Absit invidia nos

Absit invidia nos = jusqu'où l'envie nous mène

Dire que le dernier jour de cours de la première semaine s'écoulait naturellement serait un gros mensonge. Une tension diabolique plane dans l'atmosphère et les lycéens semblent tous terriblement excités, impatients de se retrouver un peu plus tard chez je cite "la plus grande déjantée de ce bahut". Moi aussi je suis impatiente, je ne le nierai pas. Je pétille intérieurement en appréhendant ce moment et j'ai même du mal à écouter Johanna et Rob alors que nous prenons notre déjeuner dans le réfectoire du lycée accompagnés de Maisie.

- Hey Alya tu m'écoutes ou bien ? Reprend Johanna essayant visiblement de capter mon attention.

- Euh non pas vraiment...qu'est ce que tu disais ?

Elle soupira avant de réitérer ses propos.

- Je passe te chercher ou tu préfères que ce soit Rob qui le fasse ?

Décidément, je suis tombée sur les personnes les plus gentilles de tout ce lycée. Dans mon ancien établissement, ces bandes de délinquants ne rendaient aucun service sans en attendre un autre en retour ; ils ne faisaient absolument rien pour rien si je peux le dire ainsi. Pourtant avec Johanna, Rob ou même Maisie, tout est beaucoup plus naturel et en l'espace d'une semaine, nous sommes déjà inséparables, bien que nous ne nous entendons pas toujours sur tout.

- Je n'en sais rien...vous n'avez qu'à décider à pile ou face et laisser le hasard choisir.

Elle opine puis sort une pièce de la poche de sa veste avant de choisir son côté : Pile pour Rob et face pour Johanna. Le hasard décide donc que c'était Rob qui me servira de chauffeur pour la soirée et il me lance un regard lourd de sous-entendus, avant qu'un sourire espiègle vienne étirer les bouts de ses lèvres.

- Tu ne lui fais rien de pervers je te préviens, l'avertit Jo'

- Bien-sûr, rien qu'elle ne veuille pas en tout cas, complete-t-il en me narguant de ses magnifiques yeux hazel ce qui me valut un rire.

- Et toi Maisie tu comptes bien venir n'est ce pas ? Lui demandé-je alors qu'on la sentait de moins en moins sur la table.

Elle s'étonne que je lui pose cette question et redresse ses binocles sur son nez avant de me répondre timidement de sa voix angélique.

- Je...non, je ne viendrai pas.

- Pourquoi tu ne viendras pas ? L'interroge Johanna dubitative.

Elle hésite un instant pour répondre mais se lance qu'à même.

- Les fêtes ce n'est pas ce que j'aime le plus, d'ailleurs j'ai plusieurs devoirs pour la semaine prochaine, se justifie-t-elle maladroitement.

- Tu n'es pas aussi coincée qu'Alya tout de même ! On parle d'une superbe fête là, la fête de reprise des cours au lycée ! Tu ne va pas me dire que comptes rester toute seule chez toi, à faire des devoirs, alors que tu pourrais tellement bien t'amuser !

Les joues de Maisie rosissent alors qu'elle vient de terminer son pudding au chocolat.

- Nous serons là, avec toi, tu n'as rien à craindre. S'il y a quelqu'un qui veut t'embêter je lui referai copieusement le portrait, poursuit Rob à l'intention de notre toute timide.

Elle demeure encore silencieuse pendant une minute, avant de finalement accepter la proposition de Johanna.

- Je viendrai te chercher chez toi, tu n'auras qu'à me passer ton adresse, propose Jo' à Maisie, histoire de la mettre un peu plus en confiance.

- Vous verrez, ça sera une soirée d'enfer !

***

- Il s'agit donc d'une soirée entre lycéens c'est bien ça ?

- Oui maman c'est exactement ça.

- D'accord si ce n'est que ça, il n'y a aucune raison de s'inquiéter.

- Voilà !

- Mais tu fais attention avec l'alcool et n'oublie pas les protections au cas où....

- Oui maman ! Pas besoin de me rappeler ça, la coupé-je, légèrement gênée par sa remarque indiscrète.

- Quoi ? Je suis sérieuse. Vous les ados...

- Maman vraiment je pense avoir saisi où tu veux en venir, l'interropis-je à nouveau.

