Allongée sur la pelouse impeccablement taillée du terrain d'athlétisme, je laisse mon regard se noyer dans l'étendue bleue qui surplombe la terre, un bonbon saveur orange dans la bouche. Comme d'habitude, j'ai terminé première de mon groupe et j'attends patiemment que le cycle recommence avec un million  de pensées dans la tête. Aujourd'hui, c'est le troisième jour de la chasse, et elle s'achève officiellement demain. Après avoir récupéré le deuxième indice près de La Croix d'Artemis, j'ai fais le lien un peu plus tard avec le troisième indice qui se trouvait dans la bibliothèque du lycée. Le conseil a certes constitué des équipes pour faciliter le travail. Mais dans le mien, je suis celle qui réfléchit le mieux, celle qui leur offre les meilleures chances de gagner. Les autres frétillent de joie et ne cessent de me féliciter oubliant qu'il s'agit avant tout d'une compétition. Tous mes actes convergent vers un seul but: la victoire. Et puisque je dois les utiliser pour y arriver, je ne me gênerai pas. Nous avons conservé la même approche, gardant toujours méticuleusement nos distances afin d'éviter de se faire démasquer par une équipe adversaire.

Globalement, tout allais moyennement bien, jusqu'à ce qu'une nouvelle règle de l'épreuve soit révélée ce matin par le conseil. La chasse qui était tout d'abord collective, visant à tester notre capacité à travailler ensemble, vient de s'effondrer pour laisser place à une autre, plus vicieuse et foutrement plus intéressante: l'épreuve est devenue strictement individuelle et la nature du trésor a été révélé au grand jour à tous les candidats et non candidats du lycée. Le trésor nous donnant accès à l'étape suivante de la sélection est un ticket unique par couleur, une place pour le reste de la compétition et 10 points supplémentaires.
Dans le campus sont dissimulés six billets pour 18 candidats. Les choses se présentent de deux façons, la première partie de l'épreuve visait à permettre aux uns et aux autres à collecter le maximum de points pour la suite et la deuxième à faire un tri radical. Seuls les plus malins sortiront victorieux de cette épreuve, leurs tickets en poches. Les autres se contenteront d'oublier définitivement un quelconque espoir de retour en arrière.

De ce fait, et ce depuis la modification des règles, je ne suis plus entrée en contact avec les autres membres de mon équipe. Oui, je peux encore parler d'équipe car le système de disqualification et de collecte de point reste intact à la seule différence que les candidats de même couleur ne peuvent se trahir entre eux. Ils continuent à chasser à l'extérieur. Par contre, les points collectés depuis le début ont été équitablement répartis entre les coéquipiers. Mon score personnel est remonté à 37 points, avec les deux candidats que j'ai élimé ce matin. Par ailleurs, la divulgation des indices ne sera plus privée dès aujourd'hui car à 15h le conseil révélera publiquement le dernier indice de la chasse et il ne restera plus qu'aux candidats de trouver le trésor.

Tous ces changements ont heureusement fait monter la tension d'un cran aux sein des candidats, plongeant certains dans le doute et l'anxiété ultime. Et d'autres encore tels que moi, dans un état de confiance inébranlable. Découvrir l'abandon de quelques candidats ne me surprendrait pas, cette atmosphère peut se révéler insoutenable pour à long terme, conduire à l'abandon, tout à mon avantage. Moins il y a de candidats dans la course, moins il y a de concurrence.

Tout s'éclaircit à présent. Le mot « collectif » initialement scotchée à cette épreuve n'est qu'une pure et simple illusion délibérément mise en scène par le conseil. Ils ont souhaité nous faire croire que c'est ensemble que l'on trouvera les solutions aux problèmes auxquels nous ferons face. Mais c'est partiellement faux car il est principalement question d'exploiter ses coéquipiers, délier les nœuds des indices grâce au prétendu travail en équipe pour enfin se marcher les uns sur les autres et s'en tirer avec le ticket de la victoire.

Des méthodes salaces et bien fourbes comme j'aime.

Heureusement pour moi, j'ai été le cerveau des opérations dans mon équipe, j'ai ainsi pu collecter le maximum d'informations sur l'épreuve, prenant un coup d'avance sur les autres. Il ne me reste plus qu'à patiemment attendre le dernier indice.

- Qu'est-ce que tu fabriques toute seule ici Alya ? Me demande Johanna les poings sur les hanches, sa tête penchée vers moi.

