Briser tous les remparts

Mes mains tremblent beaucoup rapidement pour que je puisse correctement tenir l'enveloppe que Megan vient de me donner. J'ai du mal à inhaler l'oxygène ambiant et mes jambes se raidissent à mesure que je parcours le contenu de cette enveloppe : rapport d'hôpital, casier judiciaire, rapport de police...

Tout était là... tout ce que je me tue à oublier depuis deux ans, tout ce que je camoufle avec mes résultats scolaires impressionnants. Elle a réuni tous ces fragments de ma vie et me les a amèrement servis aujourd'hui. Elle n'a vraiment rien omis et cerise sur le gâteau : une copie du dossier concernant le meurtre de Jessie Hens Otou datant de six ans.

Mon père.

Mon index gauche se replie automatiquement sur mon pouce, caressant la bague en or s'y trouvant avec frénésie. Je suffoque sur place, les yeux toujours rivés sur les papiers face à moi. Je veux m'enfuir, m'échapper de ce rêve horrible. Je veux immerger de cette réalité illusoire, je veux que tout s'arrête, retourner auprès des autres candidats et oublier tout ce qui vient de se produire.

Je veux croire que tout ceci n'est pas réel, mais non.

Lentement, je relève ma tête jusqu'à distinguer nettement celle de Megan, le regard vide et complètement abattue. Pourquoi m'a-t-elle fait ça ? Pourquoi possède-t-elle tous ces documents ? Pourquoi ? Elle sourit, satisfaite de sa trouvaille, mais sûrement plus satisfaite encore de l'expression livide de mon visage à cet instant. Vengeance ? Bien-sûr, j'avais de quoi l'expulser définitivement de cet établissement. Il fallait qu'elle trouve quelque chose qui m'obligerait à me taire, bien au-delà de mon petit jeu de tortionnaire.

- Est-ce que tu arrives à la sentir émerger des tréfonds de chacune de tes cellules ? Cette peur, la sens-tu ?

Je ne réponds pas, encore trop chamboulée par ce que je viens de découvrir mais surtout à cause de ce sentiment ravageur qui s'immisce en moi. La peur. La peur de voir tout s'effondrer. La peur de me retrouver contrainte à abandonner ce lycée pour lequel je me suis tant battue. La peur de voir tous mes efforts voler en éclats, totalement impuissante. La peur de faire de la peine à ma mère. La peur de voir son éclatant sourire disparaître une seconde fois pendant une durée indéterminée. La peur de sombrer une seconde fois et plus profondément. La peur de ne pas pouvoir me relever cette fois...

La peur se transformait progressivement en colère, une colère noire, ravageuse.

- J'étais vraiment surprise tu sais ! Comment t'es-tu débrouillée pour blanchir ton casier aussi facilement ? On ne devrait pas accepter des folles dans ton genre dans ce lycée. Ta présence ici est presque insultante !

Toujours silencieuse je l'observe et l'écoute parler sans tenter de l'interrompre, je veux qu'elle me dise tout ce qu'elle a sur la conscience avant que je ne quitte ce coin sombre du campus. J'avais déjà encaissé tout ce qui était marqué sur ces papiers depuis longtemps ; refaire face à toute cette peine maintenant me froisse et m'angoisse certes mais c'est tout. Elle a touché les points les plus sensible et je la félicite pour ça mais c'est terminé, elle n'aurait plus jamais rien contre moi.

- Je savais qu'avec tout ce que tu possèdes tu pourrais me faire renvoyer du lycée à tout moment alors tu comprends qu'il était "nécessaire" que je trouve de quoi t'imposer le silence.

Espèce de conne ! Tu penses vraiment je comptais te dénoncer par pure et simple méchanceté ? Je ne suis pas sadique à ce point ! Et tu ne m'avais strictement rien fait de mal jusqu'aujourd'hui ! Ces documents sont totalement confidentiels et ils avaient été classés où même les mieux gradés n'ont pas accès alors comment as-tu fais ? Conne comme tu es tu n'as pas pu faire ça toute seule, c'est indiscutable !

- Très bien, répondis-je finalement.

- C'est tout ce que tu as dire ? Tu sais que la bonne conduite est un élément capital pour suivre des cours dans cet établissement. Sérieusement overdose à 16 ans ? Je pensais que tu valais mieux que ça...

Je l'écoute sans vraiment l'écouter, plus occupée à élaborer un plan sadique destiné à la détruire définitivement. Je ne peux pas effacer du revers de la main ce qu'elle sait déjà et au point où j'en suis je suis entièrement en danger. Avec ce qu'elle tient, l'expulsion ne me guette plus, je suis à moitié exclue du KMHS. Tout ce que je peux faire c'est continuer à jouer la fille surprise et apeurée pour lui donner l'impression que la situation m'échappe totalement. Je dois continuer à lui donner l'impression qu'elle m'a totalement à sa merci, que je ne dispose plus d'aucun échappatoire afin de pouvoir l'abattre plus douloureusement.

