Chapitre 5 - "Vous avez survécu à votre purification, Ange. "
Malgré tous les éléments qui semblaient prouver qu'il était vivant, il avait bel et bien senti la lame aiguisée se planter à plusieurs reprises dans sa poitrine. Il en sentait encore la cuisante douleur.
Déboussolé, il se redressa doucement : la pièce ne lui semblait pas vraiment familière. Les murs gris et le sol blanc l'enfermaient dans une ambiance glauque et pesante, seul le bruit de la ventilation résonnait dans l'assourdissant silence. Il remarqua qu'il était allongé sur une table glaciale, et qu'il n'avait qu'un simple drap pour le protéger du froid.
Son sang ne fit qu'un tour tandis qu'il passait par tous les scénarios possibles. Il avait l'impression d'être dans une salle d'autopsie. Il baissa la tête, et regarda ses mains : elles étaient pâles, pâles et froides comme la mort.
Il descendit de la table, tremblant sur ses membres. Ses jambes ne semblaient pas supporter le poids de son corps, alors il se tenait péniblement au bord de la table pour ne pas s'écrouler. Il leva la tête vers la porte blanche en face de lui. Il lui semblait avoir entendu des voix. Celle-ci s'ouvrit, laissant apparaître le visage émacié d'un homme aux cheveux et aux yeux blancs. Il le regarda avec satisfaction, et lui fit un petit sourire de ses lèvres fines.
– Vous vous en êtes rapidement remis, Ange. Félicitations. Déclara l'homme avec monotonie.
Ange lui lança un regard inquiet.
– Je... j'ai froid. Répondit-il en tremblotant.
– Ah, oui. Je vous ramène des vêtements.
L'homme sortit, en refermant la porte derrière lui. Il revint quelques minutes plus tard, ayant à peine laissé le temps au jeune garçon de faire le tour de la pièce.
– Voilà, prenez donc ça. Fit-il en lui tendant un T-shirt et un pantalon blanc.
Ange les prit, et le remercia vaguement. Il les enfila en vitesse, et releva la tête vers l'homme. Celui-ci lui fit signe de le suivre.
– Vous avez survécu à votre purification, Ange. C'est une très bonne chose, vous qui étiez pourtant d'une constitution si fragile à votre naissance. Expliqua l'homme, tout en guidant le jeune dans les couloirs blancs du bâtiment.
– Ah... tant mieux. Lui répondit-il, sans émotions particulières.
– Votre soeur était très inquiète, vous savez. Elle sera certainement très heureuse de vous revoir.
– Ah... souffla Ange. Et comment va Billie ?
L'homme ne répondit que par un silence perturbant. Il se tourna légèrement vers Ange, et lui lança un regard froid.
Après l'avoir guidé à travers le dédale de couloirs qui serpentait dans ce qui semblaient être les sous-sols, l'homme aux cheveux blancs poussa une grande porte de bois au bout d'un long couloir sombre, gris, et mal illuminé. La poussière et la saleté s'étaient accumulées sur les néons, ne laissant que très peu passé la lumière. Cette porte en bois, humide et également mal entretenue, faisait d'ailleurs très tâche dans ce décor sans couleur.
Celle-ci donnait directement sur l'extérieur. L'homme laissa passer Ange sans un mot, et, sans sortir, referma le bâtiment aussitôt. Ange se retrouva donc seul. Il se retourna en soupirant, laissant son regard se promener sur le village, enneigé et – trop – paisible. Tout semblait être revenu à la normale. Le soleil venait à peine de se lever. Le froid ambiant provoqua un frisson chez le jeune homme, à qui on avait donné un simple T-shirt et un pantalon, trop léger pour la dure saison qu'était l'hiver.
Cet hiver durait depuis bien longtemps déjà. Ange ne se souvenait même pas avoir déjà vu ce hameau sans cette épaisse couche, glaciale et immaculée, recouvrant le sol et les toits des maisons. Il laissa ses jambes le guider à travers les petites ruelles. Les rayons du soleil levant n'avaient pas encore totalement atteint la hauteur à laquelle le petit village était perché, il était par conséquent encore assez sombre. Personne ne s'y promenait, à cette heure de la matinée. Il marchait, là où son corps le menait, le laissant s'adapter à la basse température. Ange n'était pas frileux. Depuis son enfance, il endurait le climat de cet endroit perdu, isolé, et surtout complètement inconnu de tous... le commun des mortels pouvait d'ailleurs s'en estimer heureux.
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