Afin de garder mes plans absolument secrets, j'évite de parler de la sélection avec mes amis car les couloirs sont truffés d'oreilles indiscrètes. Ainsi, ce n'est que le soir, une fois chacun chez lui, que je leur fais le point sur mon avancée. J'ai été tenté plusieurs fois de leur demander des informations concernant les autres candidats et sur ce qu'ils ont pu entendre mais je me suis abstenue juste après. Rien ne me garantit à 200% que l'un d'eux n'est pas un espion, bien que nous soyons amis.

- J'admire le ciel, il est magnifique aujourd'hui tu trouves pas ?

- Oui c'est vrai que le ciel est bleu comme mes yeux. Allez vient c'est bientôt ton tour, m'intime-t-elle en me tendant son bras pour m'aider à me relever.

Je l'empoigne et quitte la pelouse en une fraction de seconde suivant mon amie de près. Une autre série d'élèves est entrain de franchir la ligne d'arrivée à l'autre bout du terrain alors que je rejoins mon groupe. Cette semaine, nous avons été couplés avec une autre classe, la 3-A dans laquelle se trouve la majeure partie des candidats à la sélection. Ils se jettent tous des regards assassins, prêts à bondir l'un sur l'autre si jamais l'occasion se présente, tels de véritables chiens de faïence. Il ne s'agit même plus d'un cours d'athlétisme, mais plutôt d'un champ de bataille avec beaucoup trop de camps en opposition, s'affrontant simultanément.

Cette situation m'amuse, car contrairement à ces petits joueurs je suis imperturbable, dangereusement calme. En malignant, je remarque un autre des gros morceaux, la dénommée Kali Sultana, une grande indienne, à la chevelure exagérément longue nattée en une tresse qui retombe nonchalamment dans son dos. Son visage est parfait, aussi bien fait que celui d'une poupée et ses mains très petites pour une fille aussi grande. À première vue, elle me semble inoffensive, vraiment pas aussi redoutable que j'ai pu le penser. Elle ne dégage absolument rien, la preuve en est qu'elle hoche frénétiquement la tête lorsque quelqu'un de sa classe lui parle, comme un jouet pour enfant. Contrairement aux autres bons joueurs et membres du conseil que j'ai déjà pu voir, elle n'a pas cette expression démesurément hautaine scotchée sur le visage, non l'étiquette de la gentille fille à papa lui va nettement mieux. De plus, elle n'est pas très douée en sport à en juger par ses performances médiocres, dénuées d'une once de vigueur, limites catastrophiques. Néanmoins, je dois rester sur mes gardes, cette apparence bien niaise dissimule forcément une joueuse redoutable pour qu'elle passe le premier tour de l'épreuve.

Chez les garçons, il s'agit du gars que je dois impérativement éviter d'après Johanna, alias Vicenzo Ferrari Jr. Lorsqu'il passe devant moi, je percute directement et reconnais le parfum du gars qui m'a extirpé de la fontaine avant-hier. C'est bien lui qui m'avait sauvée l'autre jour et actuellement nous sommes en cours d'athlétisme ensemble, à 3 mètres l'un de l'autre, lui en face de moi. Pendant un bref instant, je suis tentée d'aller le remercier une seconde fois mais je me ravise immédiatement. Puisque je l'ai déjà fait et surtout parce qu'il est mon adversaire, sûrement celui qui m'inquiète le plus en ce moment. Car à tout moment il peut me faire perdre la totalité de mes points, mais il ne fait rien. À quoi peut-il bien jouer ? Je ne comprends plus.

Le retentissement du sifflet donne le signal de départ et en une fraction de seconde je m'élance sur la piste pour terminer première de mon groupe une seconde fois, très facilement. Puis c'est au tour de Johanna, mais elle ne termine que deuxième de son groupe légèrement essoufflée.

- Je n'arrive pas toujours à comprendre comment tu fais pour courir aussi vite !

- Une heure de jogging chaque dimanche et vendredi soir, toutes les semaines, voilà mon secret, lui avoué-je en lui prenant la main.