- Okay, okay, je ne dis plus rien, déclare-t-elle avec un sourire moqueur plaqué sur le visage.

- Oui je pense que c'est mieux, concluais-je avant d'enfiler ma cuissarde.

- Tu vas "pecho" ce soir ou bien ?

Non mais c'est pas croyable ! Comment est-ce possible d'être aussi pot-de-colle et fouineuse en même temps ?

- Sérieusement maman ?

- Non mais je dis ça parce que t'es canon ce soir mon p'tit génie, me complimente-t-elle, en piquant un autre bonbon à l'orange dans la réserve située sur ma coiffeuse.

- Je suis toujours canon maman, répliquais-je très confiante.

Elle s'esclaffe encore un peu avant de sortir de ma chambre, son verre d'eau pétillante à la main. Je vérifie une dernière fois ma tenue avant de quitter à mon tour mon cocon favori. Débardeur beige aux fines brettelles, veste en similicuir noire, minijupe évasée noire et cuissardes à talon hauts noires, plus quelques accessoires et je suis enfin prête.

Alors même que je pique deux bonbons dans une armoire de la cuisine, la sonnette de l'appartement retentit et c'est maman qui va ouvrir la porte. Depuis la cuisine, je guette la réaction de ma mère face à Rob, espérant intérieurement qu'elle ne me fasse pas une scène. Elle l'observe avant d'esquisser un petit sourire malicieux.

- Bonsoir madame, dit-il en tendant sa main.

Elle la saisit avant de lui souffler un "bonsoir".

- Je suis Rob l'ami d'Alya.

Il semble légèrement troublé en observant ma mère et se ressaisit immédiatement.

- Oh D'accord, je t'en prie entre, dit-elle avant de le laisser pénétrer dans le salon.

Rob la gratifie avec son sourire angélique alors qu'elle referme la porte derrière lui.

- Alya ton ami est là.

Au même moment je fais « gracieusement » tomber une casserole dans l'évier de la cuisine, trahissant ainsi ma présence. Rob se penche un peu pour voir ce qui se passe et me débusque des bonbons entre les mains et dans la bouche ce qui le fait sourire. Je m'échappe ensuite de la cuisine veillant à bien ranger mes sucreries dans une poche de ma veste. Comme d'habitude, Rob est très beau ; jean noir et t-shirt vert avec sa veste noire et ses baskets de la même couleur. Même avec mes chaussures à talons hauts, il reste plus grand que moi. Rob se rapproche de moi, avant de me souffler quelque chose à l'oreille.

- Tu ne devrais pas porter de haut aussi moulant, c'est très déstabilisant tu sais.

Je lui donne une petite tape sur le torse avant de l'entraîner jusqu'à la sortie, après avoir récupéré mon portable et ma carte d'identité sur la table basse du salon.

- Amusez-vous bien, crie presque maman alors que je viens de refermer la porte derrière nous.

Rob pianote rapidement sur l'écran de son portable avant de le ranger dans une poche de son jean.

- Tu nous avais dit que tu vivais avec ta mère c'est bien bien ça ?

- Oui c'est bien ce que j'ai dit.

Il se retourne vers moi avec une expression légèrement ahurie sur sur le visage.

- Tu veux me dire que c'est bien ta mère que je viens de saluer ? S'étonne-t-il en me faisant les gros yeux.

- Ça te surprend autant, toi aussi ? rigolé-je en constant sa mine hébétée.

- Il y a de quoi !

- Disons que ma mère est très bien conservée pour son âge.

Je tapote doucement son épaule afin qu'il assimile correctement ce que je viens de lui annoncer mais il demeure très surpris malgré tout.

- Quoiqu'il en soit, je suis bien content d'être ton chauffeur pour ce soir, la vue est magnifique, remarque-t-il à l'intention de mon décolleté alors que le compteur des étages de l'ascenseur continue à faire défiler les chiffres.

- En dessous c'est bien plus incroyable, repris-je à mon tour entrant dans son jeu.