- Je ne dirai rien.

- Tu fais le bon choix ma petite Alya, concéda-t-elle en se rapprochant de moi.

Sa longue chevelure blonde valse dans le vide lorsqu'elle ondule gracieusement son corps et ça pourrait presque être fascinant. Presque, si et seulement si elle ne venait pas de me mettre en colère. Elle vient se placer près de moi et dépose délicatement sa main sur mon épaule avant de souffler quelques mots contre le lobe de mon oreille.

- Je te laisse cette enveloppe, j'ai plusieurs copies alors même si tu la détruis, ça ne changera rien.

Juste après elle s'en va presque en sifflotant, toute guillerette alors que moi je ne bouge pas d'une semelle. J'inspire un grand volume d'air et rejette le tout calmement avant de m'adosser à mon tour contre le mur pour enfin fermer mes paupières. Il faut que je reste calme, le plus calme possible. Elle ne peut pas rapporter ces documents à l'administration maintenant, bien que son statut de membre du conseil lui octroie la possibilité d'influencer mon avenir dans ce lycée. Elle ne peut tout simplement pas me dénoncer parce qu'elle se dit qu'aussitôt qu'elle le fera, j'irai la balancer tout ce je sais sur elle. En conclusion, elle se servira de ces éléments uniquement pour faire pression sur moi.

Il ne me reste plus qu'une chose à faire : anticiper, le plus rapidement possible.

Une chose est indéniable, elle n'a pas pu retrouver toutes ces informations toute seule, elle a obligatoirement reçu de l'aide, l'aide de quelqu'un qui a le bras long. Probablement d'un membre du conseil des élèves.

Mais qui ?

Il doit sûrement s'agir d'une personne en qui elle a totalement confiance, quelqu'un que ça ne gênera pas de mener des enquêtes pareilles, quelqu'un qui est suffisamment proche d'elle pour accepter de l'aider à faire des sales coups de la sorte. En cours j'avais remarqué qu'elle n'est pas très proche d'Isaac ni de Daphné et encore moins d'Ezra. Ces trois-là sont à mettre de côté dans un premier temps. Ensuite, il ne reste plus que Asia Milkovich, Elliott Krüger et Kit Wesley. Difficile de me faire un avis sur eux, en revanche je ne sais quasiment rien sur eux et je n'ai pas encore eu l'opportunité de discuter avec l'un d'entre eux depuis la reprise des cours. L'aide pourrait être externe aussi, rien n'exclue cette éventualité mais je dois commencer à fouiller ici, en partant de ces trois personnes.

Et qui de mieux que Johanna et Rob pour me donner des informations sur les membres du conseil ?

Après avoir réajusté ma jupe et ma veste, je retourne en salle de cours mais avant je fais une escale à mon casier pour y déposer l'enveloppe ; personne ne devait la voir. À cette heure de la journée nous avons quartier libre, une heure et demie de permanence. Mais j'ai déjà épuisé une bonne partie de cette période tout à l'heure en recevant les plaintes des lycéens avec les autres candidats. Il ne me reste plus qu'un tiers du temps initial et je ne dois pas épuiser des minutes inutilement. Tout doit être minutieusement calculé dès maintenant : je ne dois plus commettre la moindre erreur, aussi bien avec Megan qu'avec l'épreuve en cours. Ça ne sera pas facile, j'en suis bien consciente mais je n'ai pas le choix je dois tout rattraper. Gérer d'une main de maître l'épreuve et en même temps coincer Megan.

Une fois dans la salle 3-C, je vois Rob et Johanna assis au fond en train de discuter avec deux autres élèves de notre classe.

- Vous pouvez nous laisser cinq minutes s'il vous plaît ? leur demandé-je poliment tandis que mes amis me lancent des regards interrogatifs.

Ils acceptent de s'en aller et quant à moi je m'assois sur une chaise avant d'inspirer une grande bouffée d'air.

- Y'a-t-il un soucis ? Tu tires une de ces têtes ! remarque Rob.

- J'ai besoin de votre aide les amis.

- Vas-y nous t'écoutons, renchérit Johanna.

Trouver les bons mots pour dire clairement ce qui doit être dit sans soulever le moindre soupçon. Je dois leur donner l'impression que tout ce qui sortira de ma bouche sont des éléments essentiels pour cette épreuve. Et pour que tout ceci fonctionne je devrais leur mentir.

- J'ai besoin que vous me révéliez tout ce que vous savez sur Megan Young, Kit Wesley, Elliott Krüger et Asia Milkovich.

- Pourquoi ? C'est en rapport avec votre épreuve ? m'interroge Rob.

- Oui, en quelque sorte. Après avoir écouté les plaintes des lycéens aujourd'hui j'ai réussi à faire un lien avec eux. Le jour de la rentrée tu m'as bien dit qu'à chaque membre du conseil était associé un péché capital n'est-ce pas ? demandé-je à mon amie.

