Chapitre 15


Thomas termina d'enfiler son jogging et quitta la salle de bains. Il n'avait pas pris la peine de mettre un tee-shirt, étant donné la chaleur abusive qui régnait dans la maison, en plein mois d'Avril. Il retourna dans la chambre de Newt et s'allongea sur son propre matelas en soupirant.

Le garçon n'avait cessé de se poser des questions sur les récents agissements de Newt. Il n'arrivait pas à cerner le personnage. Un coup son demi-frère disait bleu, et le lendemain il dirait vert. C'était à ne plus rien y comprendre.

La porte s'inclina doucement, faisant se redresser Thomas. C'était avec étonnement qu'il vit Newt le regarder avec... timidité ?


- Hem... Je te dérange ? demanda l'ainé des deux.


Thomas secoua la tête, incapable de dire un mot. Depuis ce matin, la présence de Newt le rendait vraiment mal à l'aise.


- Est-ce que... tu crois que tu pourrais m'aider à faire mes devoirs ? Je ne comprends absolument rien en maths ! dit Newt à voix basse en louchant sur le sol. Thomas avait dû tendre l'oreille pour l'entendre.

- Euh... Ouais.


Il s'apprêta à se lever, mais Newt rentra complètement dans la chambre. Il prit des affaires disposées en vrac sur son bureau et alla s'installer à côté de Thomas, sur son matelas de fortune.


- Tu y comprends quelque chose toi, aux dérivations ? demanda Newt, dépité.


Thomas n'arrivait toujours pas à croire que cela était réel. Newt qui lui disait plusieurs phrases sans insultes, et ce depuis ce matin.


- Euh... Ouais.

- Tant mieux ! On va commencer par ça alors. D'accord ?

- Euh... Ouais.


Newt pouffa de rire et jeta un coup d'œil à Thomas qui sentit ses mains devenir moites.


- Je pensais que tu avais un vocabulaire plus enrichi que cela, lança-t-il, amusé.


Thomas rosit légèrement. Il se racla la gorge pour se donner une contenance, tout en se penchant pour regarder l'exercice indiqué par Newt. Heureusement que c'était la seule chose qu'il comprenait en maths !


- C'est simple... murmura-t-il. Comme la formule est u'v-uv'/v², tu as juste à remplacer. Du coup, x³+2x²+18x-2 / 2x équivaut à (3x²+4x+18) * 2x - (x³+2x²+18x-2) * 2 / (2x)². Après, tu factorises et tu simplifies.


Newt regardait Thomas comme s'il s'agissait d'un extra-terrestre. Il n'avait absolument rien compris au charabia qu'il venait de lui dicter.


- Tu peux me réexpliquer... s'il te plaît ? minauda-t-il.


Thomas contint un soupir. Malgré tout, il resta calme et expliqua avec lenteur le procédé du calcul. Après quoi, Newt s'exclama.


- Ah, je crois que j'ai compris ! Merci beaucoup, sourit Newt.


Thomas le lui rendit, bien malgré lui. Il aimait bien, voir Newt sourire. Le voir lui sourire.


- Alors essaye de faire de dériver la fonction suivante, dit Thomas.


En voyant la complexité de l'exercice suivant, Newt se décomposa.


- Oh bordel... Je ne pige rien en fait, marmonna-t-il plus pour lui-même que pour Thomas.


Celui-ci sourit une nouvelle fois. Définitivement, il aimait vraiment le nouveau caractère de son demi-frère. Il espérait seulement que ce dernier ne se jouait pas de lui...


***


Thomas était satisfait de la journée qu'il avait passé avec Newt. Après avoir avancé dans les devoirs de ce dernier, ils avaient décidé de regarder un film avec un gros bol de pop-corn sucrés, saupoudrés de sucre glace. Autant dire qu'ils s'étaient bien empiffrés. Thomas avait laissé toutes ses interrogations de côté pour passer un bon moment avec son demi-frère. Si cela devait être éphémère, autant en profiter un maximum. Puis si cela se trouvait, Newt avait véritablement décidé de changer avec lui. Malgré ses quelques réticences, Thomas pouvait bien lui laisser une seconde chance.

C'était avec une envie non feinte, que Thomas se glissa sous la couverture, sur son matelas défoncé. Il était content de se dire que sa matinée, ainsi que son après-midi, n'avaient pas été mornes et ennuyeux. Tout était passé incroyablement vite, et il comprenait mieux la théorie de la relativité d'Albert Einstein. Une chose nous semblera durer une heure, alors qu'il ne se passe qu'une minute, tandis qu'une autre nous semblera durer une minute, alors qu'il se passe une heure. C'était exactement ce sentiment qu'il avait ressenti.

C'était avec un sourire serein, que Thomas s'endormit, le cœur léger. S'il avait attendu, ne serait-ce que quelques secondes de plus, il aurait entendu le timbre de Newt s'élever avec légèreté dans le calme de la chambre. Un simple bonne nuit murmuré par la Bête, alors que la Belle s'était profondément enfoncée dans un sommeil réparateur. Ces simples mots pouvaient signer un semblant d'accord de paix, mais il était bien connu que dans les contes de fées, tout n'était jamais totalement rose...

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