Chapitre 3



Thomas se mit à trembler. Il regarda Newt tirer la chaise en face de lui et s'y asseoir, impuissant. A sa droite, s'asseyait un garçon aux épaules larges et au visage rayonnant. Il avait le coin des yeux étirés et était sans doute Asiatique. A sa diagonale, s'installait un garçon à la peau blanche et aux cheveux blonds. Il avait un air un peu bourru. Il n'y avait personne à sa gauche car il n'y avait rien. Il s'était placé en bout de table.

Thomas ne put détailler les autres personnes qui s'installaient avec eux, car il reçut un coup de pied dans le tibia. Il couina de douleur.


- Arrête de nous mater. Tu es gay ou quoi ?


Thomas regarda furtivement Newt et prit un air offusqué.


- N-non ! bafouilla-t-il.

- La ferme. Je ne t'ai pas dit que tu pouvais parler, rétorqua Newt.


Thomas fuit son regard noir et eut envie de soupirer de soulagement.


- Mec, arrête de vouloir traumatiser ce pauvre gosse. Il doit être en troisième, intervint le garçon en diagonale de Thomas.

- Gally... il est dans notre classe.


Thomas avait envie de rire, mais il se retint. Sinon, il s'attirerait encore les foudres de Newt.


- Laisse tomber. De toute manière il doit encore être puceau.


Il y eut des ricanements mais Thomas ne vit pas de qui il s'agissait. Il avait baissé la tête et devait surement avoir les joues cramoisies.


- Regardez-le, il rougit comme une pucelle ! s'amusa Newt.


Thomas voulait se lever, sauf que son demi-frère le lui interdit. A nouveau, Thomas avait envie de pleurer. Mais il ne voulait pas montrer à Newt que ce qu'il disait le blessait. Même s'il devait bien le voir.

Finalement, Thomas dû attendre que Newt et ses amis aient terminé de manger pour pouvoir partir. Il avait été humilié tout le repas, surtout au moment où le pied de Newt n'avait cessé de venir vers ses jambes, et un peu plus haut, dans le but de lui mettre la honte.

Thomas connaissait son demi-frère depuis un peu plus d'une journée, et pourtant il n'en pouvait déjà plus.


***


- Alors ? Ta journée, mon trésor ?


Thomas offrit un sourire épuisé à sa mère. Il posa son sac de cours sur le sol de l'entrée pour pouvoir retirer ses chaussures.


- Normale.


Il se redressa et reprit son sac.


- Je vais faire mes devoirs.


Il alla dans sa chambre, enfin celle qu'il partageait avec son demi-frère, et referma doucement la porte derrière lui. Newt n'était pas là pour l'instant. Il allait être tranquille pendant quelques heures. S'il avait bien compris à table, ce midi, Newt était allé chez un de ses amis appelé Minho.

Thomas s'installa au bureau de Newt et déballa ses affaires. Il commença à faire ses devoirs pour le lendemain.


***


- Mais putain ! Qu'est-ce que tu fous sur mon bureau toi ?!


Thomas fut brusquement réveillé quand il se retrouva nez-à-nez avec le parquet de la chambre. Il se redressa, perdu, et tomba sur le visage pire qu'énervé de Newt. Thomas se ratatina sur place.


- Déjà que je te laisse dormir dans ma chambre, alors tu ne vas pas en plus prendre toutes mes affaires ! s'exclama l'aîné.

- Mais... et mes devoirs, je les fais où ? bredouilla Thomas.

- Sur le truc qui te sert de lit, sur la table de la salle-à-manger, quand t'es aux chiottes... Je n'en sais rien ! Mais pas ici !


Thomas regarda Newt droit dans les yeux, et il regretta amèrement cela quand son aîné se jeta sur lui.


- Tu baisses la tête quand je te parle !


Newt attrapa le bras de son demi-frère et le tordit violemment dans un sens. Thomas hurla de douleur et des larmes quittèrent ses paupières pour venir s'échouer sur le sol. Des bruits de pas se firent entendre, et Newt lâcha son cadet alors que la porte s'ouvrait dans le dos de Thomas.


- Qu'est-ce qui se passe ici ? s'inquiéta Charles.


Thomas tourna la tête vers lui, les yeux larmoyants.


- Il est tombé et il a crié, dit Newt, je crois qu'il s'est fait mal.

- Oh mon trésor.


Thomas maintenait son bras droit douloureux, contre son torse. Sa mère l'enlaça doucement pour ne pas lui faire davantage mal.


- On te laisse le soigner, Newt ? reprit Charles.


Thomas le vit hocher la tête du coin de l'œil, un sourire qui semblait bienveillant aux lèvres. Mais il savait que c'était faux. Ainsi, il se resserra un peu plus dans l'étreinte de sa mère.


- Non, je ne veux pas... gémit-il comme un petit enfant apeuré.

- Tom... Newt peut parfaitement prendre soin de toi, assura la femme.


Elle déposa un baiser sur le front de son fils et se remit debout.


- Nous devons voir des choses avec ton beau-père.


Elle quitta la chambre, accompagnée de Charles qui referma la porte derrière eux. Thomas gardait la tête fermement baissée, n'osant pas jeter un regard à Newt.


- Tu n'es vraiment qu'un bébé, cracha l'aîné.


Thomas se mit à trembler, impuissant. Il vit du coin de l'œil que son demi-frère jetait toutes ses affaires, qui se trouvaient sur le bureau, par terre, pour prendre la place.

Thomas pleurait toujours silencieusement, et il ramassa toutes ses affaires sans faire aucun bruit. Il s'en voulait. Il s'en voulait beaucoup d'être aussi faible, face aux autres. Newt devait tellement le prendre pour un gamin... mais c'était plus fort que lui. Il n'arrivait pas à réagir d'une autre manière.


- T'as pas fini de pleurnicher ? Je dois bosser, moi, s'énerva Newt sans même lui lancer un regard.

- P-pardon... bredouilla Thomas.


Il se traîna jusqu'à son lit en faisant attention de ne pas se blesser un peu plus au bras, et continua ses devoirs qu'il avait commencé tout à l'heure. Malheureusement, il n'avait jamais été très doué à l'école. Il n'avait jamais redoublé car il était toujours passé de justesse, mais là il était certain qu'il n'aurait jamais son BAC. Surtout si son nouveau demi-frère lui faisait vivre un enfer, comme il lui avait promis...

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