Elle opine positivement et je continue mon mensonge.

- Megan pour la luxure, Kit pour l'avarice, Asia pour la gourmandise et Elliott pour la paresse. J'ai ensuite remarqué que chacune des plaintes que nous avions reçues tournaient toujours autour de ces trois péchés, à chaque fois. Rien n'a été accompli directement par orgueil, envie ou par excès de colère alors j'ai finalement fait le lien.

- Tu penses donc qu'en apprendre plus sur eux t'aidera à démêler le nœud ?

- Exactement. C'est la raison pour laquelle je viens vers vous.

Mentir n'est pas difficile en soi, le plus dur est de devoir le faire devant des personnes qu'on affectionne. Mentir, manipuler les gens, extraire des informations sans le moindre scrupule, sans même craindre les retours de ses actes, par pur et simple égoïsme. Je pense que le péché qui me correspondrait est effectivement l'égoïsme s'il peut être considéré comme un d'entre eux.

- Bien-sûr que nous allons t'aider, n'est-ce pas Rob ?

- Oui. Alors en ce qui concerne Megan je ne la connais que depuis la cinquième, vu que je suis arrivé au collège à cette classe. Elle a toujours été une fille un peu stupide et pas très pertinente. Elle a tendance à user de ses charmes pour obtenir ce qu'elle souhaite.

Ça ne m'étonne pas.

-...elle a même tenté de me séduire l'an dernier afin que je persuade mon frère de la sélectionner, continue Rob d'une voix très calme.

- Mais elle n'a rien tenté avec moi, j'étais déjà très proche de Daphné alors elle s'était rendu compte toute seule qu'elle n'obtiendrait rien de moi, renchérit Johanna.

- Ce n'est pas une fille particulièrement spéciale en fait ; elle vit chez sa mère, ses parents ont divorcé depuis plusieurs années et elle est fille unique. Ses parents sont assez célèbres car sa mère est une vedette de cinéma et son père un grand bijoutier anglais. Eh oui, j'oubliais elle sort avec Kit, c'est son petit ami depuis la seconde bien que leur relation soit assez étrange.

Une chose est bien claire maintenant, avec les professions respectives de ses parents elle n'a pas pu accéder aussi simplement à tous ces documents sur moi. Mes doutes se confirmèrent, elle s'est bien fait aider par quelqu'un.

- Qu'est que tu entends par relation étrange ?

- Ils sortent officiellement ensemble mais ils se trompent tous les deux sans la moindre retenue et ça personne ne l'ignore ici, toi aussi désormais. C'est quasiment normal pour eux et pour le reste des lycéens.

Une fois de plus je ne suis pas surprise par cette déclaration, ça lui ressemble bien.

- Hm...parle-moi de Kit Wesley maintenant, articulé-je calmement en m'adressant cette fois à Johanna.

- Kit et moi sommes assez proches, je le connais depuis la maternelle en quelque sorte. Il a toujours été un garçon instable et beaucoup trop avare, je pense que c'est lui qui porte le mieux ce pêché... Mais étonnamment il est un homme de parole, il respecte toujours ses engagements peu importe les risques qu'il en court. Il souffre d'hypersexualité, je le sais parce que c'est moi qui l'ai emmené voir le psy l'an dernier...je crois que c'est tout. Non ce n'est pas tout, sa mère est procureur et son père sénateur mais il est plus proche de sa mère.

Tout s'explique...après s'être fait prendre elle s'est directement rendue chez son petit ami pour lui détailler la situation et lui demander son aide. Sa mère est procureur alors c'est très facile de fouiller discrètement dans ses fichiers et ses archives, pire encore s'il connaît ses mots de passe. Je suis tellement dégoûtée par ce que je viens d'apprendre que je me retiens de vomir dans la salle de cours. Après avoir rangés les informations dans mon cerveau, je les invite à continuer à parler. Même si Kit semble être la personne que je cherche, je dois prendre la peine d'en apprendre plus sur les autres membres du conseil.

- Asia Milkovich n'est pas quelqu'un qui a beaucoup de choses à cacher en tant que tel. C'est une fille excentrique, d'origine Russe. Personne ne sait réellement quoique ce soit sur sa famille, elle n'en parle jamais et apparemment l'administration est tenue de ne rien divulguer à son sujet...D'autre part c'est une gentille fille, bien au-delà de tous ces artifices...elle m'avait aidé l'an dernier lors d'une période difficile, révèle Johanna tout à coup moins enjoué que d'habitude.

Un voile sombre à recouvert ses beaux yeux bleus alors même qu'elle se met à fixer un point invisible sur la table entre nous. Rob lui aussi ne dit plus rien, attendant que son amie se reprenne.

Que s'est-il passé l'an dernier ? À en juger par leur réaction il y a bien eu un problème, quelque chose dont elle n'a sûrement pas été fière ; quelque chose qui ne me concerne pas surtout.