Il se retourne vers moi et me nargue de son sourire ravageur, ce même sourire qui fait fondre les filles du lycée puis me laisse sortir en premier de l'ascenseur.
Un peu plus tard, nous sommes à l'intérieur de sa Nissan en direction de la demeure d'Asia Milkovich. La radio diffuse des grands classiques du rock anglais et le trajet est particulièrement bruyant à cause de mes interprétations musicales effroyables; je suis aussi nulle en chant pour information. Entre temps, tout semble tellement bien aller à la fête au point où je reçois une photo de Johanna de la fête qui s'anime déjà.

- C'est difficile à croire quand même.

- Quoi donc ? Me demande Rob le regard rivé sur la route.

- Au lycée, tout le monde a l'air super droit, des dignes fils et filles modèles. Pourtant là c'est carrément la débauche, rigolé-je en faisant défiler les autres selfies que Johanna m'envoyait.

- C'est assez compréhensible en fait. La quasi totalité des lycéens de cet établissement sont issus de bonne famille, destinés à gérer l'entreprise familiale plus tard ou alors destinés à un avenir glorieux. Au lycée ils doivent maintenir une certaine image pour cela, bien se tenir etc. Les fêtes organisées par le conseil ou alors simplement entre lycéens sont un moyen pour eux d'évacuer la pression, se défouler un peu et oublier toutes leurs obligations quotidiennes.

Je comprends mieux pourquoi tous semblaient aussi excités à l'idée de cette fête.

- D'accord tout s'explique.

- Et puis il y a cette annonce que le conseil va faire qui vient encore ajouter sa dose de suspense, dit Rob alors que nous pénétrons enfin dans le quartier résidentiel d'Asia.

Villas de luxe, propriétés, voitures de rêve et toute l'opulence qui va avec. Plus nous roulons, plus mon rythme cardiaque s'accélère , plus mon excitation décuple. Il se gare finalement à l'extérieur d'une grande baraque, assimilable à un château, de laquelle émane beaucoup de bruit et de musique. Nous sortons de la voiture et mon acolyte la verrouille avant de me tendre son coude auquel je m'accroche. À l'entrée sont installés deux vigiles, grands comme des montagnes, qui contrôlent les entrées et les sorties de la propriété.

Après avoir vérifiés nos noms sur la liste, ils nous laissent le passage. Une heure et quart après le début de la fête, tout le monde semble déjà bien emballé. Rob me conduit jusqu'à l'intérieur pour retrouver Johanna, alors que la quasi totalité des invités sont regroupés à l'extérieur. Il m'informe que très peu de personnes ont accès au bâtiment central car il y a plusieurs objets de valeur à l'intérieur et seules quelques personnes peuvent s'y rendre histoire d'éviter des accidents. En même temps l'ambiance à l'extérieur est nettement plus intéressante que celle à l'intérieur.

Néanmoins, déambuler avec Rob reste un gros avantage : je peux aller où bon me semble et grignoter tout ce que je souhaite. Pour lui qui est si populaire, ce n'est pas un problème. Nous rejoignons Maisie et Johanna dans la cuisine quelques instants plus tard.

- Toujours en train de manger Jo', taquine Rob, alors qu'elle avale rapidement ses nuggets.

- J'avais tellement faim tu n'as pas idée, se justifie-t-elle pendant que je salue Maisie, qui est très jolie d'ailleurs. Cheveux sont noués en queue de cheval et sa robe grise lui va à merveille.

Johanna elle, porte un joli top bordeaux, un jean gris slim déchiré au niveau des genoux et des bottines à talons noires.  Ses cheveux sont lâchés et bouclés et elle s'efforce à manger sans barbouiller son rouge à lèvre partout sur son visage.

- Alya, souffle-t-elle entre deux bouchées, tu es canon ce soir, oui...rien à redire.

- Merci mais tu ferais mieux de manger plus calmement tu peux t'étouffer.

- T'inquiète pas je gère tout, me rassure-t-elle.

Même après m'avoir dit cela, je ne suis pas rassurée. Je ne souhaite réellement pas qu'un accident se produise dans les minutes à venir et pire que Johanna en soit la victime.

- Alors qu'est-ce qu'on fait ? demande Rob un gobelet rouge à la main. Tient Alya je t'en ai ramené un.

Je ne me suis même pas rendue compte qu'il s'est éclipsé qu'il ne tend déjà un gobelet contenant de l'alcool. Je le remercie avant de m'installer à mon tour sur un tabouret de la cuisine. Légalement nous pouvons tous en boire alors pourquoi s'en priver ?