Du côté des garçons, Rob a aussi terminé premier de son groupe avec une facilité déconcertante pour ensuite nous rejoindre. Tout a beau s'enchaîner naturellement, je n'ai toujours pas les idées entièrement calmes, il faut que je sache, il faut absolument que je sache pourquoi ce garçon ne m'a pas encore dénoncé. Il faut que je découvre ce qu'il mijote derrière ses sourires faussement naturels. Conséquence, je laisse mes amis entre eux pour aller le retrouver du côté des 3-A. Près de lui se trouvent deux autres garçons dont j'ignore l'identité, un plus grand que lui et assez costaud et un autre quasiment identique à lui. Lorsqu'il me vois arriver, un léger sourire étire le coin de ses lèvres et il enfonce ses mains dans les poches de son short de sport.

- Salut, je peux te parler s'il te plaît ?

Comme d'habitude mon ton est tranchant, dénué d'une quelconque sympathie. Je ne me laisse pas impressionner par sa taille et le transperce sans vergogne du regard, avant de basculer sur les deux gars postés près de lui qui, eux aussi, me dévisagent.

- Vous pouvez nous laisser les gars, leur dit-il calmement.

Il s'en vont aussitôt rejoindre les autres élèves de leur classe tout en gardant soigneusement un œil sur nous. En l'observant de plus prêt, je remarque qu'il a une cicatrice plus ou moins voyante divisant latéralement son sourcil, presque comme s'il se l'est volontairement rasé. Je ne l'ai pas vu la dernière fois près de la fontaine car il portait des lunettes. Elle lui donne un regard plus sévère et un certain charme. Puis une autre sur la mâchoire, assez fine presque imperceptible.

- Qu'est ce que tu veux me dire ?

- Pourquoi ne m'as-tu pas encore expulsé de la sélection alors que tu connais la couleur de mon équipe ?

Il n'est pas question de tourner autour de la question mais d'y aller directement et franchement. J'attends donc de lui une réponse immédiate et sincère. Personnellement, je ne serai jamais venue le voir si cette question ne taraudait pas autant l'esprit.

- Qu'est ce qui te fais croire cela ? Me demande-t-il avec une pointe d'amusement dans la voix.

- Je t'en prie, ne joue pas l'ignorant et dis moi plutôt pourquoi tu fais ça.

Mon ton est plus sévère et pressant, je veux qu'il parle immédiatement et qu'il me révèle ce qu'il a derrière la tête. Il se rapproche d'un pas en face de moi, réduisant ainsi considérablement la distance nous séparant. Ses iris marron scintillent et me détaillent entièrement. Il dégage une aura envahissante, oppressante et terriblement menaçante, bien plus sinistre que celle d'Ezra. Je comprends mieux pourquoi il a une telle réputation parmis les lycéens : il fou carrément les jetons !

- Desires-tu quitter la sélection aussi rapidement ? souffle-t-il avant de m'adresser un sourire des plus séduisants.

Mon estomac se noue douloureusement dans mon ventre, car pour la première fois depuis longtemps, je fais face à la peur. La peur de perdre quelque chose à quoi je me suis déjà attachée, la peur de voir tout s'écrouler d'un coup aussi rapidement, en un simple claquement de doigts. Il me tiendra fermement entre ses serres jusqu'à la fin de cette épreuve et à tout moment il pourra mettre un terme à mes plans. Je suis à sa merci comme jamais et ça m'effraie presque. Car par dessus tout, je ne veux pas perdre, pas aussi lamentablement.

- Ne tire pas cette tête, je ne ferai rien. Tu es une bonne joueuse, je t'ai déjà observé.

Il a beau essayer de me rassurer, intérieurement je ne suis plus très stable. La peur m'empêche de rectifier mes prévisions. Comment ça il m'a déjà observé ? Depuis combien de temps me surveille-t-il ? Est-il le seul ?

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Je m'efforce à contenir ma nervosité afin de ne pas la laisser transparaître dans ma voix mais c'est bien trop difficile.

- Que crois-tu ? Tu débarques de nulle part pour ce lycée et la semaine d'après tu t'inscris pour la compétition la plus inattendue de l'année. Tu espères réellement que les autres candidats vont se contenter de t'observer rafler des points aussi simplement sans creuser un peu plus dans ta vie, Kerry ?

Une goutte de sueur perle lentement le long de mon échine et ma gorge s'assèche automatiquement. Cette fois, la peur s'empare définitivement de moi. À l'extérieur je ne le laisse pas entrevoir quoique ce soit mais à l'intérieur je me liquéfie peu à peu. Qu'a-t-il déjà pu découvrir sur moi ? Jusqu'où est-il déjà allé ? Que sait-il ? Un million d'éventualités se présentent et je ne parviens pas à toutes les analyser. Tout se bouscule incessamment dans ma tête, mes mains deviennent moites et mes poils se hérissent sur ma peau. Cependant, je trouve qu'à même un moyen de lui faire ravaler sa langue malgré ma position de faiblesse.