- Bref, c'est une personne extravertie qui apporte beaucoup de bien autour d'elle, conclue la blonde.

- Enfin, Elliott Krüger, commence Rob avec beaucoup d'amertume dans la voix.

Un pli d'irritation vient froisser son visage au moment où il prononce le nom du membre du conseil. Une chose est certaine, il ne l'apprécie pas. Johanna elle n'osait plus soutenir mon regard après que son ami a mentionné Elliott.

- Contrairement à la plupart des élèves de cette institution, il a débuté son cursus seulement en seconde, fraîchement arrivé d'Allemagne et il n'a pas mis beaucoup de temps à s'intégrer. Très rapidement il s'est rapproché des lycéens les plus populaires de l'établissement au point de rejoindre le conseil des élèves cette année. Sinon ce n'est pas quelqu'un de... bien. D'ailleurs lorsque tu m'as dit que c'est lui qui vous encadrait lors de cette épreuve, j'étais très surpris, surpris qu'on lui confie cette tâche après tout ce qu'il a fait l'an dernier...

Il y a anguille sous roche, une très grosse anguille même !

J'aurais voulu qu'il m'en en dise plus sur ce qui « s'est passé l'an dernier » mais la sonnerie annonçant le dernier cours la journée retentit, nous obligeant à reporter notre attention sur l'enseignant qui venant de faire son entrée en salle.

Désormais je sais très exactement la personne que je dois coincer pour couper l'herbe sous les pieds de Megan Young : Kit Wesley. Mais comment ? Je ne lui ai jamais parlé et je dispose que de quelconques informations sur lui. Pour faire pression il me faut quelque chose, quelque chose de lourd, de quoi le convaincre de lâcher sa copine pour me suivre.

Mais quoi ?

Je ne sais pas grand-chose des antécédents des membres du conseil si ce n'est cette chose qui s'est produite l'an dernier, impliquant Elliott Krüger, Asia Milkovich, Johanna et Rob. Il pourrait s'agir d'un bon point de départ, quelque chose qui pourrait m'aider à remonter jusqu'à Kit. Je ne peux pas directement demander ça à mes amis, encore moins à un membre du conseil, ils n'accepteraient probablement pas et ça finira par remonter jusqu'à Megan d'une façon ou d'une autre. Je dois me diriger vers quelqu'un autre, de suffisamment influent et informé pour obtenir ces informations.

Une personne que je redoute et surtout un ennemi dangereux : Vicenzo Ferrari Jr...

Après le dernier cours de la journée, Maisie nous retrouve sur le pont menant à l'aile Nord avec une expression étrange sur le visage.

- Qu'est-ce qu'il y a Maisie ? Demande Johanna légèrement inquiète.

- Je suis venue te voir en particulier Alya. Je...je sais que désormais c'est le bêta-conseil qui se charge de nous. Mais...je n'osais pas me présenter devant tous les autres candidats....

Je comprends parfaitement son choix, révéler des informations assez gênantes à des inconnus ce n'est évidemment pas facile mais ce n'est pas comme ça que les choses fonctionnent.

- Je te comprend Maisie mais cette épreuve nous concerne tous, je ne peux pas détenir cette information toute seule. Il est impératif que tous les candidats soient présents lorsque tu parles, lui expliqué-je posément.

- Non Alya, c'est plus grave. D'ailleurs j'aurais besoin de vos avis à tous les trois...je pense que ce que je vais vous dire dépasse largement ce que vous êtes sensés gérer lors de cette épreuve....

Sa remarque attire mon attention mais aussi celle de Johanna et Rob. Nous l'entraînons dans un coin un peu calme de notre pavillon afin qu'elle puisse bien nous expliquer son problème. Ses joues sont légèrement rosies et ses mains tremblent un peu, montrant sa nervosité.

- En entrant en seconde l'an dernier, je me suis liée à un garçon de ma salle. Nous sommes ensuite devenus amis et nous traînions même ensemble durant les pauses et hors du lycée. Mais depuis cette année les choses ont beaucoup changée, nous ne nous parlons quasiment plus et il s'est fait de nouveaux amis pas très recommandable...

Elle marque une pause dans son récit et joint ses deux mains avant de poursuivre difficilement.

- Comme je ne comprenais pas les raisons de ce subit changement j'ai décidé de mener une petite enquête sur ses nouvelles fréquentations mais aussi sur lui, ce qu'il fait et qui le pousse à devenir aussi froid et distant, rebelle et désobligeant envers nos enseignants...et ce n'est que tout à l'heure que j'ai finalement découvert la vérité...

Ses yeux se remplissent de larmes et elle enfouit son visage dans ses petites mains n'osant plus parler.

- Maisie, dis-nous ce qui ne va pas, lui murmure Rob en lui tenant gentiment la main.

Ses grands yeux vers croisèrent les siens avant de se réorienter vers les nôtres.