- Tu peux faire la fête. Moi, avec tout ce que j'ai déjà mangé je veux juste me reposer quelques minutes, répond Johanna affalée sur la table.

Et de un.

- Et toi Maisie qu'est ce que tu veux faire ?

- Eh bien je ne sais pas vraiment, danser c'est pas mon truc encore moins me bourrer la gueule... Et toi, qu'est ce que tu veux faire ?

Bonne question parce que moi non plus je ne sais pas réellement ce que je veux faire en attendant l'annonce du conseil. D'ailleurs je n'ai aperçu aucun des membres depuis mon arrivée; sont-ils déjà présents ? Sûrement oui. Mais où donc ? Isaac aussi je ne l'ai pas vu depuis. Où peut-il bien se trouver ?

- Je pense que la seule chose qui m'a poussé à venir ici c'est l'annonce « super importante » que le conseil a à faire. Après ça, je suis comme toi, je ne sais pas.

- Et toi Rob ? Lui demandais-je espérant que lui au moins ait une idée plus intéressante.

- Je crois que je vais aller retrouver le groupes de nanas que tu vois là-bas, à plus les filles !

Le lâcheur.

Il s'éloigne de nous tandis que Johanna reprend peu à peu ses esprits. En même temps, ces filles n'arrêtent pas de l'observer depuis que nous sommes entrés dans cette pièce; tôt ou tard il  serait allé les retrouver.

- Allez les filles, on a rien à faire avec lui, nous on va s'amuser, declare-t-elle un peu trop gaie.

Est-elle saoule ? Peut-être oui peut-être non.

- Dis moi Jo' tu as bu combien de verres déjà ?

- Deux ou trois je sais plus je supporte pas bien l'alcool.

Comme moi d'ailleurs...

Je demande à Maisie de lui servir un verre d'eau et après ces quelques gorgées elle se sent légèrement mieux. Maisie nous quitte ensuite pour aller retrouver d'autres personnes de sa classe à l'extérieur. Conséquence, je suis installée sur un canapé avec la tête de Johanna sur mes cuisses. Elle a réussi l'exploit de s'endormir malgré toute la musique qu'il y'a à l'extérieur et m'a demandé de la réveiller lorsque le conseil fera son annonce.

Bah pour une soirée c'en est une !

Alors que je tue le temps en jouant à Candy Crush sur mon portable, je sens quelqu'un glisser sa tête à côté de la mienne et des lèvres effleurer mon oreille.

- Tu dois vraiment t'ennuyer pour jouer la baby-sitter à ce point.

Pas besoin de le chercher davantage, Isaac est bien calé contre ma nuque et son parfum chatouille gentiment mes narines. Il n'a pas bougé d'un poil et ses lèvres elles effleurent toujours mon oreille.

- Tu dois vraiment désespérer pour venir gâcher mes moments de pure béatitude comme ça. Tes groupies ne t'occupent pas assez ?

Bien envoyé !

Sa tête se déplace et je sens son souffle balayer ma clavicule puis ma nuque avant qu'il ne dépose sa main froide sur mon épaule. Un léger frisson me traverse l'échine, et je regrette aussitôt d'avoir retiré ma veste plus tôt ; j'ai été frileuse plus jeune et jusqu'à présent je suis toujours légèrement sensible au froid.

- Disons que je préfère m'ennuyer avec toi.

Sa voix est rauque, très et son haleine est chargée de nicotine. Soit il n'a rien à faire et il souhaite juste m'embêter soit il veut réellement passer du temps avec moi. Et personnellement, je penche plus pour la première option car jvois très mal cet être orgueilleux fricoter avec moi en pleine fête.

- Qu'est ce que tu me veux ?

- Rien, pour le moment, dit-il en venant se positionner en face de moi.

Il porte un pull à capuche gris et un jean noir sans oublier ses baskets noires. Note 1 : en tenue civile il est encore plus canon. Note 2 : il est très canon ce soir. J'essaie de garder une expression neutre aussi bien que je le peux tandis que lui n'arrête pas de reluquer ma poitrine sans aucune gêne. Je me racle la gorge pour attirer son attention vers mon crâne mais en vain.

