Chapitre 1
Thomas avait la boule au ventre. C'était avec une immense peine qu'il traîna la lourde valise sur le parquet de son, désormais, ancienne chambre. Il la posa sur son vieux lit grinçant et passa une main fébrile dans ses cheveux bruns. Il avait envie de pleurer, à cet instant. Cependant, il n'en fit rien. Thomas se contenta de remplir la valise de toutes ses affaires sans un bruit. Une fois fait, il embrassa la pièce du regard pour vérifier qu'il avait tout pris, puis boucla l'énorme valise en constant qu'il ne manquait rien. Il la tira avec difficulté et rejoignit le rez-de-chaussée. Des tas de cartons étaient empilés un peu partout.
Thomas releva la tête en voyant une femme, d'environ une quarantaine d'années, arriver dans l'entrée et déposer une boîte avec les autres. Ses cheveux bruns tombaient élégamment sur ses épaules et ses yeux de la même couleur semblaient pétiller de joie. Elle avait la peau pâle et aucune imperfection ne venait l'entacher. Au contraire de Thomas, qui lui avait une multitude de grains de beauté sur les joues. Ses yeux étaient ambrés et réellement magnifiques. Il avait dix-sept ans et n'était pas vraiment grand pour son âge. Il avait une taille et un gabarit relativement normaux. De plus, il ne se trouvait pas spécialement charmant et était doté d'une timidité maladive. Les quelques fois où il osait s'exprimer étaient vraiment les moments où se sentait blessé par des paroles ou des actes.
Thomas déposa sa valise dans le couloir.
- Tu as besoin d'aide pour quelque chose, maman ? s'enquit-il.
L'adulte lui sourit et secoua la tête, faisant voleter ses boucles brunes autour de son visage.
- Non ! Tout est là, informa-t-elle. Je vais appeler les déménageurs et commander les billets d'avion.
- D'accord.
- Si tu veux, tu peux faire un tour dans chacune des pièces de la maison, vérifier si nous n'avons rien oublié.
- D'accord, répéta l'adolescent.
Et Thomas était de nouveau parti à gambader.
Finalement, ce ne fut que six heures plus tard que la mère et le fils s'installèrent dans leurs sièges respectifs dans l'avion qui les emmènerait vers leur nouvelle vie.
***
- L'Angleterre !
Thomas releva son regard du sol lisse de l'aéroport et soupira. Les Etats-Unis lui manquaient déjà. Il suivit sa mère et trois quarts d'heure plus tard, ils étaient dehors. Le décalage horaire tuait Thomas, puisqu'il était presque midi ici, alors qu'aux USA, il aurait été encore en train de dormir.
Il releva la tête en entendant sa mère appeler quelqu'un. Il chercha qui à travers la foule et tomba sur un homme.
- Charles !
Thomas pinça les lèvres. Voilà pourquoi ils étaient en Angleterre. Sa mère s'était mariée avec cet homme qui était devenu son beau-père. Cela l'énervait déjà de devoir cohabiter avec lui. Il s'entendait super bien avec sa mère. Il ne voyait pas pourquoi elle devait sortir de nouveau avec quelqu'un.
Charles se tourna vers lui en lui souriant, et lui tendit sa main.
- Bonjour, tu es Thomas j'imagine ? Ravi de te rencontrer.
L'adolescent répondit à son salut, plus par obligation qu'autre chose. Il ne voulait pas donner honte à sa mère. Elle l'avait bien éduqué après tout.
Les deux américains suivirent Charles qui les emmena à sa voiture. Ils roulèrent deux bonnes heures jusqu'à arriver devant un petit pavillon de banlieue, simple mais vraiment classe. Thomas trouvait la façade de la maison so british vraiment très jolie, tout comme le jardin extérieur. Une piste d'herbe menait à la porte d'entrée, comme s'il s'agissait d'un tapis de défilé. Des fleurs et des arbustes rehaussaient tout le devant d'une multitude de couleurs. C'était vraiment chouette.
Thomas était derrière sa mère et traîna toujours sa grosse valise derrière lui. Il avait pris toutes les affaires qui lui tenaient à cœur, mais le plus gros des meubles avaient été revendus étant donné que lui et sa mère allaient emménager dans une maison déjà prête. Par exemple, son lit ou son armoire auraient été inutiles.
Charles emmena directement Thomas jusqu'à sa chambre. Cependant, en voyant sa mine gênée, l'adolescent fronça les sourcils.
- Il y a un souci ? demanda-t-il.