- Je vais te dire quelque chose que tu devras bien intégrer pour le reste de la sélection. Si tes copains et toi pensez avoir le monopole de la manipulation et de la fourberie, prenez garde car même si vous vous amuser déstabiliser les autres candidats avec vos menaces totalement superflues, c'est raté. En particulier dans mon cas. De la même façon que j'ignore vraisemblablement vos méthodes, vous ignorez aussi les miennes. Si vous faire distancer aussi pitoyablement ne vous affecte pas tant que ça, vous pouvez garder les mêmes positions et laisser les autres progresser sans encombres.

J'ai craché ces mots d'une traite, avec véhémence tout en le toisant rageusement, comme si j'étais face au pire de tous mes ennemis. S'il y a quelques minutes j'ai été à deux centimètres de totalement me laisser envahir par la peur, maintenant j'ai repris mes esprits et ma confiance en moi. Je suis inébranlable et inatteignable, ses petites menaces ne me perturberont plus car s'il souhaitait réellement se débarrasser de moi, il l'aurait fait depuis un bon moment.

- Je constate que tu es déterminée, ça me plaît, déclare-t-il avant m'adresser un sourire orgueilleux, de toute sa hauteur.

- Tu n'imagines même pas à quel point, rétorqué-je amèrement sans cesser de le défier du regard.

- Je te souhaite une bonne continuation et j'espère aussi que tu ne te feras pas éliminer par quelqu'un d'autre que moi, conclue-t-il en retournant auprès de ses amis de tout à l'heure.

Je l'observe s'éloigner avec une pointe d'amertume ;  il vient de m'énerver, définitivement. Mais je suis certaine d'une chose au terme de discussion, il ne m'expulsera pas lors de cette épreuve pour une bonne et simple raison : il va me laisser progresser pour m'écraser fièrement plus tard lorsque nous nous retrouverons face à face. Mais ce qu'il ignore, c'est que moi aussi je brûle d'impatience à l'idée de le retrouver et de l'affronter pour enfin le détruire avec une virulence infernale. Tout mon corps s'embrase rien qu'en y pensant, en anticipant comment je vais le réduire en de vulgaire miettes afin de le faire payer son affront.

En l'espace de cinq minutes, il est passé de mon sauveur à mon ennemi numero un.

***

- Un peu de calme s'il vous plaît, ordonne Asia aux candidats présents dans la salle.

L'heure fatidique est enfin tombée, dans quelques instants, le conseil va révéler le dernier indice supposé nous conduire jusqu'au trésor. À présent, il ne reste plus que quatorze candidats sur les dix-huit de ce matin. Et il y en aura encore qui perdront la totalité de leurs points avant la fin de cette épreuve. La tension dans la salle est palpable et une atmosphère grisante inonde intégralement la pièce à mesure que les membres du conseil y font leur entrée. Assise au fond de la salle, j'ai tous les autres candidats directement en visuel, analysant chacun de leurs gestes méticuleusement.

Vanessa, la Française à la coupe carré se lime les ongles tout en conservant son éternel sourire satisfait et foutrement confiant plaqué sur le visage. Akihito pianote rapidement sur son portable comme totalement désintéressé par ce qui peut se produire dans les minutes à venir. Kali tremble comme une feuille, elle pue la nervosité à trois kilomètres à la ronde à force de se tortiller sur sa chaise. De son côté, Jaylen attend patiemment, le regard rivé sur le tableau. Enfin, Vicenzo le plus énigmatique de tous les candidats, observe par la fenêtre l'aile Ouest du lycée, celle la même qui mène aux laboratoires, l'air totalement absent.

Une fois que tous les membres sont réunis devant, la salle plonge dans un silence total. Et comme d'habitude, la vice-présidente s'avance pour prendre la parole.

- Bonsoir à tous et félicitations à ceux qui ont tenu jusqu'à cette partie de l'épreuve. Comme certains d'entre vous ont pu le deviner, cette chasse est une épreuve strictement éliminatoire, qui vise à diviser le nombre de candidats initialement inscrits par 5 pour n'en retenir que 6. Nous n'allons pas nous éterniser davantage, voici le dernier indice de la première épreuve de cette sélection.