- Tu devrais peut-être me regarder lorsque tu me parles.

- Oui je te regarde, je te regarde très bien même, souligne Isaac sans détourner son regard de ma poitrine.

Légèrement agacée, je soulève doucement la tête de Johanna et la dépose contre un coussin avant de me lever du canapé. Isaac n'a pas bougé d'un poil et au moins avec mes talons je n'ai plus besoin de lever la tête pour soutenir son regard. Étant donné que j'ai quasiment la même taille que lui maintenant; ses yeux sont directement face aux miens.

- Comptes-tu rester planté là où t'en aller ?

Intérieurement, j'espère qu'il reste discuter avec moi. Johanna est KO après trois verres et dans les vapes, Maisie j'ignore  bien où elle peut se trouver et Rob je ne préfère même pas y penser... avoir un peu de compagnie me ferait un bien fou. Car rester assise sur un canapé hors de prix lors d'une soirée, c'est vraiment pas cool.

- Je crois que je vais m'en aller.

Aïe.

En dehors de Rob, Maisie et Johanna il est la seule personne avec qui j'ai pu discuter aussi longuement depuis mon arrivée au KMHS. J'ai bien voulu croire que c'était suffisant pour qu'il ne s'ennuie pas aussi vite de ma compagnie... Quoiqu'il en soit, il est libre de s'en aller et de faire ce qu'il veut.

Je le regarde emprunter la porte principale pour quitter le bâtiment en direction de l'extérieur. Derrière moi Johanna émerge des bras de Morphée les joues légèrement rosies.

- Il est quelle heure s'il te plaît Alya ?

- 21h07 min.

- Et ils n'ont pas toujours fait leur annonce ?

- Toujours pas non.

- Ça devient chiant toute cette attente. Bref je me recouche encore un peu, n'oublies pas de me réveiller quand ça sera le bon moment.

Et avant même que j'ai pu répondre, elle replonge dans le sommeil, bien installée sur le canapé.

Quand à moi, il faut que je trouve une salle de bain, histoire d'humidifier le visage et me rafraîchir un peu. Après avoir fait le tour du rez-de-chaussée, la seule salle de bain que j'ai pu trouver était pleine de lycéens en train de nettoyer leur gerbe ou de s'embrasser. Du coup j'ai emprunté le grand escalier menant au premier étage à la recherche d'une autre, un peu moins bondée. Une fille passe devant moi, les cheveux modestement en bataille et avec des traces de rouge à lèvres sur le visage.

Elle vient de s'envoyer en l'air ça c'est certain.

Je termine enfin de gravir les marches pour déboucher sur un grand corridor menant à diverses pièces. La moquette sur le sol, les tableaux d'art disposés sur les murs ainsi que les sculptures en coin, témoignent du luxe des lieux. Après cette brève contemplation, j'ouvre une par une les portes tombant successivement sur un bureau, une pièce vide et enfin une chambre. Tout est silencieux à cet étage, il ne doit probablement y avoir personne. La chambre est plongée dans l'obscurité et seuls les rayons de lune traversent les fenêtres. Elle est décorée avec des couleurs neutres et je ne vois aucune affaire personnelle tout autour de moi.

Sûrement une chambre d'amis.

Après avoir repéré une porte au fond, je remarque que la pièce derrière est illuminée. Devrais-je y entrer ? Non il y'a sûrement quelqu'un mais en même temps je ne compte pas rester plantée là au risque de me faire surprendre comme une voyeuse. Autant mieux entrer et je n'aurai qu'à dire que j'ai pas vérifié si jamais je trouve quelqu'un à l'intérieur.

Lorsque j'ouvre la porte je tombe sur quelqu'un, très exactement sur Ezra Leicester, le président du conseil des élèves tout juste vêtu de son boxer. Aucun de nous deux ne dis rien. Il me jette un regard noir, assassin littéralement, ce genre de regard à vous geler l'âme. J'ai l'impression que ses iris gris me cisaillent entièrement le corps, inerte comme un oisillon sur le point de se faire dévorer par un cobra après avoir reçu une bonne dose de venin. Je n'ose pas dégager ma main de la porte ou même détourner mon regard du sien dans la salle de bain encore chaude. Je me sens comme prise au piège mais cette situation fascine plus que tout autre chose. Je n'ai pas peur, loin de là je ne veux qu'une chose : avancer vers lui et prendre son visage entre mes mains pour me noyer davantage dans son regard dangereux. Retracer du bout de mes doigts les contours de son visage et m'imprégner de l'aura singulière émanant de lui. Oui, le danger qui émane de lui me fascine plus que toute autre chose.

