Une fois que je me suis épuisée à suivre Millard sur... je sais pas, mais beaucoup de mètres, on arrive au bord d'une route. Une route moyenne, avec des champs de parts et d'autres, des fossés et des arbres entre la route et le fossé. Une route normale quoi. Ce qui est pas normal c'est ce qui se passe sur cette route. Enfin, à côté. Il y a Sariana agenouillée sur le sol, près d'un bosquet d'arbres. Elle utilise sont talent, ça se voit à ses yeux. Normalement elle les a bleu foncé, là ils sont fluorescents. J'ai vraiment eu peur la première fois que j'ai vu ça. Et couchée à ses pieds, il y a une enfant à moitié inconsciente. Mon dieu. C'est Angelanne. Et Sariana et en train de l'hypnotiser pour la forcer à rester éveillée. Je cours vers elles. Angelanne... Je l'ai jamais vue comme ça. Ses habits sont déchirés, ses deux couettes défaites, elle a des blessures sur le visage et... on dirait qu'elle est desséchée. Elle est fine comme une brindille et semble respirer difficilement. On s'approche.

Moi: Qu'est ce qui c'est passé? Pourquoi elle est comme ça?

Sariana: J'en sais rien! Je l'ai trouvée comme ça. La seule chose que je peux faire pour l'instant, c'est empêcher qu'elle s'endorme au risque de ne jamais se réveiller. Elle est vraiment mal! 

Moi: Mais... Mais pourquoi bon sang? Je veux dire... Elle est pas cachée là! Enfin, pas trop! Des gens doivent forcément l'avoir vue!

Millard: Non. Je suis passé ici hier, elle y était pas. Je sais pas comment, mais c'est entre hier et aujourd'hui qu'elle est arrivée ici. 

Sariana: Là, elle a besoin d'aller à l'hôpital mais... On peut pas! On peut même pas la déplacer! On devrait essayer de la soigner, ou de faire le minimum ici mais... On peut pas non plus!

Sariana est la plus mature d'entre nous. C'est la première fois que je la vois comme ça. Elle est vraiment paniquée. Ca veut dire que c'est vraiment pas bon. Je redirige mon regard sur Angelanne. Elle remue faiblement.

Angelanne: Ils... Ils arrivent... J'ai senti... leurs pensées... Ils arrivent... Cachez vous!

Elle a une voie si faible mais tellement... Autoritaire, désespérée, apeurée... On ne peut que lui obéir. On se dépêche de se planquer dans le fossé. Oui, on fait avec ce qu'on a. Et des hommes en noirs surgissent de la nuit. Genre, ils étaient pas là et d'un coup pouf! Ils sont là. Sariana étouffe un cri de surprise en les reconnaissant. Moi, je suis trop choquée pour dire quoi que ce soit, et je ne peux que frissonner en reconnaissant Alvar et Gethen. Tu m'étonnes que Sariana sois sous le choc, il y a son père. Je lui attrapes la main pour la rassurer. Et pour la retenir surtout. Les deux hommes regardent Angelanne d'un air dégouté.

Alvar: Tssss... On aura mis du temps à la trouver cette petite mioche. 

Gethen: C'est sûr. Elle sait mieux se cacher que les deux autres. Encore heureux qu'aucune d'entre elles n'ai réussi à prévenir les autres enfants.

Alvar: Ouais. C'est mieux pour eux tous. J'me demande quand même comment elles ont pu découvrir qui on est vraiment.

Gethen: Vas savoir. Après, c'est sûr qu'elles étaient ensemble quand elles l'ont découvert. Elles étaient tout le temps fourrées ensembles. J'pense qu'elles ont entendu une de nos conversations sur comment coincer Foster.

Alvar: On s'en fiche. Ca se reproduira pas, c'est tout. Allez, finissons en.

Et... il sort une dague de sa poche. J'étouffe un couinement dans ma manche en le voyant la planter dans la poitrine d'Angelanne, au niveau de son coeur. Elle pousse un gémissement de douleur puis... Puis son corps de relâche et elle arrête de bouger.

Alvar: Pas trop tôt. C'est une bonne chose de faite. Allez, on y va.

Avec Gethen, ils soulèvent le petit corps comme si il ne pesait rien, et c'est le cas, et ils disparaissent de nouveau dans la nuit. On reste encore quelques minutes dans le fossé avant que Sariana n'éclate. Elle pousse un hurlement déchirant et elle se met à pleurer. Millard la prend dans ses bras et la berce doucement. Moi, je ne dis rien. Je suis sous le choc. Je ne peux pas y croire. Shahauna avait raison... On n'est pas en sécurité avec eux. Ils nous ont trahis...

Moi: On peut pas rester avec eux... Il faut partir.