Je fais un mouvement en arrière, apeurée par la voix froide malgré l'alcool que mon père a dû ingérer.
Les invités regardent la scène, ébahis. La caméra des journalistes zoome sur nos têtes et Bart fait un signe pour demander de les éteindre. Ma grand-mère est toujours évanouie et ma tante lui fait sentir des sels.

-Un mariage remarquable ! Et une décoration...

Mon père touche un nœud blanc qui décore une chaise et l'arrache.

-Magique ! Anastasia, rentre à la maison avec ton vieux père. Tu seras mieux que dans ce monde de riches.

Son regard plein de haine dévisage mes amis.

-Ils...

-Ne sont pas riches ?

Mon père éclate de rire.

-Enfin, darling...

Sa phrase se termine sur le pire accent anglais au monde. Ma mère a un rire nerveux et elle s'accroche au bras de Bart. Le fiancé de ma mère fait un signe de la main.

-Partez immédiatement ou nous employons les grands moyens.

Je perds le fil de ce qu'il se passe face à moi. Je garde le peu de conscience que j'ai et écarte une toile blanche. Blair, Serena et Nate sont sur mes talons. Je tombe sur les genoux et me prends le visage entre les mains. Les épaules secouaient de sanglots et sans arriver à reprendre une respiration normale, j'essaie de faire bonne tenue face à mes amis. Les mots se bloquent dans ma gorge et Nate m'entourent de ses bras protecteurs.

-Ana, viens, ta robe va être sale. Relèves-toi, s'il te plaît.

Je n'entends la voix de Serena que de loin, revivant mes souvenirs toujours plus douloureux que les précédents.
Une main se glisse sous mon dos et sous mes genoux. À peine consciente, je pose ma tête sur le costume de Nate sentant son parfum rassurant.

-Elle n'est pas au top.

-On le sait Chuck.

-On devrait la ramener.

-On peut aller à la maison, c'est le plus proche.

J'ai dû perdre connaissance sur le chemin car je ne me rappelle de rien, juste de quitter le parc botanique par-derrière.

-Ana ?

Des draps doux, lisses et froids m'accueillent. J'ouvre difficilement les yeux en partie à cause des larmes qui me brûlent les yeux et de mes paupières gonflées. Je me relève rapidement et me raccroche au barreau d'un lit. Je reconnais facilement la chambre de Blair et ouvre la porte.

-Serena ? Blair ?

Une femme habillée dans un ensemble noir et blanc s'approche de moi, à petits pas pressés.

-Mlle. Blair et Mlle. Serena dorment encore. Il est dix heures Mlle. Voulez-vous un thé ?

-Je crois que j'ai besoin d'un café.

Je suis la bonne de Blair dans la cuisine et m'installe sur un tabouret.

-Le mariage...?

-Annulé.

J'écarquille les yeux et Dorota me donne mon téléphone. Une trentaine de messages s'affichent dont un de Gossip Girl. Je soupire et inhale l'odeur du café fraîchement moulu.

-Votre mère doit avoir besoin de soutien.

Je regarde fixement la femme qui me tend un croissant. Serena entre dans la cuisine, vêtue d'une chemise de nuit bleue.

-Bonjour !

Elle pose sa main sur mon épaule et croque dans mon croissant. J'ouvre le blog de Gossip Girl et commence ma lecture:

Eh bien, les costumes et les belles coiffures n'auront rien changé...
Le mariage a été une catastrophe !
Plus personne n'a de nouvelles de la famille Bass...ont-ils fui de honte ?
Je me demande ce que cachent la jolie Londonienne et sa mère...
Je trouverais les réponses à mes questions. Eastwood, je suis contre toi !

Je soupire de nouveau et pense à balancer mon téléphone par la fenêtre.

-Chuck vient de me dire que le mariage est reporté.

-Pour quand ?

-Il ne sait pas mais je crois qu'ils sont partis.

-Partis ?

-Pour Majorque.

Je grimace et envoie un message à ma mère.

-Ils sont dans l'avion.

Je cligne des yeux plusieurs fois pour éviter que les larmes me viennent aux yeux.

-Je vais aller faire un tour.