Je sens l'atmosphère dans la pièce devenir plus nocive et sans que je ne puisse l'expliquer moi même, mes jambes se mettent à avancer, toutes seules vers lui. Une magnétisme agressif m'entraîne vers Ezra. Comment se fait-il que n'ai pas ressenti ça depuis le premier jour où je l'ai vu, lorsqu'il a fait son entrée en salle avant le cours de littérature et même lors du cours d'athlétisme? Pourquoi juste maintenant ? J'ai percuté trop lentement mais je m'en fiche royalement.

Je suis à 5 centimètres de lui toujours plongée dans ses yeux, les lèvres entrouvertes. Sa musculature est un peu plus développée que la moyenne de notre âge et il fait presque aussi vieux qu'Isaac mais légèrement plus grand que lui. Ses muscles sont saillants et je ne pu m'empêcher de le reluquer.

- Que veux-tu ?

Sa question retentit deux fois dans mon esprit avant que je ne revienne sur terre. Comment est-ce possible de posséder un sex-appeal aussi puissant, aussi diablement déroutant ? A-t-il autant d'emprise sur les autres filles ? Parce que si cette hypothèse s'avère vérifiée, ça devrait être interdit, pour un simple lycéen en tout cas ! Et dire que je ne le remarque que maintenant alors que nous avions eu des cours en commun au cours de la semaine.

- Excuse moi j'avais la tête totalement ailleurs, soufflais-je avant de placer mes bras dans mon dos.

Ma poitrine s'élève et s'abaisse un peu plus rapidement que d'habitude. Ses mouvements trahissent surtout mon état d'instabilité actuel et il l'a bien constaté. Le temps semble s'écouler beaucoup trop lentement à mesure qu'il s'approche de mon oreille et le parfum de son gel de douche s'immisce à travers mes narines.

- Je répète, que veux-tu ?

J'ai presque la sensation de recevoir un électrochoc lorsque sa mâchoire frôle la mienne. J'ai envie de l'embrasser là, sur le champ mais je passerai probablement pour une folle, comme une autre de ses groupies des garçons du conseil. Il me repousserait sûrement pourtant c'est ce que je désire le plus à cet instant.

- Me rincer le visage, je cherchais une salle de bain, répondis-je sur le ton le plus calme que je peux me permettre. Je ne dois pas laisser transparaître la moindre émotion dans ma voix.

- Juste ça ?

Oui juste ça. Juste ça bon sang !

Les mots me brûlent les lèvres mais aucun son ne s'échappent d'elles. Ses pupilles elles sont sublimes; autant de noirceur dans un seul regard, c'est tout simplement inédit ! Une aura malsaine émane de lui pourtant au lieu de prendre mes jambes à mon coup et m'en aller js reste figée là, perdue dans cette perfection démentielle.

Et puis merde !

Je passe ma main sur sa nuque avant de violemment déposer mes lèvres sur les siennes, pour l'embrasser fougueusement, comme si ma vie en dépend. Le contact avec sa peau rend la scène encore plus excitante et heureusement, il répond à mon baiser avec la même hargne. Le contraire m'aurait déçu et même vexée. Je suis collée à lui, ma poitrine pressant contre la sienne tandis que j'avance vers une direction inconnue, le poussant ainsi à reculer à son tour. Un de ses bras vient s'enrouler autour de ma taille alors que l'autre tient fermement ma nuque. Mes mains tirent doucement sur ses cheveux légèrement humides alors que nos langues sont désormais engagées dans une danse endiablée, rythmée par ce désir ardent, cette soif subite de l'un pour l'autre. Sa main descend plus bas et agrippe ma fesse sauvagement avant que son corps ne bute contre l'îlot des lavabos, sans qu'il ne se détache de moi pour autant. Au contraire, il empoigne mes cuisses et me soulève pour déposer sur ce dernier.