- Pendant le cours de biologie je me suis rapprochée de lui et nous avons même travaillé en binôme. Depuis mon côté du plan de travail j'avais directement sa trousse en visuel.... à l'intérieur, j'ai remarqué la présence d'un petit sachet en plastique contenant une substance blanche. Je...je n'étais pas certaine de la nature de cette substance mais il fallait que j'en ai le cœur net. Lorsqu'il a quitté notre plan de travail pour remettre notre devoir à l'enseignant j'ai retiré le sachet en plastique de la trousse et je l'ai tâté...Je n'ai pas pu le remettre dans la trousse à temps et il m'a surprise avec.

Je ferme les paupières ayant compris de quoi il s'agit. Une dure vérité, encore plus difficile à encaisser pour notre amie.

- Il me l'a arraché des mains et ma hurlé dessus avant de quitter le laboratoire, complètement enragé. Je...je n'ai pas compris pourquoi il a réagi aussi violemment mais j'étais au moins persuadée d'une chose : il consomme des stupéfiants. Et la substance blanche devait être de la cocaïne ou une autre drogue dans le genre.

Avouer tout ceci la chamboule, c'est indiscutable, elle est vraiment bouleversée. Bouleversée de constater que son ami sombre dans l'abysse de la drogue... Johanna s'est légèrement écartée de nous, le regard hagard avant de prétexter une urgence soudaine l'obligeant à nous quitter sur-le-champ. Rob et moi réconfortons Maisie aussi bien que nous le pouvons. Cette histoire doit rester secrète pour le moment, je ne pense pas qu'elle devrait aller le dénoncer directement mais surtout elle vient concrétiser tous mes doutes sur l'existence d'un réseau de vente de drogue au sein du lycée.

Pourquoi Johanna réagit de cette façon ? Que cache-t-elle ?

Nous quittons le pavillon en direction du parking. Après avoir salué Maisie et Rob je m'engouffre dans le bus en direction de chez mon immeuble, un million de question en tête...

***

- C'était délicieux !

- Tu t'es servie deux fois tu t'en rends compte ?

- Oui, je ne pouvais pas résister et je me suis régalée.

- Hm...je remarque aussi que tu as quelques bourrelets, si tu continues à manger comme ça tu ne rentreras plus dans aucun de tes jeans, se moque ma mère entièrement emmitouflée dans le plaid de notre canapé tandis que moi je m'attèle à terminer de faire la vaisselle.

- Je fais du sport deux fois par semaine en plus des cours au lycée, je peux manger comme je veux maman, je ne crains absolument rien, déclarais-je très confiante.

- Je n'ai jamais connu quelqu'un qui aime manger et qui mange autant que toi, c'est incroyable !

- Plus je mange mieux je réfléchis, c'est comme ça...et en plus je bois beaucoup de thé. Ne t'inquiète pas, je garde bien ma ligne.

La vaisselle enfin propre, je m'essuie les mains et retourne me blottir contre ma mère sur le canapé. Étant plus grande qu'elle, mes jambes et mes bras la recouvrent intégralement. Son parfum vient gentiment chatouiller mes narines, me plongeant ainsi dans un état de bien-être total.

- Comment vont tes amis Josépha, Mira et Bob ?

- C'est Johanna, Maisie et Rob maman, la corrigé-je en rigolant, amusée par la manière dont elle a identifié mes amis.

Je lui ai déjà rappelé leur noms deux ou trois fois mais une fois de plus elle s'est trompée et leur a attribué des noms d'ancêtres.

- Ils vont bien.

- Et les cours ? Vos examens c'est bientôt n'est-ce pas ?

- Tout marche comme sur des roulettes, je n'ai pas de difficultés à comprendre les cours, encore moins à valider chaque matière. Eh oui, les examens commencent dans deux semaines, détaillé-je avant de lui faire des bisous sur le visage.

- Je suis fière de toi p'tit génie. Et ton truc là...la compétition organisée par le conseil des élèves de ton lycée ?

Je m'attendais effectivement à cette question.

- Eh bien, les épreuves sont toujours aussi étranges mais abordables. Par exemple, en ce moment les candidats restant ont été réunis pour former un bêta-conseil. Nous aidons les autres lycéens à résoudre leurs problèmes comme le conseil normal le fait.

- Hm...d'accord. Je te souhaite bon courage pour la suite, je sais que tu vas décrocher cette place ; tu es qu'à même ma fille, avoue-t-elle en insistant sur le « ma ».

- Ne t'en fait pas maman, c'est déjà dans la poche.

Nous discutons encore un peu avant qu'elle ne décide de me laisser au salon pour rejoindre son lit. Elle m'a aussi parlé de sa journée et de celle de demain qui s'annonce encore plus longue. Je lui souhaite un « bonne nuit » avant de commencer à zapper les chaînes sur la télévision. Je n'ai pas osé lui parler de Megan et ces papiers qu'elle détient, je ne voulais pas lui briser le cœur. Alors j'ai gardé le silence à ce sujet pendant toute la conversation. Je continue à zapper et malheureusement je ne trouve rien de bien intéressant à regarder ; je n'ai pas de devoirs et j'ai déjà assimilé tous mes cours.