Alors même que l'attention de tous les candidats est dirigée vers le devant de la salle, des hauts parleurs disposés au fond de cette dernière se mettent à diffuser le deuxième couplet du God Save the Queen*, suscitant des grimaces d'incompréhension chez les candidats. Moi aussi je suis perplexe quant à la nature de ce dernier indice. Cette fois, je ne comprends de moins en moins où ils veulent nous conduire.

- Nous espérons que vous avez soigneusement enregistré ce passage et que vous saurez en déceler le message caché. Vous pouvez quitter la salle.

Aucun élément du couplet n'a été modifié ni ajusté pour l'épreuve ; ils l'ont conservé exactement comme il l'est et c'est déjà une bonne chose. Tandis que la salle se vide peu à peu, je demeure assise sur ma chaise triturant la bague en or située à sur mon pouce dans le but de calmer mes idées. Le deuxième indice est étroitement lié à la royauté mais aussi à Dieu car dans ce couplet, on lui demande de protéger notre reine, d'éloigner ses enemies d'elle et de déjouer les conspirations de ces mêmes ennemis contre elle. En outre, il ne faut pas oublier que tous les indices concernant cette épreuve ont toujours été étroitement liés au fondateur du lycée, quelque soit leur nature. Conséquemment, je cherche un endroit où la Royauté, le fondateur et Dieu sont représentés au même endroit. Le lieu exact dont il est question n'est nul autre que la Chapelle du lycée. C'est l'endroit qui renvoie le mieux à ces trois éléments et c'est probablement l'endroit où le conseil s'attends à ce que tout le monde se rende.

Pourtant s'il ne s'agit que de ça, l'épreuve devient relativement simple, beaucoup trop simple même. C'est impossible que ce soit le bon endroit ; on parle qu'à même du ticket donnant accès au reste de la sélection. Ils ne les offriraient pas aussi simplement, connaissant le conseil. Alors je dois chercher ailleurs, pour obtenir des réponses à mes questions. Si au lieu de combiner les trois éléments pour retrouver le trésor il faut plutôt les suivre chacun à leur tour pour faire le bon lien ? Malgré tout, cette méthode n'est pas efficace car il y a beaucoup trop de références du fondateur et de la royauté dans le lycée avec trop peu de temps disponible en contrepartie, soit moins de 48h. Je dois réfléchir et bien réfléchir afin de cibler les lieux où je dois précisément me rendre, remonter jusqu'à la fondation du lycée pour trouver le point final.

Mais oui ! La fondation du lycée !

Après avoir jeté un bref coup d'œil à la salle, je constate qu'il ne reste plus que Kit Wesley et Asia Milkovich qui discutent ensemble et une autre candidate qui farfouille dans son sac. Tous les autres sont partis.

Rapidement, je sors mon portable d'une poche de ma veste et lance ma requête dans la barre des recherches. Une série de liens s'affichent sur l'écran et en grande militante de la vérité, je clique sur celui du fidèle Wikipedia. Là sont contenues plusieurs informations sur le lycée, son histoire, son fonctionnement et bien-sûr l'époque de sa fondation et ce que je vois ne vient que certifier ce que je sais déjà : le lycée a été fondé sous le règne de la précédente reine. Mais il n'y a pas de rapport avec Dieu de ce côté, on ne parle que de la précédente reine et de ses rapports avec le fondateur qui, à l'époque,  était son médecin personnel avant qu'elle ne le fasse Sir et qu'il fonde ensuite ce lycée. Il n'a que très brièvement connu la reine actuelle ; elle était toute jeune lors de son décès, quelques années après le décès de sa mère.

Ils n'ont pas eu de réels rapports alors comment suis-je sensée trouver la solution ? Comment vais-je m'y prendre pour trouver le trésor avant que que l'un des membres restant de mon équipe ne le fasse, si je ne parviens même pas à déterminer sur quelle piste m'engager ? Comment ?

Lasse de toutes ces réflexions, je quitte la salle dans laquelle je me trouve afin de retourner dans ma salle de cours. Techniquement, les cours ne sont pas terminé, et j'ai déjà perdu une dizaine de minutes sur la période de mathématiques. Remarque, cette matière n'est pas celle que je préfère, bien qu'y excellant. J'ai surtout besoin d'elle pour conserver un bulletin de note impeccable. En fouillant dans mes poches, je constate que j'ai épuisée ma réserve de sucreries, les dernières que j'avais pour la journée. Mais tout compte fait, c'était peut-être ce qu'il y a de mieux. À force de toujours consommer autant de sucre, je vais finir diabétique au plus grand désarroi de ma mère.

