Écrit printemps 2018, en route vers Québec, dans la voiture de mes parents.

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–Mais qu'est-ce qu'ils font?...

En avant de chez nous, il y des logements à prix modiques et, à chaque jour, on peut voir des enfants jouant sur un balcon donnant sur la rue, parfois même tout simplement assis par terre, les jambes pendant entre les barreaux.

–Ils attendent que l'école recommencent... Ils attendent seulement que le temps passe.

Mon père rigole un peu et passe à autre chose, mais, de la vitre de la voiture, je regarde les deux fillettes fixant les feuilles des arbres, le visage appuyé sur les barreaux de fer. Ces fillettes qui n'ont pas souhaité naître dans une famille sûrement venue au Québec pour fuir les mauvaises conditions de vie de leur pays. Elles s'ennuient tous les jours et attendent que la vie passe sur ce balcon d'une rue anonyme de la ville.

Ne sont-elles pas comme nous tous? aurais-je répliqué si j'avais eu un peu plus de confiance.

Vrai, comment passons-nous nos vies? J'ai attendu des mois que quelque chose se passe, je passe ma vie à reporter des choses et des projets. Je fais mes travaux pour des dates limites, mais à quoi mènent-ils? Une meilleure école, l'université, un bon programme pour vivre sa vie dans la routine d'un travail commun, englouti par la foule. Qui connaîtra mon nom? Qui se souviendra de nous?

À quoi bon? je me dis parfois.

À quoi bon? Le Soleil sur ta peau et le vent... Deux entités qui existeraient sans toi. Il faut bien quelqu'un pour en profiter... Qui? Moi? Alors il n'y a rien, aucun but à la vie autre que ça?

Alors que fait-on enfermé dans la routine, à chercher un but qu'on se crée nous-mêmes? Je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie. En attendant de trouver, je ris avec des gens pour passer le temps. J'attends, et j'attends comme ces fillettes. Seulement, moi j'ai une foulée de choses pour me divertir, elles, elles n'ont que le vent dans les branches.