Epilogue
Newt saisit un cadre posé sur sa table de chevet et le lança contre le mur, le verre se brisant en mille morceaux. A l'intérieur, gisait une photo de lui et Thomas. Les deux garçons étaient enlacés et heureux. Du moins, en apparence. Car pour Newt, tout ceci n'avait rien été d'autre qu'un jeu. Il n'avait jamais éprouvé la moindre attirance, pour son demi-frère. Si ce n'est que purement physique. S'il avait fait tout cela, ce n'était que dans un but : Pierre.
Pierre. Si Newt avait fait tout cela, c'était uniquement pour le récupérer. Il était complètement dingue de lui, même après ce qu'il lui avait fait.
Newt était tombé sur Pierre dans un café. L'adolescent avait treize ans et il avait littéralement arrosé la chemise de son aîné, âgé de vingt-neuf ans à ce moment là, avec son chocolat chaud. Malgré tout, celui-ci ne s'était pas démonté et avait même invité Newt à boire un nouveau chocolat. Légèrement intimidé et gêné, le plus jeune avait accepté. Pierre lui avait répété inlassablement à quel point il était mignon, adorable et très beau. Newt en était tombé sous le charme. Depuis, il ne pensait qu'à lui, jour et nuit.
Quelques mois après, Pierre avait proposé à Newt de s'essayer au métier de mannequin. Aveuglé par le charme de Pierre et son innocence d'enfant, Newt avait accepté. Au départ, tout ce passait bien. Pierre était extrêmement gentil avec lui, et il l'avait fait poser pour plein de magasin pour enfants et adolescents. Ce n'est que vers ses quatorze ans, presque quinze, que les choses commencèrent à changer. Pierre avait commencé à se comporter de manière plus amicale que professionnelle avec Newt, qui ne voyait toujours rien. Il gagnait énormément d'argent, sans savoir que Pierre l'escroquait tout de même, et commençait à être reconnu dans la rue.
Newt s'était laissé faire, entre câlins et embrassades, trop content d'entrer dans ce monde médiatique qu'il rêvait de joindre, se disant que tout cela était normal. Jusqu'au jour où Pierre lui vola son premier baiser. Newt avait tout d'abord été très surpris, mais il avait aimé. Et il avait voulu recommencer. Seulement, quelques semaines plus tard, Pierre avait annoncé quelque chose à Newt : s'il voulait poursuivre dans sa carrière, il devait coucher avec lui.
Newt en avait été terrifié. Cependant, Pierre n'avait pas vraiment attendu une réponse positive de sa part, puisqu'il l'avait touché intimement, sans aller plus loin. Si Newt avait voulu parler de cela à son père, Pierre l'en avait dissuadé. Il lui avait raconté des mensonges en disant que s'il le faisait, il stopperait net la carrière prometteuse de Newt. Alors celui-ci avait cédé, et avait offert sa virginité à Pierre. La chose qu'il avait regrettée après cela, était la douleur qu'il avait ressentit pendant l'acte. Pierre n'avait pas été tendre.
Après cela, ils couchaient ensemble une fois par semaine, puis plus régulièrement. Cela en devenait presque quotidien. Malgré tout, Newt ne se plaignait pas. Il enchaînait les photoshooting et gagnait encore plus d'argent.
Il s'était sentit tellement bien qu'il n'avait pas jugé utile de prévenir qui que ce soit. Pierre le faisait se sentir tellement bien, qu'il n'avait pas conscience que les actes de l'adulte sur son corps d'enfant devaient êtres punis par la loi. Non, Newt trouvait presque cela normal.
Seulement, quand Pierre l'avait rejeté comme la pire des merdes le soir où il avait donné une fête, quand son père et sa belle-mère l'avait laissé seul avec Thomas... Son cœur s'était brisé en petits morceaux. Il avait alors tout fait pour récupérer Pierre. Il ne voulait pas se laisser remplacer par un nouveau. Pierre lui avait tout offert : gloire, argent, voiture, objets de valeur, tatouages... Tout ce qu'il désirait il l'obtenait. Et le plus fou : son père n'avait jamais rien décelé. Newt avait vécu un rêve éveillé.
