses doigts balader dans le dos de sa femme et se remémora l'appel de Sylvianne, sa sœur, gentille comme jamais, presque mielleuse :
« Ça va toi ?
— Oui bien sûr.
— Merci de m'avoir laissé un message sur ma boîte vocale pour m'annoncer la nouvelle.
— C'est normal voyons.
— Comment a réagi Julie ? Première fois qu'elle demande de ses nouvelles remarqua Paul, contrarié par sa sœur, et par Cauet qui imite Delarue, son animateur préféré.
— Elle a sauté au plafond, t'imagines ? ! Moi j'en croyais pas mes yeux, j'ai mis un moment pour réaliser.
— L'événement ne t'a pas tourné la tête ?
— Bof tu sais on est des terriens nous.
— Et qu'est-ce que tu vas faire de tout cet argent ? De nouveau, la rengaine. Ça représente une sacré somme six millions d'euro.
— Ben je pense qu'on va s'arrêter de travailler pendant un an, et nous payer une croisière autour du monde, après je m'achèterai une bagnole et une belle maison, genre cinq cents mètres carrés en banlieue, mais pas à « Là-bas les Moulineaux », plutôt à Versailles, ou Nice je sais pas.
— Ah oui je vois, ça fait saliver. Tu peux bien baver dans ton soixante mètres carrés parisien où t'as jamais voulu nous recevoir sous prétexte qu'on était trop nombreux.
— Au fait, tu sais que David monte une exposition le mois prochain, ce serait sympa d'y faire un tour. Et puis si vous déménagez il pourrait vous aider à décorer votre intérieur.
— Oui bien sûr, on verra ça à notre retour de croisière. » Mais tu te rappelles la fois où j'ai eu besoin des mille euro... alors ton mari peut se gratter avec ses photos de chinois galleux je lui en achèterai pas une, ma cocotte. Quant à aménager ma maison, mais même pas dans ses rêves !
Elle avait tout gobé, comme si Paul était du genre à s'acheter trois voitures et un bateau... Trop banal, trop futile pour lui. Julie et lui n'avaient pas leur culture de parisien citadin mais de là à être des bouseux il y a une marge. Et puis son pactole, il ne voulait pas le lapider.
Paul projetait de se planquer, partir loin de tous avec sa famille, se réfugier en Auvergne, non les Pyrénées plutôt, la plage en Espagne l'été, et l'hiver la rigueur bienfaitrice de l'altitude. Mais l'isolement pousse à la parano, une dérive à éviter. Difficile de trouver un équilibre entre la protection personnelle et la santé mentale.
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