- En fait... un petit, soupira l'adulte.
Thomas se sentit pâlir. Et si son beau-père lui annonçait qu'il n'avait pas de chambre et qu'il allait devoir dormir dehors ?
- J'avais demandé à mon fils de ranger ses affaires dans la chambre d'amis, mais il ne l'a toujours pas fait. Au final, quand j'ai vérifié ce matin c'était un bordel monstre et je me suis rendu compte que la pièce était inutilisable. Il y a une salle de bains juste au-dessus et il y a eu des fuites...
Thomas cligna des yeux.
- Alors pendant les premiers mois, il va falloir que tu partages la chambre de mon fils. Tu devrais bien t'entendre avec lui. Il a seulement un an de plus que toi, mais il est vraiment gentil.
Charles poussa la porte de la pièce devant laquelle lui et Thomas s'était arrêtés, et ce dernier sentit son rythme cardiaque s'emballer. Jamais il ne pourrait vivre avec quelqu'un qu'il ne connaissait pas pendant des mois ! Enfin... dormir serait plus approprié. Mais s'il était tombé sur un pervers, un maniaque ou pire ?
Thomas se voyait déjà passer des nuits blanches, avec la musique à fond dans ses oreilles pour se convaincre qu'il était seul et que rien ne risquait de lui tomber dessus.
La pression de la main de Charles sur son bras le fit sortir de ses pensées. Il le regarda alors que son beau-père lui souriait. A croire qu'il ne faisait que ça toute la journée.
- Pour l'instant, il n'est pas encore rentré. Il doit traîner je n'sais où avec ses amis. Mais tu le verras obligatoirement ce soir. Tu peux en profiter pour te mettre à ton aise et ranger tes affaires.
Thomas bredouilla un faible « merci » et pendant que Charles sortait de la pièce, regarda autour de lui.
La chambre était plutôt grande, et pas du tout impersonnelle. Des posters de groupes de musique ou encore de célèbres mannequins tapissaient les murs, qui étaient bordeaux et ébène. Un lit double était placé dans le coin gauche, en face de la porte, et juste à droite se trouvait une table de chevet. A nouveau à la droite de celle-ci, se tenait un magnifique bureau en bois vernis. En face du lit, se trouvait une grosse commode qui prenait tout le mur, jusqu'à s'arrêter à côté de la porte.
Thomas s'avança jusqu'au milieu de la chambre, ses pieds emmitouflés dans ses chaussettes foulant le parquet en bois. Il ramena sa valise à ses côtés en se demandant où il pourrait bien dormir. Jusqu'au moment où il remarqua une petite crotte nommée matelas dans le coin opposé au lit qui semblait vraiment moelleux, sur le sol.
Thomas soupira et poussa sa valise à côté de son lit de fortune. Il remarqua alors une basse, qui trônait fièrement à côté du bureau. Une guitare électrique se trouvait à quelques centimètres du premier instrument. Il y avait aussi une enceinte pour pouvoir brancher les deux grattes.
L'adolescent espérait vraiment que son colocataire de chambre ne jouait pas comme un pied...
***
Thomas sourit et rit un peu quand Charles lança une pique à son fils. Ce dernier secoua la tête, également un sourire aux lèvres.
- Et c'est comme ça qu'on a appris que Newt aimait les courgettes !
Thomas rit encore un peu quand son demi-frère lui proposa de se rendre dans leur chambre commune. L'adolescent accepta.
Charles n'avait pas menti en disant que son fils était vraiment gentil. A peine avait-il passé le seuil de la porte quand il était rentré chez lui, qu'il avait tenu à rencontrer Thomas. Ils avaient un peu discuté, et bien que le cadet soit un peu mal à l'aise au départ, Newt, son demi-frère, avait su trouver les bons mots et il l'aimait bien.
Mais quand l'Anglais referma la porte derrière lui, les cloisonnant dans la chambre, Thomas déglutit face au regard noir qui lui était adressé. Newt lui faisait vraiment peur à cet instant. Ce dernier pointa un doigt accusateur vers Thomas, et appuya fortement sur sa poitrine, le faisant couiner de douleur.
- Crois-moi, tu vas regretter d'être venu ici avec ta mère. Mon père et moi on était bien tranquille à votre arrivée, et je compte bien tout faire pour que vous dégagiez. C'est clair ?! cracha l'aîné.
Thomas pouvait voir une telle haine dans les yeux de Newt, qu'il se contenta d'hocher la tête, terrifié.
- Bienvenue en Enfer, Demi-Frère.
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