Une fois arrivée, je m'excuse auprès de l'enseignant et il ne bronche même pas une fois que je lui souffle que je suis une candidate. Il me laisse reprendre ma place, une autre preuve de l'influence du conseil. Le conseil aurait pu retenir des élèves quelques minutes en plus, il ne risquerai pas de se faire  réprimander ou recevoir la moindre sanction ; je dois vraiment l'integrer.

- Il y a un candidat qui a déjà trouvé son ticket, me souffle Rob discrètement à l'oreille alors que nous quittons notre salle de cours, la journée enfin terminée.

J'ai failli m'étrangler avec le bonbon que j'ai dans la bouche tellement sa déclaration m'a retournée d'un coup. Qui a bien pu terminer l'analyse du dernier indice aussi rapidement alors que la chasse ne s'achève que demain ?

- J'y crois pas...attends c'est qui ? lui demandé-je tout aussi discrètement.

Il me jette un regard surpris avant de finalement me dévoiler l'identité du candidat en question.

- Vicenzo, qui d'autre... ce mec je ne l'encadre pas du tout.

Bien-sûr, j'aurais du le deviner toute seule que ce gars a une putain de machine à la place du cerveau, ou alors un putain de réseau d'informateurs au sein du lycée. Mais qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre, sa victoire prouve qu'il était un adversaire redoutable. Je ne suis plus du tout surprise après avoir découvert que c'est de lui qu'il s'agit, quelque part au fond de moi, j'ai prévu ça aussi, qu'il se qualifie très rapidement pour la suite.

- Tu sais quoi Rob, je vais te laisser ici. Rejoins plutôt Johanna et Maisie et salue les de ma part. J'ai encore des choses à régler avant de m'en aller, on se capte plus tard, le salué-je avant de me diriger tout droit vers la Bibliothèque.

Les couloirs se vident progressivement et la tension n'est toujours ps retombée. La plupart des candidats qui ont foncé jusqu'à La Chapelle se sont sûrement rendu compte de leur piètre erreur et paniquent désormais, ne trouvant plus d'idées alors qu'il ne reste plus suffisamment d'heures. Demain c'est samedi, le jour qui clôturera la chasse et mettra un terme à cette première épreuve. Pour m'assurer la victoire, je dois impérativement comprendre le sens du dernier indice et trouver l'emplacement de mon ticket. Si le conseil à réuni tous les candidats pour leur donner le dernier indice, ça veut simplement dire que les tickets sont cachés au même endroit et Vicenzo sait déjà où ils se trouvent.

Je ne dispose plus de suffisamment de temps pour élaborer des dizaines et des dizaines d'éventualités, non. Je dois me fier à mon instinct pour trouver le ticket et pour cela je dois cesser de réfléchir dans tous les sens.

La bibliothèque est grande, très grande et rien ne me garantit que je trouverai la réponse à mes questions ici pourtant je suis bien là, à fouiller dans les archives du fondateur. C'est une section bien distincte de la bibliothèque qui regroupe quelques recherches et carnets de Sir Julius, facilement accessible aux lycéens et encore plus maintenant avec toutes les indices étranges du conseil.

Après une heure et demie a lire et à prendre des notes dans mon calepin, je ne suis pas toujours convaincue. Je n'ai pas l'impression d'avoir franchit une étape concrète dans mes recherches. Par conséquent, je déchire une feuille de mon calepin et recopie le deuxième couplet de l'hymne avant de le relire une seconde fois.

"O Lord, our God, arise,
Scatter her enemies,
And make them fall!
Confound their politics,
Frustrate their knavish tricks,
On Thee our hopes we fix,
God save us all!"

"Ô Seigneur, notre Dieu, surgis
Disperse ses ennemis
Et fais-les chuter ;
Confonds leurs complots,
Déjoue leurs conspirations de filou !
En Toi, nous mettons notre espoir ;
Que Dieu nous protège tous !"