Il détaille ma poitrine et constate que je ne porte pas de soutient gorge. Un sourire en coin étire ses lèvres et en une fraction de seconde il plonge à nouveau sur les miennes. Je l'embrasse, encore et encore, le visage, le menton et lui vient m'embrasser dans le cou. Heureusement que je suis suspendue sur cet îlot, car si au contraire j'étais debout je pense bien que je me serais écroulée tellement je sens mes jambes molles. Les muscles de son dos se contractent suite à ses mouvements et mon excitation elle grimpe en flèche. Contre ma cuisse, je sens déjà son excitation à travers son boxer. Un gémissement s'échappe de mes lèvres lorsqu'il embrassa mon téton à travers le fin tissu de mon débardeur.

Comment la tournure des événements a-t-elle aussi brusquement changée ?

J'ai l'impression de fondre sur place; il ne fait que m'embrasser, ce n'est naturellement pas la première fois que je me retrouve dans cette situation et probablement pas la dernière. Mais pourquoi c'est aussi bon ? Pourquoi j'en veux encore plus ? Qu'en serait-il si jamais nous...

- Ezra ?

Une voix feminine retentit dans la chambre menant à la salle de bain dans laquelle nous nous trouvons, mettant fin à toutes les pensées érotiques qui fusent dans ma tête. Je ne reconnais pas cette voix et je maudis intérieurement sa propriétaire qui vient de gâcher un moment de pur plaisir. Ezra se décolle de moi, comme soudainement rappelé à la réalité. Elle l'appelle à nouveau puis il répond. La fille en question n'est nulle personne d'autre que Daphné Roberts. Elle entre à son tour dans la salle d'eau et nous y retrouve. Elle ne semble nullement gênée par ce qu'elle a sous les yeux et se permet même de lancer un regard surpris à son ami avant m'adresser un sourire malin.

- On va bientôt commencer, tu devrais te dépêcher.

Sans ajouter un mot de plus elle quitte la salle de bain, veillant à refermer la porte derrière elle, puis la porte de la chambre. Ezra est toujours tout près de moi, sa main me tenant encore par la taille, et j'espère secrètement qu'il continue. Mais non, il se dirige vers un porte serviette où sont disposés ses vêtements puis commence à les enfiler. Quant à moi je descends de l'îlot pour le rejoindre. Ses yeux me détaillent mystérieusement, et à l'intérieur j'y vois encore le même désir de tout à l'heure. Ses lèvres sont toutes roses de nos baisers ardents et j'en redemande encore, intérieurement...Une main posée contre son torse je lui murmure à l'oreille. 

- Tu embrasses comme un dieu.

Et ce furent mes dernières paroles avant de quitter la chambre, sans le moindre regard en arrière, pour rejoindre Johanna et les autres en bas.

Presque tous les lycéens présents dans la propriété sont réunis dans la plus grande partie du jardin, attendant patiemment que Daphné Roberts prenne enfin la parole. Derrière elle, sont regroupés les six autres membres du conseil. Isaac garde son éternelle attitude détendue. De l'endroit où je me trouve, je l'ai directement en visuel et il ne cesse de me lancer des regards hautains lorsqu'ils ne se moque pas de moi pour une raison que j'ignore. Megan Young semble terrifiée, Asia Milkovich frétille sur place impatiente elle aussi, Kit Wesley s'enfile rapidement une gorgée de whisky, Elliott Krüger pianote très rapidement sur l'écran de son portable et enfin Ezra Leicester conserve son expression impénétrable, totalement hermétique, nonchalamment adossé contre une table.

Quand je pense qu'il y'a quelques minutes nous allions nous envoyer en l'air...

Johanna, Rob et Maisie sont à côtés de moi et Jo' ne cesse de me demander où j'étais pendant tout ce temps. Je lui ai d'ailleurs promis que je lui expliquerais tout plus tard mais elle n'arrête pas de me harceler.

La vice-présidente du conseil appele tout le monde au silence avant de commencer son monologue.

- Bonsoir à tous, je suis ravie que vous ayez répondu positivement à notre invitation et j'espère que vous passez une agréable soirée...

Elle était agréable jusqu'à ce que tu viennes m'interrompre tout à l'heure, pestais-je intérieurement.