Alors même que je m'apprête à quitter le salon en direction de ma chambre, une idée vient illuminer mon esprit. Je comptais lui poser la question directement en face demain mais je n'arrive plus à tenir en place.

Il faut que je lui demande.

Je m'empare donc de mon téléphone et recherche le prénom « Vicenzo » dans mon annuaire avant de me rappeler que je n'ai jamais enregistré son numéro de téléphone dans mon portable. Agacée, je dépose presque trop fort l'appareil sur le canapé avant de souffler puis le récupère et envoie rapidement un message à Johanna.

« Hey Jo ! Tu peux me passer le numéro de Vicenzo s'il te plaît ? »

Cinq secondes plus je reçois sa réponse.

« Coucou, le voilà 07453754902 »

« Super merci ! »

J'enregistre rapidement le numéro dans mon annuaire et passe une bonne dizaine de minutes à réfléchir sur ce que je dois concrètement lui demander avant de finalement lancer l'appel. Ce n'est qu'à la deuxième sonnerie qu'il prit l'appel.

- Allo ?

Il s'exprime tellement bien, même au téléphone j'ai du mal à détecter son accent italien. Depuis mon téléphone je parviens à détecter des bruits, il ne doit pas être seul ou alors il occupé à faire autre chose.

- C'est Alya.

- Ah Kerry...

- Tu peux arrêter de m'appeler comme ça s'il te plaît ?

- Non, d'ailleurs je t'appellerai toujours comme ça désormais.

Involontairement, je lui répondais sèchement, comme si j'étais obligée de revêtir de ce masque glacial à chaque fois que je parle avec lui.

- Alors tu peux me dire pourquoi tu m'appelles à 20h ? Tu ne devrais pas dormir à cette heure ?

- Très drôle ta blague, ironisé-je avec une pointe de sarcasme.

J'entends des bruits de pas ; il est en train de marcher mais surtout il s'éloigne du bruit. Je l'entends aussi s'adresser à quelqu'un en italien mais je ne parviens pas retenir les mots car il parle trop vite.

- Qu'est-ce que tu désires ?

Le changement de l'intonation de sa voix lorsqu'il a posé cette question me fit frissonner, j'avais l'impression qu'il se trouvait juste en face de moi, ses yeux sombres me lorgnant sans la moindre once de pudeur. Mon cerveau démarra au quart de tour et je n'eut pas le temps de réfléchir sur l'impact de ce j'allais dire.

- Qu'est ce tu fais ?

- J'essaie de m'échapper d'un dîner familial mortellement assommant et toi ?

Non ! Non ! Non !

- Viens me retrouver dans ce cas.

Trop tard, et puis je ne compte pas le nier, j'ai envie de le voir.

- Aussi explicitement demandé, je ne peux qu'accepter, murmure-t-il à l'autre bout du fil avant de couper l'appel.

Aussitôt que je lui transfère mon adresse par message, un nœud vient resserrer mes entrailles. C'est l'occasion parfaite pour lui extraire les informations dont j'ai besoin et je dois correctement l'exploiter quitte à devoir sortir le grand jeu pour obtenir ce que je souhaite. Je me lève ainsi du canapé et file troquer mon mini short contre un bas de jogging gris puis revient attendre au salon. Une demi-heure plus tard je reçois un message venant de lui m'indiquant il est là.

Je sors de l'appartement en prenant bien soin de refermer à clé derrière moi avant de descendre. C'est vrai que notre immeuble est sécurisé mais on n'est jamais trop prudent ; je ne voudrais pas que ma mère vienne se faire agresser en plein sommeil. Une fois en bas, je guette les deux bouts de la rue et remarque une berline noire aux vitres entièrement teintée en noir. Il n'y a généralement pas de voitures dans ce genre ici alors j'en déduis qu'il s'agit de lui.

Finalement j'aurais dû prendre un pul en plus du jogging, la nuit est fraîche.

Tandis que je marche jusqu'à la voiture nichée dans mes pantoufles, la portière de la voiture s'ouvre et Vicenzo en sort, beau à s'en frapper le crâne trois fois contre un mur. Cette fois j'en suis certaine, les trois inséparables du conseil et lui ont bien repris une classe ; ils sont beaucoup plus vieux qu'ils ne devraient. Il referme la portière derrière lui et souffle quelques mots en italien à son chauffeur avant de reporter son attention sur moi. Il porte une chemise Versace à en juger par ses imprimés, un pantalon droit noir et une paire de mocassins noires aussi. Sa chemise est déboutonnée jusqu'au début de la raie entre ses pectoraux et ses manches sont repliées sur ses avant-bras.
Je m'arrête et lui s'avance vers moi avec un rictus mesquin.