Malheureusement, trop aveuglé par ses forts sentiments, Newt voulu se venger et quoi de mieux que de se servir des pions qui se trouvaient sous ses mains ? Utiliser l'un de ses proches amis ne l'enchantait gère. Alors quoi de mieux que de s'en prendre à quelqu'un de vulnérable et de naïf ? Thomas était la victime idéale...
Newt avait réfléchi rapidement. Pour parvenir à ses fins, il devait être gentil avec Thomas. Il ne pensait pas que cela serait aussi facile. Thomas était trop crédule. Ce qui lui était arrivé était purement et simplement de sa faute. Il aurait tout simplement dû se méfier.
Newt fixa un point imaginaire sur le mur en face de lui. Les sourcils froncés et l'expression contrariée, il saisit sa lampe de chevet et l'envoya s'écraser contre le mur, rejoignant le cadre photo jeté tout à l'heure.
Une tempête éclata dans la chambre. Tel un ouragan, Newt détruisit tout sur son passage. Il retourna entièrement la chambre. Rien ne lui échappait.
Soudain, quelque chose se glissa sous son pied. Newt baissa la tête et tomba sur un petit rectangle blanc. Il s'agissait d'une enveloppe. Newt se pencha pour s'en saisir. Il la retourna.
Maman était écrit à la main. L'écriture était un peu penchée et tremblante, mais Newt la trouvait jolie.
Même si cela ne lui était pas destiné, Newt ouvrit l'enveloppe et en tira la lettre qu'elle renfermait. Il la lu rapidement et sa rage se décupla.
Thomas racontait à quel point il aimait sa mère, qu'il avait passé de merveilleux moments avec elle, et encore plein d'autres belles choses. Thomas évoquait même son beau-père, Charles. De plus, il relata sa courte histoire avec Newt. Tout depuis le début. Parlant de la souffrance qu'il lui avait causée, jusqu'au moment où il s'était offert à lui. Il avait même écrit toutes les sensations qu'il avait ressenties pendant l'acte. Newt en avait des frissons.
Le garçon se laissa tomber sur le sol de la chambre. Newt déchira la lettre en plusieurs morceaux et les lança dans la pièce. Ils retombèrent sur le sol, dans une pluie de confettis.
Newt ferma les yeux. Il revoyait encore le corps ensanglanté et sans vie de Thomas, derrière ses paupières closes. Une lame de rasoir plantée dans la poitrine. Effroyable vision...
Newt se laissa tomber en arrière, sur le parquet, en étoile. Son regard se perdit dans le plafond rempli de lézardes.
Il se dit que Thomas en avait passé, du temps, à regarder ce foutu plafond. Étalé sur son matelas de fortune.
***
Le temps était morne.
Newt était vêtu d'un costume noir, classe. Il voyait avec indifférence, la mère de Thomas et ses amis, venus exprès des USA pour son enterrement. La mère de son défunt demi-frère était en larmes dans les bras de son mari, qui n'était pas en meilleur état.
Le cœur de Newt se comprima légèrement dans sa poitrine en voyant son père dans cet état. Dire qu'il était en partie responsable de cela...
Newt cessa de se torturer l'esprit avec ses pensées douloureuses, et fit tourner le bracelet en or qui ornait son poignet. Un énième cadeau de Pierre, d'ailleurs.
Le regard de Newt s'accrocha au cercueil où reposait le corps de son défunt demi-frère, Thomas. Même si ce n'était pas son but premier, il l'avait conduit au suicide. Et il regrettait.
Il regrettait car tout cela n'avait servi à rien. Il n'avait pas récupéré Pierre. Il l'avait remplacé et ne l'aimerait plus.
Le cercueil de Thomas fut recouvert de terre, enfouissant le garçon pour l'éternité dans le sol.
Newt ne pleura pas.
FIN
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