-....cette fête est traditionnellement organisée au terme de la première semaine des cours, pour accueillir les nouveaux membres du conseil. Mais cette année, elle est encore plus spéciale car le conseil a reçu il y a 5 jours, une lettre marqué du sceau des anciens membres.

Sceau des anciens membres ?

Des chuchotements s'élèvent dans la foule et Kit appelle les lycéens au silence avant que Daphné ne continue.

- Nous, les membres du conseil connaissons déjà le contenu de cette lettre. Néanmoins, elle ne nous est pas uniquement adressée.

Daphné est très calme tout comme Ezra et Isaac mais les autres non. J'ai bien failli croire que Megan allait se liquéfier tellement elle semble anxieuse. Les chuchotements s'élèvent encore et cette fois c'est Asia qui requiert le calme des lycéens.

- Je vais maintenant vous lire le contenu de la lettre.

Elle sort de nulle part, une enveloppe noire aux contours dorés un carton noir qu'elle déplie avant de nous retransmettre ce qui y est écrit. L'auditoire est plongé dans un silence de cimetière et l'atmosphère elle, est hautement grisante.

- « Bienvenue à vous, nouveaux membres du Conseil des Élèves. Vous intégrez en ce jour l'élite du KMHS et du Royaume-Uni. Il s'en va de soit que vous vous engagez à honorez ce prestigieux club qui vous a ouvert ses portes. Par ailleurs, vous êtes tous conscients de l'influence que le conseil des anciens membres peut avoir sur le conseil actuels et de tous les engagements que vous devez tenir envers ce dernier. Ainsi, à l'occasion de la coutumière fête d'accueil des nouveaux membres du conseil, vous devrez révéler une nouvelle d'une importance capitale au reste des lycéens du KMHS. Cette année, le nombre de membres du conseil des élèves passera de sept à huit car exceptionnellement, une sélection extraordinaire sera organisée au sein même des élèves de troisième année du lycée. Cette sélection ne tiendra nullement en compte les critères majeurs d'admission au sein du club. C'est dire qu'elle est ouverte à tous les lycéens de dernière année, quelque que soit leur rang social. Pour se faire, une série d'épreuves seront organisées exclusivement par le conseil durant 21 jours exactement, épreuves opposant les candidats à la huitième place. Le nombres d'inscriptions autorisées est indéfini et la seule règle imposée pour cette sélection est d'être inscrit en troisième année au KHMS. Les inscriptions commenceront dès le lundi de la semaine suivante et dureront deux jours. Le comité des anciens membres attends du conseil actuel une partialité et une transparence totale. Que la sélection commence ! »

La foule demeure silencieuse pendant un moment avant que des cris commencent à fuser partout. Quant à moi je reste totalement déconnectée du reste du monde. Je me mords la lèvre jusqu'au sang afin de vérifier moi-même si je suis bel et bien éveillée. Afin de me rassurer que je viens d'écouter ce que la vice-présidente a dit. Johanna et Maisie discutent à côté de moi mais je ne distingue strictement rien de ce qu'elles se racontent. Rob semble tout aussi surpris par cette nouvelle que moi et demeure silencieux.

La Sélection est ouverte à tous les élèves de dernière année quelque soit leur classe sociale...

Tous les élèves de dernière année...

Quelque soit leur classe sociale...

Mon cœur pompe rapidement mon sang et je sens jaillir en moi une chose que j'ai refoulé au plus profond de mon être en quittant mon ancien lycée. Une chose qui a bien failli me coûter cher mais que j'affectionne toujours autant. Mon ambition démesurée et mon obsessive affection pour la compétition et le défi.

Rien n'arrive jamais pas hasard.

À cet instant, je prends une décision, dont les répercussions changeraient probablement ma dernière année de lycée, mais aussi le reste de ma vie.

J'intègrerai le conseil des élèves et je deviendrai son huitième membre quelqu'en soit le prix.

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Coucou les amis 😊
J'espère que vous allez bien et que vous avez apprécié ce segment 🙃.
N'hésitez surtout pas à me donner vos avis sur le dénouement de l'histoire et à laisser vos votes.

Stay focus .

À très bientôt,

Michèle❤️

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