- Tu aurais pu faire plus d'efforts, « je » viens quand même te voir là...c'est quoi ces fringues de paumée ? me demande-t-il d'une voix suave.

- Tu ne penses tout de même pas que j'allais me mettre sur mon 31 pour « te » voir, rétorqué-je sur le même ton.

Son haleine est légèrement alcoolisée mais il me semble suffisamment lucide. Les rayons de lune frappant sur le côté gauche de son visage rendent la scène encore plus électrique. Je me retourne finalement et marche en direction de mon immeuble.

Dans l'ascenseur nous ne faisons que nous défier du regard : lui il m'observe avec avidité et moi je retiens mes ricanements tout en imaginant ce à quoi il peut bien penser.

Espère-t-il qu'il s'agît d'une invitation à coucher ? Sérieusement ?

Quoi qu'il en soit, je continue à lui donner cette impression sans me retenir. Une fois devant l'encadrement, je déverrouille la porte et l'invite à entrer.

- Fais le moins de bruit possible s'il te plaît.

- Pourquoi ? Tu as peur de réveiller tes parents ?

- C'est exactement ça, articulé-je en refermant la porte après être entrée à mon tour.

Il passe lentement sa main dans ses cheveux avant de se mordre la lèvre.

- Tu peux t'asseoir, lui indiqué-je en pointant du doigt le un fauteuil mais il ne fit rien et préféra me suivre jusqu'à la cuisine.

Son parfum me chatouille les narines et je m'en régale littéralement ; il sent divinement bon. Je lui sers un verre d'eau fraîche et le lui tends. Il le vide pour enfin replanter ses yeux dans les miens avec son éternel rictus provocateur. Tout doucement, je laisse glisser ma main de son bras à sa main et l'entraîne jusqu'au canapé ou nous nous installons. Je dois rester concentrée, il n'est pas question de me laisser distraire par ses charmes.

- À quel point un dîner familial peut-il être ennuyant pour que tu décides de t'en échapper ?

La montre en or nichée à son poignet luit à la lumière aussi bien que ses lèvres, plus roses que d'habitude.

- Juste assez pour que je ne craigne pas de regarder des nudes sur mon portable entouré des membres de ma famille...imagine.

- Oui j'imagine...Dis-moi tu n'es pas très lucide à ce que je vois, tu as bu combien de litres d'alcool avant de te pointer ici ?

Généralement, une personne ivre est mieux disposée à parler qu'une personne sobre. S'il est effectivement dans les nuages en ce moment, mon plan pourrait bien fonctionner.

- La quantité nécessaire qui m'empêchera de te révéler des infos sur moi, ou sur qui que ce soit d'autre, répond-t-il guilleret.

Touché ! Même dans cet état il arrive à garder la face...quand je pense que si je m'évertue à traverser trois verres d'alcool je suis capable de nager toute nue dans la Tamise...

- Dis-moi qu'est-ce que tu as trouvé sur moi, en menant tes enquêtes, tenté-je en me rapprochant de lui, juste assez pour que mon genou touche sa cuisse, mon poing soutenant ma tête inclinée.

- Je me doutais bien que tu ne m'invitais pas pour rien, éructe le jeune homme soudainement ennuyé.

- Je veux juste savoir jusqu'où tu es allé dans tes recherches.

Il fallait que je sache s'il avait trouvé les mêmes documents que Megan ou bien s'il s'était limité aux informations partant de mon année de seconde.

- Ça va gâcher tout le plaisir si je te le dis.

Sa main caresse délicatement mon bras jusqu'à mon épaule puis ses doigts viennent se mêler à mes cheveux. Il ne me dévoilera pas ce qu'il sait sur moi ce soir mais je compte faire tout ce qu'il faut pour qu'il me dise ce qui s'est produit l'an dernier.

- Très bien. Dans ce cas j'ai une autre question à te poser.

Et au même moment, j'entends la porte de la chambre de maman s'ouvrir. Je tire Vicenzo par la taille, l'obligeant à s'allonger intégralement sur le canapé et pour le couvrir, je me blottis contre lui. Il ne faut surtout pas que ma mère le voie à ce heure ici, elle interpréterai mal sa présence et me réprimanderai sûrement. Je perçois ses pas, presque sourds et elle se dirige vers la cuisine.

- Tu es encore debout ?

- Oui maman, je n'ai pas encore sommeil mais ne t'inquiète pas je ne dormirai pas trop tard.

Elle marmonne un « hm hm » après avoir avalé son verre d'eau et retourne dans sa chambre. N'étant pas complètement réveillée, elle n'a même pas pris la peine de guetter le canapé. J'en déduis donc que ce sont les sons provenant de la télévision qui lui ont indiqué que j'étais encore éveillée. Lorsqu'elle referme la porte de sa chambre, je souffle enfin et inspecte le garçon sous moi, nos visages situés à cinq centimètres l'un de l'autre. Son bras enlace ma taille et ma poitrine est pressée contre la sienne ; il ne se gêne pas pour admirer ce qui se dresse sous ses yeux d'ailleurs.