J'attrape une veste déposée sur le canapé et entre dans l'ascenseur. Je m'appuie contre la paroi et me frotte les yeux. La situation m'a complètement échappé et je regrette chaque instant. Le plus beau jour de la vie de ma mère vient d'être gâché. Je frissonne au contact de l'air frais sur mes jambes nues et regrette de ne pas être habillée convenablement même si ma chemise de nuit en soie est magnifique. Je passe devant plusieurs cafés avant de m'arrêter devant une grande porte marron. Je monte les marches du perron et toque plusieurs coups secs.

-Oui !

La porte s'entrouvre et dévoile le visage d'une femme blonde.

-Vous êtes ?

-Une amie à Nate.

La femme me dévisage avant de me refermer la porte au nez. Je grelotte dans ma robe de chambre pendant une dizaine de minutes. La porte s'ouvre enfin et Chuck apparaît:

-Bien le bonjour petite sœur !

Je secoue la tête et entre. Chuck m'entraîne dans plusieurs couloirs. Nate, un pull bleu marine sur ses épaules me sert dans ses bras.

-Tout va bien ? Tu es glacée, viens.

Il me prend par la main et m'emmène dans un salon où un feu brûle. Je m'assois face à la cheminée et Nate me sert dans ses bras. Chuck me tend une tasse de café brûlante.

-Bois ça, tu as la tête de Frankenstein.

Je lui lance un regard noir et avale le liquide chaud.

-Tu as des nouvelles ?

-Ils veulent fuir les journalistes, ils resteront là-bas encore quelque temps.

-Je vais les rejoindre.

Cette fois, c'est Nate qui boit dans ma tasse.

-Ne dis pas de conneries, on a le lycée et l'anniversaire de Blair. Elle te tuerait si tu ne venais pas. Non, on va juste trouver qui est cette fille.

Je regarde un groupe d'amis passer dans la rue, me demandant si leur vie est étrange à eux aussi. Nate me rejoint et pose sa main sur ma hanche avec douceur. Ses lèvres se posent sur mon épaule et remontent vers mon cou.

-Nate, ton amie reste...

La mère de Nate nous dévisage.

-Et Blair ? Enfin...vous restez manger mademoiselle ?

J'hoche la tête, mortifiée. Elle referme la porte en nous adressant un sourire. Nate éclate de rire et je lui donne un coup dans le ventre.

-La honte !

-Elle ne sait pas que tu es la fille de Bart.

-Je ne suis pas sa fille !

-Sa belle-fille alors ?

Je secoue la tête et dépose un baiser sur ses lèvres. Mon téléphone sonne et Nate me l'arrache des mains.

-Nate !

-C'est Dan.

-Quoi ?

-Il veut savoir si tu veux venir chez eux.

Il pose mon téléphone sur la table avec un soupir.

-Tu devrais y aller.

-Mais non !

Je pose mes mains sur son torse et l'embrasse doucement.

-Je reste avec toi.

Un sourire éclaire son visage et d'une main habile m'installe sur la table de billard. Sans s'arrêter de m'embrasser, il défait le nœud de mon manteau et je frissonne au contact de ses mains fraîches. Notre baiser s'intensifie et l'air devient électrique. Ma bretelle tombe au passage des lèvres de Nate et ses doigts jouent avec le tissu de ma robe. Je l'attire à moi, fiévreuse et mes mains se perdent dans ses cheveux blonds et doux. Mes chaussures tombent et font un bruit d'enfer sur le parquet ciré. D'une voix étouffée par ses baisers, je demande à Nate:

-Tu as fermé la porte ?

-Non.

-Si ta mère débarque ?

Pour toute réponse, ma robe tombe au sol.

Installée sous la table de billard, je contemple Nate, une couverture autour de la taille, mettre une bûche dans la cheminée. Il se rallonge près de moi et ses bras m'encerclent.

-On devrait y aller.

Les doigts de Nate parcourent mon corps et j'éclate de rire en me tortillant. Avec force, je me relève et récupère mes vêtements éparpillés par terre. Nate, installé sur son bras me dévisage, un sourire aux lèvres.

-Quoi ?

-T'es belle.

Je rougis et secoue la tête. Je récupère mon soutien-gorge et lance le pantalon à Nate.