C'est une prière pour la reine, destinée à éloigner d'elle tous ces ennemis afin que son règne soit long, prospère et épargné de problèmes graves. Pourtant, ça ne m'aide pas. Je reformule et découpe même le texte jusqu'à obtenir un groupe de trois versets bibliques. Malheureusement, je ne suis pas la plus fervente des croyantes, celle-là même capable de reconnaître des versets et les lier directement à une partie de la Bible. Non, je me trop amusée avec les cours de religion au collège et heureusement qu'internet existe, car sans Google je serais officiellement perdue en ce moment.

Je saisis rapidement les deux premiers versets que j'ai bricolé dans la barre de recherche mais je n'obtiens malheureusement rien de bien concluant. En revanche, la dernière recherche se révèle plus interessante car elle est quasiment identique à un verset contenu dans le livre de Jérémie.... Jérémie comme Jeremiah, le prénom de l'époux de la précédente reine et défunt meilleur ami du fondateur.

Je sais exactement où se trouve mon ticket.

Après avoir soigneusement rangé mon calepin et mon stylo dans mon sac, je quitte la bibliothèque avec un sourire satisfait plaqué sur les lèvres, fredonnant tout doucement l'une de mes chansons favorite d'une chanteuse de pop américaine. Je viens de terminer en beauté cette épreuve et je suis très fière de moi. Il ne me reste plus qu'à aller récupérer le ticket en toute tranquillité. Je me dirige gaiement vers le secrétariat du proviseur lorsqu'en traversant un petit local de rangement. Des sons étranges parviennent jusqu'à mes oreilles, très assimilables à des gémissements assez mal étouffés. À cette heure, il ne doit plus rester aucun élève au sein du lycée en dehors de ceux qui épuisent leurs heures de colle ou encore eux qui restent travailler quelques heures à la bibliothèque sous autorisation formelle de l'administration. Dans ce cas comment expliquer ces bruits provenant de l'autre côté de cette porte ?

Tout doucement et très silencieusement, je me rapproche d'elle jusqu'à me coller contre cette dernière, l'oreille bien scotchée contre elle et mes doutes se confirment. Prise dans un élan de curiosité mal placé, je pousse lentement la porte sur le côté, découvrant par la même occasion Megan Young, à moitié dénudée, coincée entre un mur et un de nos enseignants de littérature de troisième année dans une position pas du tout catholique. Ils n'ont même pas remarqué ma présence et il continue à lui asséner des coups de boutoirs bestiaux et avides tandis qu'elle répond en gémissant comme une truie sur le point de se faire égorger.

Qu'est-ce que c'est ça ?

Il tient son visage d'une main et de l'autre il malaxe son sein d'une manière bien trop vulgaire, loin de la classe dont il fait habituellement preuve en cours. Je ne suis pas dégoûtée par ce que je vois, ce n'est pas la première fois que je tombe sur ce genre de chose en plein campus car "tout ceci" se produisait souvent dans mon ancien lycée. Je suis juste choquée de constater de qui il s'agit.

- Mais qu'est-ce...

Je n'ai pas eu le temps de terminer ma phrase qu'ils braquent tous les deux leurs yeux sur moi. En une fraction de seconde, elle replie sa chemise sur sa poitrine exposée. Une panique soudaine s'empare de l'enseignant et il relève immédiatement son pantalon avant de quitter le local presqu'en courant, après avoir récupéré son sac. Quant à Megan, elle me foudroie du regard, me toisant avec une férocité diabolique, comme prête à me bondir dessus au moindre mouvement de ma part.

Si Megan Young affiche régulièrement une mine nerveuse et stressée, à cet instant c'est une toute autre expression que je lis sur son visage. Une autre plus dangereuse et menaçante, comme si elle s'apprette à m'executer sur-le-champ...

La véritable personnalité d'Alya se révèle, sadique et manipulatrice, une adolescente vile et prête à tout pour obtenir ce qu'elle désire...La première épreuve de la sélection s'achèvera dans moins de 48h et Alya vient enfin de décrocher la solution à toutes ses questions jusqu'à ce qu'elle tombe sur la mauvaise personne, au mauvais moment. À cet instant, elle ne se doute absolument pas de toutes les répercussions de sa découverte sur le reste de la sélection. Elle est loin d'imaginer la spirale pernicieuse qu'elle vient de créer au sein du conseil et de tous les candidats...

God Save the Queen*: hymne nationale de facto du Royaume-Uni.

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Coucou les amis !😊
J'espère sur vous allez bien et que vous avez apprécié ce segment^^
J'attends impatiemment vos retours 😉

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À très bientôt,

Michèle❤️