- Je pourrais rester dans cette position toute la nuit, murmure-t-il d'une voix doucereuse, les paupières entrouvertes.

Un détail attira mon attention dans ses yeux, depuis ma position je pouvais nettement remarquer qu'ils n'étaient pas aussi noirs que d'habitude, comme s'il portait des lentilles...Ma main se dépose ensuite sur sa joue tandis que lui me cale bien entre ses jambes.

Qu'espères-tu Vicenzo ?

Je n'ai jamais été une fille prude, bien au contraire, je suis perfide et manipulatrice. Je n'hésiterai pas à déployer les grands moyens pour obtenir ce que je désire tant que mes agissements demeurent secrets. Ainsi, je compte continuer à rentrer dans son manège aussi longtemps qu'il faudra, tant que tous les efforts que je fournis me permettent de parvenir à mes fins.

- Il s'est passé quelque chose l'an dernier. Un problème qui a impliqué Johanna Haas, Robert Paxton, Asia Milkovich et Elliott Krüger. Je veux que tu me dises de quoi il s'agit, dis-je en lui caressant les cheveux.

J'arrive à sentir son cœur pulser régulièrement dans sa cage thoracique. Il n'est pas aussi musclé qu'Erza mais a plus la peau plus bronzée que lui. Son sex-appeal à lui n'est pas aussi puissant que celui d'Ezra mais il dégage un certain magnétisme sexuel. Par contre, même dans cette position il réussit à m'intimider. Je n'arrive pas à comprendre comment je fais pour garder mon calme et me détendre autant contre son corps quand une grande partie de moi tremble, comme une feuille.

- Qu'est ce qui te fais croire que je sais quoique ce soit sur cette histoire ?

- Je ne crois pas. Je sais, et si je n'en étais pas certaine je ne t'aurais pas posé cette question, répondis-je machinalement.

Je fais la moue avant de me blottir encore plus contre lui, je veux savoir et tous les moyens sont bons pour obtenir ce que je désire.

- Allez dis-moi, dis-moi...

- Tu ne le sais probablement pas encore mais je ne fais jamais rien pour rien. Jamais.

- Je m'en doutais un peu.

Il resserre son emprise sur ma taille et effleure du bout des doigts ma peau où le T-shirt que je porte s'est retroussé.

- Un service pour un service, repris-je plus sérieusement.

Moi aussi, je ne fais jamais rien pour rien, c'est génétiquement intégré en moi. Si je sollicite son aide ce soir, c'est parce que je suis bien consciente que je devrais rembourser ma dette plus tard. Il reste silencieux pendant quelques instants, avant de finalement me révéler la vérité.

- Ce lycée est loin d'être aussi exemplaire qu'on le pense, il regroupe des personnes vraiment épouvantables et manipulatrices telle que ta blondasse de copine et les trois mousquetaires du conseil.

Je fronce les sourcils, troublée par ce qu'il vient de me dire.

- Méfie-toi des apparences, tes amis ne se révèlent qu'à toi que sur la facette d'eux qu'ils veulent bien que tu découvres. Tout le monde à ses secrets ici.

- Je ne comprends pas ce que tu veux dire...

Ma main se stoppa cette fois dans ses cheveux, soyeux à souhait.

- Disons que ton amie, à voler trop près du soleil tel Icare, s'est brûlé les ailes : elle a tâté un terrain dangereux et ne semble pas avoir totalement tourné cette page sa vie.

Il relève sa tête et vient murmurer contre mon oreille quelque chose qui me laisse totalement hébétée.

- Elle distribue de la drogue au sien du lycée.

Johanna ? Non ce n'est pas possible... pas elle. Ce genre de révélation ne me surprendrait pas s'il s'agissait d'Elliott Krüger, d'un membre du conseil et même de lui mais pas de Johanna. Pas elle...

- Je ne te crois pas.

- Crois-tu réellement que je te mentirai sur un sujet pareil ?

Bien-sûr que oui ! Tu es suffisamment vil pour monter une supercherie de cette envergure !

Il me redresse et désormais je suis assise à califourchon sur lui. Je dois afficher une mine ahurie en ce moment à en juger par son expression amusée.

- Je ne mens jamais Kerry, jamais, avoue-t-il en me fixant droit dans les yeux.

Il est tout à coup plus sérieux en prononçant ses quelques mots et je ne peux que le croire désormais. Son aura m'oppresse à tel point que je me résigne à accepter cette vérité, n'osant plus envisager une autre réalité.

Je me suis toujours méfiée des gens et j'ai pour habitude de toujours percevoir le côté sombre des personnes que je rencontre dès le premier contact. Mais comment ceci a pu m'échapper cette fois ? Comment ai-je pu ne rien entrevoir ?

Mais surtout pourquoi elle ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top